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12 septembre 2025
Par Bachir FOFANA
1,3 MILLION DE PERSONNES EN SITUATION D’INSECURITE ALIMENTAIRE
La campagne de commercialisation de l’arachide a timidement démarré. Deux semaines après son lancement officiel, l’arachide est introuvable (Cf, la Une du Quotidien du mercredi 18 novembre 2024)
La campagne de commercialisation de l’arachide a timidement démarré. Deux semaines après son lancement officiel, l’arachide est introuvable (Cf, la Une du Quotidien du mercredi 18 novembre 2024). En témoigne, à Ziguinchor, par exemple, la Sonacos qui annonce avoir collecté 380 tonnes sur un objectif compris entre 80 et 100 mille tonnes. A Tambacounda, dans une partie de la région de Kolda, ainsi que dans la zone centre, notamment Kaolack, Fatick et Kaffrine, la campagne est pour le moment jugée morose. Peu de points de collecte sont fonctionnels dans ces régions du Sud-est et du bassin arachidier. Un ami habitant à Nioro m’a dit : «Bachir, nous à Nioro, quartier Nouroulaye, tout agriculteur qui avait 1000 kg l’année dernière, cette année tu as au maximum 200 kg avec les mêmes surfaces cultivées. Notre famille avait l’an dernier 3000 kg ; cette année, on a eu 500 kg. Chez mon oncle, il avait 4600 kg, cette année, ce sont 1300 kg.» Et l’ami de conclure : «En tout cas, mon intime conviction est que si le pays dépasse 500 000 tonnes, ça me surprendra.» Un autre ami, plus pessimiste, prédit que «nous n’allons pas atteindre les 300 000 tonnes d’arachide». «J’ai semé 250 kg de graines d’arachide et je n’ai récolté que 4 sacs», ajoute-t-il.
Pourtant, le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, annonce une production de l’ordre de 700 à 800 mille tonnes d’arachide. C’est la pire production depuis 10 ans. L’on retiendra que l’année dernière, le Sénégal avait produit 1, 5 million de tonnes d’arachide. Chiffre que le ministre de l’Agriculture a rejeté parce qu’étant des «chiffres falsifiés sous Macky Sall». Si Ousmane Sonko conteste les chiffres de la dette et du déficit budgétaire, normal que son ministre de l’Agriculture accuse ses collaborateurs d’avoir fourni de fausses statistiques agricoles.
Au regard de la baisse drastique de la production arachidière (malgré un prix au producteur théoriquement plus rémunérateur de 305 francs Cfa contre 280 l’année dernière), qu’en est-il de la production céréalière ? Pour l’instant, les chiffres de la production céréalière ne sont pas officiellement annoncés. C’est comme si Mabouba Diagne cherchait à cacher à l’opinion les (mauvais ?) résultats de son département. L’on se rappelle qu’à sa nomination, volontariste, Diagne annonçait des «productions record» pour cette campagne, à grand renfort de communication tapageuse et de propagande populiste, avec en sus l’intervention de l’Armée dans la distribution des intrants. En effet, à cette période de l’année, le chiffres de la campagne agricole sont disponibles et font même l’objet d’une communication en Conseil des ministres, ou tout au moins en Conseil interministériel de préparation de la campagne de commercialisation. Mais face à la mauvaise qualité des semences et de l’engrais, de la pluviométrie qui a subi de longues pauses qui ont impacté les récoltes, et surtout le débordement du fleuve Sénégal, les résultats agricoles s’annoncent «très mauvais», d’après des spécialistes du secteur. Souhaitons qu’à l’heure du bilan, le ministre Mabouba Diagne ne fasse pas comme son collègue qui invoquait «l’hivernage des autres» pour justifier les carences de l’Etat dans la lutte contre les inondations.
94 197 personnes à secourir d’urgence
Déjà au mois d’octobre ou à tout le moins dans la première semaine du mois de novembre, les experts du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss) se retrouvent pour travailler avec les services de la statistique agricole afin de consolider et confirmer les résultats. Mabouba Diagne cache-t-il aux Sénégalais que nous allons vers des périodes difficiles à cause de la mauvaise production agricole de cette année ? D’après des spécialistes du Cilss, nous risquons d’avoir 1, 3 million de Sénégalais en situation d’insécurité alimentaire «critique à pire» entre mai, juin et juillet 2025 !
D’après des données non encore publiées, 1 334 132 personnes seront dans une situation d’insécurité alimentaire de niveau 3, c’est-à-dire de la phase 3 à 5 dans le classement du Cadre harmonisé du Cilss. Et 94 197 personnes, principalement localisées dans les départements de Tambacounda et Koumpentoum, seront même dans la phase 4 d’urgence. En détail, le département de Podor arrive en tête avec 147 756 (29%) cas d’insécurité alimentaire critique, suivi de Tambacounda 104 347 (23%), Matam 102 342 (25%), Kanel 86 730 (24%), Goudiry 46 355 (25%) et Malem Hodar 33 293 (23%).
En comparaison à l’année 2023, la «situation alimentaire (était) meilleure que celle de novembre 2022. Par rapport à novembre 2022, la proportion de personnes en sécurité alimentaire (phase minimale) en novembre 2023 a augmenté de 15%, passant de 68 à 83%. Celles en insécurité alimentaire modérée (sous pression) ont diminué de 12%. La population en insécurité alimentaire sévère (phase crise à pire) connaît également une baisse de 3%». En effet, d’après le Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se/Cnsa), seules 846 467 personnes étaient concernées par l’insécurité alimentaire modérée. Et d’ajouter : «Contrairement à l’analyse de novembre 2022, aucun département n’a été déclaré en crise pour la période courante de l’analyse du Ch du mois de novembre 2023. L’amélioration de la situation alimentaire en novembre 2023 est imputable à une bonne production agricole. Les résultats provisoires de la campagne agricole 2023-2024 ont montré au plan national, une hausse de 16% de la production céréalière par rapport à la campagne 2022-2023 et de 29, 8% par rapport à la moyenne des 5 dernières années au plan national. Concernant les cultures de rente, la production arachidière a augmenté de 12, 5% par rapport à la campagne écoulée et de 3, 2% par rapport à la moyenne quinquennale. Par rapport à la campagne 2022-2023 et à la moyenne des 5 dernières années, la production de niébé a haussé respectivement de 42, 2% et 6, 8%.»
Le Cadre harmonisé, l’outil fédérateur de collecte de données
Faut-il le rappeler, le Cadre harmonisé est un outil fédérateur des Etats membres de la Cedeao confié au Cilss. Tous les partenaires sont d’accord pour l’utiliser comme seul outil qui permette de faire une méta-analyse des données existantes, estimer les populations qui sont en insécurité alimentaire pendant la phase courante et la phase projetée. Par phase courante, il faut comprendre l’analyse du Cadre harmonisé aux mois d’octobre, novembre et décembre. Par phase projetée, il faut comprendre la projection sur la période juin, juillet et août de l’année en cours.
Et dans chaque pays, une structure assure l’ancrage institutionnel avec le Sap (Système d’alerte précoce). Au Sénégal, c’est le Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se/Cnsa) qui assure la coordination de la mise en œuvre du Cadre harmonisé. Et qui, à son tour, coordonne toutes les organisations, les structures qui interviennent dans le domaine (structures étatiques, Ong). En clair, ce n’est pas le Sap qui s’isole pour faire ses données, mais bien en coordination avec tous les intervenant que les résultats sont élaborés. Pour conduire l’analyse, c’est de manière ouverte. Il y a les données des enquêtes de sécurité alimentaire (Pam, Save The Children…) et les données de la production agricole. L’analyse est faite par unité administrative. La plus reconnue est le niveau département pour le Sénégal, ou province pour d’autres pays. Les données sont analysées selon 5 nivaux de sévérité alimentaire et nutritionnelle. Le premier niveau, c’est la phase minimale, quand plus de 80% de la population ne présentent pas des difficultés en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle. La phase 2, appelée «phase sous pression» ou «phase stress», c’est quand le ménage arrive à couvrir ses besoins alimentaires et nutritionnels en faisant preuve de stratégies d’adaptation. Cela représente 20% de la population. La troisième phase, c’est la phase critique, et il y a un problème de sécurité alimentaire car les ménages arrivent difficilement à couvrir leurs besoins de consommation. Généralement, c’est à partir de cette phase qu’on arrive à déceler la malnutrition chez l’enfant. La phase 4 correspond à la phase urgence. La dernière phase, c’est la phase catastrophique alimentaire. C’est quand tout est épuisé, avec des taux de malnutrition assez élevés.
«La production agricole a chuté, notamment les céréales»
C’est dire que la situation d’1, 3 million de Sénégalais compris entre les phases 3 et 4 en alerte plus d’un. D’après certains experts du secteur agricole, c’est un euphémisme de dire que la production est très mauvaise. «C’est une situation un peu difficile. Ça fait longtemps que je n’ai pas vu des chiffres comme ça au Sénégal.
C’est une situation d’insécurité alimentaire aiguë», dit l’un des experts avec qui nous nous sommes entretenus. «1, 3 million de personnes avec 74 000 en urgence, c’est quelque chose qui peut faire tiquer pour des gens qui ont l’habitude de voir des situations minimalistes pour le Sénégal», ajoute un autre. «Ce qu’on a compris, c’est que cette année, il y a les inondations ordinaires et la montée du fleuve Sénégal comme causes de cette situation. La deuxième raison, c’est la baisse de la production agricole. La production agricole a chuté, notamment les céréales», explique notre interlocuteur. Dommage que ces explications ne viennent pas d’un service officiel du gouvernement.
L’insécurité alimentaire correspond au fait de ne pas avoir accès de manière régulière à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante. Et l’année dernière, l’assistance alimentaire de l’Etat et de ses partenaires a été déterminante. Durant la soudure de 2023 (juin-juillet-août), le Programme alimentaire mondial (Pam), l’Ong Action contre la faim (Acf) et le Fonds de solidarité nationale (Fsn) ont mobilisé 4 334 360 000 F Cfa pour venir en aide aux populations, à travers la distribution de cash. Par le biais de la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpsn), l’Etat du Sénégal est venu en aide à 368 591 ménages entre mai et septembre 2023 pour un montant de 32 447 200 000 F Cfa à travers les projets de filets sociaux.
L'ETAT EN MODE INSPESCTEUR
Sur la base constitutionnelle qui reconnait le peuple comme propriétaire des ressources naturelles, l’Etat a engagé l’audit financier des 14 entreprises minières qui ont contracté avec les pouvoirs publics.
Le portefeuille de l’Etat sénégalais dans les sociétés minières opérant sur le territoire national « n’est pas valorisé ». Et c’est pour y remédier que la Société des mines du Sénégal (SOMISEN) a lancé l’audit financier de 14 entreprises du secteur. « En raison de certaines pratiques conventionnelles et financières, l’Etat n’a jamais perçu de dividendes dans la plupart des sociétés minières concernées », indique un communiqué de la structure étatique en date du 19 décembre 2024. Au mieux, le Trésor « perçoit des montants insignifiants par rapportas niveau des richesses générées par les exploitations minières », précise la même source.
L’audit financier lancé par la SOMISEN concerne 14 sociétés minières que sont : Sabodala Gold Opérations (SGO), Petowal Mining Company (PMC) SA, Soren-Mines, Afrigold, Managem/ BOTO SA et Makabingui Gold Operations (MGO). Celles-ci opèrent dans l’exploitation de l’or.
Les Industries Chimiques du Sénégal (ICS), Baobab Mining and Chemical Corp SA et Société Minière de la Vallée du Fleuve Sénégal interviennent dans les phosphates. Seule Grande Côte Operations travaille dans le secteur du zircon.
Ciments de l’Afrique (CIMAF) et Dangote Industries Sénégal SA (Dangote) sont spécialistes du calcaire. La société Sénégal Mines exploite l’attapulgite tandis que la Société des Mines de fer du Sénégal Oriental (MIFSERSO) s’occupe du fer.
La MIFERSO est la seule entreprise où les parts de l’Etat atteignent 98 %. Dans les 13 autres, elles restent scotchées à 10 %, indique le communiqué.
C’est de la loi que la SOMISEN tire les pouvoirs qui lui permettent de mener cette mission d’audit. Outre la gestion des participations de l’Etat dans les entreprises minières, elle est également chargée de mettre en application les décisions et orientations de l’Etat « en ce qui concerne la stratégie des sociétés minières. »
« L’évaluation régulière de la valeur de la participation de l’Etat dans les sociétés minières » fait aussi partie de ses missions. D’où, depuis juin 2024, son travail d’« analyse approfondie de l’Etat des actions détenues par l’Etat dans les entreprises minières » qui a abouti au lancement de l’audit financier.
« Une correspondance a été adressée á toutes ces sociétés pour assurer la transmission diligente des documents » demandés par les auditeurs, indique la SOMISEN.
« A la fin du processus, le premier rapport d’évaluation de la valeur de la participation de l’Etat dans les opérations minières sera adressé aux autorités », ajoute le document. « Ce rapport sera accompagné de recommandations stratégiques pour une gestion rentable du portefeuille minier de l’Etat et une gouvernance responsable des ressources minérales au profit du peuple souverain, conformément à l’article 25-1 de la Constitution qui dispose que :’’les ressources naturelles appartiennent au peuple’’. »
UN DERBY- US GOREE-JARAAF, UN CLASSIQUE EN VEDETTE
Le classique dakarois qui oppose l'US Gorée et le Jaraaf sera en vedette de la 9eme journée de Ligue 1 qui s’ouvre ce samedi avec quatre rencontres.
Le derby entre l’Us Gorée et le Jaraaf sera le duel au sommet de la 9eme journée qui se joue ce week-end. Leader du championnat avec 17 points, le club insulaire tentera de consolider son fauteuil. Ce sera face à des « Vert et Blanc », soucieux de recoller au peloton de tête après le coup de frein subi aussi bien en championnat qu’en compétition africaine.
Le classique dakarois qui oppose l'US Gorée et le Jaraaf sera en vedette de la 9eme journée de Ligue 1 qui s’ouvre ce samedi avec quatre rencontres. Hôte de ce duel, le club insulaire avec 17 points, cherchera lundi en clôture de la journée, de conforter sa première place qu’il garde depuis 3 journées. Ce sera face à une équipe « Vert Blanc » ralentie aussi bien lors des deux précédentes journées mais aussi en Ligue des champions avec une défaite et deux matchs nuls.
Les « Vert et Blanc » (4e, 12 pts) seront donc sans doute déterminés pour engranger de précieux points leur permettant de se repositionner sur le podium. Même si, comme d’autres équipes de Ligue 1, la formation de Malick Daff a été amputée de sa force de frappe avec les absences de son buteur Almamy Mateuw Fall, de Moctar Koita, Ababacar Sarr ou encore de Makha Ba, qui ont été mis à la disposition de l’équipe nationale locale pour les besoins du match Sénégal- Libéria de ce dimanche.
Dauphins des Goréens, les Rufisquois de Teungueth FC (2e, 13 pts) se déplacent le lendemain dimanche au stade Alassane Djigo où ils feront face à l’As Pikine. Une équipe pikinoise (14e, 7 pts) qui, devant son public, aura une bonne occasion de se dégager de sa position de première équipe relégable.
Auteur d’un début de saison, le promu Wallydaan de Thiès (3e, 13 pts) voudra également garder le cap et sa bonne tenue face Guédiawaye FC (8e, 10 pts) qu’il accueillera au stade Lat Dior. Le stade Thiessois sera le lendemain dimanche le théâtre du duel des académiciens entre Génération Foot (12e, 7 pts) et Dakar Sacré-Cœur (5e, 12 points). Après le précieux succès obtenu en déplacement face à la Linguère de Saint- Louis, la Sonacos de Diourbel (6e, 12 points) aura à cœur d’enchaîner sur sa pelouse du stade Ely Manel Fall où il accueillera les promus Rufisquois d’AJEL (9e ; 9 points).
Au stade municipal de Ngor, l’US Ouakam (10e, 9 pts) reçoit ce dimanche, le promu Oslo FA de Grand Yoff (11e, 8 pts). Confinée dans sa position de premier relégable, la Linguère de Saint- Louis (15e, 5 pts), va s’employer, à se relancer en rendant visite au promu ASC HLM (7e, 11 pts). Le Casa Sport qui flirte avec la zone de relégation, (13e, 7pts) va de son côté faire le voyage au stade Massène Sène où il affrontera ce samedi le Jamono Fatick, lanterne rouge (16e, 4 pts)
PROGRAMME 9E JOURNÉE (16H30)
SAMEDI 21 DÉCEMBRE
Stade Massène Sene
Jamono Fatick-Casa Sports
Stade Ely Manel Fall
Sonacos-AJEL de Rufisque
Stade Lat Dior
Wallydaan-Guédiawaye FC
DIMANCHE 22 DÉCEMBRE
Stade Lat Dior
Génération Foot- Dakar Sacré-Cœur
Stade Alassane Djigo
AS Pikine-Teungueth FC
Stade municipal HLM
ASC HLM-Linguère
Stade municipal de Ngor
US Ouakam-Oslo F.A
LUNDI 23 DÉCEMBRE
Stade Djaguily Bagayoko
US Gorée-Jaraaf
LES LIONS À L’ASSAUT DE LA LONE STAR
L’équipe nationale locale de football du Sénégal engage demain dimanche à Monrovia, la double confrontation qui l’oppose à celle du Libéria dans le cadre du dernier tour des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025
L’équipe nationale locale de football du Sénégal engage demain dimanche à Monrovia, la double confrontation qui l’oppose à celle du Libéria dans le cadre du dernier tour des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025 coorganisé du 1er au 28 février 2025 par le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Exempté au premier tour en raison de leur statut de champion d’Afrique et sans compétitions, la sélection locale devra se transcender pour ramener un résultat positif. En attendant de valider le 28 décembre à domicile la qualification et de poursuivre l’ambition d’aller défendre son trophée remporté en 2022.
Le Sénégal sera demain dimanche à Monrovia, au Libéria pour le compte de la manche aller du dernier tour des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025 coorganisé du 1er au 28 février 2025 par le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Exemptés du premier tour en raison de son statut de champions d’Afrique en titre,
Les Lions locaux abordent un tournant crucial face à la Lone Star. Surtout pour une équipe qui n’a, jusqu’ici, le moindre match amical avec une sélection nationale. Même si elle peut se prévaloir d’un stage de préparation de trois mois, du reste largement suffisant, l’équipe locale du Sénégal peut souffrir d’un manque de compétitions.
L’entraîneur Souleymane Diallo devrait trouver la bonne alchimie et cette cohésion lui permettant de franchir l’obstacle libérien. « On travaille dur pour avoir une formation compétitive », avait promis le technicien, conscient qu’il faudra s’armer de prudence et détermination face à cette adversaire qu’il a eu à étudier lors de son match du premier tour contre la Sierra Leone. Avec Moctar Koité, vainqueur du dernier CHAN, Almamy Mateuw Fall, auteur de bons débuts avec le Jaraaf, Serigne Fallou champion d’Afrique U17 avec le Sénégal, Mamadou Soumaré, actuel meilleur buteur de Dakar Sacré-Cœur, la sélection regorge des bonnes individualités pour s’imposer et prendre une bonne option à Monrovia, la capitale du Libéria.
Le match retour est prévu le 28 décembre au stade Abdoulaye Wade à Diamniadio. Une occasion de terminer le travail et aller défendre le titre continental. Pour rappel, le Sénégal avait éliminé la même équipe du Liberia en 2022 au dernier tour avant d’aller épingler son premier CHAN en Algérie.
Par Abdoulaye DABO
PAPE THIAW A L'ABATTOIR DES COUPES SOMBRES
On pensait que le choix du nouveau sélectionneur national ne serait qu'une simple formalité à remplir. Juste une mise forme entre la fédération sénégalaise de football et le ministère des Sports. Le discours de Nala Soce Fall, a été sans ambages
On pensait que le choix du nouveau sélectionneur national ne serait qu'une simple formalité à remplir. Juste une mise forme entre la fédération sénégalaise de football et le ministère des Sports. Comme un dossier bien ficelé qui passerait comme lettre à la poste. Comme un prétendant en roue libre. Mais à présent, on a l'impression d'être devant un nœud avec encore quelques fils à dénouer. Des monticules brusquement apparues à contourner. Pape Thiaw devrait se préparer à des coupes sombres en ce qui concerne son traitement salarial. Le discours de Nala Soce Fall, conseiller technique de la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, a été sans ambages. Au cours de sa dernière sortie dans Galaxie Sports sur la RTS, il a affirmé que Pape Thiaw, choix fédéral à l'unanimité, à la faveur d'une réunion de son comité exécutif, nanti d'une caution populaire, ne saurait prétendre au même traitement que son prédécesseur.
Pour le même job avec le même volume de travail et soumis aux mêmes contraintes, le nouveau prétendant devrait revoir ses prétentions à la baisse à l'échelle des valeurs. À moins de rejoindre ceux-là qui pensent que le Malawi, le Burundi et le Burkina sont des dos d'ânes qu'on a pris pour de vrais podiums. C'est tout un enthousiasme populaire qui est ainsi brisé suite à ces propos de Nala Fall qui enveloppent subtilement les vraies intentions du ministère des Sports. Pape Thiaw est ainsi placé, malgré lui, entre deux feux. D'un côté, une Fédération de football acquise à la cause de l'intérimaire qui a lui a taillé des critères sur mesure et lui a déroulé le tapis rouge. Au cours de dernière réunion du ComEx qui s'est penchée sur le dossier, il y a eu un unanimisme autour du dossier de Pape Thiaw. De l'autre, un accueil plus ou moins différent qui contraste d'avec l'enthousiasme que cette candidature a soulevé dans les milieux sportifs. Si ce n'est pas encore un grand fossé entre l'attente et la désillusion, l'existence d'une prochaine fissure ne fait l'objet d'aucun doute. Celui qui fait office de potentiel successeur de Aliou Cissé n'est pas encore totalement adoubé du côté du département ministériel. Il est encore loin du chemin qui mène sur le banc. Il devait franchir un obstacle un futur gros obstacle. Celui lié à son traitement financier. Le conseiller technique de la ministre prône un traitement graduel en fonction des résultats dans un souci d'équité entre les disciplines. Une attitude qui pose la question entre le poste et le statut, entre le profil et le rang. Plus qu'un simple poste, c'est tout un statut pour son rôle et son importance qui lui confèrent de facto, un standing digne du nom avec tous les avantages qui s'y attachent. En lui assignant des objectifs à atteindre, le département des Sports s'engage en même temps à participer à l'atteinte de ces objectifs. Le choix d'un entraîneur national, au-delà de son caractère purement technique, revêt aussi d'autres critères tout aussi importants pour lui créer un environnement propice à la performance. Notamment, l'aspect image qui inclut tous les avantages liés à l'exercice correct de son travail. Le Sénégal n'était pas classé au rang des pays qui payaient le mieux leur sélectionneur. Nos coaches étaient plutôt des « smicards » sur le continent. De là, à s'attendre à de nouveaux coupe- sombres, on ne semble pas faire dans la vraie rupture.
Par Abdoulaye DABO Journaliste
VERS UN PROTOCOLE D’ACCORD ENTRE LE PUMA ET L’ANRAC
Une réunion technique entre le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires Frontaliers (PUMA) et l’Agence Nationale pour la Relance des Activités Économiques et Sociales en Casamance (ANRAC) s’est tenue hier, jeudi 19 décembre 2024
Une réunion technique entre le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires Frontaliers (PUMA) et l’Agence Nationale pour la Relance des Activités Économiques et Sociales en Casamance (ANRAC) s’est tenue hier, jeudi 19 décembre 2024, à Ziguinchor. Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre d’une démarche concertée pour le développement intégré des territoires frontaliers et la relance économique en Casamance, vise à poser les bases d’un protocole d’accord pour harmoniser les interventions et contribuer au développement socio-économique de la zone sud.
Avec ses équipes, le Coordonnateur national du PUMA, Dr Ndeye Marième Samb, a présidé hier, jeudi 19 décembre 2024, une réunion à Ziguinchor. Cette rencontre tenue avec les responsables de l’Agence Nationale pour la Relance des Activités Économiques et Sociales en Casamance (ANRAC), vise à poser les bases d’un protocole d’accord pour harmoniser les interventions et contribuer au développement socio-économique de la zone sud.
L’AMELIORATION DES CONDITIONS SOCIOECONOMIQUES EN CASAMANCE
Le premier axe de collaboration identifié par les deux parties porte sur l’amélioration des conditions de vie des personnes déplacées de retour dans leurs localités en Casamance et la relance des activités économiques. Les deux parties ont mis l’accent sur le ciblage des zones d’intervention prioritaires afin d’identifier les bénéficiaires les plus vulnérables. Elles prévoient également la mise en place de projets économiques structurants, adaptés aux réalités locales et axés sur la création d’emplois durables. Cette dynamique vise à répondre aux attentes des communautés locales et à impulser une croissance inclusive dans cette région en proie aux conflits.
LE RENFORCEMENT DE LA SECURITE ET DE LA MOBILITE
La mobilité et la sécurité des populations ont été au cœur des discussions. Parmi les initiatives envisagées, on note l’identification des pistes de désenclavement pour faciliter l’accès des populations aux services sociaux de base et aux marchés. Le programme PUMA ambitionne l’établissement de pièces d’état civil pour les populations retournées à leurs foyers et leurs familles, afin de leur garantir une intégration sociale et administrative effective. Le développement d’une ingénierie sociale, en collaboration avec l’ANRAC, accompagnera les processus de réintégration et de stabilisation des populations. Ces actions visent à consolider la paix et à favoriser un environnement sécurisé et propice au développement.
L’OPTIMISATION ET LE SUIVI DES INTERVENTIONS
Pour assurer une mise en œuvre efficace et mesurable des initiatives, un accent particulier sera mis sur la création d’une base de données permettant le suivi des conditions socioéconomiques des populations et des ménages retournés. Le programme PUMA veut appuyer l’ANRAC dans la mise en place d’une cartographie des domaines d’intervention des acteurs dans les zones de retour. La capitalisation et la diffusion des meilleures pratiques permettront de promouvoir des solutions innovantes et adaptées. Aussi, les deux parties vont mettre en place une stratégie de communication efficace pour sensibiliser les parties prenantes et les populations cibles afin de susciter leur adhésion.
LA COLLABORATION PUMA-ANRAC EST PORTEUSE D’ESPOIR
Cette rencontre technique, tenue dans les locaux de l’ANRAC, est une étape décisive dans la collaboration entre le PUMA et l’ANRAC. Les deux structures ambitionnent, à travers ce futur protocole d’accord, de poser les bases d’un développement durable et harmonieux en Casamance, en réponse aux attentes des populations déplacées.
LES ACTEURS DU FONCIER FIXENT LEURS REGLES
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a promis une réforme du foncier. Les acteurs réunis autour du Cadre de réflexion et d’actions sur le foncier au Sénégal (Crafs) y travaillent
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a promis une réforme du foncier. Les acteurs réunis autour du Cadre de réflexion et d’actions sur le foncier au Sénégal (Crafs), ont tenu un atelier hier, vendredi 20 décembre 2024, pour réfléchir sur les mesures qui devront être prises pour une bonne gouvernance foncière. Le Crafs s’est dit inquiet face à la marchandisation du foncier et a plaidé pour des droits d’usage..
Les nouvelles autorités ont promis d’initier des réformes en matière foncière. Les acteurs y travaillent. Lors d’un atelier tenu hier, vendredi 20 décembre 2024, le Cadre de réflexion et d’actions sur le foncier au Sénégal (Crafs), a tracé la voie pour une réforme foncière aboutie. Selon son président, Babacar Diop, «il faut une harmonisation de toutes les politiques foncières qui ont été prises dans le passé». Mieux, ajoute-t-il, la participation locale est nécessaire pour une gestion rationnelle du foncier. Pour le président du Crafs, la réforme foncière devrait être faite en évitant la marchandisation des terres pour que les communautés ne soient pas dépossédées de leur bien. Le Crafs souhaite aussi des investissements infrastructurels dans les cultures irriguées et pluviales. La diversification des cultures et la cohabitation entre le pastoralisme et l’agriculture doivent être promues. Babacar Diop en appelle à une correction des incohérences notées dans le découpage administratif.
L’expert foncier Kader Fanta Ngom d’ajouter à ces propositions : «le Crafs maintient les fondamentaux de la loi sur le Domaine national. C’est de donner des droits d’usage pour éviter la commercialisation du foncier, donner la compétence de la gestion foncière aux collectivités territoriales, mais également renforcer les pouvoirs des communautés locales dans le processus de la gouvernance foncière». Pour lui, il n’y a pas une vraie réforme foncière au Sénégal car l’essentiel des terres est encore régi par la loi sur le Domaine national qui date du 17 juin 1964. Mieux, les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, n’ont pas réussi à engager des réformes foncières abouties.
Selon le Directeur des Collectivités territoriales, Arona Ba, «pour répondre aux défis actuels et futurs liés à la politique de gouvernance territoriale, l’Etat va impulser une grande réforme de la décentralisation, en capitalisant l’existant en général et la gestion du foncier en particulier, pour favoriser les conditions de mise en place d’une reforme foncière inclusive et participative, basée sur les principes de transparence, de justice, d'équité́ et de consensus». Mieux, juge-t-il, «dans l’option de l’Etat à privilégier le territoire, avec l’objectif de promouvoir un développement endogène, le foncier s’impose comme un enjeu central, et les questions liées à sa gestion sont nombreuses et complexes».
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a annoncé une nouvelle réforme foncière afin de mieux contrôler l’octroi des terres, lors d’une conférence de presse tenue le 13 juillet 2024. Pour éviter les conflits fonciers récurrents en milieu rural. «Au nom du Domaine national, des populations qui cultivent des terres depuis des générations ne peuvent pas avoir de titres de propriété pour prétendre à un prêt bancaire pour les mettre en valeur. Au même moment, des gens puissants accaparent ces terres, se font établir des titres de propriété, qu’on refuse pourtant aux autochtones, sous prétexte qu’elles ne sont pas exploitées. Bien sûr que si vous passez dans ces zones en saison sèche, vous ne trouverez rien, parce que les paysans, des exploitants familiaux, n’ont pas d’eau pour les mettre en valeur, ils attendent l’hivernage. Donc, ne serait-il pas plus judicieux de s’associer : l’agrobusiness apporte le financement et les ruraux la terre et la main d’œuvre. Ce qui arrangerait toutes les parties et éviterait des conflits fonciers», avait-il dit.
LE MINISTERE DE LA SANTE LANCE UN MANUEL DE PROCEDURES
Afin de faire face aux risques sanitaires, le ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) a élaboré un manuel de procédures pour la sécurité́sanitaire du Pèlerinage, dans une approche multisectorielle
Afin de faire face aux risques sanitaires, le ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) a élaboré un manuel de procédures pour la sécurité́sanitaire du Pèlerinage, dans une approche multisectorielle. La présentation de ce manuel a eu lieu hier, vendredi 20 décembre à Dakar.
Le Haji, cinquième pilier de l'Islam, est l'un des rassemblements humains de masse les plus importants à travers le monde. Des millions de personnes provenant de tous les pays se regroupent pour une période limitée n'excédant pas les 40 jours afin d'accomplir le rite du Hajj. Pour le directeur général de la santé, Dr Ousmane Cissé, en 2025, près de 12 860 pèlerins sénégalais vont s'y rendre.
« La couverture sanitaire de cette population nécessite une organisation toute particulière concernant notamment des aspects administratifs, religieux et sanitaires. Une préparation rigoureuse précède le départ des pèlerins, à travers la communication, les visites médicales d'aptitude et la vaccination. Une équipe de professionnels de soins assure la couverture sanitaire aux lieux saints de l'Islam et la surveillance de l'état de santé des pèlerins jusqu'à leur retour », a déclaré Dr Cissé. Pour mieux prendre en charge la santé des pèlerins, le ministère de la santé et de l’action sociale a élaboré un manuel de procédures pour la sécurité sanitaire du Pèlerinage. Pour Docteur Mamadou Moustapha Diop, directeur de la maladie au sein du ministère de la santé et de l’action sociale (Msas) : « ce manuel est tout simplement un référentiel, c'est un document qui permet aux professionnels de santé, mais qui permet également aux missionnaires qui vont accompagner nos pèlerins, de pouvoir avoir tous les éléments, toutes les informations en termes de tâches à faire dans toutes les étapes du pèlerinage ».
Et d’ajouter : « quand nous parlons d'étape du pèlerinage, c'est d'abord l'étape sénégalaise. Dakar occupe une place importante, mais également toutes les autres régions du Sénégal, les districts, à travers les médecins qui sont désignés pour faire les visites médicales. Tout ceci, c'est pour permettre à nos pèlerins de pouvoir procéder dans des conditions optimales le pèlerinage à La Mecque». Du côté du directeur général de la santé, ce présent manuel de procédure vise à normaliser le processus de cette couverture sanitaire dans une démarche multisectorielle et mettre ainsi à la disposition des professionnels de santé un référentiel, leur permettant de mettre en œuvre les différentes activités relatives à cette opération, à même de minimiser les risques sanitaires pouvant être associés au pèlerinage
« Ce manuel décrit de façon succincte les différentes étapes de la couverture sanitaire avant le départ, pendant le pèlerinage et après le retour des Lieux Saints de l'Islam » a-til souligné. Et d’exhorter au nom de du Ministre de la santé à se l'approprier et en faire une large diffusion et une large communication pour que nul n'en ignore.
Par Fadel DIA
MAYOTTE-EN-FRANCE !
Le cyclone Chido révèle aux Français l'existence d'un département méconnu dont même la population reste un mystère. 'À Mayotte, confie une députée, on sous-estime autant les vivants que les morts
Il y a près de cinquante ans la France opérait ce qui n’était rien moins qu’un holdup territorial, en détachant l’ile de Mayotte des autres composantes de ce qui constituait les Comores, pour en faire une dépendance ultra marine. Si cet évènement nous interpelle encore, c’est qu’il suit d’autres rapts qui ont eu des fortunes diverses.
L e premier nous concerne de près, puisque c’est la tentative de détacher la presqu’ile du Cap Vert du reste du Sénégal en faisant miroiter à la collectivité léboue un projet de protectorat indigène sous l’ombrelle française, alors que le motif principal de l’ancienne métropole était de conserver à son usage, la base militaire stratégique et le port de Dakar qui était alors le premier de la sous-région. Pour son malheur, elle avait affaire à un nationaliste intransigeant, Mamadou Dia, qui a paré au coup en transférant la capitale du Sénégal de Saint-Louis à Dakar, au risque de mécontenter les populations de la vieille ville. Le deuxième coup a mieux réussi et nous ne nous en sommes pas encore relevés puisqu’il est à l’origine de la balkanisation des anciennes fédérations d’AOF et d’AEF. Le succès fut mitigé puisque si le projet a empêché la création d’une grande fédération du Mali avec 4 ou 5 membres, il a permis à la Guinée d’accéder à l’indépendance dès 1958 et qu’au bout de quelques années, la communauté franco-africaine a volé aux éclats.
Le rapt de Mayotte n’a évidemment aucun fondement historique, l’ile n’était pas seulement une partie intégrante d’un seul archipel, mais c’est autour d’elle que s’était créée une colonie française dont elle abritait la capitale et en l’en soustrayant, c’est comme si on coupait la tête des Comores. S’il y a une Grande Comore c’est parce qu’il y en avait de petites, dont Mayotte, qui constituaient un archipel peuplé par les mêmes populations venues des côtes d’Afrique orientale ou de Madagascar qui avaient les mêmes cultures et partageaient la même foi. La France est régulièrement condamnée aux Nations Unies pour y avoir cautionné un référendum sécessionniste et comme l’histoire se répète quelquefois, c’est elle aujourd’hui, et l’Union Européenne en général, qui vouent la Russie aux gémonies pour avoir usé du même procédé en Crimée et dans l’est de l’Ukraine.
Les Mahorais qui avaient cédé aux sirènes françaises rêvaient de voir leur territoire transformé en ile des Maldives du Canal de Mozambique, grâce à ses 1100km2 de lagons, ses 195 km de barrière récifale, ses 170 plages de sable, ses 200 km de sentiers, sans compter son incomparable richesse d’espèces végétales. Cinquante ans plus tard Mayotte a le visage d’une Haïti du nord de l’Océan Indien, y compris en insécurité. Le taux de pauvreté est de 86%, le niveau de vie y est sept fois plus faible que la moyenne française et son seul titre de gloire est de posséder « le plus grand bidonville d’Europe ! » Sa superficie n’est pourtant que la moitié de celle de la commune d’Arles, en France, mais il y a encore, faute de routes praticables, des villages inaccessibles aux secouristes et dont les habitants n’ont encore reçu aucune aide alimentaire, cinq jours après une catastrophe qui est la plus grave que l’ile ait connue depuis un siècle.
Le cyclone Chido a au moins le mérite d’avoir fait découvrir aux Français un petit territoire érigé en département français il y a treize ans mais dont personne ne connait le chiffre exact de la population : 320.000 ? 520.000 ? Personne ne sait car à Mayotte, dit une de ses députées, « on a toujours sous-estimé aussi bien les vivants que les morts ! ». Gaza peut faire chaque jour le bilan des personnes tuées par les bombardements israéliens tandis qu’à Mayotte, cinq jours après le passage de Chido, on en est encore à de vagues estimations, jamais réactualisées, du nombre des victimes : une trentaine selon les chiffres officiels, alors que selon certains habitants des centaines de corps restent ensevelis sous les décombres et dégagent une odeur de putréfaction.
La vérité c’est que près de cinquante ans après son annexion, un malentendu demeure sur les relations de l’ile avec la France, le statut de ses habitants, la nature et la dimension de ses besoins. Pour le Premier Ministre, François Bayrou, Mayotte se trouve « hors du territoire national ». Pour le président Macron, qui lors d’un précédent voyage avait ironisé lourdement sur les kwasa- kwasa, les bateaux de pêche locaux qui « ne ramènent pas du poisson mais du Comorien ! », les Mahorais ne sont que des gens qui ont la chance de vivre en France. C’est le sens de ses paroles tenues par un homme qui aime les bains de foules mais qui contrairement au Roi d’Espagne ne sait pas tenir ses nerfs et qui était en plein délire face à des Mahorais qui criaient leur détresse : « Vous êtes contents d’être en France… Si ce n’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! » Un président de la République devrait-il s’exprimer ainsi face à tant de détresse. Puisque la Corse et Mayotte ont été acquises par la France par le même procédé, Macron oserait-il tenir un tel discours devant des manifestants Corses ?
Pourtant les Mahorais ne réclament ni autoroutes ni piscines, ce qu’ils demandent c’est de l’eau, un repas, un abri pour se protéger. Quand le président de la République croit pouvoir tout régler en 4 heures de visite, quand il se vante d’avoir débarqué avec 4 tonnes d’aliments et de médicaments, quand la ministre de la Santé promet de pré positionner 10.000 doses de vaccins contre le choléra, quand le Premier Ministre annonce qu’il va tout reconstruire en deux ans, on peut se poser la question de savoir si en France on a une idée de l’ampleur des besoins des Mahorais qui sont plus de 300.000 sur un territoire de moins de 400 km2, pour lesquels trouver de l’eau à boire est depuis des années, un combat de tous les jours, dont les habitations sont détruites à 80% et dont le pays n’est pas à reconstruire mais à construire ! « Je ne peux plus regarder mon ile » a crié un Mahorais impuissant face au désastre. Espérons que les autorités françaises regarderont enfin Mayotte les yeux dans les yeux !
Pour terminer par une note optimiste, saluons le formidable élan de solidarité envers les sinistrés qui se propage en France, porté par des Français qui ne sont pas seulement d’origine mahoraise, par des communes ou des institutions. C’est une chose que nous ne savons pas faire et dans des cas similaires nous nous contentons souvent, dans le meilleur des cas, de dire « ndeysaan » et de nous en tenir là. Il y a quelques semaines la Gambie, la Falémé, le Sénégal ont débordé de leurs lits comme jamais ils ne l’ont fait depuis 1958, détruisant des centaines d’habitations, inondant des champs et jetant dans le désarroi des dizaines de milliers de personnes et pourtant, à quelques rares exceptions près, nous n’avons rien fait qui soit à la hauteur de cette catastrophe. Pas même une journée de deuil national !
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