Le dôme est devenu un point de repère. Depuis les collines environnantes les yeux reviennent toujours au Convention Centre et à ses centaines de lumières. L’architecture ce lieu circulaire inauguré en 2016 s’inspire de l’irongo, la hutte traditionnelle dans laquelle les rois du Rwanda ont rendu la loi du XIVe siècle jusqu’aux années 1960.
Depuis la terrasse très prisée de la Westerwelle Start-Up Haus (WSH), la vue sur le dôme est imprenable. En octobre 2018, cette association allemande, qui promeut la démocratie et l’économie de marché, a ouvert face au Palais des congrès un espace de cotravail qui héberge une quarantaine de start-up. Le lieu a connu un succès rapide puisque, après quelques mois seulement, Savah Rukundo, community manager de la WSH se félicitait d’« afficher déjà un taux d’occupation de 70 % ». Dans les locaux, répartis sur deux étages, c’est la ruche : les « start-upeurs » s’activent sur leur secteur de prédilection, de la microfinance à l’irrigation des cultures, en passant par l’activité numérique ou la téléphonie mobile.
Incubateur de start-up
Dans ce cadre convivial, où la moyenne d’âge ne dépasse pas 25 ans, un laboratoire de recherche et des imprimantes laser sont à disposition des utilisateurs de l’incubateur. « Nous mettons en place un réseau, des infrastructures et des services pour que les sociétés que nous accueillons se développent », explique Sangwa Rwabuhiri, le directeur général. Dans ce pays d’une superficie comparable à celle de l’Auvergne, on peut créer une société en quelques heures. « Le Rwanda permet de tester des innovations sans prendre de gros risques financiers. Mais si une appli numérique fonctionne ici, on peut espérer qu’elle poursuive son développement à une échelle supérieure dans des pays comme la Tanzanie ou le Kenya. », ajoute-t-il. Et le centre de gravité de cette effervescence est le Palais des congrès, au croisement des districts de Kimihurura et Kacyiru.
C’est là que se concentrent les fleurons de la technologie. A Kimihurura, la start-up Awesomity Lab, qui propose une gamme de services de mobilité, est mondialement connue pour avoir développé un système de gestion de véhicules pour la marque Volkswagen. A deux pas de Kigali Heights, un centre commercial ultramoderne avec ses terrasses, ses restaurants branchés, ses magasins, son supermarché, des hommes d’affaires en costumes parfaits y croisent des étudiants dans une ambiance de campus américain. Car, au sein même du mall existe, depuis 2017, une école de business et de management. « L’African Leadership University, qui compte 600 élèves, forme les leaders africains de demain, assure Gaidi Faraj, le doyen. Le Rwanda séduit de plus en plus et Kigali reflète cette Afrique qui marche ! »
A quelques encablures, dans le quartier de Kacyiru, au sixième étage d’un immeuble cossu se trouvent les locaux de KLab, un espace d’innovation né il y a sept ans. C’est l’incubateur historique du Rwanda, le plus dynamique aujourd’hui encore. « Plus de 200 sociétés sont nées entre ces murs pour chercher des solutions innovantes dans l’agriculture, le transport ou le paiement, assure Aphrodice Mutangana, l’un des fondateurs de la plateforme. On considère que 58 % de la population rwandaise a moins de 25 ans. Ici, on aide ces jeunes : ils viennent avec leurs idées et on les aide à les réaliser. » L’espace KLab est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre et ne ferme qu’un jour dans l’année : le 7 avril.
Domaine d’innovation
Si le Rwanda se tourne vers l’avenir en misant sur les nouvelles technologies, il n’en oublie pas pour autant son passé. Le 7 avril 1994 correspond aux premiers massacres du génocide des Tutsi qui a fait 800 000 morts en trois mois selon les Nations unies. Un quart de siècle plus tard, soit le temps d’une génération, les plaies sont encore vives et la douleur reste présente dans tous les interstices de la société.
Lorsque le Front patriotique rwandais (FPR), emmené par Paul Kagame, libère le pays au bout de trois mois, tous les secteurs de l’économie sont en lambeaux. Au début des années 2000, Kigali décide pourtant de faire de ce pays enclavé, dont les ressources proviennent essentiellement de l’agriculture, un carrefour technologique, un « Singapour africain ». Les autorités fixent une série de plans quinquennaux, dont le premier vise notamment à créer un environnement favorable aux nouvelles technologies. Les suivants permettent l’installation d’un réseau de fibre optique, puis assurent le développement de services afin d’exploiter les technologies du numérique. Une vingtaine d’années plus tard, tous les bus du Rwanda ont un réseau Wi-Fi et les poches de sang sont livrées dans les hôpitaux par des drones. C’est à coups de contrats de performance destinés à fixer des objectifs à la population – dans des domaines aussi divers que le taux de scolarisation, l’adhésion à des mutuelles de santé ou la construction de latrines – que le pays, dirigé d’une main de fer depuis 2000 par Paul Kagame, s’est redressé. Il connaît aujourd’hui l’une des plus éclatantes réussites économiques du continent avec un taux de croissance annuel de l’ordre de 6 %.
Kigali change de visage en permanence. « Des nouveaux quartiers se développent à toute vitesse, d’autres se créent, explique Sangwa Rwabuhiri. Incontestablement, le centre de gravité de la capitale se déplace vers l’est », ce qui interroge sur les abords du Convention Centre. Seront-ils toujours le quartier des start-up dans quelques années ? Rien n’est moins sûr. Kigali, inspirée par lexemple de la Silicon Valley américaine, est en train de construire la plus grande cité de l’innovation d’Afrique. Situé dans une zone économique, le domaine va s’étendre sur 70 hectares pour un budget global de 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros), financé notamment par la Banque africaine de développement (BAD). D’ici deux ou trois ans, la cité accueillera des entreprises des nouvelles technologies et de biotechnologies mondialement connues, entourées de centres commerciaux et de quelques universités.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
RÉPARATIONS !
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi donc les Africains et les Africains Américains ne recevraient-ils pas de réparations pour l’esclavage, le colonialisme et néocolonialisme ?
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 26/07/2019
Le 19 juin dernier le Congrès des Etats-Unis d’Amérique a organisé une session d’information pour discuter de la mise en place d’une « commission » pour « étudier et formuler une proposition en vue de payer des réparations aux Africains Américains » et leur adresser un « pardon formel » du gouvernement des Etats-Unis pour « la violation flagrante des droits humains et le crime contre l’humanité perpétré contre les esclaves africains et leurs descendants ».
60 élus et responsables démocrates dont la présidente du Congrès, Nancy Pelosi et l’ancien vice-président de Barack Obama, M. Joe Biden, ont apporté leur soutien à la proposition de création d’une telle commission.
L’acteur Dany Glover a apporté son témoignage, estimant que des réparations contribueraient à soigner les USA des «méfaits causés et par l’esclavage par les politiques d’exclusion raciale (et sont)…un impératif moral, démocratique et économique».
Cependant, l’initiative n’aboutira certainement pas de sitôt puisque la majorité des Américains, particulièrement des Blancs y est encore opposée.
Selon un sondage du Marist de 2016, 81% des Américains blancs s’y déclaraient opposés. 58% des Noirs y étaient par contre favorables. Le parti Républicain qui contrôle le Sénat en plus de la Maison Blanche est carrément hostile à toute forme de réparations.
Le président du groupe parlementaire Républicain du Sénat, le sénateur Mitch Mac Connell déclarant « ce n’est pas une bonne idée de parler de réparations pour quelque chose qui a eu lieu il y a 150 ans. Aucun d’entre nous n’était vivant alors », prévenant que toute motion législative serait introduite au Sénat sera bloquée. Il n’empêche : il sera difficile désormais de revenir en arrière.
La promesse de réparation qui a été formulée dès le lendemain de la Proclamation de l’Emancipation des Noirs, avec l’engagement du gouvernement des Etats-Unis d’alors jamais réalisée de donner à chaque esclave libéré, « 40 acres de terre et une mule », s’imposera désormais de plus en plus aux Américains.
De même en Afrique : l’idée de réparations pour l’esclavage, la colonisation et le néocolonialisme mise sur la table de l’OUA dès 1991 n’a toujours pas aboutie.
De l’OUA à l’Union Africaine, de la résolution 1339 approuvé par le Conseil des ministres du 27 mai - 1 juin 1991, au Groupe d’Eminentes Personnalités sous l’égide du nigerian Chief MKO Abiola, de la première Conférence panafricaine sur les dédommagements pour l'esclavagisme, la colonisation et la néo colonisation africaine (Abuja, Nigeria du 27 au 29 avril 1993) à la Conférence de Durban (Afrique du Sud, 31 Aout au 7 septembre 2001), l’Afrique s’est révélée incapable de parler d’une seule voix sur la question et de s’imposer.
Malgré l’intervention vigoureuse le 23 septembre 2009, à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies de Mouammar al Qadhafi, en sa qualité de président de l’Union Africaine. Il demande alors que la colonisation soit déclarée crime contre l’humanité et estime le montant des réparations dues à l’Afrique à 77 700 milliards de dollars US. On sait comment il sera assassiné deux ans plus tard.
Depuis, la question des réparations pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme est restée à l’état de vœux pieux.
Ainsi donc, ni la demande de réparations des Etats africains aux Etats européens pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme, ni celle des Africains américains au gouvernement des USA n’a encore abouti.
Pourtant, il y a au moins un précédent récent de réparations, acceptée par l’ensemble de la communauté des nations, c’est celui de l’Etat d’Israël et du Congrès Juif Mondial à l’endroit de l’Allemagne pour la Shoa et les crimes de la 2ème guerre mondiale.
De nos jours, encore des réparations sont payés aux victimes juives du nazisme notamment pour assurer des soins de santé aux survivants de l’holocauste.
La Claims Conference qui s’emploie à l’indemnisation des victimes de l’holocauste a levé pour l’année 2019, un budget de 480 millions d’euros.
Pourquoi donc les Africains et les Africains Américains ne recevraient-ils pas de réparations pour l’esclavage, le colonialisme et néocolonialisme ? Question de rapport de force sans doute !
Peut être bien que si l’Afrique toute entière s’entendait sur la question, si elle intégrait la lutte des Africains Américains à la sienne, nul ne doute que la donne changerait.
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
MADICKE TOUJOURS PRISONNIER DE L’UNIVERS FÉÉRIQUE DE SES FÂBLES POLITIQUES
Si on suit la logique de Madické Niang, les rois d’Arabie Saoudite également seraient « couronnés » par le prophète Muhammad ? Si tel est le cas, ne devrions-nous pas seulement laisser les gouvernants gouverner, puisque c’est Dieu qui les a institués ?
Moustafa Atatürk, fondateur de la Turquie moderne, dans une de ses nombreuses sentences susceptibles d’inspirer la philosophie politique a dit que « l’homme politique qui a besoin des secours de la religion pour gouverner n'est qu'un lâche ! [... ] Or, jamais un lâche ne devrait être investi des fonctions de chef de l’État ». Cette thèse re reflète pas seulement une préférence pour la laïcité de la république, elle nous incite surtout à réfléchir sur la fonction hautement mystificatrice de la religion lorsqu’elle est utilisée comme simple instrument dans l’action politique. On ne comprend pas comment des croyants qui ont librement consenti de vivre dans un État laïc, peuvent, lorsque les enjeux du moment tournent d’une façon qui les dépassent, évoquer la religion comme solution ou comme clé de compréhension de leurs propres turpitudes. Pourquoi n’évoquer la religion que pour des cas particuliers alors qu’elle a une approche holistique de l’existence humaine ?
Les actes et choix politiques dans une république laïque ne peuvent avoir leur fondement que dans une sphère commune à tous les citoyens, à savoir la raison. Si même la compréhension du discours religieux requiert l’usage de la raison, c’est la preuve que les membres d’une communauté humaine se trahiraient eux-mêmes s’ils abdiquaient de cette faculté sous prétexte d’un quelconque décret divin. Même dans un pays réputé théocratique comme l’Iran, le jeu démocratique donne aux citoyens la liberté de choisir leur président. Pourquoi les Iraniens n’économiseraient-ils pas de l’argent en se référant seulement à la sentence de l’imam Khamenei ?
C’est à se demander même si les propos de Madické ne constituent pas une forme de blasphème : dire que Serigne Touba a « élu » tous les présidents Sénégalais, c’est assurément prétendre que pour les dernières élections, la ville sainte de Touba est entrée en contradiction avec la volonté du saint… Si on suit la logique de Madické Niang, les rois d’Arabie saoudite également seraient « couronnés » par le prophète Muhammad ? Si tel est le cas, ne devrions-nous pas seulement laisser les gouvernants gouverner, puisque c’est Dieu qui les a institués ? Rousseau a toujours rétorqué à ceux qui défendent la thèse de l’origine céleste du pouvoir que c’est certes Dieu qui donne le pouvoir, mais c’est lui aussi qui donne la maladie : est-ce une raison pour le croyant de ne pas se soigner en cas de maladie ?
Dans l’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, il y a une phrase dont la portée humaniste est rarement exploitée : « la liberté d’aimer ou de haïr Dieu est l’ultime don de Dieu que nul ne peut enlever à l’homme ». Ce propos inspire la tolérance et la foi en l’homme. Si Dieu n’a voulu faire de nous ni des anges ni des automates ou des animaux, Lui seul en connaît la raison, mais cela doit inciter à la méditation sur notre mission sur terre. L’on devrait donc se demander quelle est, en fin de compte, l’utilité de la raison si pour faire les choses les plus rationnelles et les plus humaines nous devrions attendre le décret divin ? Dieu nous aurait-il donné la raison pour nous la reprendre par on ne sait quelle jalousie ?
En écoutant certains hommes politiques sénégalais parler, on ne peut pas ne pas se demander s’ils sont toujours conscients de la nature du lien qui garantit notre vie en communauté. La communauté nationale est faite de différences qui se subsument dans une unité toujours construite, mais jamais achevée : d’où sa constante et invincible fragilité. Les chapelles religieuses ou confrériques ne peuvent pas, du moins dans un pays dit laïc, avoir un ascendant sur la nation et sur la république. Voilà pourquoi nous devrions être très circonspects dans nos références à ces choses en ce qui concerne la vie politique. Les blessures engendrées par le sentiment d’intolérance ou de mépris de la foi d’autrui sont difficiles à cicatriser et elles se gangrènent très vite.
Heureusement que Madické Niang n’a fait qu’interpréter les propos de son guide religieux, et comme ce n’est qu’une interprétation, d’autres pourraient lui être opposées à condition qu’il ne se sente pas offensé par ces dernières. Mais qui pourrait nous le garantir ? Il faut éviter de chercher à fonder les bases de la compétition démocratique sur les contingences religieuses : ça peut mener à tout sauf à la paix et à la concorde.
GANA GUÈYE, UN LION À PARIS
L’international sénégalais va s’engager la semaine prochaine au PSG. À 29 ans, le milieu d’Everton va amener ses qualités à la récupération et un état d’esprit irréprochable
Thiago Motta a enfin un successeur. C'est du moins ce qu'espère le PSG après avoir très longtemps cherché la perle rare et s'être trompé plusieurs fois à ce poste (Stambouli, Diarra, Paredes…). Le club de la capitale va accueillir Idrissa Gueye, milieu défensif sénégalais de 29 ans. Everton et le PSG s'étaient entendus mardi dernier sur les grandes lignes d'un transfert pour un montant estimé à 32 millions d'euros (M€), comme nous l'avons dévoilé . Il a été concrétisé ce jeudi, comme l'a confirmé L'Équipe.
Il reste encore quelques étapes à régler avant que le Lion de la Téranga s'affiche avec la tunique parisienne, qu'il aimerait faire floquer « Gana », son deuxième prénom, comme à Everton et au Sénégal. Des points administratifs sont encore en discussion, notamment sur la durée du contrat, qui devrait être de quatre années et une supplémentaire en option, voire cinq directement comme le souhaiterait le récent finaliste de la Coupe d'Afrique des nations .
Le joueur devra aussi faire un aller-retour à Paris pour passer sa visite médicale. La date n'a pas encore été fixée, les choses se débloqueront logiquement la semaine prochaine pour permettre à Everton de se retourner, alors que le mercato anglais s'achève le 8 août. Le club de Liverpool avance sur des pistes françaises : Adrien Tamèze (Nice), Lucas Tousart (Lyon) et Jean-Philippe Gbamin (Mayence).
Sa date de reprise n'est pas connue
Idrissa Gueye, qui a terminé la CAN par une défaite en finale contre l'Algérie (0-1) le 19 juillet, est actuellement en vacances à Dakar. S'il est très motivé par le projet parisien, il attend aussi avec impatience sa signature dans un club qu'il pensait rejoindre l'hiver dernier. Dans les dernières heures du mercato, Antero Henrique n'avait pas accéléré sur ce dossier que Thomas Tuchel souhaitait absolument boucler. Le nouveau directeur sportif Leonardo va cette fois donner satisfaction à son entraîneur allemand.
La dernière CAN et l'annonce de ce transfert imminent suscitent une très forte attention dans la capitale sénégalaise. Certaines sorties du milieu de terrain avec ses proches ont donné lieu à des attroupements de plusieurs dizaines de supporters. La date d'arrivée au camp des Loges de Gueye n'est pas encore connue. Elle devrait se situer au plus tard le 12 ou le 13 août, après trois semaines de congé. En Premier League la saison dernière, Gueye a terminé 6e joueur en termes d'interceptions (74) et deuxième meilleur tacleur (142 tacles réussis), selon les données du site spécialisé WhoScored. Le genre de qualités que recherchait le PSG pour stabiliser son milieu de terrain. Le joueur va redécouvrir la Ligue des champions qu'il n'a plus disputée depuis 2012, avec Lille.