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19 mai 2025
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LE RECIT APOCALYPTIQUE DU PRESIDENT DES SENEGALAIS A MAYOTTE
La voix encore marquée par cette nuit cauchemardesque du samedi 14 au dimanche 15 décembre, lorsque Mayotte a été balayée par le cyclone Chido, Yacouba Diakité fait le récit glaçant d’une semaine en enfer dont il ne voit toujours pas la fin.
Son traumatisme se mêle à l’insécurité ambiante et à la putréfaction des corps ensevelis sous les décombres. La voix encore marquée par cette nuit cauchemardesque du samedi 14 au dimanche 15 décembre, lorsque Mayotte a été balayée par le cyclone Chido, Yacouba Diakité fait le récit glaçant d’une semaine en enfer dont il ne voit toujours pas la fin.
« C’était une nuit comme les autres. À 2 h 15 du matin, des pluies soutenues ont commencé à s’abattre sur Mayotte », raconte, au téléphone, Yacouba Diakité, président de l’association des Sénégalais de Mayotte, arrivé en octobre 2017 dans ce département français de l’océan Indien. Âgé de 49 ans, ce Sénégalais, également titulaire de la nationalité française, ne s’est pas immédiatement inquiété. « On s’est dit que ce n’était rien de grave », reconnaît-il. Mais au petit matin, la situation a empiré.
« À 7 heures, le vent s’est levé, et les éléments se sont déchaînés. Les branches se brisaient, les arbres se déracinaient. Devant ma maison, deux cocotiers sont tombés. Mon plafond s’est envolé. L’électricité a été coupée. Dehors, de nombreuses maisons ont été balayées. Quand je suis sorti, c’était le chaos total. Les scènes apocalyptiques se succédaient alors que les vents ont soufflé sans relâche pendant trois heures. C’était comme dans un film catastrophe. Les vents continuaient à souffler à 250 km/h. Puis, avec les bourrasques, la vitesse a atteint 340 km/h. Rien ne résistait. La tour de l’aéroport s’est effondrée. Un morceau de béton de 1,5 mètre s’est détaché de la maison de mon voisin pour venir s’encastrer chez moi. On aurait dit une sculpture », raconte-t-il d’une voix calme, presque irréelle.
Un traumatisme collectif
Après ce cataclysme, tout est à reconstruire. « Les gens sont traumatisés. Nos enfants ne sont épargnés. Mes jumeaux de 7 ans, accompagnés par mon épouse, sont repartis en France. Nous sommes dans une situation de survie à Mayotte », poursuit Yacouba Diakité. « Nous, Sénégalais de naissance ou d’origine, avons toujours été stigmatisés parce que nous venons d’Afrique. À Mayotte, nous avons été victimes de racisme : « Sales Africains, retournez chez vous. » Maintenant que la situation est difficile, ces mêmes personnes nous pointent du doigt et exigent que nous quittions leur territoire. Tout le monde est à bout de nerfs. »
L’insécurité s’est considérablement aggravée sur cette île de 374 km². Bien que la population officielle soit estimée à 350 000 habitants, en réalité, elle dépasserait les 500 000. « Les cambriolages se multiplient. Des jeunes en situation précaire s’introduisent chez les gens pour voler ce qu’ils peuvent. Les agressions sont fréquentes. Nous avons besoin de l’aide des autorités sénégalaises pour nous écouter, nous soutenir et nous rapatrier », insiste-t-il.
Un appel à l’aide
Actuellement, 300 Sénégalais vivent à Mayotte, parmi lesquels des enseignants, des travailleurs de la marine marchande, du génie civil, et des médecins, ainsi que des binationaux employés dans la fonction publique française. « Quarante et un d’entre nous demandent à être secourus et rapatriés au Sénégal », affirme Yacouba Diakité.
« Nous avons créé un groupe WhatsApp pour échanger des nouvelles. Après le passage du cyclone, nous avons vérifié que tout le monde allait bien. Heureusement, aucun Sénégalais n’a perdu la vie, alhamdoulilah. Nous nous rendons dans des zones moins touchées pour accéder à Internet et rassurer nos familles au Sénégal. » Yacouba Diakité conclut avec une urgence palpable : « Ce n’est pas dans une semaine ou un mois que nous avons besoin d’aide, c’est maintenant. L’insécurité et des maladies comme le choléra nous menacent. »
Mayotte dépend des représentations diplomatiques et consulaires sénégalaises de Paris. Depuis le départ, en septembre dernier, d’Amadou Diallo, Mme Sawaré assure l’intérim au Consulat du Sénégal à Paris. « Je l’ai contactée, et elle m’a dit qu’elle en parlerait aux autorités compétentes », explique-t-il sobrement.
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE LUNDI 23 DECEMBRE 2024
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Vox Populi, Le Soleil, Le Verdict News, l'EnQuête, L'Observateur, Le Quotidien, Le Témoin, L'As Quotidien, Libération
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec une enveloppe de 7003,6 milliards de francs CFA, le gouvernement affiche ses ambitions. Les recettes fiscales devraient connaître une hausse de 168 milliards, tandis que les investissements publics augmenteront de 100 milliards
(SenePlus) - L'examen du projet de loi de finances 2025, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale du Sénégal, révèle une expansion budgétaire sans précédent. Selon l'analyse détaillée réalisée par Bangath Systems, entreprise sénégalaise experte en traitement des données complexes, le budget de l'État franchira pour la première fois le seuil symbolique des 7000 milliards de francs CFA, s'établissant précisément à 7003,6 milliards, soit une progression remarquable de 9,2% par rapport aux 6411,5 milliards de 2023.
Les données décryptées par les algorithmes de Bangath Systems mettent en lumière une évolution significative des recettes fiscales, qui devraient atteindre 3650,5 milliards de FCFA en 2024, contre 3482,5 milliards en 2023. Cette augmentation de 168 milliards témoigne des efforts soutenus de l'administration fiscale dans l'optimisation du recouvrement et l'élargissement de l'assiette fiscale.
L'investissement public connaît une progression substantielle, avec une enveloppe portée à 1790,3 milliards de FCFA pour 2024, comparée aux 1690,3 milliards de l'exercice précédent. Cette hausse de 100 milliards reflète la volonté gouvernementale de soutenir les grands projets structurants et le développement économique du pays.
La masse salariale n'est pas en reste, avec une augmentation de 91 milliards, passant de 1063,7 milliards en 2023 à 1154,7 milliards de FCFA en 2024. Cette évolution traduit les engagements de l'État envers la fonction publique, notamment dans les secteurs prioritaires de l'éducation et de la santé.
Le service de la dette publique maintient une trajectoire maîtrisée, s'établissant à 1535,1 milliards de FCFA pour 2024, soit une légère hausse de 5,4 milliards par rapport aux 1529,7 milliards de 2023. Les projections établies par Bangath Systems indiquent toutefois une accélération prévue pour 2025, avec un montant estimé à 1642,6 milliards.
Les dépenses de fonctionnement hors personnel et dette connaissent une augmentation notable, atteignant 1523,5 milliards de FCFA, contre 1127,8 milliards en 2023. Cette progression de près de 400 milliards reflète le renforcement des moyens opérationnels des services publics.
L'analyse prospective développée par les outils d'intelligence artificielle de Bangath Systems projette la poursuite de cette dynamique en 2025, avec un budget prévisionnel de 7493,3 milliards de FCFA. Cette projection, qui représente une nouvelle hausse de 7% par rapport à 2024, s'inscrit dans la vision à moyen terme de l'État.
Les données analysées révèlent également une attention particulière portée aux mécanismes de transferts et de subventions, utilisés comme leviers de la politique sociale gouvernementale pour préserver le pouvoir d'achat des ménages face aux fluctuations des prix internationaux.
Dans ce contexte d'expansion budgétaire, le gouvernement sénégalais maintient un équilibre délicat entre ambitions de développement et soutenabilité financière. Les discussions parlementaires en cours permettront d'affiner ces orientations budgétaires, dans un environnement économique mondial encore marqué par l'incertitude.
Cette analyse approfondie du budget, rendue possible grâce aux technologies de traitement des données développées par Bangath Systems, offre un éclairage précis sur les orientations financières de l'État et ses priorités de développement pour l'année à venir.
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L’EUROPE N’A PAS LE MONOPOLE DU BIEN ET DU BEAU
EXCLUSIF SENEPLUS - Felwine analyse « Le Cri de Picasso » du philosophe Jean-Luc Aka Evy, qui s’attache à déconstruire la conception de l’art nègre, la perception du bien et du beau, par un Occident qui tend à ghettoïser l’Autre
Dans son ouvrage « Le Cri de Picasso », Jean-Luc Aka Evy, ambassadeur du Congo, philosophe et écrivain, explore la notion d'esthétique en se penchant sur les concepts du beau et du bien. Il s'emploie à déconstruire les idées faussées que l'Occident a longtemps entretenues à propos de l'art africain, d'abord qualifié de « primitif », avant d'être reconnu comme un « art premier ».
La reconsidération de l'art nègre par l'Occident, en le faisant passer de « l'art primitif » à « l'art premier », perçue comme une tentative de correction d’un tort historique, aurait pu satisfaire le philosophe. Mais, loin de s'en contenter, l’auteur congolais remet en question la légitimité même des institutions occidentales, telles que le musée du Louvre, qui revendiquent désormais le droit de présenter l’art africain comme un art premier, après des décennies de mépris et de dévalorisation.
"Le Cri de Picasso" a été dévoilé le 7 décembre lors de la cérémonie de clôture de la 15e édition du Dak’Art, au sein de l’ancien Palais de Justice de Dakar. Cet événement a réuni des figures intellectuelles majeures, telles que Felwine Sarr, économiste et auteur, ainsi que Ramatoulaye Diagne Mbengue, professeure de philosophie et experte en logique mathématique, qui ont accompagné l’auteur dans une discussion autour de son œuvre.
En marge de cet événement, Felwine Sarr s’est entretenu avec nous sur les grandes questions soulevées dans « Le Cri de Picasso », notamment celles liées à la perception du beau et à la construction de l’altérité. Par ailleurs, en tant qu’acteur engagé dans le processus de restitution des biens culturels pillés en Afrique par les anciennes puissances coloniales, il a partagé des mises à jour sur l’avancée de ce projet. Selon lui, ce processus est en cours, mais il est dicté par un rapport de force, car au-delà de la restitution elle-même, ces revendications touchent à des enjeux géopolitiques et géostratégiques. Les pays ne reçoivent que les œuvres qu’ils ont officiellement demandées.
Felwine Sarr s’est félicité de l’impact considérable de son rapport adressé à la France, qui a provoqué une onde de choc parmi d’autres anciennes puissances coloniales, les poussant à envisager la restitution des œuvres pillées. Ce document a également encouragé plusieurs pays africains à soumettre des demandes officielles de restitution, perturbant ainsi la quiétude des musées occidentaux et mettant en lumière l'ampleur des spoliations historiques.
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ZEINAB BANCÉ, L’AFRICAINE QUI VEUT REMPORTER LA COUPE DU MONDE DE CUISINE
Encore inconnue au Sénégal il y a une semaine, la cheffe cuisinière ivoirienne fait sensation en tentant de battre le record du monde de la plus longue session de cuisine. Objectif : 120 heures pour célébrer la richesse de la gastronomie ivoirienne.
Il y a encore une semaine, le nom de Zeinab Bancé était peu connu au Sénégal. Mais depuis ce mardi, sa photo circule partout, où elle arbore fièrement sa tenue de cheffe cuisinière.
Zeinab Bancé s’est lancée dans un défi ambitieux : battre le record de la plus longue session de cuisine au monde et inscrire son nom dans le Guinness World Records. Pour cela, elle doit cuisiner pendant 120 heures, soit près de 5 jours sans interruption. Elle a entamé la préparation de 15 000 plats depuis ce mardi 17.
« J’aime les challenges et j’adore la cuisine. Je me suis dit : pourquoi ne pas combiner les deux et dépasser le record actuel qui est de 119 heures et 57 minutes ? » explique Mélanie Céline Zeinab Bancé à l’équipe de Brut, qui l’a suivie pendant les préparatifs de son marathon culinaire.
Son objectif : exporter la cuisine ivoirienne
Ce défi, qu’elle appelle la “CAN de la cuisine”, a pour but de mettre en avant la richesse culturelle et gastronomique de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale.
Pour Zeinab Bancé, ce record représente bien plus qu’un simple exploit personnel. Pendant ces cinq jours, elle prévoit de cuisiner 293 plats traditionnels ivoiriens, qu’elle destine à des familles en difficulté. Parmi ces plats, l’attiéké, un mets emblématique de la Côte d’Ivoire, tiendra une place importante, comme elle l’avait confié à la presse.
À l’Agora de Koumassi, où se tient l’événement, ses concitoyens sont venus en grand nombre pour l’encourager. Même des artistes ivoiriens se sont mobilisés pour lui apporter leur soutien.
Mélanie Céline Zeinab Bancé, cheffe cuisinière, entrepreneure, décoratrice d’intérieur et organisatrice d’événements, souhaite inscrire cet exploit dans l’histoire tout en faisant rayonner la gastronomie ivoirienne à l’échelle mondiale.
Plus que quelques dizaines de minutes pour la voir rayonner sur le livre de record mondial.
QUATRE PÊCHEURS SÉNÉGALAIS PORTÉS DISPARUS À NOUADHIBOU
Une pirogue partie de Saint-Louis aurait pris feu au large de la Mauritanie. Après plusieurs jours de recherches infructueuses, les familles, accablées de douleur, ont organisé les funérailles des disparus
Une pirogue partie de Saint-Louis aurait pris feu au large de Nouadhibou, en Mauritanie, causant la mort de quatre pêcheurs sénégalais. Après plusieurs jours de recherches infructueuses, les familles, accablées de douleur, ont organisé les funérailles des disparus
« Dans la pirogue, il y avait mes deux neveux. Leur mère et moi sommes du même père et de la même mère. Ils devaient faire un voyage de quatre à cinq jours, mais finalement, nous sommes restés dix à onze jours sans nouvelles », a témoigné Adama Diaw, au micro du correspondant de la radio RFM à Saint-Louis.
Les familles, qui étaient sans nouvelles des pêcheurs depuis plusieurs jours, ont tout tenté pour retrouver leurs proches. Cependant, face à l’absence de résultats et sous l’effet d’une douleur insupportable, elles ont dû se résoudre à organiser des funérailles en leur honneur.
Cette tragédie relance le débat sur les conditions périlleuses auxquelles sont confrontés les pêcheurs sénégalais, souvent contraints de s’aventurer loin des côtes à la recherche de poissons, au risque de leur vie. Le drame met également en lumière la nécessité d’un renforcement des dispositifs de sécurité maritime pour prévenir de telles pertes humaines.
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SONKO A PRÉFÉRÉ ALLER CHERCHER CEUX QUI L'ONT MIS EN PRISON
À la veille des législatives, le PL avait décidé de se présenter aux élections sous la bannière de Pastef, ce qui n’a pas du tout plu à certains de ses alliés. Parmi eux, Me Moussa Diop
À la veille des législatives, le Premier ministre avait décidé de se présenter aux élections sous la bannière de Pastef, ce qui n’a pas du tout plu à certains de ses alliés. Parmi eux, Me Moussa Diop, qui, sur le plateau du Grand Jury de la RFM, n’a pas mâché ses mots à l'endroit du patron du parti parti présidentiel.
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SI LE PÈRE NOËL DEVENAIT AFRICAIN
Que faire vient le père Noël, ce gros bonhomme nordique, dans les célébrations des fêtes en Afrique ? Renaud Dossavi, agacé par cette importation hors-sol, imagine à quoi ressemblerait un père Noël africain
Que faire vient le père Noël, ce gros bonhomme nordique, dans les célébrations des fêtes en Afrique ? Renaud Dossavi, agacé par cette importation hors-sol, imagine à quoi ressemblerait un père Noël africain. Bien loin du pôle Nord !
"Il nous a trahis." Cette confession amère d'un proche collaborateur de Bachar al-Assad au New York Times résume le sentiment de ceux qui ont découvert, stupéfaits, la fuite secrète de leur président dans la nuit du 7 décembre
(SenePlus) - Dans une enquête publiée ce dimanche 22 décembre 2024, le New York Times lève le voile sur les derniers jours du régime de Bachar al-Assad en Syrie. Le quotidien américain révèle comment le dirigeant syrien, qui régnait par la peur depuis plus de deux décennies, a orchestré sa fuite secrète alors même que son entourage préparait un discours censé annoncer un partage du pouvoir avec l'opposition.
Les dernières semaines de la dynastie Assad ont commencé par un moment de joie familiale à Moscou. Fin novembre, alors que son fils aîné Hafez soutenait sa thèse de doctorat à l'Université d'État de Moscou, personne ne pouvait imaginer l'imminence de la chute. La thèse de 98 pages, dédiée "aux martyrs de l'armée arabe syrienne, sans les sacrifices désintéressés desquels aucun de nous n'existerait", allait prendre une tournure ironique quelques jours plus tard.
Le début de la fin est survenu le 30 novembre, quand une coalition rebelle menée par Hayat Tahrir al-Sham, un groupe islamiste issu d'Al-Qaïda, s'est emparée d'Alep. Selon le New York Times, qui cite trois responsables iraniens dont deux membres des Gardiens de la Révolution, cette perte a déclenché des réunions d'urgence à Téhéran. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est même rendu à Damas pour une visite médiatisée, mangeant du shawarma devant les caméras et promettant que l'Iran soutiendrait Assad "jusqu'au bout".
Mais les options de Téhéran étaient limitées. Le Hezbollah, allié traditionnel d'Assad, sortait affaibli d'une guerre avec Israël qui avait décimé ses rangs et sa direction. Israël menaçait par ailleurs d'intercepter tout avion iranien ou mouvement de troupes vers la Syrie. Selon les sources du Times, Araghchi a trouvé un Assad "confus et en colère" face à l'incapacité de son armée à tenir Alep.
La Russie, autre soutien crucial du régime, s'est également dérobée. D'après un officiel turc et un proche du palais cités par le journal, Vladimir Poutine a cessé de répondre aux appels d'Assad dans les premiers jours de l'avancée rebelle. Cette distance soudaine du dirigeant russe, qui avait sauvé le régime en 2015, annonçait clairement la fin.
L'enquête du New York Times révèle l'ampleur de la décomposition de l'armée syrienne. Avec des salaires réduits à moins de 30 dollars mensuels par l'effondrement économique et les sanctions, les forces gouvernementales reposaient largement sur des conscrits mal équipés. Face à eux, les rebelles disposaient d'un atout majeur : les drones. Des rapports des services de renseignement militaire syriens, consultés par le journal, décrivent des attaques incessantes contre lesquelles le régime était impuissant.
Le 7 décembre, alors que les rebelles approchaient de Homs, dernière grande ville avant Damas, la panique a gagné la capitale. Pendant que les habitants se ruaient vers les magasins pour stocker de la nourriture ou fuyaient en voiture, le personnel du palais présidentiel vivait dans l'illusion. "L'idée que Damas puisse tomber n'était suggérée par personne", confie au New York Times un insider dont le bureau était proche de celui d'Assad.
La mise en scène finale du régime s'est jouée ce même jour. Alors que les équipes techniques installaient caméras et lumières pour un discours censé annoncer un partage du pouvoir avec l'opposition, Assad préparait secrètement sa fuite. À la tombée de la nuit, il s'est envolé vers une base militaire russe au nord de la Syrie avant de rejoindre Moscou. Son frère Maher, chef de la redoutée 4e division blindée, a fui séparément vers l'Irak.
Les collaborateurs d'Assad n'ont appris sa fuite qu'après minuit, déclenchant une panique généralisée au palais. "Il nous a trahis", déclare amèrement au journal l'insider du palais. "Le discours n'était qu'une ruse pour nous distraire pendant qu'il s'échappait."
Cette débâcle a eu des répercussions immédiates. À la prison de Sednaya, tristement surnommée "l'abattoir humain" par Amnesty International, les gardiens ont fui en laissant les clés. "C'était un rêve", raconte au New York Times Bilal Shahadi, un ancien détenu libéré dans la confusion. "Tout cela ressemblait à un rêve."
La chute d'Assad marque la fin de 50 ans de règne autoritaire de sa famille sur la Syrie. Dans sa résidence personnelle du quartier huppé d'al-Maliki à Damas, pillée depuis, les voisins racontent au journal les dernières heures chaotiques : les gardes hurlant "Fuyez ! Ils arrivent ! Qu'il soit maudit, il nous a abandonnés !"
Selon le New York Times, cette fin brutale redessine la carte stratégique du Moyen-Orient et ouvre une période d'incertitude pour la Syrie. Le pays, déjà ravagé par 13 ans de guerre civile ayant fait plus d'un demi-million de morts et des millions de réfugiés, doit maintenant imaginer son avenir sans les Assad. Une page d'histoire se tourne, laissant un goût amer à ceux qui sont restés fidèles jusqu'au bout à un régime qui les a abandonnés sans un mot.