Je découvre que dans propre mon pays, le Sénégal, certains citoyens s’arrogent le droit de construire des camps de redressement dont l’objectif est d’interner de force d’autres concitoyens supposés désœuvrés ou déséquilibrés sans avoir ni les habilitation
Au moment où les jeunes ne trouvant ni soutien, ni motivation pour survivre dans leur propre pays prennent la Méditerranée et y laissent leur vie. Au moment où on se souvient de nos anciens qui, après avoir contribué à sauver la France, eurent été manu militari exécutés. Au moment où les autorités politiques se vantent d’avoir obtenu de bons résultats sanitaires alors que la pandémie a mis à terre la croissance économique et accentué la pauvreté. Au moment où on doit se serrer les coudes pour faire face aux énormes difficultés que connaissent les populations en matière de santé, de sécurité et d’éducation. Au moment où en France, aux USA, la liberté d’expression est la revendication ultime…, je découvre que dans propre mon pays, le Sénégal, certains citoyens s’arrogent le droit de construire des camps de redressement dont l’objectif est d’interner de force d’autres concitoyens supposés désœuvrés ou déséquilibrés sans avoir ni les habilitations, ni l’expertise requises pour des soins… Cette situation me rappelle tout simplement l’œuvre pitoyable des esclavagistes qui a laissé des blessures pas encore guéries avec parfois la complicité des notables ou dignitaires africains.
Sauf erreur de ma part, le Sénégal est un Etat avec à sa tête des institutions dont la finalité doit être de garantir à chaque citoyen quelque soit, son âge, son sexe, sa croyance religieuse…des droits humains : le droit à la sécurité, le droit à l’éducation, à la santé …
J’interpelle au plus haut niveau de l’Etat, le président de la République à prendre des décisions rapides et fermes, la justice d’instruire une enquête transparente sans céder à aucune pression mais aussi à la représentation nationale de créer une commission d’enquête. J’appelle les intellectuels les organisations de droit de l’homme à jouer pleinement leur partition. Ces dernières dont le rôle premier est de recenser et de faire connaître la violation des droits et libertés des citoyens conformément la déclaration de l’ONU de 1998 rappelant que « c’est à l’Etat qu’incombe la responsabilité première et le devoir de promouvoir et protéger les droits de l’homme. Ces organisations ont l’obligation de presser l’Etat afin qu’il exerce cette responsabilité.
La vie d’un simple citoyen ne vaut pas moins que celle d’une autorité politique ou religieuse.
Apprenons à se respecter si on veut qu’on nous respecte.
ADOLF HITLER EST NOIR, ET ÉLU EN NAMIBIE
Beaucoup de Namibiens portent des noms d'origine allemande, l'ancienne puissance coloniale. Mais si un conseiller municipal récemment élu a acquis une soudaine célébrité, c'est parce qu'il s'appelle Adolf Hitler
Adolf Hitler Uunona, 54 ans, fait partie de la SWAPO, le parti au pouvoir. Il a été élu la semaine dernière conseiller pour le district d'Ompundja, dans le nord du pays, en remportant 85% des suffrages.Le nouvel élu, interrogé par l'AFP, s'est révélé embarrassé par cette notoriété. Il a refusé de s'exprimer sur les raisons qui lui avaient valu d'être baptisé du nom d'un des pires dictateurs de l'histoire."Il n'y a vraiment aucune raison pour que nous soyons là, assis à discuter de mon nom", a-t-il assuré. "En quoi est-ce que cela contribuera au développement de la Namibie ?".
Ancienne colonie allemande, la Namibie a été ensanglantée de 1904 à 1908 par la répression féroce d'un soulèvement des Hereros et des Namas, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Le pays a été sous protectorat de l'Afrique du Sud à partir de 1915, avant de devenir l'un des derniers Etats africains à accéder à l'indépendance, en 1990.
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LE DIALOGUE AVEC LES TERRORISTES EST UNE VOLONTE MALIENNE
Moctar Ouane, Premier ministre de la transition du Mali s'est exprimé au sujet de la négociation entre Bamako et des groupes terroristes
Moctar Ouane, Premier ministre de la transition du Mali, a accordé un entretien exclusif à RFI et France 24, depuis Bamako. Le Premier ministre a annoncé la mise en place "rapide" d'un conseil national de transition. Il s'est également exprimé au sujet de la négociation entre Bamako et des groupes terroristes, la jugeant en phase "avec la volonté des Maliens" et complétant les frappes militaires françaises contre ces mêmes groupes jihadistes.
Lors d'un entretien accordé à France 24 et RFI, le Premier ministre malien Moctar Ouane affirme que le conseil national de la transition sera mis en place dans un futur proche, sans préciser si c'est une question de jours ou de semaines. Il affirme que la négociation pour la libération de l'humanitaire française Sophie Pétronin et du chef de l'opposition Soumaïla Cissé est le fruit d'efforts conjugués.
Il nie tout "déphasage" entre le Mali et la France sur la question du dialogue avec les groupes jihadistes. Il souligne que la volonté de dialogue a été exprimée par le dialogue national de 2019 et qu'il s'agit de ce fait pour le gouvernement d'être "en phase avec la volonté du peuple malien". Face à l'option militaire, le gouvernement a préféré la voie du dialogue, insiste Moctar Ouane, qui nie que les frappes militaires française ces dernières semaines puissent entraver ce dialogue, ajoutant au contraire que les deux actions se complètent.
Il explique que des négociations avec des personnalités comme Iyad Ag Ghaly, le chef du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) ou Mamadou Koufa, le chef de la Katiba Macina, n'est pas exclu, soulignant que le but est un "dialogue avec tous les enfants du Mali".
Le Premier ministre déclare qu'une enquête sera menée sur les exactions supposées de militaires fin octobre dans le village peul de Libbé.Moctar Ouane évoque enfin la situation de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, actuellement "dans sa résidence à Bamako avec sa famille". Il affirme qu'il n'est pas en résidence surveillée, ni poursuivi par la justice, tout en ne précisant pas s'il est autorisé à sortir de chez lui ou non. Le Premier ministre ajoute que son fils, Karim Keïta, est parti à l'étranger de son plein gré, et qu'aucune démarche n'a été effectuée pour obtenir son retour au pays auprès des autorités de Côte d'Ivoire, où il se trouve.
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LENS FAIT SES ADIEUX À SON « PAPA »
Dernier tour de terrain pour Pape Bouba Diop en France. Ce jeudi, parents, amis, proches et sympathisants se sont rendus au centre hospitalier de Lens
Dernier tour de terrain pour Pape Bouba Diop en France. Ce jeudi, parents, amis, proches et sympathisants se sont rendus au centre hospitalier de Lens, où s’est tenue la levée du corps, pour un dernier hommage. Son épouse, visiblement très émue, a remercié le peuple sénégalais pour les honneurs rendus à l’ancien international sénégalais, hauteur du premier but au mondial 2002 contre la France.
LE FILS AINE DE PAPE BOUBA DIOP TEMOIGNE
Après sa femme Marion, c'est au tour de son fils Aron Diop de témoigner sur son père Pape Bouba, ce jeudi, à Lens (France), à l'occasion de la cérémonie de levée du corps.
Après sa femme Marion, c'est au tour de son fils Aron Diop de témoigner sur son père Pape Bouba, ce jeudi, à Lens (France), à l'occasion de la cérémonie de levée du corps.
Agé de 14 ans seulement, le fils aîné de l'ancien international sénégalais salue la mémoire d’un "père exemplaire qui nous a donné la fierté", a dit Aron à nos confrères de Challengesports.
Pour rappel, Pape Bouba Diop est décédé dimanche dernier, en France, des suites d'une longue maladie. Sa dépouille arrive au Sénégal, ce vendredi. Il y aura ensuite une cérémonie officielle d’obsèques nationales sous la présence du Président de la République, Macky Sall. Pape Bouba Diop sera élevé à titre posthume au rang de Cheval de l’ordre national pour service rendu à la nation. Surtout qu'il a marqué le premier but du Sénégal en Coupe du monde. C'était en 2002 face à la France battue par le Sénégal (0-1). Mieux, Bouba Diop est pour le moment le meilleur buteur sénégalais en Coupe du monde avec trois buts.
La levée du corps est prévue le lendemain samedi à 11h à la grande mosquée des HLM de Rufisque et l’enterrement aura lieu au cimetière de Dangou.
LES MISES EN GARDE DU CNRA
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a mis en garde, jeudi, contre les dérives qu’il a notées dans les médias audiovisuels en ligne, rappelant que ‘’certains dérapages exposent les médias responsables/fautifs à des sanctions
Dakar, 3 déc (APS) – Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a mis en garde, jeudi, contre les dérives qu’il a notées dans les médias audiovisuels en ligne, rappelant que ‘’certains dérapages exposent les médias responsables/fautifs à des sanctions de la part de l’Organe de régulation et/ou à des poursuites judiciaires’’.
Dans un communiqué transmis à l’APS, le CNRA souligne que ‘’depuis quelques temps, certains médias audiovisuels en ligne s’illustrent par la diffusion de sujets aussi provocateurs, insultants, irrespectueux qu’outrageants, de contenus inacceptables de par leur caractère attentatoire à la morale, à la pudeur et aux valeurs et cultures sénégalaises’’.
Il déplore également la diffusion ‘’de propos de nature à provoquer des troubles à l’ordre public ou à porter atteinte à la cohésion sociale et à l’entente cordiale entre les différentes communautés de notre pays’’.
Le CNRA rappelle que ‘’la liberté d’expression exige de tous les acteurs des médias un sens aigu des responsabilités’’.
L’organe de régulation ‘’met en garde tous les médias audiovisuels, quel que soit leur mode de diffusion’’, soulignant que ‘’de telles pratiques constituent une violation de la réglementation’’.
Il rappelle que selon la loi portant Code de la Presse, ‘’les dispositions du présent Code régissent les professionnels des médias ainsi que toutes les activités relatives à la presse écrite, à la communication audiovisuelle et à la presse en ligne exercées sur le territoire sénégalais’’.
‘’Elles s’appliquent à tous les procédés, modes et formes de presse écrite, de presse en ligne et de communication audiovisuelle, notamment la radio et la télévision numériques, par câble, par satellite ainsi qu’à tous les services de communication audiovisuelle sur IP’’, ajoute la même disposition légale.
Le CNRA ‘’appelle l’ensemble des services de médias audiovisuels, notamment ceux diffusés sur internet, à mettre un terme à de telles dérives’’ et rappelle que ‘’certains dérapages exposent les médias responsables/fautifs à des sanctions de la part de l’Organe de régulation et/ou à des poursuites judiciaires’’.
EVALUER LES IMPACTS POUR BATIR UN PROGRAMME DE RELEVEMENT
Le retour d’expérience et l’évaluation de l’impact des inondations sont au menu d’un atelier de deux jours ouvert ce jeudi à Dakar
Dakar, 3 déc (APS) – Le retour d’expérience et l’évaluation de l’impact des inondations sont au menu d’un atelier de deux jours ouvert ce jeudi à Dakar, a constaté l’APS.
Cet atelier qui se tient dans le cadre de la gestion et de la prévention des inondations, est organisée par la Direction de la protection civile en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
’’L’activité d’aujourd’hui est une étape du processus que le système des Nations Unies déroule à la suite des fortes pluies qui ont touché plusieurs régions du Sénégal et qui ont engendré des inondations dans plusieurs localités du pays y compris la capitale, Dakar et qui ont aussi impacté les populations et les économies’’, a expliqué Fatou Diaw Guene au nom du Représentant-résidant du PNUD au Sénégal.
A la suite de cette catastrophe, ajoute t-elle, ’’un besoin d’évaluer les impacts se pose pour bâtir des programmes de relèvement’’.
Selon elle, le gouvernement du Sénégal, à travers la Direction de la protection civile, a sollicité l’appui au PNUD pour ’’conduire l’évaluation des impacts selon un outil consensuel et tenir une concertation avec les acteurs pour un retour d’expérience quant à leur vécu de la catastrophe’’.
Elle a ajouté que cet échange ’’permettra de comprendre et de tirer des leçons de cette catastrophe que les populations ont vécues tristement’’.
Un document de presse indique que ’’l’objectif général de cet latelier est d’analyser le paquet de réponses apportées (prévention, préparation, réponse d’urgence, relèvement) aux populations lors des récentes inondations en vue de capitaliser les bonnes pratiques et d’améliorer le paquet de réponses pour réduire la vulnérabilité des populations notamment au niveau local’’.
Venu présider la cérémonie au nom du ministère de l’Intérieur, Abdoulaye Noba, Directeur de la protection civile, a souligné que cette rencontre d’échange et de partage ’’se déroule’’ dans un contexte marqué par la gestion du Plan national d’Organisation des Secours (ORSEC).
Il a rappelé que cet instrument de réponse aux catastrophes a été déclenché suites aux pluies diluviennes qui se sont abattues dans le pays les 4 et 5 septembre.
Selon lui, ’’l’Etat a tout mis en œuvre pour apporter aide et assistance aux populations sinistrées’’.
’’En attendant d’effectuer une évaluation exhaustive, les premiers résultats peuvent être considérés comme satisfaisants dans l’ensemble’’, a-t-il déclaré
Selon le directeur de la Protection civile, cet atelier ’’va permettre aux uns et aux autres d’échanger et de partager leur expérience’’.
DIOUF SARR PRÔNE UNE REMOBILISATION EN FAVEUR DU RESPECT DES MESURES BARRIÈRES
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a appelé jeudi à une remobilisation nationale pour un respect et une application stricte des mesures de prévention contre la propagation du nouveau coronavirus
Dakar, 3 déc (APS) – Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a appelé jeudi à une remobilisation nationale pour un respect et une application stricte des mesures de prévention contre la propagation du nouveau coronavirus, soulignant la nécessité de faire en sorte que ces mesures barrières entrent dans la routine des Sénégalais.
’’Il y a effectivement une mobilisation nationale à reprendre. Il faut absolument se lever comme un seul homme pour que tout le pays soit debout afin que ces mesures barrières entrent dans la routine des sénégalais’’, a-t-il notamment déclaré à l’issue d’une réunion avec des membres du Comité national de gestion des épidémies.
Diouf Sarr a particulièrement insisté sur le port systématique du masque, le respect de la distanciation physique et l’interdiction des regroupements, alors qu’une seconde vague de contaminations de Covid-19 est redoutée après constat d’une augmentation des nouvelles infections ces derniers jours.
’’Nous devons nous rendre à l’évidence, être réaliste pour constater que quelque chose est en train de se passer’’, a admis le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
Il a indiqué que des mesures allaient être prises afin de faire respecter l’arrêté du ministère de l’Intérieur portant le port correct et obligatoire du masque, la distanciation physique et l’interdiction de regroupements.
’’Il faut absolument le strict respect de l’arrêté du ministre de l’Intérieur sur les mesures barrières. Des dispositions idoines seront prises pour que cet arrêté en vigueur jusqu’au 5 janvier soit scrupuleusement respecté’’, a-t-il ainsi dit.
Le minsitre a dans le même temps assuré que ‘’tous les leviers de communication, surtout communautaires, seront utilisés pour sensibiliser davantage populations’’.
Durant les prochains jours, toutes ces mesures seront stabilisées par le biais d’un dispositif garantissant leur mise en œuvre efficace, a promis Abdoulaye Diouf Sarr en précisant par exemple que dans le secteur des transports, des dispositions seront prises en collaboration avec les acteurs de la riposte pour que le port de masque soit systématiquement respecté.
’’On avait dit qu’il fallait vivre avec le virus, tout en prenant des précautions pour ne pas le transmettre ou le contracter. L’élément important dans la riposte c’est le masque’’, a rappelé Diouf Sarr.
N’écartant pas l’éventualité de la réinstauration d’un couvre-feu, le ministre de Santé a de nouveau insisté sur le fait que ’’la riposte est multisectorielle’’ au Sénégal.
Il compte ainsi poursuivre le travail avec ses collègues en charge de de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, du Commerce et du Travail pour un respect strict des mesures barrières dans le pays.
Sur la question relative au vaccin, Abdoulaye Diouf Sarr a précisé que le Sénégal se préparait à l’image d’autres pays du monde.
’’Nous sommes dans un mécanisme Covax dirigé par l’OMS. Le Sénégal, le moment venu, prendra toutes les dispositions pour acquérir ce vaccin dans les meilleures conditions techniques parce que nous avons une longue tradition de vaccins’’, a-t-il fait savoir.
Depuis le 2 mars, 16.217 cas positifs, dont 15.697 guéris, ont été recensés au Sénégal. Selon le dernier bulletin, 180 patients sont sous traitement, et la maladie a fait 335 morts dans le pays.
Depuis plusieurs jours, le nombre de nouveaux cas de coronavirus est monté en flèche, poussant le chef de l’Etat, Macky Sall, à envisager de nouvelles mesures pour éviter une deuxième vague de Covid-19.
Mercredi, lors de la réunion du conseil des ministres, il a demandé au ministre de la Santé et de l’Action sociale ’’de lui proposer de nouvelles mesures préventives visant à endiguer durablement la pandémie de Covid-19’’.
Il a ’’demandé au gouvernement, face au relâchement constaté et à l’augmentation relative des cas communautaires, de renforcer les contrôles systématiques du port du masque dans les transports, lieux et établissements publics’’.
Il a aussi rappelé ’’l’impératif de veiller à l’observance des règles et mesures barrières, lors des manifestations et rassemblements qui doivent être réduits au strict minimum’’.
par l'éditorialiste de seneplus, Ibe Niang Ardo
ÉMIGRATION CLANDESTINE, DU PAQUEBOT LYAUTEY AUX PIROGUES
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans le jargon des jeunes d’aujourd’hui circule une exclamation éloquente : “Deuk Bi Dou Dem”. Le refrain “émergent” qui a ses limites quant à l’accès aux masses ne peut sortir ces dernières de leur perplexité
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 03/12/2020
J’ai grandi à proximité du port de Dakar et j’ai été ainsi témoin de l’émigration clandestine des jeunes du Dakar-Plateau des années 70, qui ont emprunté successivement les paquebots Lyautey, Ancerville et Massalia. La nuit où ces navires devaient reprendre le large, l’on pouvait voir dès 20h s’affairer le long de la grille de clôture du port des groupes de jeunes, dont certains finissaient par l’enjamber et aller s’engouffrer dans le bateau prêt à lever l’ancre. Par la suite, c’est une carte postale qui venait nous raconter l’épilogue de l’aventure de ces frais débarqués à Marseille. Cette carte était une gâchette de motivation pour la prochaine vague. En tant que « boy-plateau » nous étions déjà à l’époque plus connectés à l’Occident, la Pop musique, le Rhythm and Blues, la Salsa cubaine, qu’à nos valeurs culturelles. Cet attachement passionné à un mode de vie emprunté, dont la source était de l’autre côté de l’océan, faisait de nous des jeunes loin d’être tout à fait à l’aise dans notre propre pays.
Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, je me retrouve employeur d’un jeune de mon village du Bosséa, Hafiz du coran (ce qui veut dire qu’il a mémorisé tout le coran) et fils d’imam. Depuis qu’il a quitté son Fouta natal et s’est installé à Dakar, il a pris des habitudes citadines, apprend l’anglais et le français avec une ardeur impressionnante, est fan de Tupac (défunt rappeur américain), lequel figure sur son statut de WhatsApp. Alors qu’il se montre satisfait de son sort professionnel, il a répondu à ma demande qu’il donnerait tout pour aller en Occident et, rien ne peut le convaincre que ce désir n’est que le fruit d’une illusion.
L’envie de vivre un rêve arbitraire
Ces exemples montrent qu’il y a un dénominateur commun à l’émigration des jeunes d’alors et d’aujourd’hui : le désir de s’arracher de l’asservissement d’un environnement social et culturel quelque part inhibant, pour s’envoler vers un lieu où l’on peut vivre ses rêves. Un lieu où les rêves ambitieux sont dans l’air du temps plutôt que perçus comme chimères.
Ces jeunes s’en vont parce qu’ils sont les maillons d’une chaîne transgénérationnelle en marge des vocations culturelles de leur terroir et connectés depuis des décennies à l’Occident.
Cet Occident qui ne cesse de consolider par la sophistication vertigineuse de ses technologies, notre addiction à son monde. Si les cartes postales périodiques d’alors nous stimulaient tant pour l’Europe, à plus forte raison l’impact d’un smartphone et toutes les capacités qu’il procure instantanément, cumulé aux autres organes de médias qui excellent dans la culture de masse.
Parole d’un rescapé : le suicide ne m’a jamais effleuré l’esprit
La remarque à faire ici est que dans le fond rien n’a changé, quant à la forme il y avait jadis moins de fatalités avec les paquebots, qui hélas ne font plus escale dans nos ports. Donc quelque soit le degré d’excentricité de la décision des jeunes passés à l’acte « Barça ou barzakh », l’on peut présumer que l’idée de suicide n’a jamais effleuré leurs esprits. Il n’est par conséquent pas pertinent de l’invoquer dans la recherche de compréhension du fléau. Ces jeunes valent plus que ça, ils en veulent ! Ce sont nos fils, l’émigration n’est pas seulement leur problèmeème mais celui de l’ensemble de la nation. Je me demande d’ailleurs comment est-ce qu’une telle tragédie peut laisser indifférentes les universités, dont les chercheurs devraient fouiller les méandres de ce phénomène au cœur de nos préoccupations et nous éclairer.
S’embarquer dans une aventure si risquée n’est rien d’autre qu’une réponse à la question consubstantielle du désir, à laquelle est appelé à répondre tout désireux : - quel prix suis-je prêt à payer pour mon désir ? C’est tout à fait naturel venant d’un être humain.
Faire de notre pays un endroit où il fait bon vivre pour un jeune
Dans le jargon des jeunes d’aujourd’hui circule une exclamation éloquente : “Deuk Bi Dou Dem”. Voyez-vous le gap entre cet aphorisme et le projet de l’émergence qui se veut inclusif, qu’eux-mêmes devraient s’approprier ? - Les responsables du PSE devraient mieux réfléchir sur la vente de leurs produits à la population. Pas facile, car l’émergence fait partie des produits les plus complexes à vendre chez nous. A la lumière de ce qui se fait et la perception que les gens en ont, il ressort clairement que le refrain “émergent” qui a ses limites quant à l’accès aux masses ne peut sortir ces dernières de leur perplexité. Elles continuent à se demander à chaque fois qu’un locuteur leur chante la mélodie : où est-ce qu’il veut en venir avec cette rengaine ? Il est temps de se trouver des métaphores à même d’être mieux comprises. Par exemple : ils disent “Deuk Bi Dou Dem” ! L’on objecte avec “Bok Jog-ci andë Dem”.
Manque-d’emploi : l’arbre qui cache la forêt !
Pour ne plus avoir à subir ce phénomène tragique, il faudrait commencer par challenger la sagacité des passeurs et autres malfrats qui tirent profit de l’émigration clandestine. Eux l’ont vu venir, ont ensuite anticipé et évalué les opportunités qui s’offraient à eux, ce qui leurs a permis d’en prendre le contrôle et s’enrichir en mettant à disposition les moyens logistiques.
De nos jours, l’emploi manque dans la plupart des pays du monde mais tous ne payent pas ce lourd tribut lié à l’émigration. Pourquoi ? - Parce qu’ailleurs, aux sans-emploi, il a été vendu l’espoir d’en trouver sur place prochainement à défaut de les satisfaire dans l’immédiat. Ils transigent en toute confiance avec leurs autorités parce qu’il leur a été prouvé que leurs pays avancent dans la bonne direction. Comment ? - par l’existence chez eux d’un standard de vie qui reflète tous les paramètres et aspirations d’une société moderne en progrès. Cela est différent de là où l’on semble vivre dans une dissipation sans limites, dans une insalubrité et incivisme pérennes, obligé d’emprunter quotidiennement des véhicules de transport public indignes au déplacement du bétail. En somme, des pays où l’inflation des agressions dans le milieu y est désespérément insupportable. Comment l’estime de soi-même d’un jeune peut-elle grandir avec de telles meurtrissures ? Vibrer d’amour pour son pays va de pair avec la fierté de faire partie d’une société qui fait preuve d’un génie dynamique et très compétitif. Cette tragédie dissimule d’autres maux que celui du manque d’emploi tout simplement. Pour nous en débarrasser définitivement, il nous faut plus qu’un sparadrap - plutôt une intervention chirurgicale, qui permette d’en tirer toutes les leçons et opérer des changements profonds.