Thabo Mbeki est né le 18 juin 1942. C’est un homme d’État sud-africain, membre du Congrès national africain qu’il préside de 1997 à 2007, et président de la République de 1999 à 2008. Il a vu le jour dans le Transkei, dans l’est de la province du Cap, dans le dominion de l’Union d’Afrique du Sud. Ses parents sont enseignants, membres du Congrès national africain (ANC) et du Parti communiste sud-africain (SACP).
L’enfance de Thabo Mbeki est imprégnée de références à Karl Marx et à Mohandas Gandhi (le Mahatma) dont les portraits ornent les murs du foyer familial. Il fréquente l’école primaire d’Idutywa et celle de Butterworth et obtient un diplôme d’études secondaires à Lovedale. En 1959, il est expulsé de l’école pour faits de grève et contraint de poursuivre ses études à la maison. Il entreprend de passer un diplôme en économie en tant qu’étudiant externe à l’université de Londres (1961-1962). Son parcours politique commence alors qu’il n’a que 14 ans lorsqu’il adhère à la Ligue des Jeunes de l’ANC pour lutter contre l’apartheid (1956). Il participe dans ce cadre à l’organisation de manifestations étudiantes contre la proclamation de la République sudafricaine en 1961. En décembre 1961, Thabo Mbeki est élu secrétaire général de l’Association des étudiants africains. Une fois ses diplômes validés, il revient au Cap-oriental comme activiste politique et enrôle une partie de sa famille dans ses activités politiques au sein de l’ANC. Il s’installe ensuite à Johannesburg où il travaille avec Walter Sisulu.
Après l’arrestation et l’emprisonnement de Sisulu, de Mandela et de son père, il quitte l’Afrique du Sud sur instruction de l’ANC (alors clandestine) à la fois pour compléter ses études et pour acquérir une formation politique anti-apartheid et devenir cadre de Umkhonto we Sizwe, la branche armée de l’ANC. Il passe 28 années en exil et ne revient en Afrique du Sud qu’en 1990, après la libération de prison de Nelson Mandela. L’étudiant de 19 ans ! Il a 19 ans quand il débarque en Angleterre pour suivre des études d’économie et d’études africaines à l’université du Sussex tout en représentant localement l’ANC et en motivant la population à s’engager contre l’apartheid en Afrique du Sud. Diplômé en 1966, il travaille au quartier général de l’ANC à Londres puis s’installe en Union soviétique où il suit pendant trois ans des cours à l’école du Parti communiste et reçoit une formation militaire à l’institut Lénine de Moscou (1967-1970).
En 1971, il devient secrétaire adjoint du conseil révolutionnaire de l’ANC, en exil à Lusaka en Zambie où le parti a installé son quartier général. Il représente l’ANC auprès de gouvernements étrangers au Botswana (1973- 1974), où il négocie avec le gouvernement l’ouverture de bureau de l’ANC dans le pays, au Swaziland et au Nigeria (1976-1978). En 1974, il retourne en Angleterre où il épouse Zanele Dlamini, une militante antiapartheid qui sera plus tard une femme d’affaires et une féministe engagée.
En 1975, Thabo Mbeki devient membre du comité national exécutif de l’ANC. En 1984, Mbeki devient chef des services d’information et de propagande du mouvement anti-apartheid. En 1985, il fait partie de la délégation qui rencontre des représentants de la communauté sud-africaine des affaires et en 1987 de celle qui rencontre à Dakar les représentants de la « Institute for a Democratic Alternative for South Africa » (IDASA), un laboratoire d’idées (think tank) progressiste d’Afrique du Sud. Il devient en 1989 chef du département des relations extérieures de l’ANC (concrètement le ministre des Affaires étrangères de l’ANC). La même année, il conduit la délégation de l’ANC qui rencontre secrètement les représentants du gouvernement sud-africain. Ces pourparlers, commencés en 1985, aboutissent à la légalisation de l’ANC et à la libération des prisonniers politiques.
Retour d’exil…
Revenu d’exil, il participe activement aux négociations avec le gouvernement de la minorité blanche sud-africaine, dirigé par Frederik de Klerk, pour mettre un terme à l’apartheid et engager une transition pacifique vers un pouvoir à majorité noire. Il participe notamment aux négociations de Groote Schuur et de Pretoria et à toutes celles suivantes relatives à la rédaction d’une constitution intérimaire pour l’Afrique du Sud.
En 1994, à la suite de la victoire de l’ANC à l’Assemblée d’Afrique du Sud lors des premières élections au suffrage universel, Thabo Mbeki devient vice-président d’Afrique du Sud, fonction qu’il partage avec Frederik de Klerk tandis que Nelson Mandela est porté à la présidence sud-africaine. Il devient progressivement le dauphin de Mandela, après avoir écarté successivement tous les autres prétendants à la succession de Mandela, comme Cyril Ramaphosa ou encore Matthews Phosa.
En 1996, à la suite de la démission de Frederik de Klerk et du retrait du Parti national du gouvernement, Thabo Mbeki devient l’unique vice-président d’Afrique du Sud au côté de Nelson Mandela, lequel lui délègue l’essentiel de ses pouvoirs exécutifs. Il est élu président de l’ANC lors du congrès du parti en décembre 1997. Parallèlement à cette prise de contrôle, il place ses fidèles à tous les postes clefs du gouvernement et de l’état (Banque centrale, services fiscaux, télévision nationale, état-major de l’armée). En juin 1999, Thabo Mbeki est naturellement élu président de la République et succède à Nelson Mandela. Il choisit Jacob Zuma comme vice-président.
En 2005, lors de son second mandat, il le congédie parce que mis en cause dans une affaire de corruption liée à un contrat d’armement de 3,7 milliards d’euros (les charges furent abandonnées en avril 2009). Cela provoque une grave scission au sein du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). Thabo Mbeki a été réélu en avril 2004 avec une majorité parlementaire encore plus étendue qui s’accroît encore par la suite avec la fusion-absorption du Nouveau Parti national. En 2007, Mbeki annonça aux deux chambres du Parlement qu’il avait décidé d’accélérer le processus d’amnistie des crimes politiques commis entre 1994 et 1999, en dispensant les criminels de rencontrer leurs victimes.
Dans les affaires internationales, Mbeki a joué un rôle notable dans les mises en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (le Nepad si cher à l’ancien Président Wade) et de l’Union africaine. Il a également tâché de promulguer le concept de « Renaissance africaine ». Son gouvernement a coopéré avec ceux du Brésil sous la présidence de Lula da Silva et de l’Inde sous le gouvernement d’Atal Bihari Vajpayee, constituant une alliance qui est devenue un protagoniste influent pour les intérêts des pays en voie de développement. Thabo Mbeki a également été médiateur dans la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire à la demande de l’Union africaine, en 2004 et 2005.
Durant sa présidence, le président Mbeki souffre d’une image d’intellectuel lointain, arrogant, froid, autocratique, voire paranoïaque. Il peine ainsi à faire valoir ses réalisations comme une croissance économique annuelle de 5 à 6 % sur 10 ans, la construction de 2 millions de nouveaux logements depuis 1994, la connexion à l’électricité publique de 4 millions de foyers noirs, l’accès à l’eau potable pour 85 % des 48 millions de citoyens sud-africains. Cependant, le maintien de 10 % de la population dans une misère extrême, le chômage en hausse, estimé à près de 40 %, la forte progression de la criminalité, l’expansion de la pandémie du sida et la dégradation de la qualité de l’enseignement public restent les points noirs de sa politique qui lui sont reprochés par ses adversaires politiques, y compris ceux de l’ANC.
Ainsi, à la fin de son mandat, alors que les inégalités sociales se sont accentuées, le président Mbeki est accusé d’avoir perdu le contact avec le peuple pour privilégier une nouvelle bourgeoisie noire, tout aussi repliée sur ellemême que le fut la bourgeoisie blanche alors que les critiques politiques dénoncent même l’autoritarisme d’un gouvernement tiraillé entre sa propre aile gauche et son aile droite.
L’éloge des Afrikaners
Si ses relations avec le patronat sud-africain sont plutôt bonnes, elles sont plus complexes avec les Blancs en général. En avril 2005, Mbeki fait ainsi l’éloge des Afrikaners alors que ceux-ci ont des doutes sur leur pérennité en Afrique du Sud en raison des atteintes portées par les radicaux de l’ANC contre leur culture et leur patrimoine historique (notamment les changements de noms afrikaners ou la diminution drastique des institutions scolaires de langue afrikaans).
Dans un discours, le président Thabo Mbeki tente de les rassurer en les désignant comme des « catalyseurs qui mettront un terme à la division raciale du pays », n’hésitant pas alors à pointer les Blancs anglophones, moins enclins selon lui « à soutenir la nouvelle Afrique du Sud et l’africanisme ». Il recentre l’ANC et critique ouvertement ses alliés de l’Alliance tripartite (ANC, Cosatu, Parti communiste), qu’il avait qualifiés d’« ultragauchistes ». En juin 2005, il limoge son populaire vice-président, Jacob Zuma, englué dans un scandale politique. Il s’attire alors l’hostilité de la frange la plus populiste de l’ANC, celle qui soutenait Zuma.
L’impossible troisième mandat
En 2007, bien que ne pouvant effectuer de troisième mandat, Thabo Mbeki décide de se présenter de nouveau à la présidence de l’ANC, notamment pour contrer Jacob Zuma. Dans le cadre de sa campagne pour prendre la direction de l’ANC, bien que toujours sous le coup d’une enquête judiciaire pour corruption mais capitalisant sur la déception des plus pauvres face à la politique économique libérale du président Mbeki, Zuma obtenait cependant le soutien de cinq des neuf branches provinciales du Congrès national africain (ANC) et 61 % des votes, contre quatre branches provinciales et 39 % des voix pour le chef de l’état Thabo Mbeki, ce qui lui assurait la majorité relative des délégués.
Lors de la conférence élective du président de l’ANC qui se tint ensuite du 15 au 20 décembre 2007 à Polokwane, Jacob Zuma recevait le soutien de près des trois quarts des 3 900 délégués face au président sortant Thabo Mbeki. L’élection se fait dans un climat tendu entre les deux camps, sur fond de chants et de danses comme « Umshini Wami » (Passe-moi ma mitraillette), chant de la lutte contre l’apartheid, devenu emblème de Jacob Zuma.
Le 18 décembre, à l’issue d’une bataille de procédure qui a retardé de 24 heures le vote, Zuma est élu président de l’ANC par 2 329 voix (60 % des suffrages) contre 1 505 à Thabo Mbeki. La victoire de Zuma est d’autant plus humiliante pour le président sortant que tous les autres sièges du comité directeur soumis ce jour-là au vote des militants sont remportés par des proches de Zuma, ne laissant aucune place au camp sortant.
En 2008, le bilan économique du président Mbeki est menacé par une grave pénurie d’électricité qui plonge périodiquement les grandes villes dans l’obscurité et menace l’économie du pays et de la région. Après avoir utilisé les surplus de capacité hérités des anciennes structures, son gouvernement est contraint de recourir aux rationnements, de renoncer à certains grands projets créateurs d’emplois et de suspendre ses exportations d’électricité à destination de la Zambie et du Zimbabwe, en attendant la mise en service de nouvelles centrales, moins polluantes mais plus coûteuses.
En mai 2008, le gouvernement de Thabo Mbeki est confronté à une vague de violences contre les immigrés, caractérisée notamment par des meurtres, des pillages et des lynchages. Ayant pris naissance dans les quartiers pauvres de Johannesburg, elle s’étend en quelques jours aux grandes villes de 7 des 9 provinces du pays, notamment Le Cap et Durban. Elle occasionne la mort d’une cinquantaine d’immigrés et la fuite de plus de 100 000 autres, réfugiés notamment dans des camps de fortune ou évacués vers leurs pays d’origine.
Certains journaux, comme le Sunday Independent et le Sunday Times, vont alors jusqu’à en appeler à la démission de Thabo Mbeki. Le 23 septembre, par 299 voix contre 10, les députés sud-africains adoptaient une motion avalisant la démission de Thabo Mbeki de la présidence de la République avec effet au 25 septembre 2008. La démission de Thabo Mbeki s’accompagne de celle de la vice-présidente, Phumzile MlamboNgcuka, et de 11 de ses ministres.
«SEUL UN PREMIER MINISTRE CONSENSUEL POURRAIT SAUVER LA RÉPUBLIQUE D’ICI À 2024»
Momar Thiam, diplomate et expert-consultant en communication, analyse la situation politique nationale et décrypte les résultats des législatives 2022 à travers une interview exclusive qu’il a bien voulu accorder au Témoin quotidien
Propos recueillis par Pape Ndiaye |
Publication 11/08/2022
Dr Momar Thiam fut le premier conseiller spécial en charge de la communication du président Abdoulaye Wade en 2000. Diplomate et ancien Consul général du Sénégal à Bordeaux, Momar Thiam est Docteur en Sciences de l’information et de la Communication à l’Université Bordeaux Montaigne. Il est également diplômé en Administration publique option Diplomatie à l’Ecole nationale d’administration (Ena) de Paris. Actuel directeur de l’École des Hautes Études en Information et Communication (Heic), Dr Momar Thiam est aussi Expert-Consultant en Communication et Relations publiques. Un brillant communicant, donc, très bien placé pour analyser la situation politique nationale et décrypter les résultats des Législatives 2022 à travers une interview exclusive qu’il a bien voulu accorder au « Témoin quotidien ».
Le Témoin : Dr Momar Thiam, les électeurs sénégalais se sont rendus aux urnes le 31 juillet dernier pour choisir leurs députés. Quelle lecture faites-vous des résultats de ce scrutin ?
Dr Momar Thiam : Il faut d’abord saluer le déroulement du scrutin qui, malgré les empoignades des acteurs politiques, s’est fait dans le calme et la sérénité. Et pourquoi pas dans la transparence ? Mais tout cela est à mettre au crédit du Ministère de l’Intérieur et sa Direction générale des élections (Dge) chargée de l’organisation du scrutin sur l’ensemble du territoire national et de l’étranger. Les acteurs religieux et de la société ont également joué leur partition citoyenne avec des appels sans relâche au respect des règles républicaines. Malheureusement, le temps mis pour la proclamation des résultats et la bataille de la communication des deux principaux camps ont contribué à instiller des suspicions sur la réalité et la validité des résultats proclamés, ce qui est un peu dommage. Cela dit, les résultats sortis des urnes montrent une nette progression de l’opposition autour de la coalition Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal et un affaiblissement de la coalition Benno Book Yakaar (Bby), même si cette dernière est sortie première de cette compétition électorale. Une chose est sûre, jamais dans l’histoire politique de notre pays, l’opposition n’avait espéré autant de députés qu’au sortir des élections législatives de ce mois ce juillet. Une opposition qui sera bien présente dans l’hémicycle pour concrétiser sa stratégie dite de « l’Equilibre de la terreur parlementaire ». Mieux, si on y ajoute globalement les trois sièges d’Aar-Sénégal, des Serviteurs et de Bokk Guiss Guiss, mathématiquement, l’opposition représentera une majorité absolue…
Justement, cette considération mathématique peut-elle vivre et survivre dans la nouvelle Assemblée, si oui quelle sera la conséquence d’une telle addition des voix de l’opposition ?
Il est vrai qu’en matière politique, il est toujours souhaitable d’ajouter et non de soustraire, du moins électoralement parlant. Mais là, la nouvelle composition de l’Assemblée nationale annonce un schéma politique inédit avec deux pôles de l’opposition qui vont former des groupes parlementaires distincts et trois députés se proclamant de l’opposition et qui, comme le disent certains observateurs, seraient des « faiseurs de roi ». Un tel scénario qui s’annonce me fait dire que, pour une fois, l’Assemblée nationale ne sera plus l’antichambre d’une majorité au pouvoir, mais va retrouver ce qui fait sa véritable vocation c’est-à-dire être le lieu de l’expression démocratique autour du vote des lois, du contrôle de l’Exécutif et de l’évaluation des politiques publiques. Mais avant d’en arriver là, bien sûr qu’il y aura le vote pour la présidence de l’Assemblée, la constitution des bureaux etc. Justement c’est autour de cela que nous verrons les prémisses des accords, des compromis ou compromissions, bref, là où, à mon sens, va se dessiner une véritable majorité et une opposition forte ou affaiblie avec le jeu des alliances. Vous savez bien comme moi qu’en politique tout se négocie et, pour une fois, opposition et pouvoir seront dans les mêmes dispositions pour rallier la « bande des 3 », même si ces derniers ont toujours proclamé haut et fort leur ancrage dans l’opposition. La politique va reprendre ses droits.
Et le président de la République dans tout ça, quelle lecture, à votre avis, devrait-il avoir de cette situation sortie des urnes des législatives ?
Une très bonne question ! Le président de la République Macky Sall pour le nommer personnellement, les yeux dans les yeux, doit faire une lecture lucide et réaliste de cette situation inédite. Lucide, parce que les électeurs lui ont envoyé un signal très fort et éclatant en mettant coude à coude majorité et opposition avec une Assemblée nationale partagée et plurielle dans sa composition. Le président de la République ne pourra plus se prévaloir de « ses députés » et ces derniers ne pourront plus aussi s’affranchir des débats, par exemple pour le vote des lois et devront dorénavant faire preuve d’une présence remarquée et d’une implication productive. Désormais, toute absence en séance plénière risque d’être fatale à la mouvance présidentielle incarnée par Macky Sall. Parce que les députés du « pouvoir » composés souvent d’anciens ministres, de directeurs de société nationale, d’hommes d’affaires etc. avaient l’habitude de déserter les bancs de l’Assemblée nationale. Et lors des votes, la mouvance présidentielle ne sentait même pas leurs absences. Maintenant, tel ne sera pas le cas pour cette nouvelle législature où le moindre absent portera préjudice au PartiEtat qui n’a plus une majorité écrasante pour « écraser » l’opposition. Le président devra aussi faire une lecture réaliste de la situation parce que la réalité de cette nouvelle Assemblée dans sa pluralité est à l’image de l’électorat qui glisse progressivement vers une opposition constructive et un appel à une mutualisation des efforts et des politiques pour sortir le pays des difficultés que vivent les populations (Hausse des prix de denrées alimentaires, problématique de l’éducation et de la santé, mal-gouvernance et, de matière récurrente, la question des inondations malgré l’annonce des montants en milliards dépensés etc.) Le président de la République, fort de ce triste constat, devrait créer un électrochoc avec des actes forts et une démarche communicationnelle conséquente.
Avez-vous quelques pistes d’orientation ou de réflexion comme préalables ?
Evidemment ! Le préalable, à mon sens, serait l’amnistie de Khalifa Sall et de Karim Wade, même si ce dernier réclame haut et fort, en lieu et place d’une amnistie, une révision de son procès. Cela aura l’avantage d’apaiser le climat politique et de redistribuer les cartes, politiquement parlant. La cohésion nationale et la « paix des braves » seront au rendez-vous. Etant maitre du jeu politique, le président de la République doit faire revenir aux affaires Amadou Bâ, Aly Ngouille Ndiaye, Me Oumar Youm et Mouhamadou Makhtar Cissé. Et même Boune Abdallah Dionne pourrait revenir. Le retour aux affaires de ces poids lourds ne serait pas une mauvaise chose compte tenu de leur niveau d’excellence dans la gestion de la chose publique et, pour certains d’entre eux, leur niveau de représentativité politique. Seulement je rappelle qu’à ce niveau, seul le président de la République dispose de cette prérogative et est à même d’apprécier l’opportunité ou non d’une telle préconisation. D’abord, il doit s’adresser aux populations à travers la presse sénégalaise pour tirer ces deux enseignements du scrutin, sans faire preuve de triomphalisme comme l’ont fait certains de son camp, alors qu’à la place de l’objectif « Remontada », on a assisté à une véritable « dégringolada ». J’ajouterai qu’il gagnerait davantage en s’adressant à la presse sénégalaise pour créer plus de proximité relationnelle avec les populations. Seulement cette communication ne devrait pas uniquement se cantonner au verbe, mais elle doit fondre dans les actes à poser. Donc il s’agira, pour Monsieur le Président de la République, de se situer au-dessus de la mêlée et de s’affirmer en véritable rassembleur du peuple sénégalais, et donc de ne pas être prisonnier d’un camp, d’un groupe ou d’une entité quelconque. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au sortir de ces élections locales et législatives, le peuple est politiquement divisé voire coupé en deux. A cet effet, le président de la République Macky Sall ou le président de tous les Sénégalais est appelé à jouer au rassembleur pour mieux gouverner d’ici à 2024. Ensuite, à la lumière des résultats des législatives, le président de la République doit appeler l’opposition à un dialogue et à des concertations sur les véritables urgences du moment (y compris la nomination d’un Premier ministre et la composition du nouveau gouvernement). Cette démarche pourrait déboucher sur un consensus pour la constitution d’un gouvernement élargi vers l’opposition avec la prise en considération des demandes et impératifs de cette dernière. Et l’impératif ne sera autre que le redressement du pays dans certains secteurs et l’affirmation d’une opposition productive et constructive à l’aube de l’échéance 2024. En procédant de la sorte, le président de la République se positionnera en véritable « sélectionneur » comme pour une équipe nationale. évidemment, sous ce format, le capitaine serait le Premier ministre (ou la Première ministre), choisi, et à ce niveau, vu les considérations des uns et des autres dans son propre camp, le choix serait problématique s’il venait à choisir une personnalité de son propre camp à cause du débat sur le dauphinat.
Et quel que soit le profil ?
Quel que soit le profil du futur Premier ministre, les Sénégalais verront toujours en lui le potentiel dauphin de Macky Sall. Pire, il sera même combattu dans son propre camp de l’Apr ou de Bby jusqu’en 2024. Et cette bataille de positionnement risque de plomber l’attelage gouvernemental et de freiner la bonne marche du pays. Donc, à mon avis, un Premier ministre consensuel, aux compétences reconnues, épris d’éthique et de déontologie, serait le moindre mal. Un Premier ministre consensuel avec un sens républicain sans faille, rien que pour coordonner l’action gouvernementale autour surtout des urgences de l’heure serait le bienvenu. Ce profil d’un digne Premier ministre, le Sénégal en dispose ici et dans la diaspora, et le choix revient toujours au président de la République. Toujours est-il que cela aura aussi l’avantage de donner un souffle nouveau et une démarche nouvelle à l’action gouvernementale. Un tel schéma cadrerait plus avec la composition de la nouvelle Assemblée et aura l’avantage de créer plus de souplesse entre le gouvernement et l’Assemblée nationale afin d’éviter des blocages dans le vote. Mais attention ! Si toutefois l’opposition aura une majorité absolue, un autre débat s’imposera à propos de la nomination du Premier ministre.
Ces lendemains de Législatives 2022 ont encore prouvé qu’en démocratie, seul le peuple est souverain. N’est-ce pas Dr Momar Thiam ?
Oui ! Le peuple sénégalais a encore montré sa souveraineté par la voie des urnes. Et dans cette lancée, les résultats ont rappelé aux politiques que le dernier mot revient aux électeurs qui sont devenus aujourd’hui de véritables acteurs de la gestion de la chose publique. Cela démontre inéluctablement que la politique n’est plus cantonnée dans sa définition première à savoir la « gestion de la cité », mais est devenue « l’affaire de la cité » dans toute sa dimension et sa pluralité. Le citoyen n’est plus un simple « réceptacle de politique », mais un « acteur dominant » de celle-ci. Phénomène amplifié par Internet et les réseaux sociaux. L’intégration de cette nouvelle donne dans l’appréciation des résultats par le président de la République et sa considération dans les mesures et choix demeure un impératif de survie politique.
Justement, notre dirpub Mamadou Oumar Ndiaye et Abdoulaye Bamba Diallo, une autre icône de la presse, ont cosigné une lettre ouverte intitulée : « Monsieur Le Président de la République, maitre du jeu, sortez-nous de cette impasse actuelle » ! Quelle lecture faites-vous de cette lettre ?
Dans ma réponse à la question précédente, j’ai parlé de survie politique. Je suis tenté d’y rajouter une survie nationale si je me réfère aux différentes considérations fortes et pertinentes contenues dans cette lettre. La question de la justice, de l’éducation, de la santé et de la gouvernance telle que relatée par ces deux belles plumes, à savoir Mamadou Oumar Ndiaye et Abdoulaye Bamba Diallo, m’amène à penser que le président de la République a fort à faire dans cette dynamique. Et qu’il devrait utiliser tout ce que lui confère sa position pour marquer le tempo et donner les orientations qu’il faut pour faire face à ces problématiques. Cela démontre que tout converge vers lui et qu’il demeure le seul à pouvoir impulser ces « efforts » préconisés puisqu’il est le « maitre du jeu » politique. A ce titre, cette lettre sonne comme un appel à plus de veille sur la marche des institutions, plus de justice pour tous et plus de considération pour les populations. Donc les invectives, le langage dégradant et violent de certains politiciens de la politique politicienne, la sauvegarde des intérêts individuels et des positions, le reniement qui mène à la transhumance politique, doivent céder le pas à une gestion saine et partagée de la cité dans un esprit républicain et citoyen. Je rajouterai qu’à mon sens, l’Administration, qui est la pierre angulaire de la gestion de la chose publique à côté des politiques, doit retrouver son élan et son véritable rôle pour une meilleure considération des usagers du service public. Et pour cela, il urge, face à son démantèlement progressif et son défaut d’adaptation aux nouvelles technologies du numérique, d’organiser les « états généraux » de l’Administration afin de permettre à tous ses corps de faire son diagnostic de l’existant, de préconiser des pistes d’amélioration des services et de faire des recommandations pour sa refonte.
A QUI PROFITERA LA PROCHAINE LÉGISLATURE ?
Moussa Diaw, Mamadou Sy Albert et Bacary Domingo Mané décryptent la nouvelle configuration de l'Assemblée nationale
Après la publication des résultats provisoires des Législatives par la Commission nationale de recensement des votes, une nouvelle configuration se dessine au sein de l’hémicycle de la Place Soweto avec la perte par la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) de sa majorité absolue. L’Assemblée nationale va-t-elle retrouver son pouvoir ? C’est-à-dire les prérogatives que lui donne la Constitution et notamment la possibilité de faire des enquêtes et audits crédibles, de contrôler réellement l’Exécutif, d’initier des lois et non plus de se contenter d’avaliser celle que lui présente le président de la République etc. Une chose est sûre, désormais, rien ne sera plus comme avant avec la disparition d’une majorité mécanique au service des chefs d’Etat en place et qui dictait sa loi aux groupes minoritaires de l’opposition.. Décryptage avec des politologues.
Selon M. Moussa Diaw, enseignant chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, la prochaine configuration de l’Assemblée nationale doit refléter normalement les résultats sortis des urnes. Autrement dit, traduire dans les faits l’expression des citoyens grandement favorables à l’opposition. Maintenant, on se trouve dans une situation où les deux coalitions, Benno de la majorité sortante et Yewwi/Wallu de l’opposition, n’ont pas obtenu le nombre de sièges suffisants pour avoir la majorité absolue, souligne Pr Moussa Diaw. « Dans ce cas de figure, les manœuvres politiques risquent de dévoyer le vote des citoyens pour déboucher sur une Assemblée dont la configuration serait le résultat de négociations entre des parties selon des intérêts à fortes connotations politiques. Et cela pourrait engendrer des défections d’un côté comme de l’autre avec comme conséquence une composition éloignée des préoccupations des citoyens. Car ces derniers, à la lecture des résultats, souhaitent voir au niveau de l’hémicycle des représentants dévoués à leur cause et remplissant sans réserve leurs fonctions de proposition de lois, contrôle du gouvernement et surtout d’évaluation des politiques publiques. En résumé, une rupture dans les pratiques d’une majorité mécanique, inféodée à l’exécutif », analyse le politologue.
MOUSSA DIAW : « L’opposition doit batailler ferme pour imposer un consensus sur le choix de la personne à porter au perchoir »
Le Pr Moussa Diaw estime que, pour le choix du président de l’Assemblée nationale, les choses ne seront pas faciles d’autant que la majorité absolue fait défaut. Il ne reste que des pourparlers dans un camp comme dans l’autre pour espérer remporter ce poste prestigieux. « La majorité sortante est dans une position inconfortable pour proposer un président ou une présidente. L’opposition, à condition qu’elle soit réunie, est capable de changer les rapports de forces et d’amener la majorité à dialoguer afin de trouver un consensus permettant de régler cette question cruciale relative au choix de la personne à porter au perchoir. Sans doute, ce choix fera l’objet de compromis pour éviter des empoignades et crises au sein de l’hémicycle », veut croire Pr Diaw. Pour ce qui est de savoir si le prochain gouvernement aura les coudées franches ou pas, l’universitaire précise que tout dépendra de plusieurs facteurs. D’abord, de sa composition dans la mesure où cette équipe devra comprendre et traduire les messages des citoyens exprimés à travers le scrutin du 31 juillet dernier. « Il devra s’agir d’un gouvernement qui ne soit pas pléthorique mais efficace et capable de régler les difficultés quotidiennes des populations. Ensuite, la bonne gouvernance et la transparence sont des exigences dans la détermination des priorités. Qui plus est, la communication constitue un facteur important à privilégier dans l’action gouvernementale » a ajouté M. Diaw.
« Les Sénégalais semblent avoir réglé la question de la transhumance »
Toutefois, Pr Moussa Diaw souligne que l’hypothèse de la transhumance de l’opposition vers le pouvoir est aussi valable dans le sens inverse. « Vous savez la logique. Généralement, c’est la recherche de biens matériels et de pouvoirs qui conduit les responsables politiques à transhumer. Cette question semble avoir été réglée par les citoyens qui ont sanctionné des leaders reconnus dans cette propension à travestir la politique pour des intérêts personnels. Cela ne veut pas dire non plus que la question est définitivement réglée. Car peut-être que certains, sans scrupules, braveront l’interdit. Le président Macky Sall n’a pas beaucoup de choix qui s’offrent à lui. Soit, il respecte la Constitution comme il l’a laissé entendre en quittant le pouvoir au terme de son mandat en 2024. Il peut soutenir un candidat dans son camp. Soit, il est tenté de briguer un troisième mandat avec le risque de violer la Constitution, de créer une crise politique dont l’issue est incertaine » souligne l’enseignant-chercheur en sciences politiques à l’UGB.
La présidence de l’Assemblée nationale sera âprement disputée, selon l’analyste Mamadou Sy Albert
Mamadou Sy Albert rejoint le Pr Moussa Diaw sur les chances qui s’offrent à l’opposition pour occuper le poste de président de l’Assemblée nationale. A en croire le très pertinent analyste, le perchoir peut revenir à l’opposition s’il y a une unité de vue concordante au niveau des missions de l’Assemblée et son organisation. « C’est une première dans l’histoire du pays. On a aura une Assemblée qui ne sera pas contrôlée par le parti au pouvoir et du président de la République. Ce qui veut dire que la présidence de cette Assemblée va être âprement disputée. Le Benno ne pourra pas imposer un président de l’Assemblée nationale. Cette coalition n’a pas eu la majorité absolue pour cela. L’opposition, si elle est organisée avec l’inter coalition Yewwi- Wallu, plus les trois représentants des autres coalitions, elle pourra faire élire quelqu’un à la tête de l’Assemblée » dit M. Mamadou Sy Albert.
Les craintes d’un dysfonctionnement pour la marche de notre pays, selon Mamadou Sy Albert
La coalition Benno Bokk Yaakar doit trouver des mécanismes pour avoir des consensus avec l’opposition, estime notre interlocuteur. A défaut d’un consensus avec toute l’opposition au moins s’entendre avec les trois députés qui n’appartiennent pas aux deux grandes coalitions. Nécessairement, dit-il, il faudra des consensus de part et d’autre. « Le consensus va être un élément déterminant dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il est évident que le futur gouvernement est attendu. La nomination du prochain Premier ministre est attendue.
L’Assemblée va tout faire pour jouer son rôle de pouvoir législatif. Elle pourrait être très jalouse de ses prérogatives. Là, quel que soit le Premier ministre qui sera nommé, s’il n’est pas capable de travailler en intelligence avec le pouvoir législatif, il ne pourra pas travailler sur la question par exemple du budget, autrement dit la loi des finances, sur les autres questions concernant le coût de la vie, les crises récurrentes dans les secteurs sociaux. Il faudra un Premier ministre et un gouvernement capables de dialoguer, capables de trouver des consensus avec le parlement. C’est sûr et certain qu’il y aura une situation inédite. Le gouvernement devra tenir compte du pouvoir législatif », développe Mamadou Sy Albert. Selon qui, le même impératif s’impose au président de la République.
Pour les 18 mois restent de son mandat, il a intérêt à travailler en intelligence avec l’Assemblée nationale. « Maintenant que le président est réellement minoritaire à l’Assemblée, il a un problème de confiance. Les populations n’ont plus confiance à la majorité présidentielle. Le président est trop isolé. Comment va-t-il s’en sortir ? Je crois qu’il devra prendre l’initiative pour mettre de l’ordre dans son parti. Il lui faut une feuille de route sur les deux ans (Ndlr, en réalité 18 mois) qui restent de son mandat. La feuille de route, c’est comment il va gérer le pouvoir exécutif, comment il va gérer les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, comment il va répondre aux urgences économiques et sociales des Sénégalais. Comment il va préparer la prochaine présidentielle. Ce sont de grosses questions pour lesquelles le président a intérêt à réunir son état-major pour déterminer une feuille de route. Il faudra aussi qu’il parle aux qui aimeraient bien savoir, peut-être, à l’issue de cette deuxième défaite, ce qu’il a à leur dire. Il doit essayer de retrouver la confiance sans démagogie », préconise Mamadou Sy Albert.
BACARY DOMINGO MANÉ, JOURNALISTE ET POLITOLOGUE : « Cette Assemblée nationale doit profiter à l’opposition pour remettre les pendules à l’heure »
Selon le journaliste et politologue Bacary Domingo Mané, cette force représentative constitue une aubaine pour l’opposition afin qu’elle puisse régler un certain nombre de questions entravées ou jetées dans des tiroirs par le pouvoir en place. D’après l’ancien journaliste à « Sud quotidien », l’opposition constitue aujourd’hui une force si elle décide de se mettre ensemble. Cela dit, la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale va imposer un dialogue, des concertations entre les différentes forces représentatives. « Ce à quoi on avait l’habitude d’assister, c’était à des projets de lois qui passaient comme la lettre à la poste. Tout cela sera désormais devient derrière nous. Parce qu’avec cette nouvelle configuration, c’est notre démocratie qui en bénéficiera.
Par conséquent, il faut que les députés jouent le jeu et profitent de cette période de transition par rapport à 2024 pour revenir sur certaines décisions ou certaines lois qui étaient adoptés par le pouvoir en place. Notamment, la gestion de nos ressources pétrolières, gazières etc. Et aussi, prendre certaines décisions concernant la liberté de la presse, la loi sur la dépénalisation de la liberté de presse. Toutes ces lois doivent en principe consolider notre démocratie. Je pense qu’il y a fort à faire. Cette Assemblée doit profiter à l’opposition pour lui permettre de remettre les pendules à l’heure. Là où on attend les députés, c’est au niveau de l’argumentaire et aussi l’initiative de propositions de loi » estime le journaliste-politologue.
Contrairement à nos deux précédents interlocuteurs, pour Bacary Domingo Mané, par ailleurs philosophie de formation, l’opposition n’a aucun intérêt à prendre la présidence de l’Assemblée nationale pour une durée de 15 mois. En effet, argumente-t-il, le prochain président aura fort faire car son rôle ne sera pas du tout repos. M. Mané ne s’attend pas non plus à une transhumance des députés du plus fort reste vers le camp de la majorité. A l’en croire, il faut être intéressé par l’argent et sans ambitions pour rejoindre la majorité présidentielle. « La politique est une recherche de consensus. La nouvelle configuration va imposer une fois de plus des accords sur un certain nombre de dossiers. Etant donné qu’aucune coalition ne dispose de la majorité absolue, il va falloir vraiment privilégier les consensus, mettre en avant les intérêts des Sénégalais. Tout projet ou proposition de loi devra faire l’objet de discussions approfondies » estime l’ancien journaliste à « Sud Quotidien ».
Selon Bacary Domingo Mané, le président Macky Sall risque de terminer difficilement son mandat s’il veut effectuer un forcing sur certaines décisions. « Tout dépendra des actes qu’il va poser. S’il continue de poser des actes qu’il avait habitude de faire, alors qu’il est désormais minoritaire à Assemblée nationale, il doit s’attendre à ce que l’opposition ne se laissera pas faire. C’est à ce niveau-là qu’il faut essayer d’analyser les choses si le président veut gouverner tranquillement le temps qui lui reste de son mandat », conclut Bacary Domingo Mané.
LA COALITION «NAATAANGE ASKAN WI» INTRODUIT UN RECOURS
La coalition «Naataange Askan wi» est la seule qui conteste officiellement les résultats provisoires des élections législatives. Malgré les accusations de fraude dans le Fouta, la coalition Yewwi Askan wi n’a pas jugé nécessaire de déposer un recours auprès du Conseil Constitutionnel. Mais le leader de la coalition «Naataange Askan wi», Sheikh Alassane Sène, a déposé un recours sur la table des sept sages. Sa coalition a été créditée de 25.833 voix par la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv). Selon la tête de liste nationale de la coalition «Naataange Askan wi», la mouvance présidentielle a volé un siège dans l’espoir d’avoir une majorité. A en croire Sheikh Alassane Sène, dans sa quête acharnée de sièges, la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) a confisqué le poste de député qui lui revenait de droit. Il fait allusion au siège obtenu avec le plus fort reste. Citant l’article L : 153 du code électoral, Sheikh Alassane Sène pense que la mouvance présidentielle ne doit pas avoir le siège avec le plus fort reste, puisque la loi le lui interdit. D’où le dépôt d’un recours auprès du Conseil Constitutionnel pour rétablir la justice.
«GUEUM SA BOPP» BOYCOTTE LE HCCT
Décidément ! Le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (Hcct) n’a pas bonne presse. A la suite de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, le leader du mouvement «Gueum Sa Bopp» a décidé également de boycotter ces élections en dépit de ses 800 conseillers départementaux et municipaux à travers le pays. Selon Bougane Guèye Dany, les élus sous la bannière de son mouvement ne participeront pas aux élections. Une décision motivée, dit-il, par le programme de Gueum Sa Bopp qui a toujours soutenu la suppression d'une telle institution sans impacts réels sur la vie des populations. A l’image du Conseil Économique, Social et Environnemental (Cese), au-delà de leurs aspects budgétivores, soutient Bougane Guèye Dany, ces institutions n'apportent rien à l'architecture institutionnelle du Sénégal. En réalité, ajoute le leader de «Gueum Sa Bopp», elles ne servent qu'à caser et à reconditionner un personnel politique qui est vomi par le peuple. Il rappelle au Président Macky Sall que l'urgence n'est pas de caser une clientèle politique, mais plutôt de panser les plaies du Sénégal (inondations et flambée des prix des denrées) et de satisfaire les besoins vitaux des Sénégalais.
«GUEUM SA BOPP PARTOUT»
Restons avec le mouvement «Gueum Sa Bopp» qui donne rendez-vous à ses sympathisants au lancement du projet « Gueum Sa Bopp partout » avec l'installation des cellules dans tous les quartiers et villages du Sénégal. Par ailleurs, le mouvement «Gueum Sa Bopp» demande à la majorité de l'opposition de la prochaine législature d'enclencher au plus vite des commissions parlementaires pour faire la lumière sur tous les scandales financiers qui ont marqué le magistère de Maky Sall.
PAPE DIOP ROMPT LE SILENCE CE SOIR
Aujourd’hui est un jour historique pour le président du parti Bokk Gis Gis. L’ancien Président du Sénat, Pape Diop, va délivrer le peuple sur sa décision de peser sur la balance politique en perspective de l’installation de la prochaine législature. D’après des sources sûres, c’est aujourd’hui qu’il fera sa déclaration. Va-t-il rejoindre le camp de l’opposition et imposer ainsi la cohabitation, avec tout ce que cela comporte comme risque dans ce contexte politique et international lourd ? Ou va-t-il rejoindre le camp de la majorité pour conforter le chef de l’Etat et lui permettre de gouverner le pays sans anicroche ? La deuxième option semble plus plausible quand on connaît la stature de l’homme d’Etat Pape Diop qui fut président de l’Assemblée, mais aussi président du Sénat. «Il n’ira jamais à l’aventure. Pape Diop est un homme d’Etat, il sait que le pays est en proie à des forces occultes qui convoitent nos ressources de gaz et de pétrole. Il prendra une décision sage», confie un de ses proches qui refusent tout de même de divulguer sa position.
LE JUGE MANEL FAYE MUTÉ À KAOLACK
C’est à croire que les magistrats sont intouchables. C’est le seul corps où on peut tout se permettre et après, se faire couvrir par ses collègues. Le président du tribunal d’Instance de Koumpentoum ne dira pas le contraire. Le sieur Manel Faye qui est juge et procureur dans cette juridiction avait eu l’outrecuidance de passer à tabac une dame. Il avait même raccroché au nez son collègue procureur de Tamba lorsque ce dernier l’avait interpellé. Plusieurs mois après, «L’As » a appris qu’il a été seulement muté à la cour d’Appel de Kaolack et pour sa propre sécurité, dit-on. Quel autre citoyen ose lever la main sur cette femme mariée et en état de grossesse et espérer passer la nuit auprès des siens. C’est dire que l’aiguille de la balance n’est vraiment pas équilibrée.
MOBILITÉ URBAINE
Le Président Macky Sall veut l’amélioration de la mobilité urbaine dans les grandes agglomérations. A ce propos, il a demandé hier aux ministres en charge de l’Intérieur et des Transports Terrestres de finaliser, avec les autorités territoriales, la mise en œuvre d’un nouveau plan de circulation générale dans l’agglomération de Dakar et dans certaines villes de l’intérieur (Thiès et Mbour en particulier).
ACCORDS DE PAIX EN CASAMANCE
Restons avec le chef de l’Etat qui s’est réjoui hier, en conseil des ministres, de la signature, le vendredi 04 août 2022, à Bissau, sous l’égide du Président Umaro Sissoco Embalo, de l’accord relatif à la consolidation de la paix dans la région naturelle de Casamance. A cet effet, Macky Sall invite le gouvernement à prendre toutes les dispositions nécessaires à sa mise en œuvre dans les meilleures conditions.
CES STRUCTURES QUI VONT ACCUEILLIR LES SERVICES DE HALD
La confusion est totale autour de la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec. Pour éclairer la lanterne des Sénégalais, le ministère de la Santé et de l'Action sociale rend public le schéma de redéploiement des services et du personnel défini en collaboration avec la direction et toutes les parties prenantes dudit hôpital, ainsi que les structures sanitaires qui doivent les accueillir. A la suite de cela, il a listé les hôpitaux et centres de santé qui vont abriter les différents services. Il s'agit des hôpitaux Dalal Jamm, Fann, Idrissa Pouye (Hogip), Roi Baudoin, hôpital militaire de Ouakam (Hmo), hôpital d'Enfant de Diamniadio (Hed), Institut d'Hygiène Sociale (Ihs), hôpital de Pikine (Camp Thiaroye), Abass Ndao, Ahmadoul Khadim de Touba, Centre de santé de Ngor, Les Maristes, Yeumbeul, Colobane, Nabil Choucair, Baye Talla Diop (ex-Dominique de Pikine), Sicap Mbao, Keur Massar, PMI de Médina et le Hangar des pèlerins. D’après le ministère de la Santé, ce schéma de redéploiement vise à assurer la continuité des services par une prise en charge correcte des patients et la poursuite de l'enseignement, de l'encadrement des étudiants et des projets de recherche. Les services déménagent avec leur personnel pour renforcer l'activité au niveau des structures d'accueil, précise-t-on dans un communiqué qui renseigne que l'exécution du plan de déménagement a démarré depuis le 02 août 2022 et se poursuivra jusqu'au 15 août 2022. Le ministère promet d’assurer aux populations des soins de qualité et de mettre en œuvre correctement le plan de redéploiement des services et personnels de l'hôpital Aristide Le Dantec pour une reconstruction adéquate dudit hôpital.
ARRESTATION DE PRÉSUMÉS MEURTRIERS D’UN DÉFICIENT MENTAL
La cavale de présumés meurtriers d’un déficient mental n’a pas duré. La Police de Pikine a interpellé Abdoulaye A. et Michel D. cités dans l’affaire de la mort suspecte du déficient mental Mouhamed Moustapha Diagne au Centre de santé Baye Talla Diop (ExDominique).Abdoulaye A. est le premier à tomber au marché Ndiarème. Quant à Michel D., il a été arrêté à Pikine Icotaf. Toutefois, lors de son audition, Michel D. a disculpé Abdoulaye A. en soutenant être l’auteur des sévices. La victime avait subi des châtiments corporels de la part des susnommés lors de son séjour chez un guérisseur établi au technopôle. Les mis en cause avaient grièvement blessé le malade avant de saisir le père de ce dernier. Mais, ils ont pris la fuite avant l’arrivée du père de la victime chez le guérisseur. Le déficient mental est ainsi acheminé au Centre de santé où il a rendu l’âme. Le rapport de l'autopsie faisait état de plaies crâniennes avec hémorragie sous durables associées à de multiples contusions cutanéo-musculaires secondaires à coups et blessures par objet contondant et pointu. D'ailleurs, Michel D qui reconnaît les sévices perpétrés contre le malade Mouhamed Moustapha Diagne a fait savoir qu'il a utilisé un bâton suite aux «dérives» du patient qui aurait blessé un autre malade au cou avec un couteau. Pour le moment, les mis en cause sont en garde à vue à la police de Pikine.
ARRESTATION DE PRÉSUMÉS DEALERS PAR L’OCTRIS
Dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants, l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) a démantelé un réseau qui opérait sur l'axe Dakar-Banjul. Il était entretenu par une dame nommée Fatou Kiné C. alias «Choupy» et un certain Bilal C. qui s'activaient dans le trafic international de Mdma Ecstasy. Les trafiquants présumés ont été interpellés sur une moto par les limiers de l'Octris de Fatick en service à Karang avec 78 comprimés et de l'argent, fruit de la vente. Le duo voulait acheminer la drogue à Dakar.
SÉDHIOU : SAISIE DE 127 KILOGRAMMES DE CHANVRE INDIEN
Les hommes du lieutenant Gaston Sambou ont pris encore dans leurs filets deux trafiquants de drogue. Mardi en début de soirée, les éléments de la brigade régionale de lutte contre les stupéfiants de Sédhiou, à la suite d'une information anonyme faisant état du mouvement d'un convoi de trafiquants de drogues, ont procédé à la saisie de 127 kilogrammes de chanvre indien dans les champs de Koussy, village situé à 22 km au nord de la commune de Sédhiou. Après une course-poursuite, les trafiquants ont abandonné sur les lieux la drogue et deux motos, rapporte Seneweb.
THIÈS : L’INSPECTION RÉGIONALE DU TRAVAIL A RÉGLÉ 5 CONFLITS COLLECTIFS
L’Inspection régionale du travail et de la sécurité sociale de Thiès a enregistré 11 conflits collectifs de travail en 2021, dont les cinq ont été résolus, a indiqué mercredi Moustapha Sène, contrôleur dans ladite inspection. Sur les 11 conflits collectifs qui lui ont été soumis au cours de l’année 2021, 5 ont été réglés et 6 non réglés, a renseigné M. Sène dans sa communication, lors d’un panel à l’occasion des journées portes ouvertes de l’inspection régionale du travail. Prévue sur 48 heures, cette rencontre organisée en collaboration avec la GIZ (coopération allemande) est une occasion de vulgariser les missions et prérogatives de l’Inspection du travail. Le thème de ces journées est : «Pour une inspection du travail à l’écoute et au service des usagers», rapporte l’APS. Jugeant énorme le chiffre de 11 conflits collectifs à l’échelle d’une région, M. Sène a insisté sur la nécessité de miser sur la prévention des conflits au sein des entreprises. En 2020, les conflits collectifs étaient au nombre de cinq, dont les trois avaient trouvé une solution au niveau de l’inspection du travail, a-t-il dit. Selon M. Sène, les 448 travailleurs concernés en 2021 par des ruptures à l’amiable, se sont partagé la somme de 407418 millions de FCFA. L’année précédente, ils étaient 273 travailleurs à avoir empoché 911103 millions FCFA au total, à l’issue de rupture à l’amiable avec leur employeur, grâce à la conciliation de l’inspection du travail. Les conflits individuels de travail étaient au nombre de 547 en 2021, dont 324 n’ont pas fait l’objet de conciliation et les 223 ont abouti à des conciliations totales. Les montants des transactions s’élevaient à 78 761 millions de FCFA.
«NOUS SOMMES REVENUS À UNE SITUATION D’EXPLOITATION NORMALE»
Papa Mademba Bitèye, directeur général de Senelec, rassure après Les fortes pluies de ces derniers jours qui se sont abattues sur Dakar ont entrainé des ruptures dans la fourniture en électricité
Les fortes pluies de ces derniers jours qui se sont abattues sur Dakar ont entrainé des ruptures dans la fourniture en électricité. Interpellé sur cette situation qui commence à inquiéter les populations, le Directeur général de Senelec Papa Mademba Bitèye rassure que la situation d’exploitation normale est revenue. Toutefois, il précise que maintenant toute coupure d’électricité doit être considérée comme une panne.
Le poste de Hann qui est le plus grand poste du Sénégal gal a été complétement inondé vendredi dernier après les fortes pluies diluviennes qu’a enregistré la capitale sénégalaise. Ce qui a privé d’électricité les populations de plusieurs quartiers de Dakar. Interpellé sur cette situation, Senelec apporte des explications. «Depuis le dimanche nous avons pu remettre l’ensemble des clients de Senelec, même si le poste est toujours hors service du fait du niveau de l’eau. Parce que l’eau et l’électricité ne font pas bon ménage. Comme, il y a beaucoup de composantes électroniques, on attend que toute l’eau soit évacuée pour qu’on puisse faire le nettoyage et séchage et voir le comportement du matériel électronique avant de remettre complétement l’électricité», a soutenu le directeur général de Senelec Papa Mademba Bitéye.
Actuellement, il rassure que Senelec est revenue à une situation d’exploitation normale. En revanche, il précise que maintenant toute coupure d’électricité doit être considérée comme une panne. «Le centre d’appel est là et toute déclaration faite par un client sera prise en charge correctement par les opérateurs et les équipes de dépannage de Senelec qui sont sur le terrain», promet le Dg de Senelec.
Pour terminer M. Bitèye annonce que des dispositions sont prises pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise. «Nous allons construire un autre poste provisoire qui sera mis sur une dalle de 1,5 mètre pour éviter éventuellement des arrivées d’eau. Cette solution pourra nous permettre de pouvoir tenir et délocaliser le poste au niveau du poste de Patte d’Oie. Et cela permettra de régler définitivement le problème», rassure-t-il.
PAR KARO DIAGNE-NDAW
LEGISLATIVES DU SENEGAL, ET SI RIEN N’ÉTAIT FINALEMENT (ENCORE) JOUÉ
Macky Sall n’a pas obtenu la majorité absolue avec sa seule coalition. Cela ne signifie pourtant pas que l’opposition prendra le dessus
Macky Sall n’a pas obtenu la majorité absolue avec sa seule coalition. Cela ne signifie pourtant pas que l’opposition prendra le dessus.
À l'issue des législatives de ce 31 juillet, le Sénégal semble à la lisière d'une nouvelle ère politique. Pour la première fois, le camp du président de la République n'a pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Cela ne signifie pas qu'il a perdu les élections puisqu'avec 82 sièges il détient la majorité relative à une voix de la majorité absolue d'une Assemblée nationale qui en totalise 165.
En face, mathématiquement, des coalitions dites d'opposition totalisent ensemble 83 sièges. En l'occurrence, le mot « ensemble » est important car il est la seule condition pour que les coalitions Yewwi Askan Wi (« Libérer le peuple » en wolof) et Wallu Sénégal (« Sauver le Sénégal »), respectivement 56 et 24 sièges, AAR Sénégal (Alliance pour une Assemblée de rupture mais aussi Soigner le Sénégal en wolof) avec Thierno Alassane Sall, Bokk Gis Gis (« Avoir ensemble une même vision » en wolof) avec Pape Diop, et Les Serviteurs-MPR avec Pape Djibril Fall, qui ont chacune une voix, soient en mesure de rafler la majorité absolue. Une question apparaît : la logique politique sénégalaise permettra-t-elle ce scénario ? C'est tout l'enjeu de cette 14e législature, pour laquelle les observateurs livrent leurs analyses et leurs pronostics.
BALLOTTAGE OU COHABITATION ?
Pour Lamine B., journaliste et ancien directeur de la rédaction d'un quotidien privé, les maîtres du jeu sont les poids plumes dont les voix seront âprement disputées par chacun des deux camps majoritaires. Dans cette nouvelle Assemblée, lui ne parle pas de rupture, mais qualifie plutôt d'inédite cette configuration. « C'est la première fois qu'il y a un ballottage, un équilibre plutôt défavorable au gouvernement », indique l'homme, la quarantaine bien entamée. Pour ceux qui parlent de cohabitation, lui souligne : « La cohabitation n'existe pas dans notre Constitution. D'aucuns en parlent au regard de l'expérience française, alors qu'au Sénégal le régime présidentiel est en vigueur, contrairement à la France où le régime est semi-présidentiel. » Sur ce point, Ismaïla Madior Fall, agrégé des facultés de droit et professeur titulaire de droit public et de sciences politiques à l'université Cheikh-Anta Diop de Dakar, explique, dans une tribune publiée sur le site sénégalais Senego, que, « si en France le gouvernement gouverne en cas de cohabitation parce que la Constitution de la Ve République est d'inspiration parlementaire, au Sénégal, pays doté d'un régime plutôt d'inspiration présidentielle, même dans une situation de non-confluence vers une majorité qu'il n'est rigoureusement pas approprié de qualifier de cohabitation, c'est le président qui gouverne à l'aise, surtout s'il parvient à davantage conforter la majorité ».
VASES COMMUNICANTS ET INTERCOALITION POUR BROUILLER LES CARTES
Une majorité pourrait d'ailleurs largement être à la portée du camp présidentiel du fait d'une certaine « réalité locale qui fait qu'il existe un système de vases communicants qui sera en faveur du pouvoir », selon le journaliste Lamine B. De plus « les dissensions au sein de l'opposition, relevées même durant la campagne, pourraient se répercuter au niveau de l'hémicycle », dit-il en faisant référence à cette intercoalition Yewwi-Wallu, cette 2e coalition étant menée par l'ex-président Abdoulaye Wade. Cela dit, « cette intercoalition n'est pas une réalité juridique », rappelle notre interlocuteur. En revanche, « chacun va chercher à avoir son propre groupe parlementaire car il y a des enjeux de postes qui garantissent une sinécure certaine, notamment celui de président de commission ou président de groupe parlementaire, avec un plus important traitement salarial, sans compter un poste de vice-président de l'Assemblée à la clé », explique Lamine B. « Il n'y a pas de cohabitation », soutient également Mame M., membre de la société civile. « Même si la majorité mécanique n'existe plus, l'opposition risque de déchanter car la politique n'est pas définie par l'Assemblée nationale, qui a plus un rôle de contrôle, indique notre analyste. « L'Assemblée est beaucoup plus une chambre d'enregistrement des lois où au plus le député peut solliciter le ministre pour améliorer tel ou tel secteur dans son terroir », argumente-t-il.
PLUSIEURS CAS DE FIGURE POUR INFLUER SUR LA DONNE
L'alternative ? « Que les députés de l'opposition ne fassent pas bloc afin d'avoir plusieurs groupes parlementaires », poursuit-il. « Ce qui ne sera pas évident », nuance Mame M. Explication : « Car, parmi les députés élus, bien avant les élections d'ailleurs, certains avaient déjà rallié le camp du pouvoir comme certains candidats de Wallu. » Au niveau de l'intercoalition Yewwi-Wallu, 3 députés ont été élus sur la liste de Yewwi et, à présent, Wallu demande que ces trois députés lui soient « rendus », ce qui ferait passer son nombre de députés de 24 à 27. De plus, « sur les 71 maires de l'opposition aux dernières locales, il ne resterait que 29 sous les couleurs de Yewwi, et c'est la plus grande crainte de l'opposition », soutient notre analyste, Mame M.. Même prudence affichée pour Alassane D., consultant en gestion de projets et militant de Yewwi. « Nous allons au-devant d'une Assemblée où certains n'ont aucune expérience parlementaire ou législative. Ils seront face à des députés du sérail et d'anciens ou actuels ministres », soutient cet autre interlocuteur. Alors, « il ne faut pas aller dans l'euphorie en se disant que nous allons avoir une Assemblée idéalisée. Nous allons pratiquement vers l'aventure », poursuit-il.
Son caractère hétéroclite fera justement la force de cette Assemblée, où les députés néophytes que sont les suppléants, vainqueurs de la liste de Yewwi, seront « coachés » par leurs leaders, anciens titulaires bannis des joutes électorales. À cette étape, leur étiquette de suppléant risque de se détacher plus vite que prévu. Ce qui n'est pas le cas de Guy Marius Sagna, activiste à temps plein, qui avait déjà gagné son titre de « député du peuple » et qui a remporté sa bataille contre son vis-à-vis de la liste du pouvoir, Victorine Ndeye, secrétaire d'État chargée du Logement. À cela s'ajoute le fait que le président de l'Assemblée n'est plus nommé pour un mandat de cinq ans. Il sera élu chaque année parce que, jusque-là, le camp du pouvoir jouissait de la majorité mécanique. Donc, si Benno Bokk Yaakaar souhaite avoir Aminata « Mimi » Touré comme présidente de l'assemblée, il leur faudra négocier avec les deux autres coalitions majoritaires », souligne Alassane D. Le score de Benno sonne comme une confirmation du désaveu des populations en la personne du président de la République Macky Sall, qui est fondamentalement rejetée », poursuit le consultant. Selon lui, l'autre question à soulever est que, « malgré beaucoup de ressources investies, Dakar, la capitale, est totalement perdue pour le pouvoir. Ce qui veut dire que les populations semblent plus averties que les politiciens », se réjouit-il.
LE PARTI DE L'ABSTENTION, VAINQUEUR DISCRET DE L'ELECTION
Une autre donnée à intégrer dans l'analyse de cette législative ? Le parti de l'abstention. C'est le nom donné par le journaliste Pape Abdoulaye Der qui est aux commandes de l'émission Jakkarlo, un talk-show très suivi de la télévision privée TFM et diffusé chaque vendredi en 2e partie de soirée. Au regard du taux de participation de 46,64 %, beaucoup d'électeurs ne sont en effet pas allés voter ce dimanche 31 juillet de législatives. Ce qui fait dire au journaliste Lamine B. que certes il y a eu un taux important d'abstentionnistes, « mais on suppose que le vote des jeunes mobilisés par Sonko a été déterminant ». Une assertion à confirmer, d'autant plus que « les législatives n'enregistrent pas d'habitude un fort taux de participation, excepté celles de 2017 où le taux de participation a été de 53,66 % ». Sur la même question de la non-participation de certains électeurs, Alassane D. soutient le contraire. Pour lui, « ce n'est pas une abstention mais l'expression du peuple ». Ces non-participants « ont perdu foi dans les politiciens et l'ont exprimé en n'allant pas voter ». Pour lui, « c'est une forme d'expression de vote d'une grande partie des populations » parce que « ni l'opposition ni le pouvoir n'ont su la convaincre ». Pour le supporteur de la coalition Yewwi Askan Wi, « ne pas choisir, c'est choisir ». Et de poursuivre : « Cette majorité silencieuse qui a préféré ne pas aller voter a dû prendre en compte tous les paramètres, de l'étape des parrainages aux élections législatives, en passant par les locales précédentes. »
BENNO BOKK YAAKAR, 3E MANDAT : LA MESSE ESTELLE DITE ?
« Si c'est la fin de Benno, les discours vont changer », indique Pape N., agent dans une structure de l'État ayant battu campagne pour la coalition Wallu Sénégal dont le leader est l'ex-président Abdoulaye Wade. « En 2012, Wade a perdu les élections, mais pour, Benno Bokk Yaakaar, 2024, c'est maintenant ». « Macky Sall, poursuit-il, a sondé la population sur le cas de Sonko. Celle-ci a défendu Sonko, ce qui a failli lui faire perdre le pouvoir. Aux municipales, la coalition Yewwi Askan Wi a fait une intéressante percée en raflant quelques grands centres urbains. Aux législatives, elle a réitéré avec une razzia dans certains fiefs détenus par des hommes forts du pouvoir, et ce, bien que la liste soit celle des suppléants. » Et d'ajouter à l'endroit du président Macky Sall : « Même son propre camp pourrait lui tourner le dos. »
En conclusion renchérit le journaliste Lamine B., « aussi bien les résultats des locales que des législatives l'incitent à renoncer définitivement s'il avait encore des velléités de candidature pour un 3e mandat ». Pour lui, « c'est la question du 3e mandat qui a pesé et lui a fait perdre Dakar ». Et de poursuivre : « Et si Macky Sall se représente une fois de plus, c'est le syndrome Wade qui va l'emporter. » « Macky Sall ne verra que du feu d'ici à la présidentielle », rebondit Pape N. «Même les gens de son camp peuvent faire monter les enchères suite aux résultats des législatives, l'implosion de Benno Bokk Yaakaar, minée par des querelles internes, surtout entre membres de l'Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, pourrait faire l'affaire de l'opposition. »
De fait, Pape N. ne parle pas de « cohabitation » mais d'« hébergement ». Un autre terme apparu, notamment sur les réseaux sociaux, au vu des résultats et qui évoque le cas de figure où l'opposition détiendrait la majorité. Pour lui, les trois « non alignés » que sont Pape Diop de Bokk Giss Giss, ancien maire de Dakar, ancien président de l'Assemblée nationale et du Sénat, sous Abdoulaye Wade, Thierno Alassane Sall, ancien ministre dans le premier gouvernement de Macky Sall et tête de liste d'AAR Sénégal, et enfin le journaliste Pape Djibril Fall, tête de liste des Serviteurs MPR, ne vont pas forcément rejoindre Macky Sall.
Pour le jeune militant du Parti démocratique sénégalais (PDS), colonne vertébrale de la coalition Wallu Sénégal, « ce rapport de force ne sera pas en faveur de Macky Sall, pour qui le temps est compté dans la perspective de la présidentielle de mars 2024 ». À la question de savoir si des retrouvailles de la famille libérale sont envisageables, il soutient que seul le président Macky Sall pourrait en tirer profit afin de se ménager une sortie noble parce qu'il jouirait d'une certaine immunité et ne serait donc pas poursuivi par le camp de son successeur.
IMMUNITE, AMNISTIE : QUID DE DEMAIN ?
Immunité. Cette question est agitée en parallèle avec celle de l'amnistie. Les deux pourraient bénéficier à deux adversaires de l'actuel président de la République : Khalifa Sall, chef de file de Taxawu Dakar qui a engrangé 13 sièges des 56 raflés par la coalition Yewwi Askan Wi, et Karim Wade, fils de l'ex- président Abdoulaye Wade, leader emblématique du PDS et de la coalition Wallu Sénégal. Précision : Khalifa Sall et Karim Wade ont tous deux été embastillés sous Macky Sall aux motifs d'enrichissement illicite. « À 96 ans, Abdoulaye Wade reste encore le maître du jeu », soutient le membre de la société civile qu'est Mame M. Selon lui, l'ancien président pourrait rejoindre le camp au pouvoir et négocier avec l'actuel président Macky Sall l'amnistie de son fils, la présidence de l'Assemblée et même un certain nombre de portefeuilles ministériels dans le prochain gouvernement.
Point de vue différent de la part d'Alassane D. : « C'est Sonko qui est le maître du jeu. Maintenant, dit-il, les intérêts divergent car autant Wallu Sénégal, Taxawu Dakar que le camp de Benno Bokk Yaakar cherchent l'amnistie. » Autre personne, autre analyse : pour Pape N., agent dans une structure étatique, « si Pape Diop rejoint le camp du pouvoir, il risque de donner raison à Ousmane Sonko, chef de file de Yewwi qui avait accusé les autres listes de rouler pour Macky Sall. Faisant écho aux propos de Pape N., Mame M., membre de la société civile, soutient pour sa part que, si les accusations de Sonko sont avérées, le camp présidentiel pourrait réussir à s'emparer de la majorité absolue.
L'INTERCOALITION YEWWI ASKAN-WALLU SENEGAL SOLIDE JUSQU'A QUAND ?
Au détour de toutes ces hypothèses, la question qui est posée est de savoir si l'intercoalition va tenir et, si oui, jusqu'à quand ? En d'autres termes, va-t-elle voler en éclats ? « Le cas de figure est envisageable parce que Yewwi prend en compte Wallu alors que Wallu fait un appel du pied aux non-alignés », souligne Mame M.. C'est aussi le point de vue d'Alassane D., qui soutient que l'on n'aurait alors pas forcément deux grands groupes parlementaires, mais trois, l'un pour Benno, un deuxième pour Yewwi et un troisième pour Wallu. Quoi qu'il en soit, AAR Sénégal a d'ores et déjà annoncé son intention de ne pas rallier Benno Bokk Yaakar.
Quant à Pape Djibril Fall, l'élu de la coalition Les Serviteurs-MPR, A. Dieng lui conseille de « garder sa position de non-aligné » et de ne pas se faire « hara-kiri ». Pour sûr, dans la nouvelle Assemblée, l'expression « les absents ont toujours tort » aura retrouvé sa pleine valeur. Il faudra beaucoup d'assiduité pour ne pas se laisser surprendre. En effet, il suffira d'une seule voix pour faire basculer un vote à l'Assemblée. Conséquence : ce trio de non-alignés, composé d'AAR Sénégal, de Bokk Gis Gis et des Serviteurs-MPR, est certes un poids plume arithmétique, mais il est aussi un poids lourd politique car de sa neutralité ou de son ralliement, ponctuel ou permanent, à l'une ou l'autre des coalitions se jouera le sort de la majorité, pour le camp présidentiel ou pour le camp de l'opposition.
LA PRESIDENTIELLE DE 2024 EN LIGNE DE MIRE
Tout cela est stratégique et doit être analysé à l'aune de la présidentielle de 2024. En effet, si le Pastef d'Ousmane Sonko a su s'allier avec des partis traditionnels, plus expérimentés et mieux structurés, et aller au-delà de son électorat estimé à hauteur de 15 %, au risque d'être phagocyté par ses alliés de Yewwi Askan Wi comme le Taxawu Dakar de Khalifa Sall ou le Wallu Sénégal d'Abdoulaye Wade, rien n'indique qu'il réussira à maintenir son leadership. La menace pourrait en effet venir de Barthelémy Dias, tout puissant député-maire de Dakar, resté fidèle à son mentor, Khalifa Sall, ancien maire de la capitale. Il pourrait se positionner comme grande figure dirigeante de l'opposition face à Ousmane Sonko.
En attendant, sur les réseaux sociaux, les deux grandes coalitions de l'opposition, Wallu Sénégal et Yewwi Askan Wi, s'affrontent par sympathisants interposés, chacun d'entre eux accusant l'autre de vouloir trahir cette intercoalition qui, soit dit en passant, est véritablement contre nature du fait que le libéralisme est totalement assumé du côté de la coalition Wallu emmenée par le Parti démocratique sénégalais d'Abdoulaye Wade. Aucune idéologie, du communisme au libéralisme en passant par le socialisme, n'emporte l'adhésion exclusive de Pastef-Les Patriotes, le parti d'Ousmane Sonko, leader de la coalition Yewwi Askan Wi. Son credo affirmé est le pragmatisme au service des intérêts du peuple sénégalais. Une réalité qui conduit le camp présidentiel à ironiser et à pronostiquer l'implosion totale et imminente de l'intercoalition Yewwi-Wallu. Il faut dire que la configuration actuelle de l'opposition rappelle la situation qui avait prévalu lors des législatives ayant précédé la présidentielle de 2012.
L'Alliance des forces de progrès de Moustapha Niasse n'avait pas réussi à s'entendre avec le Parti socialiste de feu Ousmane Tanor Dieng. Résultat : un troisième concurrent issu des flancs du Parti démocratique sénégalais (PDS) avait réussi à rafler la mise avec un certain Macky Sall, ex-numéro deux de ce même parti. La suite est connue.
En attendant, retenons ce fait notable à plus d'un titre : sauf désistement, comme en 2017, Abdoulaye Wade, en tant que doyen de l'Assemblée, devrait présider la cérémonie d'installation de cette 14e législature en septembre prochain. Les deux plus jeunes députés seront à ses côtés. Et à l'horizon de tous il y aura la présidentielle de 2024.
(SOURCES : LEPOINT.FR/AFRIQUE)
Par Babacar Diao
LE BOUCHON A ÉTÉ POUSSÉ TRÈS LOIN À PROPOS DE LE DANTEC
Nous sommes des médecins, des dentistes et des pharmaciens soutenus par un personnel administratif pour faire fonctionner un hôpital et non le concevoir et le construire à notre guise
J’aimerais partager avec vous ces quelques lignes à propos de la reconstruction de Le Dantec. L'État ayant pris une décision l'attitude la plus raisonnable c'est de l’exécuter et de ne jamais prêter le flanc. Prêter le flanc c'est aller au-delà de ses prérogatives. Nous sommes tous employés et payés par l’État, le site appartient à notre employeur. Pouvons-nous avoir des exigences autres que de demander un lieu de travail compatible avec l'exercice de la médecine ? La réponse est non.
Nul ne peut imposer à son employeur un plan archi (qui coûterait au moins un milliard pour ce projet de reconstruction), un plan BA ou la réserve foncière à exploiter. Les enjeux financiers sont énormes pour qu'un employeur laisse son employé décider. Nous sommes des médecins, des dentistes et des pharmaciens soutenus par un personnel administratif pour faire fonctionner un hôpital et non le concevoir et le construire à notre guise. Le terme " négocier" a manqué dans l'attitude de certains d'entre nous qui peut-être par ignorance ont voulu s'arroger les prérogatives de l'employeur.
1. Est ce que l'arrêt des activités peut-être empêché par un employé de la État? C'est non.
2. Ne devrions nous pas être là à réfléchir sur les projets de soins, de recherches et d'innovation à mettre en œuvre dans le futur hôpital ? Certainement oui.
3. Ne devrions nous pas être là à discuter du profil du personnel qui peut réaliser ces projets ?
Certainement oui. Je suis triste de constater que des amis d'hier sont entrain de se chamailler pour un projet de reconstruction qui devait plus réunir que diviser. Comment mettre en place une équipe dans ces conditions? Sans équipe il n'y aura pas d'hôpital mais des électrons libres dans une entité qui se veut uniforme pour la réalisation des objectifs. Attention ! Attention !
Le bouchon a été poussé très et même trop loin. Passons aux choses utiles qui réunissent dans l'intérêt des patients qui représentent notre raison de vivre.
Puisse Dieu ramener tout le monde sur le chemin de la sagesse et faciliter la reconstruction de cet hôpital mythique qui fait notre fierté. J'ai tout obtenu dans cet hôpital. Mon âme y est, mon cœur y est et ils y resteront toujours.
Wa Salam
MICMAC AUTOUR DE TROIS HECTARES SUR LE SITE DE LE DANTEC
La réhabilitation de l’hôpital Aristide Le Dantec continue de soulever des interrogations surtout pour ce qui concerne les trois autres hectares de la structure qui ne seront pas utilisés pour le nouvel édifice
La réhabilitation de l’hôpital Aristide Le Dantec continue de soulever des interrogations surtout pour ce qui concerne les trois autres hectares de la structure qui ne seront pas utilisés pour le nouvel édifice. Alors qu’un collectif suspecte un deal de gros bonnets, certaines indiscrétions évoquent une manne financière qui serait partagée entre différents responsables de l’hôpital.
La pose de la première pierre pour la reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec sera effectuée le 1er septembre prochain par le président de la République, Macky Sall. Un hôpital qui sera bâti sur la moitié de sa superficie initiale à savoir trois hectares. Pour le collectif qui s’est constitué pour la défense et la sauvegarde de l’hôpital Aristide Le Dantec, des entrepreneurs espagnols auront en charge de le faire.
Toutefois, la grande équation revient à savoir à qui profiterait ses trois autres hectares de l’hôpital. Selon le collectif cette partie de l’hôpital sera liquidée pour permettre de prendre en charge la reconstruction de l’hôpital.
Seulement, ces derniers ne sont en mesure d’affirmer si cette superficie devrait revenir aux espagnols en contre-parti de la construction de ce nouvel édifice. « Nous savons que ce sont des tours qui seront érigés sur trois hectares de l’hôpital. Nous avons vu la maquette, nous avons même tenu un atelier avec ses espagnols et des amendements avaient été faits. A l’heure actuelle, aucune validation n’a été faite et voilà qu’on nous annonce la pose de la première pierre sans même nous parler de la surface restante», a déclaré Mangue Ngom porte-parole du collectif.
Dans la foulée, des sources anonymes renseignent que l’hôpital Le Dantec ne sera plus l’hôpital des «pauvres» mais des gens nantis. «L’idée de cette reconstruction est de faire de Le Dantec, un hôpital moderne de niveau 4 qui pourra prendre en charge des pathologies les plus rares mais aussi développé une médecine de pointe afin de développer le tourisme médical. De ce fait, des hôtels ou encore des résidences seront construites à coté pour être commercialisés», a lancé des membres de ce collectif.
Et de pointer du doigt la commission médicale d’établissement (Cme). «Aujourd’hui, s’il y a des gens qui peuvent renseigner à qui profite les trois hectares, ce sont les chefs de services. Ceux qui sont dans la commission médicale d’établissement. Ils ont pris part à toutes les décisions et ce sont encore eux qui ont validé avec le chef de l’Etat cette nouvelle maquette alors que nous en avons déjà une validée par les parties prenantes. Ils sont complices de cette liquidation déguisée de l’hôpital».
Au niveau des syndicats surtout la section de la Fédération des syndicats de la santé (F2s) de l’hôpital Aristide Le Dantec, aucune information concernant le détenteur des trois hectares n’a filtré, même si le nom des turcs est avancé ça et là.
Toutefois des langues commencent à se délier. Selon certaines indiscrétions, certains auraient déjà touché des commissions sur la base de la première offre. Ce qui s’ajoute à la nébuleuse qui entoure cette transaction. En attendant que la pose de la première pierre se fasse et que les Sénégalais soient édifiés sur les trois hectares, l’hôpital sera fermé à partir du 14 août prochain. Le travail de démolition étant déjà en cours, tous les bâtiments seront rasés et de ces cendres naitront des tours de six étages.
LA QUATORZIÈME LÉGISLATURE EN SURSIS
Les nouveaux députés pourraient ne pas terminer leur mandat de cinq ans. La quête d’une majorité parlementaire par le successeur de Macky Sall pourrait amener ce dernier à dissoudre l’Assemblée nationale avant la fin de la législature
Élus le 31 juillet dernier, les députés de la 14ème législature pourraient ne pas terminer leur mandat de cinq ans. Avec la tenue de l’élection présidentielle au mois de février 2024, la quête d’une majorité parlementaire pourrait amener le successeur de Macky Sall à dissoudre l’Assemblée nationale après la date du 31 juillet 2024.
Les députés de la 14ème législature pourraient battre le record de l’Assemblée nationale la plus éphémère au Sénégal depuis 1960. Toujours dans l’attente de la confirmation de leur élection à l’Assemblée nationale par le Conseil constitutionnel, les députés élus lors des élections législatives du 31 juillet passé pourraient ne pas terminer leur mandat de cinq ans. Et pour cause, avec la tenue de l’élection présidentielle au mois de février 2024 qui va consacrer l’arrivée d’un nouveau président de la République, les parlementaires de la 14ème législature pourraient perdre leur fonction de représentants de la nation après seulement deux ans et quelques mois de mandature. Car, le nouveau chef de l’exécutif qui sortira des urnes en février 2024 va forcément vouloir disposer de sa propre majorité parlementaire pour dérouler tranquillement son programme de gouvernance. Et pour y arriver, il devra procéder à la dissolution de l’Assemblée nationale avec comme conséquence directe la fin prématurée du mandat de la 14ème législature.
Toutefois, il faut préciser qu’une telle mesure ne sera possible qu’au-delà de la date du 31 juillet 2024 où la 14ème législature va boucler ses deux ans d’existence. En effet, l’article 87 de la Constitution qui fixe les conditions de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République précise en son deuxième alinéa que cette « dissolution ne peut intervenir durant les deux premières années de législature ».
Donc, il est clair que si l’actuel chef de l’Etat n’a aucun pouvoir de dissolution sur la 14ème législature du fait que son deuxième et dernier mandat prend officiellement fin le 2 avril 2024, soit 3 mois de délai prescrit par l’article 87 de la Constitution, son successeur aura au bout de quelques mois seulement après son installation les coudées franches pour passer à l’acte de dissolution de la 14ème législature et convoquer de nouvelles élections législatives. Il faut dire que, le cas échéant, cette décision va apporter des corrections au calendrier électoral républicain perturbé par le non-respect par l’actuel chef de l’Etat de sa promesse de réduire la durée de son premier mandat de 7 à 5 ans (2012-2017.
Ainsi, la dissolution de l’Assemblée nationale après la présidentielle de 2024 va permettre au chef de l’Etat élu un alignement de ces deux élections qui vont se ternir la même année.