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19 juin 2025
DANS L'UNIVERS DES CHARPENTIERS DE RUFISQUE
Faisant de la fabrique des pirogues leur métier de toujours, ils peinent cependant à vivre correctement parfois. Aujourd’hui, ils veulent une meilleure considération
Grâce à une expertise avérée, les charpentiers de la ville de Rufisque reçoivent des commandes d’un peu partout. Faisant de la fabrique des pirogues leur métier de toujours, ils peinent cependant à vivre correctement parfois. Aujourd’hui, ils veulent une meilleure considération.
Au milieu des pirogues éparpillées sur une surface restreinte, un groupe de personnes est en pleine discussion sous un hangar. De temps à autre, une tasse de thé passe d’une main à l’autre. L’ambiance est bonne. Et la brise marine fouette les visages décontractés. Nous sommes chez les charpentiers de Rufisque. L’atelier est coincé entre le quai de pêche de Ndeppe et l’aire de transformation des produits halieutiques. «Aujourd’hui, on n’a pas travaillé, c’est pourquoi on est tous là pour profiter de ces instants», confie Birane Sarr, le maître des lieux. Ce matin, l’atelier est calme, contrairement aux jours de travail où règne une grande frénésie avec des coups de marteau qui se mêlent aux autres instruments servant à couper le bois. Ces artisans qui maîtrisent parfaitement leur art sont très sollicités. «On reçoit des commandes partout à travers le pays, notamment à Kayar, Saint-Louis, Fass Boye, Bargny et ici à Rufisque», soutient Birane qui loue le matériel avec lequel les artisans travaillent dans cet atelier naval. Le caïlcédrat et le bois «samba» importé de la Côte d’Ivoire sont principalement utilisés ici.
Cette recherche de la qualité est le souci permanent de ces travailleurs qui ont en tête la sécurité des pêcheurs en mer. «Une fois fabriquées, ces pirogues ne peuvent jamais couler facilement en mer. Même si un accident peut arriver en haute mer, comme il en arrive sur la route, chaque jour. Mais en ce qui nous concerne, nous faisons de notre mieux pour mettre les hommes de mer dans les meilleures conditions de sécurité», explique Birane Sarr.
En face de lui, le vieux Baba Diagne coupe en petits morceaux, un sac de riz vide. Ce charpentier qui fut l’un des premiers apprenants de cet atelier s’est reconverti dans le colmatage des trous et autres fentes des pirogues une fois les premiers travaux terminés. «C’est un travail minutieux qu’il faut pour à colmater les trous. Car, il faut bien le faire à l’intérieur comme à l’extérieur de la pirogue pour éviter que l’embarcation ne prenne l’eau», explique cet artisan expérimenté.
Ni retraite ni allocation
Pour avoir été dans ce chantier naval plusieurs années durant, Baba Diagne n’a plus la force physique d’exercer. «C’est un métier difficile, risqué et qui ne rapporte pas d’argent», reconnaît Birane Sarr. Selon lui, ce métier est plutôt destiné aux jeunes, car il ne peut être exercé une fois qu’on atteint la cinquantaine. «Le risque réside dans le fait qu’on travaille avec des instruments tranchants qui ont déjà causé plusieurs accidents ici. Mon jeune frère a la main droite complètement sectionnée par un instrument. Moi-même, j’ai beaucoup de cicatrices au niveau de mon pied», dit-il en soulevant un pan de son pantalon de la jambe droite. «Tout ça, c’est à cause du travail difficile que nous faisons ici», ajoute Birane.
En tant qu’artisans, ces charpentiers se sentent toujours oubliés dans les programmes et appuis de l’État. «Or, reconnaît Malick Mbathie, un des leurs, nous sommes incontournables dans l’approvisionnement de poissons aux populations. Parce que sans charpentier, le pêcheur ne peut aller en mer, le mareyeur ne peut faire son business. Encore moins le revendeur avant de parler de la consommation». Les acteurs de ce corps de métier ne disposent pas d’une structure qui peut défendre leurs intérêts ou leurs droits en tant que travailleurs. «Nous n’avons ni retraite ni allocation. Quand on est malade ou blessé, on se prend en charge tout seul. À l’heure actuelle, on devait avoir un vaste chantier naval avec toutes les machines et l’électricité», regrette Baba Diagne.
Pour l’heure, ce n’est pas encore le cas dans cet atelier qui vit au jour le jour et en fonction des commandes. À ce titre, un problème récurrent vient bloquer le travail de ces ouvriers. «Nous disposons de moins en moins de bois, car la coupe est interdite et cela est un frein pour le métier qu’on est en train de faire», estime Birane Sarr. Un autre problème que ces artisans craignent, c’est l’avènement des pirogues en fibres de verre. La plupart d’entre eux pensent que ces embarcations ne sont pas adaptées avec les méthodes de pêche actuelles. «Beaucoup de pêcheurs ne connaissent pas ces pirogues qui sont d’un autre genre, mais avec celles que nous fabriquons ici, ils peuvent tout faire en haute mer, sans courir des risques inutiles», assure le vieux Baba Diagne.
Baye Bara, le «père» et le «fondateur»
Birane Sarr est l’aînée d’une fratrie de neuf enfants dont le père, Bara, est le fondateur de cet atelier de charpenterie. «Tous mes frères sont des charpentiers comme moi. Ils sont un peu partout au Sénégal à faire ce métier, notamment en Gambie, en Casamance, à Joal et Fass Boye», soutient le bonhomme avec un ton modeste. Selon lui, son père Bara, natif de Dakar, fut le premier à implanter un tel atelier à Rufisque. Et depuis lors, plusieurs dizaines de personnes ont reçu une formation dans ce métier. Baba Diagne qui a été avec le vieux Bara Sarr depuis ses débuts, perpétue le travail avec les fils de ce dernier. «Bara m’a formé et grâce à lui, j’ai pu fonder une famille et je vis à Rufisque», témoigne-t-il. En effet, avant d’être implanté dans la «vieille ville», l’atelier était d’abord à Dakar, puis à Bel Air. «C’est en 1974 que nous sommes venus à Rufisque», fait savoir Baba Diagne. Depuis lors, plusieurs pêcheurs venant d’un peu partout du Sénégal font appel à ces braves gens. «Une fois, un navigateur allemand m’a fait faire deux grandes pirogues. C’est aussi une reconnaissance de l’expertise que nous avons dans ce domaine», reconnaît Birane, digne héritier du grand charpentier Bara Sarr. À Rufisque où il a vécu une grande partie de sa vie avant de tirer sa révérence, Baye Bara était connu de tous.
LA MISE EN GARDE DE DÉTHIÉ FALL
Quelques heures après la sorties de Aminata Touré, tête de liste de la coalition Benno, le mandataire de la coalition Yewwi Wi a fustigé cette attitude et met en garde contre magouille électorale
Après les premières tendances, la tête de liste de la coalition BBY, Aminata Touré a fait face à la presse, dimanche tard dans la nuit. C’est pour annoncer la victoire de la majorité présidentielle. De son côté, le mandataire de la coalition Yewwi Wi a dénoncé l’attitude de Mimi Touré. Avant de la mettre en garde contre toute "tentative de manipulation des résultats".
« Nous avons suivi avec stupéfaction la sortie de Madame Mimi TOURÉ qui, non seulement viole la loi en proclamant la victoire de BBY dans certains départements, mais se présente en porte-parole du Président Macky SALL qui cherche encore une fois à confisquer les suffrages des sénégalais qui viennent de donner une majorité confortable à l’Assemblée Nationale à l’inter-coalition YEWWI WALLU vues les tendances lourdes tirées des PV en notre possession et bien relayées par la presse nationale notamment dans les départements de Mbour, Tivaouane, Louga, Kaolack. Goudomp. Sédhiou, Afrique du Nord. Saraya, etc. Et cela en plus des départements qu’elle a implicitement reconnu avoir perdu », a écrit Déthié Fall dans un communiqué.
C’est sur ces entrefaites qu’il dit tenir à témoin l’opinion nationale et internationale contre « toute tentative de manipulation des résultats » de ces élections législatives. Sur ce, il a lancé un appel à tous les Sénégalais à « rester debout pour la sécurisation de la victoire du peuple ».
L’HOMMAGE DE GUY MARIUS SAGNA À VICTORINE NDEYE
Élu député après la razzia de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, à Ziguinchor, Guy Marius Sagna s’engage à "servir exclusivement" le peuple sénégalais, à l’Assemblée nationale.
Élu député après la razzia de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, à Ziguinchor, Guy Marius Sagna s’engage à "servir exclusivement" le peuple sénégalais, à l’Assemblée nationale.
Dans son message, l’opposant a rendu hommage à la candidate de Benno Bokk Yakaar (BBY), Victorine Anquediche Ndeye. Qui a déjà reconnu sa défaite.
"Cette femme a accepté avec tous les risques de débattre avec moi. Quelle leçon ! Mais encore, à 20h25 minutes hier, Madame Victorine Anquediche Ndeye m’a appelé pour reconnaître sa défaite et me féliciter.
Mes hommages madame Victorine Anquediche Ndeye !", a posté Guy Marius Sagna, sur les réseaux sociaux.
L’opposition, qui crie victoire, attend la publication des résultats.
POURQUOI AAR SENEGAL ETAIT DANS LE DECOR
Au sein de la coalition ‘’Aar Sénégal’’, conduite par Thierno Alassane Sall, l’ancien ministre du président Macky Sall, on rumine sa déception, au lendemain du scrutin.
Au sein de la coalition ‘’Aar Sénégal’’, conduite par Thierno Alassane Sall, l’ancien ministre du président Macky Sall, on rumine sa déception, au lendemain du scrutin. Les premiers résultats issus des urnes des élections Législatives du 31 juillet 2022 ne satisfont pas ses membres.
Invité de l’édition spéciale d’iRadio, l’analyste politique, Ibrahima Malick Thioune, explique pourquoi ses leaders n’ont pas bénéficié de l’effet de la nouveauté qui a souvent prévalu.
« Là, il faut revenir à la sociologie du vote sénégalais, a-t-il rembobiné. Les Sénégalais votent toujours de la même manière. Cela veut dire qu’ils ont toujours une appétence particulière pour la nouveauté. Souvenez-vous de Djibo KA, de Moustapha Niasse. À chaque fois qu’ils sont venus avec des nouveautés, les gens ont suivi. C’est cet effet-là qui a profité à Pape Djibril Fall et à sa liste. »
Mais, pour ce qui est de ‘’Aar Sénégal’’, ils n’ont pas pu profiter de cette effet nouveauté. Selon le juriste, « ils étaient lus comme des acteurs politiques, mais la faiblesse de ‘’Aar Sénégal’’ contrairement à Yewwi, c’est qu’ils n’ont pas d’ancrage national. Ils sont des dissidents d’une opposition globale qui s’était faite contre Macky Sall. N’ayant pas cet ancrage national-là, il leur était difficile de battre campagne. Après, la figure de Ousmane Sonko a été trop envahissante dans cette élection. Du coup, les gens ont lu l’opposition qu’à travers la figure de (Sonko). »
Autre frein à l’expansion de ‘’Aar Sénégal’’, selon lui, ses membres « ne sont pas des politiciens typés mais des intellectuels qui ont voulu se mêler à une chose politique dont ils ne maitrisaient pas les arcanes. Ils en ont payé les frais ».
LUEUR D'ESPOIR POUR LES SERVITEURS
Le mouvement Les Serviteurs dirigé par le journaliste Pape Djibril Fall, tire un bilan satisfaisant de sa première participation à une élection. Il est loin du trio gagnant : Yewwi - Wallu et Benno. Mais, il coiffe au poteau des coalitions d’envergure
Le mouvement Les Serviteurs dirigé par le journaliste Pape Djibril Fall, tire un bilan satisfaisant de sa première participation à une élection. Il est loin du trio gagnant : Yewwi - Wallu et Benno. Mais, il coiffe au poteau des coalitions d’envergure comme Aar Sénégal et Bokk Gis Gis.
Abdoulaye Cissé, tête de liste proportionnelle (Suppléants) du mouvement exulte. « On avait fait notre déclaration le 22 mai 2022 à deux semaines de la clôture des parrainages. Par la suite, on a réussi à franchir toutes ces étapes. Beaucoup de personnes ne nous attendaient pas », a-t-il réagi, ce lundi, lors de l’édition spéciale d’Iradio, décryptant les élections Législatives 2022.
Pour lui, cette percée augure des « lendemains meilleurs » pour les Serviteurs.
par Momar Dieng
POUR MACKY SALL ET BBY, LA GRANDE DÉSILLUSION DE JUILLET
L’affinement des résultats devrait donner un aperçu des rapports de forces dans une Assemblée nationale largement renouvelée. Pour le chef de l'État, c’est peut-être le temps des grandes remises en cause et des incertitudes
A l’issue des élections législatives sénégalaises de ce 31 juillet 2022, on se dirige vers un bouleversement des forces au niveau de l’Assemblée nationale, suivant les tendances provisoires des résultats égrenés par les médias après la fermeture des bureaux de votes à 18 heures. La coalition d’opposition Yewwi Askan Wi regroupée autour d’Ousmane Sonko ferait une entrée fracassante au parlement au détriment de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) du président Macky Sall.
Pour l’heure, difficile de donner avec exactitude la répartition des sièges entre les protagonistes dans la nouvelle assemblée, mais il semble que la majorité écrasante de BBY dans la législature sortante (127 députés sur 165) soit passée de mode. En cela, la mise en œuvre d’une inter-coalition inédite entre Yewwi Askan Wi (YAW) dirigée par le duo Ousmane Sonko/ Khalifa Sall et Wallu de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Largement favorite dans les grands centres urbains, Yewwi Askan Wi a remis Dakar dans sa poche (après les élections de janvier 2022) et propulsé Guy Marius Sagna à Ziguinchor. Elle a fait sauter le verrou qui maintenait encore des départements comme Saint-Louis, Louga et Sédhiou dans la mouvance présidentielle. Pour sa part, Wallu s’est adjugée le département de Pikine.
Si elle a arraché la commune de Guédiawaye en janvier dernier des mains d’Aliou Sall, frère cadet du président Macky Sall, la coalition d’opposition a fini le travail en conquérant le département du même nom au nez et à la barbe des multiples figures du pouvoir dans cette grande banlieue de la région dakaroise confrontée à toutes sortes de difficultés.
L’offensive électorale de YAW s’est même prolongée jusqu’à Mbour où le département est tombé dans son escarcelle alors que la commune lui avait échappé aux élections locales de janvier dernier. Tout à côté, le département de Thiès devrait également tomber dans l’escarcelle de Yewwi Askan Wi vainqueur de la quasi-totalité des centres de votes, urbains comme ruraux.
Dans la soirée, l’affinement des résultats devrait permettre de voir plus clairement dans la répartition des sièges de députés et donner un aperçu des rapports de forces dans une assemblée nationale largement renouvelée. Pour Macky Sall, c’est peut-être le temps des grandes remises en cause et des incertitudes.
Dans la Diaspora, une majorité des 15 sièges de députés devrait également aller à l’inter-coalition Yewwi-Wallu, un autre échec qui rend plus béante la grande désillusion de juillet 2022 pour Macky Sall et Benno Bokk Yaakaar.
par Madiambal Diagne
UNE SI COURTE MAJORITÉ POUR MACKY SALL
Le président porte une grande responsabilité dans le recul de son camp aux législatives. Il s’était gardé de tirer les enseignements des élections locales de janvier. Il a eu tort de différer son remaniement, ménageant les carences de ses collaborateurs
Les électeurs ont fini de voter dans le calme et la sérénité pour choisir les députés de la nouvelle législature. Les résultats provisoires indiquent un vote quasi identique à celui du scrutin du 23 janvier 2022. Les électeurs ont voté de la même manière hier qu’ils ne l’avaient fait en janvier 2022. Les trois pôles politiques que sont les coalitions Benno Book Yaakaar (Bby), Yewwi Askan Wi (Yaw) et Wallu Sénégal ont pratiquement gardé leur électorat. Au finish, le camp du président Macky Sall semble sortir de ce scrutin avec une majorité absolue. L’opposition a conforté sa victoire au niveau des principales circonscriptions qu’elle avait gagnées aux dernières locales.
C’est ainsi que Yaw a remporté les suffrages à Dakar, Ziguinchor, Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque. La coalition Wallu Sénégal a gagné le département de Mbacké grâce notamment aux votes massifs des électeurs de la commune de Touba traditionnellement favorables à l’ancien président Me Abdoulaye Wade qui ont fait basculer la balance du côté de l’opposition. Yaw a pu aussi gagner à Saint-Louis et Sedhiou. Ses bons scores de janvier 2022 ont donc été amplifiés. Le ralliement à la dernière minute de l’ancien ministre Marie Teuw Niane au camp de Yaw s’est révélé fatale au maire de Saint Louis Mansour Faye. À Louga, le ministre Moustapha Diop qui n’a pas été investi a pu sauver les meubles grâce aux résultats du département, en plus du soutien de Mamour Diallo à la liste Bby et qui était en dissidence lors des locales. L’opposition doit-elle sa victoire à Louga à la disgrâce des responsables socialistes ? À Kébémer, Modou Diagne Fada a lui aussi essuyé un revers à Darou Mousty, mais a pu se rattraper avec les résultats du département. D’un autre côté, la coalition Bby a réussi à inverser la tendance à Thiès, et à Kaolack.
Macky Sall paie l’absence d’une nouvelle offre politique…
La mayonnaise de l’élan unitaire au sein de Bby n’a pas pris. Les chiffres indiquent pertinemment que les différentes coteries politiques au sein de Bby qui s’étaient farouchement combattues lors des élections locales sont restées sur leurs hostilités. C’est notamment le cas à Dakar et à Ziguinchor. Les soutiens des autres responsables de Bby n’ont manifestement pas suffi pour permettre à Victorine Ndèye de gagner mais elle aura participé à limiter les dégâts !
Au demeurant, le président Macky Sall porte une grande responsabilité dans ces reculs pour ne pas dire dans ces nouvelles déconvenues électorales. En effet, il s’était gardé de tirer les enseignements des élections locales de janvier 2022. Il était attendu un remaniement gouvernemental pour nommer un Premier ministre et impulser dans la foulée une nouvelle dynamique politique. Le chef de l’État avait choisi de garder le statu quo, en ignorant le coup de semonce des électeurs. Qu’est ce qui expliquerait que les électeurs changent de perception alors que rien de nouveau ne leur a été proposé ? Les électeurs se sont-ils sentis snobés ? Le président Sall avait tort de choisir de différer son remaniement, ménageant les carences de ses collaborateurs et fermant les yeux sur des comportements d’arrogance décriés par les populations. En outre, les démarchages de responsables de Yaw qui ont été débauchés n’ont pas apporté de nouveaux électeurs. Si ces maires et autres leaders ont «transhumé», les masses d’électeurs ont continué à garder leur vote protestataire. On peut même augurer que ce débauchage a été contreproductif et a ainsi davantage pu renforcer un sentiment de révulsion. La facilité avec laquelle des maires élus de Yaw avaient rejoint le camp adverse renseigne sur le fait d’un racolage de Yaw qui avait investi des candidats ramassés au bord de la route et avec lesquels cette coalition n’avait pas de grands liens affectifs ou de réelle camaraderie ou de compagnonnage ou véritable ancrage politique. Ces maires ne pouvaient alors emporter avec eux les électeurs vers leur nouvelle destination.
On aura sans doute remarqué un relatif faible taux de participation, d’un peu plus de 40%, dans les mêmes eaux que celui des élections municipales du 23 janvier 2022 qui était de l’ordre de 48%. Il est également à rappeler qu’en 2007, le taux de participation aux législatives qui étaient boycottées par une bonne frange de l’opposition était de 34,7%. Le taux de participation aux législatives de 2012 a été de 36,67%. D’aucuns ont cherché à expliquer le fort taux d’abstention par l’alibi des intempéries météorologiques. Il a abondamment plu dans la journée d’hier, 31 juillet 2022, dans divers endroits du Sénégal mais force est de rappeler que lors des élections législatives du 30 juillet 2017, de fortes pluies s’étaient abattues sur tout le pays et pourtant, le taux de participation était de 53,66%.
Les scores de l’opposition sont respectables et donnent une configuration nouvelle à l’Assemblée nationale avec une forte représentation de députés qui vont occuper les bancs réservés à l’opposition. Si l’opposition a raté ses paris ou ses objectifs déclarés d’imposer une cohabitation au président Macky Sall, c’est parce que ses différentes franges n’arrivaient pas à s’entendre sur les conditions minimales pour constituer des listes encore moins sur un programme de gouvernement. On a vu la coalition Yaw voler en éclats dès la publication des listes. De même les invectives entre les différentes coalitions de l’opposition surtout entre Yaw et Aar Sénégal ont été acerbes tout le long de la campagne électorale. L’inédite initiative de l’inter coalition Yaw-Wallu a pu engendrer des gains électoraux et a permis à Wallu de revenir avec fracas sur le jeu politique.
L’opposition a fait quelques nouvelles conquêtes comme à Pikine et Sédhiou mais elle aurait pu faire plus mal. Elle a péché dans sa stratégie de campagne. Ousmane Sonko a manifestement confondu ces élections législatives à une présidentielle. Il a axé toute la campagne électorale de sa coalition exclusivement autour de sa propre personne. Le fait ne constitue pas une surprise car l’égocentrisme de l’homme est bien connu mais il apparaît assez surréaliste de demander à faire voter pour des personnes qui ne sont apparues nulle part dans la campagne. Ousmane Sonko s’est comporté comme un gourou qui inhibe ses fidèles alors que chaque candidat devrait pouvoir se prévaloir d’un coefficient personnel ou de relations de proximité ou de voisinage qui auraient pu lui permettre d’engranger des voix dans leurs milieux socio-professionnels. L’attitude de Ousmane Sonko a pu être délibérée car il se pose déjà en candidat de sa coalition pour la prochaine présidentielle.
…mais garde toutes les cartes en main
Le camp du président Sall devra faire le deuil des majorités « à la soviétique » mais elle peut s’adosser à une majorité parlementaire pour gouverner. La situation politique est porteuse d’un renforcement du modèle démocratique. Il appartiendra au chef de l’État de faire une lecture pointue de ces suffrages et d’en tirer les conséquences pour la suite de son mandat. Il a les coudées franches pour mettre en place l’équipe gouvernementale de son choix car n’étant tributaire ou dépendant d’aucune hégémonie politique, même dans son propre camp, qui pourrait lui en imposer. Il aura alors compris la nécessité de donner une nouvelle impulsion ou un nouvel élan à son action politique.
Le président Sall ne devrait pas manquer d’apprécier à sa juste valeur le vote que les populations viennent d’exprimer. Il est alors de la responsabilité du chef de l’État de veiller à garantir le fonctionnement normal et régulier des institutions républicaines et leur donner la plénitude de leurs missions. On devrait pouvoir considérer qu’il a bien pris la mesure du rejet par les populations de toutes les dérives tendant à instaurer une terreur dans ce pays et que l’État qu’il incarne ne devra pas hésiter à assurer la mission régalienne de les protéger.
LE MALI EXIGE DE MACRON D'EN FINIR AVEC SA POSTURE NÉOCOLONIALE
La junte au pouvoir à Bamako appelle le président français à cesser ses critiques contre l'armée malienne, l'accusant d'attiser les haines ethniques
La junte au pouvoir au Mali a "exigé" dimanche du président français Emmanuel Macron qu'il en finisse avec "sa posture néo-coloniale" et taise ses critiques contre l'armée malienne, l'accusant d'attiser les haines ethniques.
"Le gouvernement de transition exige du président Macron d'abandonner définitivement sa posture néo-coloniale, paternaliste et condescendante pour comprendre que nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens", a déclaré à la télévision publique le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.
M. Maïga réagissait aux propos tenus jeudi à Bissau par M. Macron.
Évoquant le Mali, confronté à une grave crise sécuritaire et théâtre de deux coups d'Etat militaires en 2020 et 2021, M. Macron a estimé que la responsabilité des Etats ouest-africains était d’œuvrer pour que "le peuple malien puisse (...) exprimer sa souveraineté populaire" et "bâtir le cadre de stabilité" permettant de "lutter efficacement contre les groupes terroristes".
"Puisque force est de constater que les choix faits par la junte malienne aujourd'hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme, ça n'est d'ailleurs plus leur objectif et c'est ce qui a présidé à notre choix de quitter le sol malien", a-t-il ajouté.
La force française Barkhane est en train de plier bagages au Mali.
Bamako de son côté a toujours réfuté avoir fait appel au groupe paramilitaire russe Wagner, présent au Mali sur une "base commerciale" selon la Russie.
Dimanche soir, M. Maïga a aussi critiqué des "accusations erronées" de la part de M. Macron "malgré les démentis" du Mali.
Bamako a également condamné "avec la dernière rigueur" les propos "haineux et diffamatoires" du président Macron alertant sur les exactions imputées à l'armée malienne contre des membres de la communauté peul lors de récentes opérations.
L'armée malienne et les paramilitaires russes ont été notamment accusés de s'être livrés à un massacre de civils dans la localité de Moura (centre) où, selon l'ONG Human Rights Watch, quelque 300 civils auraient été exécutés fin mars.
Ces "accusations graves" de M. Macron sont de nature à "susciter la haine ethnique" au Mali où, reconnait Bamako, "ces dernières années le tissu social a été dégradé à cause des conflits communautaires".
"Il est important que le président Macron se remémore constamment le rôle négatif et la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda", a dit le porte-parole Maïga.
Les relations entre Paris et Bamako se sont fortement dégradées depuis un an. Après neuf ans de présence militaire au Mali, via l'opération Serval puis Barkhane, la France a été poussée vers la sortie par les autorités militaires maliennes, six mois après l'arrivée des paramilitaires du groupe Wagner.
SALL TEMPS POUR BENNO
Si les victoires de Yaw à Dakar, Pikine, Guédiawaye, Thiès, Diourbel et Ziguinchor étaient plus ou moins attendues, peu pouvaient prévoir la déroute du camp présidentiel dans des villes comme Louga ou Saint-Louis lors de ces législatives
Les revers enregistrés par la Coalition Benno dans la majorité des grandes villes du pays font juste écho aux résultats enregistrés durant les Locales. Si les causes en sont nombreuses, les silences et ambiguïtés du président Macky Sall sur bien de sujets ont pu aussi lui porter préjudice.
Hier soir, comme les premières tendances se précisaient, l’Assemblée nationale est partie pour se parer sur une grande partie, des couleurs de l’Inter-coalition Yewwi-Wallu. Les projections de certains spécialistes électoraux sur les plateaux de radios et télés, dessinaient une très forte poussée de ces deux coalitions, tandis que la Coalition Benno du Président Macky Sall semble subir une grosse déroute jusque dans les lieux qui lui semblaient définitivement acquis. Au point que certains prédisaient même une éventuelle cohabitation. Un résultat que rien ne semblait présager pourtant.
Si les victoires de Yaw à Dakar, Pikine, Guédiawaye, Thiès, Diourbel et Ziguinchor étaient plus ou moins attendues, dans la logique de leurs succès lors des Locales, peu pouvaient prévoir la déroute des partisans de Macky Sall dans des villes comme Louga ou Saint-Louis. Le plus inattendu est même la défaite des ténors de la majorité présidentielle -on ne devrait bientôt plus utiliser ce terme, semble-t-il- dans leurs propres bureaux de vote. Amadou Ba aux Parcelles Assainies, Mame Boye Diao à Kolda, Aminata Touré à Kaolack, Mansour Faye, entre autres, ont essuyé des revers qui pourraient s’assimiler à un rejet de la part des électeurs.
Hier soir, on pouvait sentir que les alliés des deux grandes coalitions de l’opposition avaient renforcé leur présence en termes de sièges à l’Assemblée. Les questions qui se posent maintenant sont de savoir ce qu’elles voudront faire de leur nouvelle force. Pour cela, il faudrait que leurs victoires ne les grisent pas, ce qui n’est pas donné.
Néanmoins, si le président Macky Sall a été fortement ébranlé, la Constitution lui garantit un certain nombre de leviers sur lesquels il pourrait jouer, pour sinon rester le maître du jeu, du moins ne pas s’en faire totalement sortir.
Il lui faudra nécessairement prendre l’initiative sur beaucoup de choses où il a pendant longtemps entretenu l’ambiguïté. Or, comme disait le Cardinal de Retz, on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. Plusieurs personnes dans son parti et son entourage ont bénéficié d’une impunité qui a pu révulser l’opinion, sans que l’on l’entende s’exprimer. Pire, il en a même maintenu certains dans le gouvernement, en dépit de tout bon sens.
Sa réticence à nommer un Premier ministre alors que le poste venait d’être rétabli, n’a pas été comprise, alors que le pays traverse, à l’instar de bien d’autres dans le monde, une crise alimentaire assez sévère. Conséquence, tous les effets des hausses des prix des denrées alimentaires lui sont imputés, alors qu’il fait de grands efforts pour les atténuer !
De même, le silence sur une éventuelle troisième candidature à la Présidentielle a joué comme le prétexte à vouloir éliminer certains opposants politiques, même ceux sur les têtes desquels reposent de très graves imputations pénales.
Mais la politique est un miroir de la vie. Il est certain que rien ne pouvait durer indéfiniment. Macky Sall a déjà eu l’opportunité à plusieurs reprises de montrer sa capacité à rebondir et son flair politique. La nouvelle configuration politique qui se dresse lui donne une nouvelle occasion de faire montre de ses talents.
LES PREMIÈRES TENDANCES DES LÉGISLATIVES AU MENU DU RESUME DE L'ACTUALITE DE L'APS CE LUNDI
Les premières tendances des élections législatives de dimanche marquées par une percée de l’opposition dans certains bastions de la majorité sortante sont largement commentées par les quotidiens reçus lundi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Dakar, 1er août (APS) – Les premières tendances des élections législatives de dimanche marquées par une percée de l’opposition dans certains bastions de la majorité sortante sont largement commentées par les quotidiens reçus lundi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Près de sept millions d’électeurs sénégalais étaient appelés aux urnes, dimanche, pour le renouvellement des 165 sièges de l’Assemblée nationale. Le scrutin s’est déroulé ’’normalement sans incidents majeurs’’, selon des observateurs.
Selon Le Soleil, les coalitions Benno Bokk Yaakaar et Yewwi-Wallu ‘’sortent du lot’’ après le scrutin dont le taux de participation est en dessous de 50%. Le journal rapporte que plusieurs villes basculent dans l’opposition alors que le pouvoir reste solide dans le monde rural.
La coalition Benno Bokk Yaakaar revendique la victoire dans 30 départements sur les 46, indique la publication.
Libération parle de ‘’guerre des chiffres’’ entre BBY et Yewwi. A Aminata Touré qui déclare que ‘’nous sommes incontestablement majoritaire à l’Assemblée’’, Barthélémy Dias répond : ‘’BBY est minoritaire et la cohabitation aura lieu (….)’’.
Selon L’As, ‘’Benno réclame 30 départements’’ alors que ‘’Yewwi rafle les centres urbains’’. ‘’Yewwi opère une razzia à Dakar, Ziguinchor, Mbacké, Guédiawaye Bignona, Keur-Massar, Bambey, Rufisque…Wallu dicte sa loi à Pikine, Kébémer…Benno conserve Fatick, Podor, Matam, Linguère, Ranérou…’’, rapporte le journal.
Pour Sud Quotidien, ‘’Yewwi ratisse, Benno résiste’’.
Avec des premières tendances favorables à Yewwi-Wallu, ‘’Macky Sall est dos au mur’’, selon le quotidien Bës Bi Le Jour.
‘’Les Sénégalais ont lancé, hier, un message assez puissant au régime du Président Macky Sall. Si, pour le moment, on ne peut parler de cohabitation, il est clair, en revanche, que c’est parti pour une Assemblée nationale à forces égales. Et il y aura à boire et à manger pour ce qui est des conséquences pour la coalition présidentielle et son chef, Macky Sall’’, écrit la publication.
Elle ajoute : ‘’Ce scrutin a mis en suspens la carrière de nombre de responsables de son parti, dans le lot des potentiels successeurs. Se poseront les questions du choix du futur Premier ministre, de la suite du débat du 3e mandat. Mais aussi des négociations entre Benno bokk yaakaar et d’autres forces de l’opposition, y compris Abdoulaye Wade. Mais Macky Sall devra y mettre le prix : ce sera entre le choix du PM ou du président de l’Assemblée, mais aussi l’amnistie de Karim Wade’’.
Le Quotidien note ‘’une forte percée de l’opposition à l’Assemblée nationale’’ et affiche à la Une : ‘’Sall temps pour Benno’’. Le journal relève que l’inter-coalition Yewwi-Wallu gagne les élections à Dakar, Thiès, Ziguinchor, entre autres.
Enquête sent ‘’un parfum de cohabitation’’ et souligne que ‘’selon les tendances, la mouvance présidentielle n’aura pas la majorité absolue’’.
Selon Les Echos, ‘’Benno proclame sa victoire’’ et ‘’Yewwi parle de cohabitation’’.
L’Observateur évoque ‘’l’entente fatale’’ entre Yewwi et Wallu et signale que sur 140 sièges, l’inter-coalition obtiendrait 71 sièges ; Benno, 64 ; AAR Sénégal, 2 ; Bokk Gis Gis, 1 ; Bunti Bi, 1 ; Les Serviteurs, 1.
Le journal revient également sur ces ‘’grandes ville arrachées’’ par l’opposition et ces députés qui ‘’chutent de haut’’.
L’Info aussi relève la ‘’percée’’ de l’inter-coalition Yewwi-Wallu dans beaucoup de localité et affiche à la Une : ‘’Yewwi-Wallu, la jonction fatale’’.
Alors que Benno ‘’revendique la victoire’’, Yewwi ‘’crie au hold-up’’, note Walfadjri qui estime que ‘’ça sent le roussi’’.
Source A souligne qu’entre Macky Sall et les grandes villes ‘’c’en est fini’’. Selon le journal, ‘’au regard de l’humiliation infligée à la mouvance présidentielle, c’est le début de la fin pour le +Macky+’’.
La Tribune estime qu’avec la ‘’cohabitation’’ qui se dessine à l’Assemblée nationale, ‘’la question du 3e mandat a été réglée par les Sénégalais’’.
Tirant ‘’les leçons d’un scrutin’’, Le Vrai journal note : ‘’rejet de l’hyper-présidentialisme, nouvelle polarisation, hypothèque sur le 3e mandat, la chute des transhumants’’.