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20 juin 2025
par Birane Diop
DES ÉTOILES DE DYANA GAYE
C'est un film sensible, émouvant mais juste. Il raconte sans clichés l’expérience de l’exil. À travers sa caméra, la cinéaste franco-sénégalaise déconstruit les idées reçues sur les migrants
Vendredi 5 novembre 2021. 20h45. Dans le ventre de Paris. J’ai regardé pour la troisième fois ce long-métrage dans la vaste maison d’Univers ciné. Des étoiles. 1h26 de pur bonheur dans la culture, le pays sans fin. Des étoiles est une production de la cinéaste franco-sénégalaise, Dyana Gaye. Filmé dans plusieurs villes, dont Turin, New-York et Dakar, ce thriller raconte l’histoire de trois personnages au destin commun. L’intrigue du film tourne autour du voyage, in fine, de l’exil. Les vies de Sophie, d’Abdoulaye et de Thierno s’entretissent mais ne se rencontrent pas. Elles dialoguent seulement à travers l’expérience de l’émigration et du récit qu’on fait sur ce parcours sinueux.
Des étoiles est un film bouleversant, tout de même lumineux. Il est d’une grande beauté. Tous les trois personnages ont la liberté, la dignité comme horizon. Mais dans les interstices de cette quête existentielle, Dyana Gaye met aussi en lumière la solitude avec son kit de blessures ouvertes à laquelle est confrontée, tous ceux qui partent, en laissant derrière eux pays, langue, famille, amis. Le voyage charrie des douleurs profondes difficile à guérir. Partie confluer son époux Abdoulaye à Turin, à cause des appels incessants de l’amour, Sophie apprend à ses dépens cette impasse existentielle : « la solitude est le fond ultime de la condition humaine », comme disait Octavio Paz. C’est tristement vrai ! Son mari s’est caleté à New York avant même son arrivée, pour y chercher vie et devenir loin d’elle. Mais les premiers mois d’Abdoulaye aux États-Unis ne sont pas un long fleuve tranquille. Il est perdu dans les rues de Harlem. Sans logement, sans-papier, emploi précaire, et trahi par un cousin escroc, Abdoulaye bascule dans la détresse psychologique. Les routes qui mènent au fameux rêve américain sont parsemées d’embuches. Abdoulaye ne dira pas le contraire.
Que dire de Thierno ? Parti au Sénégal à l’occasion des obsèques de son père, en compagnie de sa mère Mame Amy. Le jeune homme de 19 ans découvre la terre de ses parents, ses racines. Là où tout a commencé. Quelques jours après sa rencontre avec Dakar, Thierno veut trouver dans l’antre de la capitale sénégalaise un piano pour envoyer ses notes afin de libérer ses joies secrètes, ses angoisses, sa solitude. Il a la musique dans la tête et les tripes. Pour lui, c’est une thérapie voire un exutoire. Ainsi, grâce à l’aide de sa demi-sœur, Thierno finit par trouver cet instrument qui lui manquait. Il est tout simplement heureux.
Des étoiles est un film sensible, émouvant mais juste. Il raconte sans clichés l’expérience de l’exil. Mieux, à travers sa caméra, Dyana Gaye déconstruit les idées reçues sur les migrants. Ce film-documentaire m’a procuré des émotions fortes. Car il m’a rappelé ma condition d’homme. Un sénégalais vivant en France. Des étoiles – un film magnifique, à voir absolument.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 17 NOVEMBRE
SenePlus publie ci-dessous, la seule nomination prononcée au Conseil des ministres de ce mercredi 17 novembre 2021.
"AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Mamadou GNINGUE, Ingénieur de l’aviation civile, est nommé Directeur du Bureau d’Enquête et d’Analyse pour la Sécurité de l’Aviation civile (BEA), en remplacement de Monsieur Amadou Lamine TRAORE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite."
TRANSPORT ROUTIER, L'USTR PLAIDE POUR LA MISE EN PLACE D’UN BUREAU DE FRET
Le président de l’Union sénégalaise des transporteurs routiers (USTR), Mbargou Badiane, a plaidé, mercredi, pour la mise sur pied d’un bureau de fret, afin de mieux rentabiliser les tarifs qui régissent actuellement le secteur des transports.
Dakar, 17 nov (APS) - Le président de l’Union sénégalaise des transporteurs routiers (USTR), Mbargou Badiane, a plaidé, mercredi, pour la mise sur pied d’un bureau de fret, afin de mieux rentabiliser les tarifs qui régissent actuellement le secteur des transports.
"Nous attendons toujours l’installation du bureau de fret qui devait être effectif depuis 2020 mais qui est toujours en attente’’, a-t-il déclaré à l’occasion de l’assemblée générale de l’USTR. Une centaine de transporteurs venus de toutes les régions du Sénégal ont pris part à cette rencontre.
Selon Mbargou Badiane, la mise en place de de bureau de frêt, une vielle doléance, va, une fois réalisée, permettre aux transporteurs de faire des économies allant de 50 à 55%.
Toutes ces économies, a-t-il dit, combinées à un système de ’’tarification’’ axé sur le ’’kilométrage’’, permettront aux acteurs d’avoir assez de revenus leur permettant de procéder très ’’rapidement’’ au ’’renouvellement de leurs parcs automobiles ainsi qu’à l’entretien de leurs véhicules.’’
A l’en croire, s’agissant du transport inter- urbain, ’’les transporteurs travaillent actuellement à perte surtout à Dakar’’, à cause notamment des ’’embouteillages qui limitent les rotations journalières requises.’’
En outre, il a déploré ’’la non implication’’ des transporteurs dans l’établissement des nouvelles grilles tarifaires relatives aux permis de conduire, timbres et cartes grises. Une démarche qui n’a jamais eu lieu par le passé, selon lui.
Pour sa part, le Secrétaire général de l’Union sénégalaise des transporteurs routiers, Thierno Diouf, a quant à lui souligné ’’la nécessité pour le patronat de réorganiser le sous-secteur du transport pour prendre en charge toutes ces questions’’.
VERS LA RÉGULATION DU SECTEUR DE LA BOULANGERIE
Le président a demandé aux ministres concernés de proposer avant fin novembre 2021, un plan d’amélioration de la compétitivité des minoteries - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 17 novembre 2021.
"Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL, a présidé le Conseil des Ministres, ce mercredi 17 novembre 2021, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Chef de l’Etat s’est incliné devant la mémoire des trois (03) élèves (jeunes filles) décédées accidentellement, le vendredi dernier, à hauteur du village de Doubangué (Commune de Gamadji Sarré), sur le Chemin de leur lycée.
Le Président de la République présente les condoléances attristées de la Nation aux familles des victimes et à toute la communauté éducative du Sénégal et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
Le Chef de l’Etat rappelle au Gouvernement la nécessité de renforcer, à titre préventif, l’éducation routière dans les programmes scolaires et dans les établissements d’enseignement, avec le concours des services compétents de l’Etat, notamment, la nouvelle Agence nationale de Sécurité routière (ANASER), qui doit se déployer avec célérité et efficacité.
Le Président de la République invite, le Ministre en charge des Transports terrestres, à engager la réflexion sur les modalités d’amélioration du système de transport des élèves et étudiants dans les centres urbains et périurbains, notamment dans la perspective de la mise en service prochaine du TER et du BRT.
Le Chef de l’Etat demande, par ailleurs, aux Ministres en charge de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur, de prendre toutes les mesures de sauvegarde appropriées, en liaison avec les Ministres en charge des Forces armées, et de l’intérieur, afin d’encadrer, d’une part, l’occupation de l’environnement immédiat des établissements scolaires et universitaires et, d’autre part, les activités commerciales autour de ces structures publiques.
Abordant la question liée au renforcement de la Gouvernance des Universités publiques et à l’intensification de la modernisation du système d’enseignement supérieur et de la recherche, le Président de la République indique la priorité qu’elle constitue dans le cadre de l’action gouvernementale.
Le Président de la République souligne que, depuis 2013, des ressources budgétaires conséquentes, de même que des équipements exceptionnels ont été alloués et mis à la disposition de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Le Chef de l’Etat salue la qualité des ressources humaines du secteur de l’Enseignement supérieur, confirmée par les résultats remarquables du Sénégal aux concours du CAMES.
C’est ainsi que dans le cadre du renforcement soutenu de la Gouvernance des universités publiques, impératif pour consolider un système d’Enseignement supérieur et de recherche de standard international, le Président de la République a signé sept (7) décrets (en date du 16 novembre 2021) fixant les nouvelles règles d’organisation et de fonctionnement, concernant respectivement l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) ; l’Université Gaston Berger de Saint- Louis (UGB) ; l’Université Alioune Diop (UAD) ; l’Université Iba DER Thiam de Thiès (UIDT) ; l’Université Amadou Mahtar Mbow (UAM) ; l’Université du Sine Saloum El Hâdj Ibrahima Niass (USSEIN) et l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ).
Poursuivant sa communication, le Chef de l’Etat s’est réjoui des bonnes prévisions de récolte pour la campagne agricole 2021-2022. Le démarrage de la phase de commercialisation est prévu le 25 novembre 2021, avec un prix plancher pour l’arachide de 250 FCFA le kilogramme.
Le Président de la République a notamment validé, lors du Conseil, la doctrine de gestion du Portefeuille de l’Etat. Cet instrument innovant de pilotage de la gestion publique, impulsé par le Chef de l’Etat, est une transformation majeure, mise en œuvre par le Ministre chargé des Finances, pour asseoir l’Etat - actionnaire, le contrôle financier et la gouvernance performante du secteur parapublic, dans l’esprit des réformes phares du Plan Sénégal Emergent (PSE).
Sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Chef de l’Etat a insisté sur les points suivants :
1- la nécessaire régulation du secteur de la boulangerie : à ce sujet, le Président de la République demande, au Ministre des Finances et du Budget, au Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, au Ministre du Commerce et des Petites et Moyennes entreprises et au Ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes industries, de proposer avant fin novembre 2021, un plan d’amélioration de la compétitivité des minoteries.
Le Chef de l’Etat rappelle, en outre, au Ministre du Commerce et des Petites et Moyennes entreprises, l’impératif de finaliser en urgence avec les organisations de boulangers et les associations de consommateurs, des actions consensuelles et durables de stabilisation et de développement du secteur de la boulangerie à la satisfaction de toutes les parties impliquées ;
2- l’impératif d’asseoir un management innovant des établissements sanitaires dans un contexte de montée en puissance du fonctionnement des nouveaux hôpitaux de Touba, Kaffrine, Kédougou et Sédhiou : à cet égard, le Président de la République demande, au Ministre de la Santé et de l’Action sociale, de veiller au fonctionnement adéquat des nouveaux hôpitaux récemment inaugurés, en mettant entièrement en place les personnels recrutés et affectés dans ces établissements sanitaires, dont les services, espaces et équipements doivent être particulièrement entretenus, selon un nouveau cahier des charges conforme à leur standard de modernité ;
3- l’urgence de finaliser, d’ici fin décembre 2021, l’entrée en vigueur du nouveau dispositif national de régulation et de contrôle des loyers.
Le Président de la République a clos sa communication par son agenda diplomatique et le suivi de la coopération et des partenariats.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS
- Le Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait le point sur le suivi des directives et instructions présidentielles ;
- Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale ;
- Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur les perspectives de sortie du Sénégal de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) ;
- Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait une communication sur la stratégie de mise en œuvre du Pass Sanitaire ;
- Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur la campagne agricole 2021-2022 et le démarrage de la campagne de commercialisation de l’arachide ;
- Le Ministre de l’Environnement et du Développement durable a fait une communication sur la 26ème Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) ;
- Le Ministre du Commerce et des Petites et Moyennes entreprises a fait une communication sur la régulation des loyers au Sénégal ;
- Le Ministre auprès du Président de la République, en charge du suivi du Plan Sénégal Emergent a fait une communication sur le projet phare Hub Logistique intégré dans son volet Bus Rapid Transit (BRT).
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
Le Conseil a examiné et adopté :
- Le projet de loi d’orientation relative au secteur parapublic, au suivi du portefeuille de l’Etat et au contrôle des personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique ;
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Mamadou GNINGUE, Ingénieur de l’aviation civile, est nommé Directeur du Bureau d’Enquête et d’Analyse pour la Sécurité de l’Aviation civile (BEA), en remplacement de Monsieur Amadou Lamine TRAORE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite."
LES PRÉALABLES D'UNE RELATION AFRIQUE-FRANCE MOINS NÉOCOLONIALE
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », selon Mohamed Mbougar Sarr
Les conditions d’une relation « moins dissymétrique » et « moins néocoloniale » entre la France et l’Afrique sont presque toutes réunies, mais il manque peut-être au continent « des leaders politiques plus courageux », a déclaré le romancier sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021.
« Quant à la relation entre la France et ses anciennes colonies, tout ou presque est réuni à la base pour qu’elle change, soit moins dissymétrique et moins néocoloniale », a soutenu Sarr, dans une interview publiée mercredi par le quotidien EnQuête, repris par l’Aps.
« Il ne manque peut-être que des leaders politiques plus courageux pour effectuer le basculement décisif pour le rééquilibrage des relations » entre l’Hexagone et ses anciennes colonies africaines, a-t-il encore dit au journal sénégalais.
Mohamed Mbougar Sarr dit espérer que ces leaders « viendront et travailleront au service de leurs peuples, avec intégrité, talent et humanité, sans esprit de revanche, ni populisme, en tirant les leçons qu’il faut de l’histoire ».
Interrogé sur le « mouvement de plus en plus affirmé de rejet » de la France en Afrique, le romancier vivant en terre française depuis plusieurs années a estimé qu’il est le prolongement d’« une tradition ancienne de luttes anticolonialistes, indépendantistes et anti-impérialistes ».
« Ces mouvements [de protestation] ne s’adressent pas seulement à la France, mais aussi aux élites corrompues et aux pouvoirs antidémocratiques du continent », a précisé Sarr.
« Il faut écouter (…) ce que ces mouvements disent de la jeunesse du continent, ce qu’ils disent de leurs aspirations (celles des jeunes Africains), ce qu’ils disent surtout de leur espoir », recommande-t-il, ajoutant que « leur désir de repenser la relation est légitime ».
Les leaders politiques « courageux » qu’il dit espérer pour l’Afrique doivent, à son avis, « sans démagogie, ni populisme facile, passer à une autre étape où il ne s’agira plus de seulement de s’opposer, mais de construire ou reconstruire sur le continent (…) en toute dignité ».
Le prix Goncourt 2021 a été attribué à Mohamed Mbougar Sarr pour son quatrième roman « La plus secrète mémoire des hommes » (462 pages), publié par les éditions Jimsaan (Sénégal) et Philippe Rey (France).
POURQUOI L'AFFAIRE SONKO N'AVANCE PAS
Alors que des élections locales et législatives se profilent, respectivement en janvier et en juillet 2022, le sort judiciaire du leader de Pastef – et, partant, son destin politique – apparaît plus incertain que jamais
Inculpé pour viol depuis mars, l’opposant sénégalais est toujours placé sous contrôle judiciaire, alors que des élections importantes se profilent. Mais l’instruction stagne.
L’accusation est lourde. Et le dossier sensible, à l’image du statut de la personne mise en cause. Le 3 mars dernier, lorsque le leader du parti Pastef, arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019 (avec 15,67 %), est convoqué par la justice dans le cadre d’une accusation de viol avec menace, laissant craindre son placement sous mandat de dépôt, Dakar et plusieurs grandes villes du pays s’embrasent pendant plusieurs jours.
Sept mois plus tard, pourtant, la justice semble faire du surplace. Ousmane Sonko a été placé sous contrôle judiciaire et doit pointer au tribunal de Dakar tous les vendredis. Son passeport lui ayant été confisqué, il ne peut quitter le Sénégal, sauf dérogation expresse du juge. C’est ainsi qu’en mai, il n’avait pu se rendre au Togo où il devait participer aux « états généraux de l’Eco ». L’autorisation lui avait été refusée.
Épée de Damoclès
Alors que des élections locales et législatives se profilent, respectivement en janvier et en juillet 2022, le sort judiciaire d’Ousmane Sonko – et, partant, son destin politique – apparaît plus incertain que jamais. « Tout le monde sait que c’est cousu de fil blanc, analyse El Malick Ndiaye, le secrétaire national à la communication du Pastef. Ils veulent laisser une épée de Damoclès planer au-dessus de sa tête à la veille des scrutins, tout en limitant ses déplacements à l’étranger. »
Début octobre, les avocats de l’homme politique ont adressé une salve de requêtes au juge d’instruction en charge de l’affaire. Ils demandaient conjointement la copie du dossier, dont ils ne disposent toujours pas, l’audition de leur client sur le fond et la levée de son contrôle judiciaire. Mais d’après l’entourage d’Ousmane Sonko, le Parquet n’est apparemment pas pressé de prendre des réquisitions sur ces demandes, ce qui retarde d’autant la décision du magistrat instructeur.
Le maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur vient d’être libéré selon des informations reçues par Seneweb.
Barthélémy Dias a été arrêté ce matin suite à un « doxantou » dans les rues de Dakar.
Selon ses proches, Barthélémy Dias voulait se promener dans les rues de Dakar dans le cadre des visites de proximité qu’il organise avec ses proches.
Une arrestation musclée s’en est suivie sur l’avenue Bourguiba aux environs de 11h. Barthélémy Dias a été libéré il y a quelques minutes.
« HAWALA EST UN DISPOSITIF QUI ECHAPPE AU CONTROLE DES ETATS »
Dans un entretien avec ‘’EnQuête’’, le secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers, Habib Ndao, a indiqué que ce dispositif échappe au contrôle des Etats et entraine des pertes sur le plan fiscal
Pratiqué par les acteurs informels, et particulièrement par les commerçants, le Hawala est un système de transactions financières qui permet d’envoyer du cash sans se rapprocher des circuits financiers classiques. Dans un entretien avec ‘’EnQuête’’, le secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers, Habib Ndao, a indiqué que ce dispositif échappe au contrôle des Etats et entraine des pertes sur le plan fiscal.
Pouvez-vous nous expliquez à quoi consiste le système de transactions financières Hawala ?
Le dispositif Hawala vient de l’Inde, un pays où il y a beaucoup d’émigrés qui sont dans les pays du Golfe arabo-persique. Le Hawala, c’est un système informel de transfert d’argent qui se fait par cash. Malheureusement, il y a eu une utilisation par des gens qui sont dans des activités criminelles qui utilisent le Hawala pour plus ou moins financer des actes terroristes. C’est pourquoi cela crée une certaine inquiétude de la part des Etats, des gouvernements et c’est très répandu entre le Moyen-Orient et une partie de l’Asie.
Au Sénégal, nous avons ce même type de transfert. A Sandaga, on a la possibilité d’envoyer de l’argent à New York ou à Dubaï, ou même en Mauritanie, en passant par les ‘’hawalards’’. C’est un dispositif qui échappe au contrôle des Etats et qui crée un manque à gagner fiscal. Parce que c’est un processus qui n’est pas fiscalisé, ni dans le pays émetteur ni dans celui d’accueil.
Quel est le lien entre la pratique du Hawala et le blanchiment d’argent ?
La criminalité financière utilise le Hawala pour faire circuler de l’argent. Par exemple, si on est en Occident et qu’on veut blanchir de l’argent, on peut aller à la rue Mira, si c’est à Paris, ou à Harlem, si c’est à New York, remettre de l’argent à un émigré qui fait le transfert sur le Sénégal et ici, localement, on achète du poisson dans les plages auprès des mareyeurs et faire un conteneur de poissons et on est payé avec de l’argent qui est déjà dans le circuit par chèque bancaire, etc.
Pour le financement du terrorisme aussi, le risque est trop grand. Parce que celui qui fait le transfert ne sait pas à quelle fin il sera utilisé. Ce qu’il maitrise, c’est qu’on lui a donné un tel montant en devise qu’il doit donner en monnaie locale, mais il ne maitrise pas à quoi il va servir. Or, si c’est dans le circuit bancaire, il faut des justificatifs qui permettent la traçabilité des opérations financières internationales. Alors, il y a naturellement le blanchiment qui consiste à cacher des fonds d’origine criminelle pour le mettre dans le circuit formel pour les blanchir. Il y a de la même manière, le ‘’noircissement’’. C’est ce que font les terroristes qui ont des ressources comme des dons, des contributions de l’argent légal, mais qu’ils utilisent pour des activités illégales, notamment pour créer des actes de violence, recruter, financer ces actes. Là, cette similarité dans le procédé utilisé fait qu’à chaque fois qu’on parle de blanchiment d’argent, on parle de lutte contre le financement du terrorisme.
Comment le Hawala impacte l’économie d’un pays de manière concrète ?
Toutes les économies du monde vont vers une société sans circulation de cash, d’espaces, sans circulation fiduciaire. Une société où toutes les transactions sont faites à partir d’un dispositif structural, c’est-à-dire par des écritures. Ne serait-ce que par des cartes de crédit, les virements bancaires, etc., qu’on utilise beaucoup plus : les émetteurs de monnaie électronique. Qu’on utilise de moins en moins de cash, pour faire face à ses dépenses. C’est ce qui fait que le Hawala, qui est basé sur du cash qui ne bouge pas, est une pratique qui peut déstabiliser une économie. Les Etats ne reçoivent pas une fiscalité nécessaire et en plus, cela détruit le système financier. Parce que de moins en moins de personnes seront incluses dans le secteur formel. Les Etats, à défaut de régler le secteur informel, ont choisi de régler, formaliser les transactions financières. C’est pourquoi on fait tout pour aller vers l’inclusion financière. Parce qu’on fait tout avec le secteur informel, mais c’est très difficile. Les Etats ont choisi d’accélérer la formalisation de l’économie, en formalisant les transactions financières.
Est-il possible d’arriver à la formalisation de la pratique du Hawala ?
Non ! Parce que les acteurs du Hawala sont tous de l’informel. Ils ne veulent pas faire de déclaration. Ils ne veulent pas de traçabilité. Le Hawala arrange certes les émigrés, mais pas les Etats pour deux raisons : au-delà du manque à gagner fiscal, il y a aussi le contrôle des flux financiers. L’Etat ne parvient pas à contrôler le Hawala. Dès que les hawalards se lancent dans le mobile-banking, ils seront obligés d’avoir un agrément, de se formaliser. Auquel cas, ils vont être exposés à la traçabilité des opérations. Ce qui est une bonne chose, car ils vont être exposés à la fiscalité.
Pourtant, c’est une pratique légale au Sénégal…
Pour certains pays comme le nôtre, c’est au vu et au su de tout le monde que les transferts sont faits ici, sous forme de Hawala. En Inde, c’est pareil, de même que dans les pays en voie de développement. Même dans certains pays émergents, le Hawala est toléré. Mais dans les pays occidentaux, tant qu’il n’y a pas de problème majeur, ils peuvent tenir leurs activités, même si c’est illégal. Tout le monde sait que si on va à Harlem à la 125e avenue, on va voir des Sénégalais qui font de l’Hawala. Tant que ce n’est pas utilisé à leur niveau par des terroristes ou activités criminelles, l’Etat ne dit rien. C’est toléré, surveillé et encadré. Mais il faut avoir normalement un agrément. Parce que l’activité bancaire dans tous les pays du monde est réglementée et encadrée. Pour faire du transfert ou du change, il faut avoir un agrément ou avoir une autorisation d’une institution qui a un agrément.
Pourquoi donc les Etats et la Banque centrale laissent cette pratique proliférer tout en sachant qu’il a y a un véritable manque à gagner pour l’économie, la fiscalité ?
La Banque centrale s’occupe plus de l’application de la réglementation bancaire. Donc, toute activité en dehors de la réglementation, la Banque centrale peut être au courant, mais ne s’y attèle pas. Seulement, elle avertit toutes les institutions financières que même pour déléguer l’activité de change ou de transfert d’argent, il faut au préalable en informer la Banque centrale.
Comment se fait la rémunération dans le système Hawala ?
D’habitude, le Hawala est sans frais. Le commerçant de Sandaga qui veut aller à Dubaï ou en Chine acheter de la marchandise, n’a pas besoin d’y aller avec de l’argent. S’il veut faire une commande de 100 millions de francs CFA, il peut déposer l’argent ici, dans les boutiques Hawala, récupérer la contrevaleur en devise dans le pays où il va pour acheter sa marchandise. C’est cela l’avantage pour certains commerçants de pouvoir transférer de l’argent sans autorisation de change. Parce que c’est informel.
Quel est l’avantage pour la personne qui pratique le Hawala ?
D’abord, il n’y a pas de tracasseries bureaucratiques, douanières. Il n’y a pas de blocage des papiers justificatifs à fournir. L’autre aspect, c’est qu’il arrive que les taux de change pratiqués par ceux qui font le Hawala soit plus compétitifs que ceux du système financier classique. Donc, il y a un gain à ce niveau. Mais il y a aussi le risque de recevoir du faux monnayage de part et d’autre.
Est-ce que le Hawala concerne uniquement les transactions financières ou y a-t-il d’autres produits qui entrent en jeu ?
Le Hawala essaie de s’adapter. Au-delà des transferts financiers, les hawalards utilisent les denrées. Il arrive qu’on mette à la disposition du hawalard local une somme d’argent pour que notre famille vienne s’approvisionner dans sa boutique en marchandises, en denrées, riz, huile, sans que cela ne soit du cash.
Par Aly Gueye NIANG
POUR UN SURSAUT CITOYEN AU SENEGAL
«Etre citoyen, ce n’est pas seulement exercer son droit de vote, c’est agir au quotidien et s’engager activement dans la vie en société, pour le bien-être de tous et le vivre-ensemble.»
«Etre citoyen, ce n’est pas seulement exercer son droit de vote, c’est agir au quotidien et s’engager activement dans la vie en société, pour le bien-être de tous et le vivre-ensemble.» La citoyenneté pourrait signifier le droit de participer aux décisions relatives à la communauté politique. Cependant, il est important de souligner qu’il n’existe pas une définition exhaustive de la notion de citoyenneté. Dans cet article, nous allons retenir trois caractéristiques essentielles. La première est relative à la reconnaissance officielle de droits et de devoirs chez le citoyen. La seconde caractéristique renvoie à la capacité de l’individu de s’extraire de ses appartenances, sans les renier, pour embrasser une organisation plus large.
Enfin, la dernière caractéristique est liée, d’une manière intrinsèque, à la liberté individuelle. L’idée de la citoyenneté est inspirée de la cité antique, qui définit le citoyen comme celui qui participe à la communauté politique, notamment en exerçant son droit de vote, d’où la formule célèbre de Rousseau : «la loi exprime la volonté générale». Cependant, ce concept a beaucoup évolué. Il a été enrichi par des réformes constitutionnelles successives…, qui ont, en quelque sorte, renforcé les droits des citoyens. L’article 3 de la Constitution du Sénégal affirme que «la souveraineté appartient au Peuple sénégalais qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum». Par ailleurs, le principe d’égalité revêt, lui aussi, un caractère éminemment structurant, dans le statut de citoyen. «L’égalité des citoyens devant la loi, sans distinction d’origine, de race ou de religion.» Ce principe stipule d’autres points tels que l’égalité de la loi fiscale, l’accès à l’emploi, à l’éducation, etc. Autrement dit, il y a 3 grands principes de la citoyenneté. D’abord, la civilité : il s’agit de respecter les autres citoyens (politesse, etc.), mais également le matériel public (transports, bâtiments, etc.), afin de mieux vivre ensemble. Ensuite, le civisme : c’est, à titre individuel, le fait de respecter et faire respecter les lois et les règles et de reconnaître ses devoirs envers la société. C’est un comportement personnel qui va faire passer l’intérêt général avant son propre intérêt. Enfin, la solidarité : il s’agit de s’ouvrir aux autres, généralement les plus démunis et les plus fragiles, pour leur apporter de l’aide. La citoyenneté est soumise à une dualité, à savoir un certain nombre de droits et de devoirs. Ces droits doivent être exercés avec liberté et responsabilité. En ce qui concerne les devoirs, ils doivent être tout d’abord compris et respectés. Le premier devoir d’un citoyen est de connaitre la loi. L’adage disait que «nul n’est censé ignorer la loi». Cette maxime doit être comprise comme la nécessité, pour tout citoyen, de connaître les règles de vie en société. Ces règles peuvent être des lois sociétales ou juridiques. Par ailleurs, un citoyen doit connaître et respecter les symboles républicains : l’emblème national, les institutions, le drapeau, etc.
Cette idée de citoyenneté est-elle compatible avec la sociologie socio-culturelle sénégalaise ?
La citoyenneté exige d’aligner les comportements socioculturels et religieux aux valeurs républicaines et la culture du travail. L’idée de développement exige forcément une citoyenneté active, responsable et rationnelle. Au Sénégal, la citoyenneté renvoie uniquement à une élection, en dehors des périodes de scrutins, le Sénégalais cesse d’être un citoyen pour redevenir un simple habitant. Ce dernier peut être défini comme : un être vivant qui peuple un lieu. Autrement dit, quelqu’un qui n’apporte rien de nouveau à son environnement et qui ne s’en préoccupe que très peu ; tout le contraire de ce que doit être un citoyen. Le concept de participation est au cœur de la citoyenneté et demande une exigence et une responsabilité personnelle, avant de pointer du doigt les manquements des gouvernants. Prenons quelques exemples de faits récurrents aux antipodes de la citoyenneté : les dépôts d’ordures sur la voirie, la destruction des biens publics, le gaspillage d’eau ou d’électricité, les réseaux clandestins de branchement d’électricité, etc. Tous ces actes relèvent de la responsabilité unique des populations, car ces dernières vivent dans un cadre sans se préoccuper de l’Etat et du devenir de celui-ci. «Le citoyen, c’est celui qui participe, de son plein gré, à la vie de la cité. Il partage, avec ses concitoyens, le pouvoir de faire la loi... le pouvoir d’élire et, le cas échéant, d’être élu. Si tu fais la loi, il est normal que tu lui obéisses. Cela s’appelle le «civisme». Et si tout le monde s’arrangeait pour ne pas payer d’impôts, il n’y aurait plus de gendarmes, ni de lycées, ni d’hôpitaux, ni d’éboueurs, ni d’éclairage public, parce qu’il faut de l’argent, à l’Etat ou à la ville, pour entretenir tous ces services.» Régis Debray - La République expliquée à ma fille, 1998. Cette citation résume bien les enjeux de la citoyenneté et de son importance dans une république. Elle sous-entend également l’importance du rôle que pourrait jouer l’éducation dans la citoyenneté.
L’éducation à la citoyenneté, une piste de solution face à la crise de la citoyenneté active au Sénégal
Le constat est sans équivoque ; l’éducation au Sénégal est en perte de vitesse constante. Frappée par une crise endémique, des grèves cycliques, l’Ecole sénégalaise a perdu de sa superbe. Or, aucun pays ne peut se développer sans une école performante, capable de former de bons citoyens, aptes à remplir leurs tâches dans leur futur poste. Le parcours citoyen, un modèle intéressant pour le Sénégal ? Le parcours citoyen s’adresse à des citoyens en devenir qui prennent conscience de leurs droits, leurs devoirs et responsabilités. Adossé aux enseignements, en particulier l’enseignement moral et civique (Emc), l’éducation aux médias et à l’information (Emi), il concourt à la transmission des valeurs et principes de la République, en abordant les grands champs de l’éducation à la citoyenneté. Ce modèle pourrait être renforcé en intégrant les principes religieux sur le comportement du citoyen modèle. Cependant, il appartiendra aux experts de l’éducation de définir le bon curriculum, afin de faire passer le message.
La vulgarisation du modèle «Touba ca kanam», un modèle sénégalais et citoyen
Touba ca kanam est un modèle de développement communautaire initié par des jeunes habitants de la ville sainte de Touba. Un projet de développement communautaire peut être défini comme une action réalisée dans un objectif socio-économique, orienté vers la satisfaction d’un besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation, travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.), d’une communauté d’hommes et de femmes, leur permettant de s’épanouir dignement. «Il tente d’en valoriser les qualités (ressources, atouts, valeurs), d’en minimiser les handicaps, d‘en contourner les contraintes.» (Daniel, 2003 : p.1). Il implique des groupes d’intérêts divers, notamment des membres de la communauté, autorités locales et agents externes d’appui technique et financier.
Contrairement au principe du modèle communautaire qui, dans plusieurs cas veut que l’Etat national, à travers ses structures déconcentrées, intervienne en général par ses apports financier et technique, «Touba ca kanam» a lancé un système inédit d’un financement participatif communautaire (par les mourides). Le caractère innovant de ce modèle se situe sur la capacité exceptionnelle à mobiliser des fonds, mais aussi à capter l’attention de chacun autour de ce projet. Par ailleurs, ce modèle mobilise également l’expertise des sympathisants dans tous les domaines d’intervention du projet. Il fonctionne sur la base du volontariat et du bénévolat. Exemple : un ingénieur des travaux viendra offrir son expertise gratuitement, etc. Plusieurs villes du Sénégal pourraient s’inspirer de ce modèle citoyen inédit au monde. Il garantit non seulement une efficacité et une efficience, mais aussi la participation de tout le monde autour de la construction de son quartier ou de sa ville. Cependant, la difficulté de ce type de modèle se situe sur la capacité à réunir les citoyens autour d’un objectif commun et à susciter l’intérêt de chacun, du fait des divergences de visions (par exemple). Pour ce faire, nous pensons qu’il est important de réunir les acteurs d’un quartier ou d’une ville autour de plusieurs thématiques ou problématiques, selon leurs centres d’intérêt. Exemple : créer des associations autour de la gestion des ordures en lien avec la commune ou une association autour de l’environnement, etc. L’idée est de regrouper les gens autour des thématiques qui les intéressent.
Ainsi, la création de plusieurs pôles de thématiques pourrait déboucher sur la prise en charge complète de tous les problèmes liés au quartier ou à la ville. Ce type de démarche nous paraît beaucoup plus réalisable. Par ailleurs, ce modèle doit fonctionner sur la base du bénévolat. Ainsi, chaque pôle sera dirigé par un expert certifié en la matière qui aura la charge de coordonner les activités. Le financement sera également participatif. Le Sénégal a beaucoup d’efforts à faire dans le domaine de l’éducation, notamment en ce qui concerne l’initiation et la formation des masses sur les principes de la citoyenneté. Il s’agit d’un enjeu crucial de développement. Seul un bon citoyen sera capable de porter, avec succès, les ambitions de développement d’un pays en développement, comme le Sénégal. Dans ce sens, il nous faut d’abord comprendre les principes de base de la citoyenneté, les apprendre, les appliquer sur tout ce que nous faisons, et qu’ils soient perceptibles à travers notre manière d’être, de faire, d’agir, etc. Pour cela, il semblerait pertinent de commencer par la base, à savoir les quartiers. Organisons-nous en association, mettons en place des projets, avec ou sans l’aide des élus, mettons-y rigueur et détermination ! Apprenons comment fonctionnent nos collectivités, quel doit être le rôle d’un maire, quelles sont ses prérogatives, missions, domaines de compétences. Bref faisons l’effort d’en connaître le plus possible ! D’un autre côté, exigeons la mise en place de dispositifs de participation qui sont à l’ère de la gouvernance actuelle : tels que le budget participatif dans nos communes1 ou l’enquête publique2. Le citoyen ne pourra être exigeant que lorsqu’il aura fait les efforts nécessaires afin de se former. Ainsi, il aura non seulement les capacités de comprendre son environnement, mais il pourra également le gérer avec intelligence. La citoyenneté active et la citoyenneté de veille permettront non seulement de tendre vers un développement local, mais elles peuvent également être une solution pour mettre fin à la politique électoraliste de certains élus.
1 Le budget participatif est un processus de démocratie participative dans lequel des citoyens peuvent affecter une partie du budget de leur collectivité territoriale, généralement à des projets d’investissement
2 Est procédure d’enquête publique préalable aux opérations susceptibles d’affecter l’environnement
MARIAGE ENTRE LE MAGISTRAT ET LA POLITIQUE, L’INCOMPATIBILITE EN DEBAT
Magistrat ne rime pas avec politique ou fonction élective
Au-delà du recours de Dr Moussa Saliou Guèye contre la candidature de Cheikh Issa Sall, la Cour d’appel a, là, l’occasion de trancher un débat qui revient sans cesse sur l’incompatibilité entre les fonctions de magistrat et celles politiques. L’on devrait savoir si le candidat de Bby à la mairie de Mbour a effectivement démissionné de la Cour des comptes ou pas. Mais des interrogations sont soulevées aussi sur la forme de la saisine qui pourrait rendre irrecevable cette requête.
Magistrat ne rime pas avec politique ou fonction élective. C’est le sens de la requête de Dr Papa Moussa Saliou Guèye qui a saisi la Cour d’appel de Thiès d’un recours, aux fins d’annulation de la candidature de Cheikh Issa Sall. Ce spécialiste en Droit public et membre de la Coalition Yewwi askan wi, rappelle, en effet, que la tête de liste majoritaire communale de la Coalition Benno bokk yaakaar à Mbour est un magistrat de profession et, par conséquent, «inéligible» aux élections locales du 23 janvier 2022 et, de façon générale, à un mandat électif conformément à l’article 32 de la loi n°2016-26 du 5 août 2016 abrogeant et remplaçant la loi organique n°99-13 du 17 février 1999 portant statut des magistrats de la Cour des comptes. Cet article 32 dispose, dans son alinéa 1 : «Les magistrats de la Cour des comptes, même en position de détachement, n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique et toute manifestation politique leur est interdite.» Mieux, il ajoute que «toute démonstration de nature politique, incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions, leur est également interdite». Et l’alinéa 3 va plus loin : « Ils sont inéligibles aux assemblées électives.» Dr Guèye a également visé les articles L.27 à L.275 du Code électoral et les articles 130 à 132 du Code pénal. Alors, le Directeur général de l’Agence de développement municipal (Adm) a-t-il démissionné ? Est-il en détachement ? Est-il en position d’indisponibilité ?
Quand le Comité de juridiction dénonçait Cheikh Issa Sall et Amadou Lamine Dieng
Ce recours devrait avoir le mérite de clarifier le débat qui avait déjà fait surface en 2016 avec Cheikh Issa Sall et Amadou Lamine Dieng, deux magistrats de la Cour des comptes, membres du parti au pouvoir et candidats aux élections locales. Etant entendu que l’ancien directeur de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej), aujourd’hui Dg de l’Ipres, est le maire sortant de Wack Ngouna. Le Comité de juridiction de la Cour des comptes avait rappelé à l’ordre Dieng et Sall dans un communiqué exploité par Le Populaire du 24 avril 2016, convoquant les dispositions de l’article 11 et 15 de la loi organique n°99-73 et non «n°99-13» du 17 février 1999 portant statut des magistrats de la Cour des comptes. L’alinéa 1 de l’article 11 stipule : «Est interdite aux magistrats toute activité, démonstration ou prise de position politique ou syndicale, ainsi que toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement de la Cour des comptes.» Seulement l’alinéa 2 place un bémol : «Cette interdiction ne s’applique pas lorsque le magistrat est détaché pour remplir les fonctions de membre du gouvernement.» Un fait : Cheikh Issa Sall n’est pas membre du gouvernement ! Mais l’article 15 est encore plus explicite sur le cas de Cheikh Issa Sall en ce qu’il dit : «Les fonctions de magistrat financier sont incompatibles avec toute autre activité publique ou privée ou mandats électifs.» Le Comité de juridiction de la Cour des comptes indiquait que «ces sujétions lient le magistrat, quelle que soit sa position administrative, en détachement ou en disponibilité» et que «la position de disponibilité ne peut servir de prétexte pour s’y soustraire». La structure avait condamné «sans réserve, l’attitude» de leurs deux collègues, Sall et Dieng, à qui elle demandait d’en tirer toutes les conséquences. «Le comité respecte, toutefois, le choix de ses deux membres, dès qu’ils en assument les conséquences. Il reste clair qu’un choix s’impose à leurs deux collègues : rester magistrat ou démissionner.» Et le communiqué concluait, en invitant «les autorités de la cour à prendre toute mesure utile en vue de l’application des dispositions prévues par la loi en pareille circonstance».
La réaction de Cheikh Issa Sall en 2016
Le Quotidien a tenté d’avoir la réaction de Cheikh Issa Sall, mais sans succès. Cependant, il avait répondu à la sortie du Comité de juridiction. Et de façon énergique. «Il faut savoir que l’organe de juridiction n’est pas un organe juridictionnel, c’est la branche de l’Union des magistrats du Sénégal au niveau de la Cour des comptes. Ce n’est pas l’avis de tous les magistrats, mais de quelques magistrats qui ont jugé qu’un magistrat, même en disponibilité, ne doit pas afficher ses engagements politiques. Moi, je crois le contraire, en tant que magistrat en disponibilité pour 5 ans. La disponibilité signifie : sortie provisoire d’un corps. Actuellement, je peux aller pêcher, aller à l’étranger, vendre du thiaf (cacahuètes), faire de l’élevage ou de l’agriculture. Je peux faire tout ce que je veux parce que je suis sorti provisoirement du corps pour 5 ans. Notre préoccupation, ce n’est pas de s’attarder sur ce communiqué. Notre préoccupation, c’est d’être proche des populations, d’essayer de tout faire pour satisfaire leurs besoins dans la santé, l’éducation, le social. Notre préoccupation, c’est également d’élargir la famille politique du Président Macky Sall au niveau de ce département (Mbour). Et nous sommes sur le terrain tous les jours», avait-il répliqué. Il n’y a jamais eu de suite pour les deux magistrats.
Alioune Niane relève un flou et demande une révision des textes
Et c’est peut-être, l’argument de Alioune Niane qui l’expliquerait. Ce magistrat de la Cour des comptes, interrogé par Rfm, relativise : «Les lois organiques sur le statut des magistrats judiciaires et magistrats de la Cour des comptes interdisent au magistrat des activités politiques. Dans les deux cas, il y a un flou dans la rédaction des textes. Parce qu’on dit que le magistrat ne doit pas faire de la politique, même en cas de détachement. Or, il y en a qui ne sont pas en détachement, mais qui ont une disponibilité. Celui qui a une disponibilité peut considérer qu’il peut faire de la politique et, juridiquement, ce serait valable. Il faut donc revoir les textes et préciser que, quelle que soit sa position, le magistrat ne peut exercer des activités politiques. Quelqu’un dont la disponibilité est arrivée à terme et qui ne reprend pas ses activités de magistrat, il est considéré comme démissionnaire. Et par conséquent, il peut faire de la politique ou autre chose. Donc, il faut mettre fin à cette confusion.» Tout porte à croire que, sur la base de ces arguments de Alioune Niane, Cheikh Issa Sall a démissionné, puisque son indisponibilité de 5 ans aurait expiré. Et puis, Dr Moussa Saliou Guèye a affirmé que le candidat de la majorité à la mairie de Mbour a été officialisé «sous la profession d’administrateur civil, qu’il avait été avant d’entrer dans la magistrature, notamment à la Cour des comptes». Ce qui, à ses yeux, est un «faux et usage de faux, voire une escroquerie politique, en vue des prochaines élections locales». Le Quotidien a consulté la liste des candidats investis par Benno bokk yaakaar de Mbour. Il est bien mentionné dans la rubrique profession «administrateur». Mais estce un administrateur civil ou un administrateur de société ? L’autre fait : il ne s’identifie pas ou plus comme magistrat. Dans tous les cas, audelà de la forme, c’est l’occasion de trancher définitivement cette question d’incompatibilité entre les fonctions de magistrat et l’exercice d’activités politiques.