SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
18 juillet 2025
EXAMEN DE DEUX DÉCLARATIONS DE MACKY SUR LES SALAIRES ET LA DETTE PUBLIQUE
Le 1er mai 2019, le président a souligné, face aux leaders syndicaux, un déséquilibre dans les dépenses publiques caractérisé par des charges qui n’autorisent guère l’investissement public - Qu'en est-il en réalité ?
Africa Check |
Birame Faye et Samba D. Badji |
Publication 05/08/2019
Le 1er mai 2019, le président sénégalais Macky Sall a souligné, face aux leaders syndicaux, un déséquilibre dans les dépenses publiques caractérisé par des charges qui n’autorisent guère l’investissement public, à partir de ressources internes.
« Aujourd’hui, la masse salariale annuelle est à 860 milliards, compte non tenu des agences et assimilées. Les agences à elles seules ont une masse salariale annuelle de plus 140 milliards. Au total, ça fait 1000 milliards à payer en termes de salaires », a répondu le Président Macky Sall aux leaders d’organisations syndicales, lors de la présentation des cahiers de doléances, le 1er mai 2019.
Le chef de l’Etat sénégalais avait aussi indiqué que « le service annuel de la dette est presque à 864 milliards ».
D’où tient-on ce tableau des finances publiques ?
Africa Check est entré en contact avec le pôle communication de la Présidence de la République. Son coordonnateur, El Hamidou Kassé (qui n’occupe plus cette fonction), nous a dirigé vers le « ministère des Finances et du Budget ».
Le document indique que la rémunération des salariés était estimée à 682 milliards de francs CFA en 2018. Ce qui, selon le rapport, représente une hausse de 13,7 % par rapport à l’année précédente.
Le poids des salaires a augmenté sous l’effet des accords signés avec les syndicats, selon la Loi de finances rectificative 2018 qui, quant à elle, indique que la masse salariale était de 683 milliards de francs CFA en 2018.
Le document indique « qu’en fin décembre 2018, la masse salariale cumulée s’est établie à 681,88 milliards de francs CFA ».
Cela représente un taux d’exécution de « de 99,8 % par rapport à la prévision de la LFR pour l’année 2018 », précise le rapport.
Les données du rapport trimestriel d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2018 sont identiques à celles d’un document de la Direction de la Solde consulté par Africa Check.
Le rapport trimestriel d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2018 indique qu’à la date du 31 décembre 2018, il y avait 88 organismes publics autonomes dont 50 agences et structures administratives similaires ou assimilées, 21 établissements publics de santé et 17 établissements d’enseignement supérieur publics et centres des œuvres universitaires.
Selon le document, « le budget cumulé de ces unités extra budgétaires est arrêté à 1 425,056 milliards de francs CFA, répartis entre fonctionnement (540,326 milliards, soit 37,92 % du montant total) et investissement (884,730 milliards, soit 62,08 %) ».
Le rapport indique que « les prévisions pour la masse salariale » de ces organismes publics (y compris les agences et structures administratives similaires ou assimilées) « sont évaluées à 139,807 milliards de francs CFA ».
En revanche, selon des données qu’Africa Check a obtenues du ministère des Finances et du budget, la masse salariale des agences et autres organismes publics autonomes était de 125,127 milliards de francs CFA en 2018 avec une prévision de 137,202 milliards de francs CFA pour 2019.
La cellule de communication du ministère des Finances et du Budget souligne que « les 1000 milliards de francs CFA indiqués par le Chef de l’Etat, le 1er mai 2019, intègrent les salaires du secteur parapublic, agences, établissements publics, etc. ».
Africa Check a également obtenu de la cellule de communication du ministère des Finances et du Budget, le montant des salaires des contractuels de l’Education et de la Formation. Celui-ci est de « 59.221.012.000 F CFA au titre de la LFR 2019 ».
« La composition est la suivante : 52.171.012.000 pour les professeurs et maîtres contractuels de l’Education nationale,1.630.000.000 pour les primes des maîtres contractuels et 5.420.000.000 pour les contractuels de la Formation professionnelle », est-il précisé.
Sur la base des différentes données disponibles, la masse salariale globale (fonction publique et organismes publics autonomes) fait environ 939,8 milliards de francs CFA et non 1 000 milliards comme l’a indiqué Macky Sall.
D’autant que le président sénégalais affirme que la masse salariale annuelle des agences est chiffrée à plus de 140 milliards de francs CFA, alors qu’elle n’atteint pas en réalité ce montant.
Ce que la Banque mondiale disait de la masse salariale du Sénégal en 2014
Dans le rapport Situation économique du Sénégal 2014, publié en décembre 2014, la Banque Mondiale faisait quelques précisions sur la masse salariale du Sénégal. L’institution indiquait ainsi que « seuls les fonctionnaires sont pris en compte dans les statistiques officielles ».
« Ces statistiques omettent, donc, les enseignants contractuels dont le nombre équivaut à 40 % de la totalité de la fonction publique », poursuit la Banque qui souligne par ailleurs que les employés des agences, des universités, des hôpitaux et des projets de développement financés par l’aide extérieure sont également exclus, alors qu’ils représentent 10 % de la totalité des fonctionnaires ».
Partant de là, l’économiste Mady Cissé estime qu’il n’est pas exclu que la masse salariale dépasse les 1000 milliards F CFA évoqués par le président sénégalais pour se situer à 1 114 milliards.
La Banque Mondiale notait également qu’ « alors que les chiffres officiels indiquent que la masse salariale du Sénégal est conforme au seuil de 35 % des recettes, tel que fixé par l’UEMOA, les corrections laissent voir qu’elle est manifestement au-dessus de 40 % ».
Dans cette hypothèse, souligne Mady Cissé « si on prend les recettes fiscales prévues dans le budget de 2019, estimées à 2 534 milliards de francs CFA, si on applique le taux de 40 %, on aura une masse salariale de 1 013 milliards de F CFA, légèrement plus élevé du chiffre de l’autorité ».
« En réalité, indique l’économiste, l’Etat veut respecter la norme UEMOA, masse salariale/ recettes fiscales = 35%. De ce fait, une bonne partie des salariés ne sont pas traités dans la masse salariale des fonctionnaires, et de ce fait, l’Etat peut respecter virtuellement la norme UEMOA » .
Toutefois, toutes les données consultées par Africa Check donnent une masse salariale en deçà de 1 000 milliards de francs CFA.
Lors de son face à face avec les organisations syndicales, le Président Sall a également souligné que « le service annuel de la dette est presque à 864 milliards » de francs CFA.
Le journaliste Abdou Diaw, animateur de la rubrique Comprendre les termes de l’Economie dans le quotidien sénégalais Le Soleil, précise que « des paramètres sont pris en compte dans la détermination du service de la dette. Il s’agit du volume de la dette, mais aussi du taux d’intérêt avec lequel l’Etat a négocié son endettement auprès des créanciers et l’échéance pour rembourser cette dette ».
Que disent les données disponibles sur le service de la dette ?
Le rapport sur la Situation économique et financière 2018 et perspectives 2019, publié en novembre 2018 prévoyait que « l’encours de la dette publique totale devrait s’établir à 6 467,6 milliards de francs CFA au terme de l’année 2018 ».
Et pour l’année 2019, les prévisions sont de 6 902,3 milliards francs CFA, selon le même document.
Pour ce qui est du service de la dette, la loi de finances rectificative 2018 indique que celui-ci est de 882 milliards de francs CFA en 2018.
Le rapport d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2018 précise toutefois que « le montant ordonnancé au 31 décembre 2018 au titre du service de la dette (dette de maturité supérieure à un an) s’élève à 829,71 milliards de francs CFA, soit un taux d’exécution de 94,1 % des prévisions de la LFR 2018 arrêtées à 882 milliards de francs CFA ».
Pour ce qui est de 2019, aussi bien la loi de finances initiale que la loi de finances rectificatives prévoit un service de la dette de 863,17 milliards de francs CFA.
Le montant avancé par le président sénégalais est donc globalement correct.
Quels impacts sur l’économie du pays ?
Dr Thierno Thioune a expliqué à Africa Check que « si un pays réalise des excédents commerciaux, ceux-ci serviront à rembourser sa dette, transformant positivement tous les indicateurs ou ratios budgétaires, voire économiques ».
Mais l’inverse (déficits commerciaux) est à redouter dans la mesure où cela va constituer « une pression importante sur les finances publiques », prévient-il
Il précise que « plus que l’encours de la dette, c’est le ratio de l’encours de la dette par rapport au PNB (Produit national brut) et le ratio du service de la dette publique extérieure aux exportations qui donnent une évaluation de la soutenabilité de la dette ».
Et d’avertir que « si on ne surveille pas le service de la dette, il sera quasiment impossible de l’honorer et certainement le pays pourrait ainsi tomber dans un cercle vicieux de l’endettement international ».
L’économiste indique par ailleurs que « le record absolu fait par le Sénégal récemment, qui voit sa dette dépasser les 6 000 milliards de francs CFA, est la conséquence des dettes chères que le Sénégal a contracté ces dernières années à des taux de 8,75 % sur 10 ans et de 6,25 % sur 16 ans ».
Ce qui, selon lui, « constitue un lourd fardeau pour les finances publiques et laissera peu de marge de manœuvre pour les choix de politiques économiques ».
LE PROCUREUR DONNE DE LA VOIX
Serigne Bassirou Geuye dit vouloir prévenir, à travers un communiqué, « la propagation d’informations parcellaires ou inexactes » sur les motifs de l’arrestation des nommés Guy Marius Sagna et Adama Gaye
Serigne Bassirou Geuye rétablit la vérité sur les arrestations de Guy Marius Sagna et Adama Gaye. Dans un communiqué envoyé par les services du ministère de la Justice, le maitre des poursuites met les points sur les « I ».
Selon lui, depuis quelques jours, des informations circulent sur les motifs de l’arrestation des nommés Guy Marius Sagna et Adama Gaye. Ainsi, dans le souci de prévenir sur ce qu’il appelle « la propagation d’informations parcellaires ou inexactes », le Procureur explique que « Guy Marius Sagna est poursuivi du chef de diffusion de fausses nouvelles suite à ses déclarations selon lesquelles la France préparait un attentat contre le Sénégal. De telles déclarations, au-delà de leur caractère faux et de la psychose qu’elles créent, peuvent avoir des conséquences graves sur la tranquillité et la sécurité des citoyens et des étrangers vivant au Sénégal. »
S’agissant d’Adama Gaye, Serigne Bassirou Geuye estime que « ses propos d’une indécence inouïe sur le Président de la République ont conduit à son inculpation sur la base de l’article 80 du Code pénal pour offense au chef de l’Etat ».
«J'AI CONSCIENCE QUE ÇA VA ETRE TRES DIFFICILE, MAIS J'AI ACCEPTE UN CHALLENGE»
Après sa nomination au poste de sélectionneur, en remplacement d’Adidas dont le contrat n’a pas été renouvelé, Moustapha Gaye a rencontré la presse, samedi dernier, à la fin de son premier galop
Après sa nomination au poste de sélectionneur, en remplacement d’Adidas dont le contrat n’a pas été renouvelé, Moustapha Gaye a rencontré la presse, samedi dernier, à la fin de son premier galop, à Dakar Arena, où il a décliné ses ambitions pour le renouveau de l’équipe nationale masculine de basket du Sénégal.
«J'ai reçu un appel du président (Me Babacar Ndiaye) et du Directeur technique national (Maguette Diop). J'ai eu juste deux heures de temps pour discuter avec mes proches, pour donner mon accord vers 23 heures. C'est une situation difficile, parce que moi je n'ai jamais été dans des dispositions de travailler avec les garçons. Je suivais l'équipe en tant qu'observateur, en tant que Sénégalais. C'est un peu ça qui m'a amené les difficultés pour confectionner la liste. Parce que ça m'a pris de court. Quand le président et le DTN m'ont appelé, on s'est mis à table pour discuter, pour avoir des discussions avec mes proches, dont ma famille, repréciser un peu les objectifs de l'équipe nationale. Parce qu'il n'était pas question pour moi de travailler pour un mois. Il fallait m'assurer que l'objectif, c'était 2021. Cela étant confirmé, j'ai donné mon accord. Parce qu'on était dans une situation de blocage. Ça ne m'apporte pas grand-chose de reprendre cette équipe nationale. Parce que 18 ans en arrière, j'ai été le coach garçons. En 2001, j'étais au Maroc avec les Desagana, Mamadou Ndiaye. Je ne suis pas novice dans le milieu. Je ne souhaitais pas à coach Adidas et à la Fédé d'arriver à ce point-là. Mais moi on m'a mis dans une situation de non-retour à laquelle il fallait trouver une situation. J'étais très honoré qu'ils aient pensé à moi.
Confection de la liste
Quand il s'agit du maillot, c'est vrai que je réfléchis, mais je ne réfléchis pas beaucoup. J'ai déjà dit à Maurice (Ndour) que si le drapeau national ne peut pas motiver quelqu'un, aucun discours ne peut le motiver. Ça s'est passé tellement vite qu'il était difficile, dès le lendemain mercredi, de se remettre au travail. Mais c'est une fierté, au-delà de toute considération, de pouvoir travailler pour son pays, dans le domaine que je sais faire, à savoir le basket et l'enseignement». «Dèsle lendemain, avec mon staff, on s'est réuni pour arrêter une liste de 24 joueurs, qu'il fallait envoyer à la FIBA et qui était une pré-liste, dans laquelle il fallait puiser des joueurs pour faire le premierstage. Malheureusement, je crois qu'il y a eu une mauvaise interprétation. Entre temps, j'ai continué les investigations. Pendant 24 heures, je n'ai pas dormi. J'ai continué à travailler, à demander et à m'informer pour avoir d'autres joueurs. C'est ainsi que la liste a été réactualisée (…) Après, je me suis dit qu'il faut revoir Xane. Parce que ma première réflexion, c'était 2021. Il fallait y aller avec des gens qui ont des jambes pour tenir jusqu'en 2021. J'ai dit ce que nous avons ici, je ne suis pas sûr que Xane, en ce moment-là… Mais après que j’ai discuté avec des gens, je me suis dit qu'on va aller à la Coupe du monde avec la meilleure équipe possible, faire le meilleur résultat pour prétendre aux Jeux olympiques. J'ai pris moi-même mon téléphone, j'ai appelé Xane. Je lui ai dit que c'était ma décision de ne pas le prendre. Je lui ai dit que ‘je reviens à toi pour savoir ton degré de motivation, si tu es partant. Quand tu seras à Dakar, les yeux dans les yeux, je te parlerai de ce que j'ai fait’. Moi je n'ai pas peur d'assumer mes choix. Il m'a dit ‘coach OK, je suis partant’. Je prends Lamine Sambe et je lui ai tenu le même discours. Il faut que les joueurs comprennent qu'eux, c'est tirer, shooter, courir et défendre. Et nous, c'est choisir. Je ne demande la permission à personne pour choisir quelqu'un. Je choisis les joueurs que je veux. Le passé d'un joueur, je le respecte, je l'admire. Mais le futur appartient à celui qui décide. Et c'est ça le problème au Sénégal. Tout le monde veut se mettre à la place de celui qui décide. Pour ceux qui me connaissent, je décide en âme et conscience et j'assume tout ce qui a été fait».
Gorgui Sy Dieng
«Avant-hier soir (jeudi), Gorgui Sy Dieng m'appelle à 23 heures. On a discuté au téléphone pendant quelques minutes. Hier (vendredi), on était de 11 heures à 12 heures, quelque part. Il n'y a pas plus patriote que Gorgui. Je ne connaissais pas ces joueurs-là. J'ai découvert des joueurs matures et très consciencieux. Gorgui a été d'une délicatesse et d'une courtoisie qui m'ont beaucoup marqué. Je ne pouvais mettre en doute ce qu'il m'a dit. Avant qu'on me nomme, le président m'a dit, attention, Gorgui a émis le souhait de ne pas participer au Mondial. Donc, moi en prenant l'équipe, on m'a déjà informé que Gorgui ne sera pas là. C'est une précision de taille. Hier (vendredi), il s'est déplacé pour discuter avec moi pendant une heure de temps.A16 heures, il m'a rappelé. Parce qu'on s'est entendu sur certaines choses. Et je lui ai accordé ce qu'il m'a demandé. Pour dire qu'il n'y a aucun nuage entre lui et moi. Sa délicatesse et sa courtoisie me donnent l'espoir pour des lendemains meilleurs (…) Je compte sur des gens qui veulent jouer pour leur pays. Au Sénégal, on a tendance à valoriser ceux qui ne sont pas là. Je remercie les joueurs qui sont là pour leur dévouement, je les félicite. Je suis très content de ce que j’ai en main. Et on va travailler avec ceux qui veulent jouer pour leur pays».
Capitanat à Maurice Ndour
«Avant d'échanger avec Gorgui, j'ai d'abord eu une discussion avec Maurice Ndour. J'avais entendu des choses sur ce monsieur. Mais il faut lui tirer le chapeau. Hier, il devait retourner en Europe. Il avait un programme social etsportif qui était impératif. J'ai engagé des discussions pour lui faire part de ce j'attends de lui. Itou pour Mohammed et autres. Parce que je place un grand espoir en eux. Mais je mets le doigt sur leurs obligations. Je ne chercherai jamais à plaire à un joueur. Mais je leur ferai savoir que mon attente est une implication dansla vie de l'équipe en dehors et sur le terrain. Voussavez que ça fait longtemps qu'on cherche la Coupe d'Afrique. On a tous les bons joueurs qu'il fallait, on n'a jamais gagné. Et pour moi, la solution, c'est de revenir à un autre état d'esprit. Quand on m'a confié les 'Lionnes', en 2008, je suis parti à Madagascar avec une équipe recomposée. Il ne restait que 4 filles de l'équipe de 2007, Mame Didio, Aya, Awa Guèye et Bineta Diouf. Toutes les 8 autres étaient des nouvelles (…) Donc, je ne crois pas que le talent seul suffit pour gagner une compétition africaine. Il faut aussi un bon était d'esprit, une hiérarchie bien faite. Il faut également des règles dans une équipe nationale. C'est sur tout ça que j'ai échangé avec lui. Franchement, je remercie Maurice d'avoir, en un très court temps, pris la bonne décision pour moi. Et à son détriment, de rendre service à son pays. Il a consenti beaucoup de sacrifices pour faire ce Mondial-là. Autant, c'est Maurice, autant c'est Mohammad Faye et d'autres. Après, il y a des jeunes qu'on ne m'a pas présentés et que je ne connaissais pas, mais que j'ai tenus à voir, dont Matar Guèye, Birame Faye et les autres. Pour vousrassurer, l'objectif c'est 2021. Il faut avoir une équipe. Mais entre-temps, il faut aller à la Coupe du monde pour avoir la meilleure participation possible pour qu'on soit dans les bonnes dispositions pour les Jeux olympiques. Pour votre information, le capitanat a été donné à Maurice. C'est le nouveau capitaine de la sélection. Il sera assisté de Pape Djibril Thiam».
«Malèye mérite des égards
«C'est après avoir fait la liste que j'ai cherché à joindre Malèye Ndoye, deux fois. Et il m'a rappelé, le soir. On a fixé rendez-vous pour se revoir. En 2001, je suis allé voir Malèye, à Firman, dans son université. Il était très jeune et dans l'antichambre de l'équipe. J'ai discuté avec lui dans un restaurant. Finalement, je ne l'ai pas retenu. Et en 2003, il a intégré l'équipe nationale. Je connais Malèye. J'ai fait beaucoup de campagnes avec lui en tant qu'assistant et coach principal. On doit se voir. Mais le plus important, c'est la décision d'un entraîneur qui pense, à un moment donné, qu’il a besoin de renouveler un peu l'impact de l'équipe et le courroi décisionnel au niveau d'une équipe nationale. C'est uniquement ça. Pour tout ce qu'il a fait pour le Sénégal, Malèye mérite des égards. Et s'il ne revient pas à moi, j'irai le voir pour le remercier pour tout ce qu'il a fait. Et, éventuellement, dans un futur, ce n'est pas très loin, on aura besoin de Malèye, pour encore des services. On aura le temps avec la Fédération. Moi je conçois que Malèye Ndoye, Matar Ndiaye, pour ce qu'ils ont fait pour la sélection, méritent d'être dans l'encadrement des équipes nationales. Il ne faut pas qu'on crache sur ce qu'ils ont fait. Ils ont été dans la durée et ont rendu d'énormes services. Mais, à un moment donné, je pense qu'objectivement, il fallait arrêter et donner la place aux jeunes».
Préparation du Mondial
«J'ai conscience que nous sommes en retard par rapport à plein de choses. Si l'équipe était dans la continuité, ç'aurait été plus facile. Mais dès l'instant qu'i y a des ruptures, moi-même j'ai conscience que ça va être très difficile, mais j'ai accepté un challenge en disant que c'est à moi de trouver des voies et moyens de faire de bons résultats. On va au Mondial pour défendre crânement nos chances, faire le meilleur basket possible et faire les meilleurs résultats possibles. Je sais que c'est difficile, le temps est très court. Mais nous allons suivre le programme pas à pas. J'ai confiance aux joueurs. On a beaucoup parlé, hier, dans la prise de contact, sur ce qu'on doit faire et le comportement pour construire une équipe. Il nous faut construire une équipe avec un état d'esprit nouveau».
«L’EQUIPE NATIONALE, C’EST DES SACRIFICES»
Le coach Moustapha Gaye a confié le brassard de l’équipe nationale à Maurice Ndour (2,06m, 27 ans). Une charge que le joueur apprécie à sa juste valeur
Le coach Moustapha Gaye a confié le brassard de l’équipe nationale à Maurice Ndour (2,06m, 27 ans). Une charge que le joueur apprécie à sa juste valeur : «Je remercie coach Tapha de la confiance qu’il m’a donnée pour me nommer capitaine de l’équipe nationale du Sénégal. Ce n’est pas quelque chose de facile. Mais le fais d’être capitaine ne veut pas dire que le travail m’appartient à moi seul». Pour réussir cette mission, le sociétaire de Valence (Espagne) compte d’abord sur l’«aide du coach» et ensuite sur ses «coéquipiers et l’ancien capitaine, Malèye Ndoye, qui est un mentor pour moi. Je vais le côtoyer pour qu’il m’aide et me facilite la tâche».
Par rapport à l’objectif, l’ancien joueur de l’UNICS Kazan (Russie) reste en phase avec le coach. «Notre objectif, c’est d’aller à la Coupe du monde, de faire un bon résultat, de se qualifier pour les Jeux olympiques et de préparer l’équipe pour la Coupe d’Afrique 2021. Donc, nous en tant que joueurs, il faut qu’on appuie son objectif, sa vision. Moi je suis avec lui, nous allons tout donner pour le Sénégal». «On va aller à la Coupe du monde pas pour gagner le trophée, mais pour faire un bon résultat et représenter notre nation et nous préparer pour les Jeux olympiques et la Coupe d’Afrique 2021. L’équipe nationale, c’est des sacrifices qu’il faut faire. Ce n’est pas facile. Nous sommes professionnels, nous avons nos clubs. Certains d’entre nous ont leur famille. Il y a beaucoup de sacrifices qu’il faut faire pour vraiment représenter le Sénégal», poursuit-il. Suite à des brouilles, Maurice voulait prendre du prendre du recul avec la sélection. Mais le natif de Sindia est revenu sur sa décision : «C’est bien vrai qu’avant, j’avais dit que je n’allais pas porter le maillot du Sénégal, parce qu’il y avait beaucoup de choses qui se sont passées. Je ne vais pas revenir là-dessus. Mais en fin de compte, je suis patriote. Si j’avais refusé de venir, je ne serais pas à l’aise de regarder l’équipe nationale».
MOUSTAPHA DIAKHATE REDOUTE UN AUTRE SCANDALE
«Compte tenu de la tournure actuelle du partenariat avec Frank Timis et au regard des informations sur la personnalité d’Enjoy Njock Ayuk Eyonk, le (Sunugaal) doit dénoncer la convention qui lie Cos-Petrogaz, Petrosen et Africa Oil & Power qu’il dirige»
Il tire encore sur les pattes du régime qui le porte. Moustapha Diakharté pense qu’il faut «casser absolument» le «mariage» entre Cos-Petrogaz, Petrosen et Monsieur Enjoy Ayuk Eyonk. «Compte tenu de la tournure actuelle du partenariat avec Monsieur Frank Timis et au regard des informations sur la personnalité de l’avocat camerounais et opérateur en Energie, Monsieur Enjoy Njock Ayuk Eyonk, le (Sunugaal) doit dénoncer la convention qui lie Cos-Petrogaz, Petrosen et Africa Oil & Power qu’il dirige», dit-il. Pis, ajoute-t-il : «pour éviter un autre scandale aux conséquences incalculables sur la crédibilité de notre pays, il urge de décliner l’attribution de la distinction accordée au Président de la République par la chambre africaine d’énergie».
Et ce n’est pas tout puisque l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité et ex Chef de cabinet du président de la République réclame «l’annulation de la participation du (Sunugaal) à la conférence-exposition Africa Oil & Power 2019 prévue en Afrique du Sud». Parce que, dit-il, «le (Sunugaal) court un grand risque en collaborant avec un personnage poursuivi pour trafic de visas, blanchiment d'argent et impliqué dans un scandale de contrat pétrolier au Soudan». Par ailleurs, Moustapha Diakhaté souligne, «une enquête doit être diligentée pour débusquer celles ou ceux qui ont introduit Monsieur Eyonk au (Sunugaal) et auprès de son Président».
"NOUS CONTINUONS D'ENREGISTRER BEAUCOUP DE DÉPENSES"
Les efforts entrepris par l’Etat pour la rationalisation des dépenses n’ont pas encore porté leurs fruits. C’est du moins ce qui apparait des révélations du président Macky Sall ce lundi
Les efforts entrepris par l’Etat pour la rationalisation des dépenses n’ont pas encore porté leurs fruits. C’est du moins ce qui apparait des révélations du président de la République à l’occasion de la cérémonie de lancement officiel, ce lundi matin, du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (Pama) au Centre international Abdou Diouf de Diamniadio. « Nous continuons d’enregistrer beaucoup de dépenses. On a évalué les factures de téléphone de 16 à 17 milliards par an pour les agents de l’administration. De 2012 à maintenant, nous avons dépensé plus de 307 milliards francs CFA pour l’achat de véhicules. Je ne parle pas des entretiens, de la consommation de carburant », a-t-il révélé.
Selon lui, il est temps que l’administration pense à optimiser et à mettre ces ressources dans sa vocation d’apporter un mieux-être aux populations.
MAME MAKHTAR GUEYE, TRIEUR SÉRIE
Lui comme l'Ong Jamra au sein de laquelle il milite depuis plus 30 ans pour la préservation des "valeurs", ne font pas l'unanimité. Il le sait et s'en accommode. Portrait d'un censeur qui a pourtant croqué la vie à pleines dents
Si Youssou Ndour avait sorti "Wommat" 25 ans plus tard, Mame Makhtar Guèye aurait pu à juste titre incarner le rôle de "Gorgui", personnage principal du tube de l'album mis sur le marché en 1994. Et pour cause. Lorsqu'il a tiré sans sommation sur la série "Maîtresse d'un homme marié", on lui a reproché d'avoir eu la gâchette facile. Et lorsqu'il a baissé son arme pour enfiler son habit de médiateur entre Wally Seck et Imam Ahmadou Makhtar Kanté, la censure populaire l'a taxé de "laxiste". Il a été lapidé.
"Lorsque nous avions croisé le fer avec les responsables de la série ‘Maitresse d'un homme marié', dans toutes les plateformes des réseaux sociaux, le refrain était le même : ‘ces gens de Jamra sont méchants. Pourquoi l'ONG n'a pas engagé le dialogue avant de porter plainte ?' On nous traitait de tous les noms, rembobine-t-il. Ayant tiré des leçons de cela, quand l'affaire Wally a éclaté, nous avons privilégié le dialogue. Et ces mêmes personnes, reviennent pour dire qu'il ne fallait pas dialoguer avec Wally car c'est un multirécidiviste."
C'était le 15 juillet 2019. Un après-midi d'hivernage. Chaud et ensoleillé. Assis au côté du chanteur Thione Seck, au milieu d'une poignée de "Gouney Wally yé" (fans de Wally Seck), et devant une nuée de micros et de caméras, Mame MakhtarGuèye joue à la colombe. À cet instant précis, il était en train de mettre en péril sa réputation de vigie des valeurs islamiques. À la fin de la conférence de presse à la laquelle il n'était pas convié, celui qui se dit "mandaté" reçoit une pluie de quolibets sur la tête : "Il a vendu son âme au diable !", "Il a été soudoyé par Wally Seck !"…
"Deux poids deux mesures"
Le président exécutif de Jamra, Imam Massamba Diop, qui aurait pu déployer le parapluie de protection, se démarque de la position de son chargé de com. "Je n'ai pas mandaté Mame Makhtar Guèye à cette rencontre", précise-t-il à L'Observateur. La veille déjà, Imam Massamba Diop menaçait de publier la liste des homosexuels sénégalais si Wally Seck ne retirait pas sa plainte contre imam Kanté. Un durcissement de ton qui ne souffrait donc une médiation précoce, sans condition ni préalable.
Jamra a beau tenté, par la suite, de recoller les morceaux, à renfort de communiqués de presse, le malaise s'était installé entre ses deux responsables. La cohésion au sein de l'ONG islamique en a pris un coup.
Pour beaucoup de Sénégalais, face aux supposées tendances pro-LGBT de Wally Seck et la "perversité" promue par la série à succès, Mame Makhtar Guèye a fait du "deux poids deux mesures". Radical ici, indulgent là. "L'héritier" d'Abdou Latif Guèye proteste. Pour se justifier, il balaie tout uniformisme, préférant un traitement des affaires au cas par cas. Soit. Mais ses détracteurs lui rétorquent que l'acte du jeune "Faramarene", qui s'est affiché dans un concert avec un tee-shirt LGBT, est nettement plus grave que les séquences typées "érotiques" de "Maîtresse d'un homme marié".
Loin du tumulte de ces événements, Mame Makhtar Guèye recouvre ses esprits dans le calme de son domicile sis à la cité Djily Mbaye, près de l'océan. Il reçoit Seneweb dans un costume africain vert-menthe qui moule sa silhouette longiligne. Occasion de rappeler que Jamra, fondée en février 1983, n'est pas à ses premiers combats. "Le fait que les gens fassent un focus sur ‘Maitresse d'un homme marié' me parait inapproprié. C'est comme si Jamra croisait le fer pour la première fois avec des responsables (coupables ?) de dérives audiovisuelles", se plaint-il.
Canal+, Walf, Sen tv…
Les états de service de l'ONG ? En août 2000 déjà, elle avait tenu la dragée haute à la chaine française Canal+ qui diffusait en clair (18h-20h) la fameuse série Confession érotique dont le titre repoussait les bornes fixées par Jamra. A l'époque, Mame Makhtar et Cie avaient, au terme d'une marche nationale de protestation, le 19 août 2000, déposé deux mémorandums. L'un sur la table de Me Babacar Kébé, défunt président du Haut conseil de l'audiovisuel (HCA), ancêtre du CNRA, et un autre sur la table du ministre de la Culture de l'époque, Mamadou Diop Decroix. La chaine française finira par capituler en arrêtant la diffusion de la série, à la suite d'une sanction financière.
D'autres chaines, cette fois-ci sénégalaises, subiront les affres de Jamra pour les mêmes raisons. Ou presque. Il s'agit de la Sen Tv avec son émission de téléréalité Kawtef et Walf Tv en 2010 qui avait défié l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), à l'époque dirigée par Nancy Ndiaye, en diffusant Business du sexe, un reportage chez la vieille "rallongeuse" de sexe à Diassap (Thiès). Ces chaînes privées ont toutes finalement abdiqué, face à la ténacité de Jamra. "C'est donc la preuve que Jamra a été très ‘indulgent' avec ‘Maitresse d'un homme marié' de même qu'avec Wally", ronronne Mame Makhtar Guèye.
Faux jumeau
La vie de Mame Makhtar Guèye, 66 ans, ne se résume pas à l'activisme. L'homonyme du père de Me Mame Adama Guèye, rejoue le film d'une vie pleinement vécue, avec une enfance dorée dans le Dakar-Plateau des années 1950-1960. Une adolescence branchée et une maturité très tôt affirmée. Né "le même jour, le même mois et la même année, dans la même concession familiale" que son cousin Mame Adama, mardi 19 mai 1953, Mame Makhtar partage quasiment la même trajectoire que son faux-jumeau.
Trois années après leur naissance, un troisième cousin très "turbulent" vient rejoindre la famille. Il s'agit du défunt Abdou Latif Guèye, né en 1956. "Il y a beaucoup de gens qui croient que Latif et moi sommes de même père et même mère, confesse-t-il. Le père de Latif, El Hadji Abbas Guèye, le père de Me Mame Adama Guèye, El Hadji Makhtar Guèye et mon père, El Hadji Malick Guèye son de même père et de même mère. On a tous grandi dans la maison familiale à l'ex-rue Thiers, angle Maginot (actuelle rue Amadou Assane Ndoye, angle Lamine Guèye). On vivait tous dans la même concession familiale."
Mame Makhtar et ses cousins on grandi dans une grande ferveur religieuse et confrérique (tidiane), car leur concession abrite l'actuelle Zawiyah El Hadji MalickSy de Dakar. "Mon grand-père, El Hadji Mbaye Guèye, Moukhadam d'El Hadji Malick Sy a cédé 50% de son titre foncier à son marabout pour qu'il y érige l'actuelle Zawiya de Dakar. Ainsi, notre maison familiale jouxte la Zawiya."
A l'époque, la maison faisait office de Daara. Beaucoup de gens nés au plateau ont fait leur apprentissage du coran chez les Guèye. En raison des effectifs pléthoriques, le maitre coranique, Serigne Mamadou Dièye a été obligé de créer une annexe chez Serigne Babacar Sy, sur la même rue. Pas question de rater la moindre prière.
"Boy town"
Mais cette ferveur religieuse ne les empêchait pas de mener une vie de "Boy-Town". Des week-ends d'apprentis mareyeurs à Terrou Baye Sogui, aux virées nocturnes dans les Pëncc Lébous de Ndakarou pour suivre les traditionnelles cérémonies de circoncision (Kassac, en wolof), en passant par les soirées ciné (El Mansour, Al Akbar), les premières cigarettes et les soirées dansantes..., les "frères" Guèye ont croqué leur jeunesse à pleines dents. C'était l'époque des hippies. Le style James Brown ou Wilson Picket, coiffure afro-chemises à fleurs-pantalon pattes d'eph, faisait fureur.
Mame Adama, très grand gardien de but, était la star de l'équipe du quartier. Mame Makhtar, quant à lui, pieds carrés, n'avait même pas une place au bout du banc des remplaçants. Mais en dehors du terrain, le jeu s'équilibre. "Avec Mame Adama, on a eu la même trajectoire en tant que bambins. On a fréquenté l'école de la rue ex-Kléber, se souvient-t-il. Après l'entrée en sixième, Adama est allé au lycée van Vollhenoven (actuelle lycée Lamine Guèye de Dakar) et moi au lycée Technique Maurice Delafosse."
Quant à Latif, rebelle de naissance, il s'est taillé une réputation de meneur de grève qui a failli impacter ses études. "Latif était tellement turbulent qu'au primaire, on l'a envoyé à l'école Paille d'arachide à Soumbédioune, raconte son cousin un brin moqueur. D'ailleurs, après son cycle primaire il a été exclu du Lycée Lamine Guèye pour sa turbulence. Il était toujours parmi les meneurs de grève. Il a été finalement inscrit dans une école privée."
Abbas Guèye
L'ancien vice-président de l'Assemblée nationale était tout simplement "invivable à l'époque". Mame Makhtar ne supportait pas "les excès" de son jeune cousin. Malgré leur complicité, il n'hésitait pas à lui infliger une correction bien méritée après des tentatives vaines de le rappeler à l'ordre.
Après son cycle primaire, Mame Makhtar Guèye a grandi à Fann-Hock chez son oncle Abbas Guèye, le père de Latif, qui l'a pris sous son aile pour lui épargner les trajets en "Car rapide" de Maurice De Lafosse au centre-ville. C'est sous l'influence de cette figure de proue de la lutte syndicale d'avant-indépendance, député socialiste, colistier de Senghor (BDS) lors des élections législatives de juin 1951, que Mame Makhtar choppa le virus du militantisme qui se transformera plus tard en activisme religieux. Son poste de secrétaire général du syndicat des industries chimiques, corps gras et entreprises connexes affilié à l'Union des travailleurs libres du Sénégal (UTLS) du défunt député Mamadou Fall Puritain, il le doit à son oncle qui lui avait présenté ce dernier.
Titulaire d'une bourse d'étude (1981) de l'ACCT, ancêtre de l'OIF, Mame Makhtar Guèye, à l'instar de son cousin Mame Adama, partit en France pour des études de droit, dépose sa valise en Belgique pour des études supérieures dans le domaine des Ntic en balbutiements à l'époque. Entre les rigueurs de l'hiver et une petite bourse de 150 mille par mois, il boucle difficilement ses six interminables années d'études en Europe. "Je n'avais pas la possibilité de venir en vacances, se rappelle-t-il. A l'époque, les billets d'avion coutaient cher et ma bourse n'était pas consistante."
Modernisateur du Cices
Diplômes en informatique de gestion, en organisation des entreprises et en droit commercial en poche, Mame Makhtar fait une "escale" de deux ans à l'Institut africain d'informatique (Iai) de Libreville avant de revenir au bercail.
"J'ai déposé plusieurs demandes d'emplois. J'ai eu la réponse d'Air Afrique, Grand moulin de Dakar et le Cices", confie l'informaticien. Mais, en homme de challenge, il choisit le Cices (en janvier 1989) où il fallait "informatiser tous les départements à partir du néant". Après six mois d'étude de faisabilité et un petit budget de 10 millions pour équiper et informatiser tout le Cices, il finit par relever le défi. Il sera ainsi promu chef du service informatique du Cices. Poste qu'il occupera pendant 19 ans avant d'être nommé par Abdoulaye Wade président du conseil d'administration du Cices de 2008 à 2013.
Mame Makhtar Guèye est monogame (marié en 1990) et père de trois enfants (deux filles un garçon). Il faut dire que la vie n'a pas toujours été tendre avec ce membre de la lignée des Grands Serigne de Dakar, du côté de sa mère. Il a perdu deux de ses enfants, décédés très jeunes.
"Le garçon, Mbaye Diop Saly Guèye, homonyme du père du ministre Ndèye Sally Diop Dieng, est décédé d'un cancer des os, le 19 mars 2011 à l'âge de 19 ans. L'autre fille, Mame Binta Guèye est décédé à l'âge de 4 ans en 1994 de maladie infantile", confie Mame Makhtar Guèye d'une voix posée. La "rescapée" comme il la surnomme s'appelle Fatou Bintou Guèye, elle a 17 ans et vient de décrocher son Bfem.
Par Tido Adokou
MONNAIE UNIQUE DE LA CEDEAO, LE GRAND FLOU
Sans au moins la dissociation du trésor public français, l'Eco s'il devait voir le jour se ferait uniquement avec les pays de l'UEMOA. Ce qui serait un changement purement cosmétique du très critiqué franc CFA
La Tribune Afrique |
Tido Adokou |
Publication 05/08/2019
Afin de démêler l'écheveau, retournons au 21 février 2018. Nous sommes à Accra et l'auguste cité ghanéenne accueille ce jour-là une réunion de la task force présidentielle chargée de la mise en œuvre de la monnaie unique. Particulièrement guilleret, le président Nana Akufo-Addo, hôte de la réunion et grand promoteur du projet, multiplie les déclarations enthousiastes. Il affirme notamment que «l'introduction d'une monnaie unique en Afrique de l'Ouest va, entre autres, aider à supprimer les barrières commerciales et monétaires, réduire les coûts de transaction... et que beaucoup ne peuvent accepter que ce soient seulement les Asiatiques qui puissent réussir leur transition de la pauvreté à la prospérité en une génération».
Des silences et des contradictions
Dans le concert des déclarations exaltées de ce jour, une voix dissonante, et pas n'importe laquelle va se faire entendre. Godwin Emefiele, patron de la puissante banque centrale du Nigeria et représentant le président Muhammadu Buhari à cette réunion va relever l'impréparation de certains pays, les importantes disparités macroéconomiques qui strient la CEDEAO et l'édulcoration des critères de convergence, passés séance tenante de onze à six. Mais le banquier nigérian va aller plus loin encore et réclamer publiquement que les Etats de l'UEMOA présentent une feuille de route de «dissociation» du trésor public français. Lourds de signification, les propos du gouverneur de la CBN vont pourtant passer à l'époque relativement inaperçus.
Un an et demi plus tard, le 29 juin dernier, les chefs d'Etat de la CEDEAO réunis à Niamey entérinent un régime de change flexible assorti d'un cadre de politique monétaire axé sur le ciblage de l'inflation. Ils retiennent enfin le terme Eco comme nom de la monnaie unique. Cette fois, aucune voix dissonante ne se fait entendre ; puis le 9 juillet 2019, le président Alassane Ouattara va sortir du bois : depuis Paris, le leader ivoirien va déclarer qu'«à terme le franc CFA s'appellera l'Eco». Puis quelques jours plus tard, le 12 juillet lors d'un sommet de l'UEMOA, il va carrément contredire le communiqué de Niamey en assurant que «si l'Eco devait venir à exécution ou à adoption en 2020, il n'y aura pas de changement de parité entre le Fcfa devenu Eco, et l'euro, a déclaré Ouattara. Aujourd'hui, le taux de change de l'euro par rapport au franc CFA est de 655,9, et bien sûr, si les chefs d'État décidaient l'année prochaine de changer le Fcfa en Eco, parce que nous avons respecté tous les critères de convergences, ce taux ne changerait pas dans l'immédiat».
En deux semaines, on est passés d'une monnaie unique avec un taux de change flexible à une monnaie démarrant en 2020 avec la parité fixe entre le CFA actuel et l'euro. Mais il y a aussi les non-dits de Niamey. Le communiqué final aborde explicitement les questions du régime de change, de la politique monétaire et du nom de la monnaie. La convertibilité de cette monnaie avec ses congénères africaines et mondiales ? la politique de gestion des réserves ? Le lieu et le début d'impression de ce nouvel étalon ? Pas un mot. Que cachent tous ces silences et contradictions ?
Un «consensus», à défaut d'une unanimité
La CEDEAO semble en réalité traversée par les luttes d'influence classiques secouant toute construction de zone monétaire commune. Les silences au mieux et les contradictions au pire sur les questions liées au gouvernement de la banque centrale, la fixation de la politique monétaire, la gestion des réserves, l'émission monétaire sont dues aux désaccords désormais publics entre les pays de la zone. Au sein de la CEDEAO, il se dessine un schisme apparent laissant entrevoir deux groupes d'Etats.
D'un côté, le groupe des pays de l'UEMOA ayant le franc CFA en partage. Forts de la stabilité apportée par le très décrié franc CFA, ils sont frileux à l'idée de se lancer dans une aventure bousculant complètement leurs principes monétaires et dominée de la tête et des épaules par le mastodonte nigérian. Ainsi se servent-ils de la condition préalable des critères de convergence. Affirmant être les seuls à les remplir à ce jour, ils tentent de prendre de vitesse le géant nigérian par un démarrage en 2020 avec les principes éprouvés du fonctionnement du franc CFA.
De l'autre côté, le groupe des autres pays de la CEDEAO emmenés par le Nigeria veut imposer ses vues monétaires à l'ensemble. Ils se font forts de l'imposant poids économique et démographique de ce dernier et de leur propre expérience monétaire nettement différente de celle de l'UEMOA. A l'aune de cette lecture, la sortie du gouverneur Emefiele suite à la réunion de février 2018 à Accra s'éclaire d'un nouveau jour. Le géant nigérian ne fait pas confiance à ses pairs de l'UEMOA quant à leur capacité à sortir de la coopération monétaire française structurant le CFA. La monnaie commune supposant entre autres la constitution d'un système commun de réserves géré intrinsèquement, il n'est pas imaginable pour le Nigeria que la frange des réserves communautaires appartenant à l'UEMOA soit pour partie logée au sein du trésor public d'un Etat étranger, qui plus est ancienne puissance coloniale desdits pays. Pilotant de manière autonome sa politique monétaire depuis des décennies avec un taux de change flexible, le Nigeria pèse 73,1% du PIB de l'ensemble de la CEDEAO et ne se laissera pas dicter son attitude dans la construction de cette union monétaire.
L'issue de ce dissensus fait peser un lourd risque d'explosion du projet tant attendu de monnaie unique CEDEAO. Sans au moins la dissociation du trésor public français, l'Eco s'il devait voir le jour se ferait uniquement avec les pays de l'UEMOA. Ce qui serait un changement purement cosmétique du très critiqué franc CFA, laissant les peuples de la zone UEMOA fort marris. Il est de ce point de vue intéressant de constater que la coopération avec le trésor public français est justement la facette la plus attaquée du franc CFA. Les détracteurs de la monnaie de l'UEMOA voient dans cette mesure la preuve de la mainmise française et ce n'est pas un hasard si c'est un des points sur lequel le Nigeria concentre ses exigences.
Qu'auraient à gagner les pays de l'UEMOA à adopter l'Eco tel qu'annoncé à Niamey ? Au niveau de la politique monétaire axée sur l'inflation, aucun changement à venir, car la BCEAO poursuit le même objectif. Le régime de change flexible par contre donnerait de la souplesse aux pays de l'UEMOA enfermés dans un taux de change fixe avec le seul euro. Cela les empêche de s'adapter aux aléas de l'économie mondiale pourtant très influents au vu du profil essentiellement exportateur des pays de la zone.
Tout repose en réalité sur le juste niveau où poser le curseur du taux de change afin que personne ne soit lésé. Cette question sera facilitée par une plus grande convergence des économies de la zone. La dégradation de cette harmonisation ayant été clairement constatée à Niamey, si l'on y rajoute les sourdes luttes d'influence à l'œuvre et les non-dits de cette fameuse réunion, l'on peut affirmer sans beaucoup de crainte que l'Afrique de l'Ouest ne tiendra pas d'Eco entre ses mains en 2020.
par l'éditorialiste de seneplus, elgas
LE BUUR ET LE NGUUR
Frères siamois, les délits d’offense à chef de l’Etat et de blasphème naissent de l’essence divine du pouvoir, la rencontre entre le buur/nguur et l’Etat importé - L’Etat moderne a donné à l’Etat royal tous les moyens d’abus
Il y a chez tous les grands écrivains une part de prophétie. Impérissables, toujours actuels, leurs livres épousent le champ vaste de la postérité. Au Sénégal, plus que tous les autres, Ousmane Sembène avait eu cette intuition, ce soupçon d’avance ; ses livres et ses films restent des tableaux vivants, sans jamais vieillir. Prenez chaque épisode de l’actualité nationale, vous trouverez chez Sembène sinon le remède, à tout le moins, un éclairage. Prenons Xala, 15 ans après les indépendances, El Hadji Abdou Kader Bèye, son personnage central, symbolisait l’arrivée de cette bourgeoisie africaine aux affaires. Ronflante, dépensière, habillée de fastes indus. M. Bèye, héros tragique du film, est un vieux monsieur polygame, un poil libidineux, qui roule à trois femmes, à qui il reste un peu de carburant -pense-t-il- pour envisager une dernière petite berline. Une fois livrée sur son lit, il a du mal à la conduire. Il est impuissant et a le Xala. Voilà l’intrigue ficelée, reste le voyage rédempteur dans le passé. Chassez le traditionnel, il revient au galop, surtout quand le cheval a mal à son membre.
Lui qui dédaignait les traditions va devoir composer avec elles. Lui qui voulait chasser les gueux et autres moignons, pour toiletter les rues au nom du confort des nantis, devra consentir à accepter leurs crachats comme condition de recouvrement de sa virilité. Lui qui adorait les fastes de la ville, devra se résoudre à trouver son salut au village. Personnage duel, tantôt attachant, tantôt exécrable, il symbolisait cet écartèlement entre dite tradition et dite modernité, dont les générations postindépendances offrirent les prototypes les moins exemplaires et dont il était la synthèse.
Xala avec des personnages allégoriques, pressentait une perdition. Il flairait déjà les turpitudes de l’Etat postindépendances, à travers des gouvernants gloutons et irresponsables, qui avaient pourfendu les blancs, pour mieux jouir et colorer leurs tares de négreur. Dans un produit tragique, cela a donné les innombrables dictatures et satrapies qui totalisent plusieurs siècles de règne sur le continent, et dans un produit plus politique, cela repose la question de l’inadaptation de nos Etats aux catégories populaires qu’ils sont censés servir. Autrement dit, à quel Etat, les Sénégalais adhèrent-ils ? A celui des règles, à la bureaucratie rationalisée, au droit, en un mot à une république plurielle et inclusive fondée sur le droit, le mérite et la Nation ? Ou plutôt à un Etat patrimonial, propriétaire de moyens infinis, privilégiant les sacralités et relations communautaires, suscitant la convoitise, fondé sur l’intercession des hiérarques, et manivelle par laquelle les gouvernants jouent avec l’opinion ? Il est à craindre que nous ayons les deux, pas forcément pour le meilleur. La greffe a fait des rejets.
Les lectures de l’arrivée de l’Etat au Sénégal ont la fâcheuse tendance à la faire coïncider avec la colonisation uniquement. Effaçant ainsi un pan de l’histoire nationale du pouvoir, dont tous les attributs pourtant, en firent un Etat à part entière. La royauté qui chapeautait le pays à travers dynasties et empires, a eu le temps de fermenter, de sédimenter, pour ancrer davantage deux notions, trop rapidement écartées des options d’analyse : le buur et le nguur. Ces termes qui désignent le roi et le pouvoir, se confondent en un certain point, en symbolisant la gestion de l’Etat comme celui d’un patrimoine. Si l’Etat moderne est le vernis actuel des institutions, il semble évident qu’il reste une coquille vide, car il n’offre pas un miroir identificatoire à la majorité de la population, qui se dérobe ainsi à son autorité et préfère, le réflexe habituel de ses références. Le crédit et l’allégeance vont à ce réseau premier de socialisation qui suscite les vraies adhésions. Il y a dans la conception du Buur et du Nguur, respectivement, l’idée d’un pouvoir absolu sans contre-pouvoirs, et l’idée de biens infinis à disposition, peut-être, même, dans une interprétation abusive, le lieu des jouissances. Le nouvel Etat, loin de désinstaller l’ancien, le nourrit et inversement. Les deux systèmes n’ont pas fait communier leurs vertus, mais leurs défauts et excentricités. Les populations qualifient leurs droits légitimes de doléances, et l’Etat rachète ses manques par le don. L’Etat hybride ainsi formé, au lieu de s’acquitter de ses devoirs, sentimentalise le pouvoir, en donnant, énergisant ainsi les clanismes, les coteries, en s’appuyant sur un réseau de pouvoirs économiques, culturels, sociaux et religieux, qui sont garants de la distribution, et dont ils bénéficient à condition qu’ils apaisent les velléités de rébellion.
Que les scandales financiers n’émeuvent que peu l’opinion, que des pratiques peu rigoureuses semblent avoir l’assentiment des populations, témoignent de la prévalence de cette conception du pouvoir, où le président revêt, quand il le souhaite, la tunique du buur dont il sait que les habits auront valeur d’immunité. Frères siamois, les délits d’offense à chef de l’Etat et de blasphème naissent de l’essence divine du pouvoir, la rencontre entre le buur/nguur et l’Etat importé. Alors le fait que des joueurs de football millionnaires demandent leur part de festin s’inscrit dans une pratique digérée par les mœurs, où très souvent l’Etat, comme toujours, donne aux riches et prête aux pauvres. L’Etat moderne a donné à l’Etat royal tous les moyens d’abus. Il a professionnalisé la face hideuse de l’informel des rapports de prestation du pouvoir. L’égale dénonciation des causes internes et externes du mal-être national est l’enjeu urgent. Sembène offre en cela une école. A mille lieues du travail intellectuel le plus en vue actuellement, réduit à celui d’un tube digestif : manger, commenter et déféquer. Et souvent, vu la fraicheur des produits, gare à l’intoxication et à la logorrhée.
Cette chronique a été préalablement publiée en novembre 2017 dans le journal Le Quotidien, rubrique Encrages
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est important pour la mémoire historique d'avoir des Guy Marius Sagna qui perpétuent la tradition de lutte authentiquement révolutionnaire du peuple sénégalais - L'article 80 est une honte
Ababacar Sadikh Sall et Aminata Diallo |
Publication 05/08/2019
Mamadou Mao Wane, l'un des premiers Sénégalais victimes de l'article 80 pense que pour la mémoire historique, il est très important d'avoir des Guy Marius Sagna qui perpétuent aujourd'hui l'héritage du mouvement de mai 68. L'éditorialiste de SenePlus, condamne les arrestations de l'activiste et du journaliste Adama Gaye.
"Aujourd'hui, le questionnement de notre démocratie, c'est son approfondissement". Or on voit qu'elle est en train de se raidir et de devenir à la limite réactionnaire avec ses arrestations sous le couvert de l'article 80. C'est déplorable'', regrette-t-il.