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3 août 2025
«C’EST UNE TENTATIVE DE CHANTAGE»
Le Secrétaire général des jeunesses socialistes, Mame Bounama Sall, appelle à la retenue suite à la mise sur pied du «Front pour la vérité et la justice».
Le Secrétaire général des jeunesses socialistes, Mame Bounama Sall, s’est prononcé, hier, sur la mise sur pied d’un courant au sein du Parti socialiste. Il relativise l’importance de ce mouvement en écartant toute idée de fronde. «Le caractère de fronde obéit à un certain nombre de critères. Ce n’est qu’un groupe de personnes qui cherchent à exercer un chantage qui ne passera pas», dit-il au bout du fil.
Pour conforter cette thèse, il souligne que le format choisi par les membres de ce nouveau cadre en est une illustration éloquente. «Il est de tradition, en de pareilles circonstances, de faire son baptême de feu par une conférence de presse. C’était la meilleure option pour que les Sénégalais puissent constater de visu le nombre de membres qui composent ce mouvement», argumente-t-il. « C’est de l’activisme dans la mesure où le Parti socialiste est ouvert au débat d’idées. Nous sommes démocrates. S’ils n’apprécient pas une démarche, ils n’ont qu’à la souligner au sein des instances régulières. L’un des fondements de notre parti, c’est la solidarité qui permet de renforcer la dynamique unitaire», a dit le jeune socialiste.
Mame Bounama Sall estime que les « frondeurs » auraient pu attendre le retour du secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng, pour poser ce débat dans les instances. « Si les modalités de choix ne les agréent pas, il existe des cadres appropriés au sein du parti pour le souligner. Cette méthode n’est pas conforme à notre éducation politique. Nous n’allons pas accepter que des gens jettent l’anathème sur le parti », a-t-il insisté.
Sur la convocation souhaitée du comité central, le député n’en pense pas moins que « c’est de l’enfantillage ». Il indique que l’absence de responsables socialistes à la 67ème session du secrétariat exécutif national ne peut servir de prétexte pour récuser les décisions qui en résultent. Parce que, rajoute-t-il, la plupart des responsables politiques sont en mission.
PLONGEE DANS L’UNIVERS SINGULIER DES BAYE FALL DE TOUBA
Les effluves du « ceebujën » (riz au poisson) émoustillent les papilles. Il est 14 heures. C’est l’heure du repas. En ce premier jour du mois de ramadan, la scène ne fait pas exception à Palène, dans le département de Mbacké (région de Diourbel)
Les Baye Fall constituent une branche dérivée du mouridisme. Ce sont des disciples de Mame Cheikh Ibrahima Fall, fidèle compagnon du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba. Habits bariolés et coiffures en dreadlocks, les membres de cette fervente communauté présentent une autre particularité : ils ne jeûnent pas pendant le mois de ramadan, se soumettant à ce précepte de l’Islam à leur manière
Les effluves du « ceebujën » (riz au poisson) émoustillent les papilles. Il est 14 heures. C’est l’heure du repas. En ce premier jour du mois de ramadan, la scène ne fait pas exception à Palène, dans le département de Mbacké (région de Diourbel). Nous sommes dans le quartier général des « Baye Fall ». Ici, c’est la routine. Les bols de repas passent de main en main dans un mouvement contenu, mais plein d’ardeur. Les Baye Fall ne jeûnent pas. C’est une affaire de conviction. C’est toute une histoire. « Tout est parti du compagnonnage entre Serigne Touba et Mame Cheikh Ibra Fall. Un jour, Cheikh Ahmadou Bamba, à l’approche du mois béni, avait demandé à son disciple Ibra Fall de réserver un accueil exceptionnel à un grand hôte, sans dévoiler son identité. En réalité, il s’agissait du mois de ramadan », raconte, ésotérique, Serigne Bara Mbodj, prêcheur de cette communauté de foi. Et c’est ainsi que le fondateur de la communauté des Baye Fall a très tôt compris le langage codé de son guide. Conscient de l’importance que son marabout accordait à ce quatrième pilier de l’Islam, le Cheikh s’était résolu à cuisiner, quotidiennement, des mets à base de poulet qu’il proposait à son guide religieux aux heures de rupture du jeûne. Les récits rapportent que le premier « ndogou » (repas de rupture du jeûne) a été un coq. Depuis, les fils de Cheikh Ibra s’évertuent à perpétuer cet acte de foi et de fidélité devant les fils de Serigne Touba. Et aujourd’hui, c’est autour de ses descendants d’en faire autant avec ceux du Cheikh.
Alimenter le corps et nourrir l’âme
Le jeûne est une obligation dont aucun musulman n’est dispensé, à moins que cela ne découle de prescriptions d’exception décrites par le Coran ou la Sunna du prophète Mohammed. Et pourtant, les Baye Fall se sont soustraits à cette obligation, invoquant le « ndigël » (consigne), érigé en dogme. « Cheikh Ibrahima Fall, lui-même, avait l’aval de son maître Cheikh Ahmadou Bamba de ne pas jeûner. C’était en récompense de ses actions de grâce et de sa dévotion au Seigneur, à travers lui le Cheikh », confie Serigne Fall ou Fall, neveu et bras droit de Serigne Cheikh Dieumb Fall, sixième et actuel khalife général des Baye Fall. Selon Serigne Bara Mbodj, disciple et compagnon du sixième khalife de cette branche du mouridisme, Serigne Modou Fallou Fall, disparu en 2006, donner un « ndogou » est plus gratifiant que jeûner, parce que toute personne peut s’abstenir de manger et de boire. En revanche, certains ne peuvent pas donner leurs biens, leur temps et leur corps dans cette quête de Dieu. « Jeûner, c’est éduquer le corps et tuer les désirs. Car, pendant le mois de ramadan, le jeûneur se méfie de tout acte contraire aux préceptes de l’Islam tel que l’adultère, le mensonge, la médisance, la rancune... Ce qui devait être le comportement de tout bon musulman à tout moment et partout. Cependant, le Baye Fall, lui, se concentre sur l’éducation de son âme qui témoignera de tout devant son Seigneur. Mame Cheikh Ibra Fall avait symbolisé ce credo », affirme-t-il. Chez les Baye Fall, on parle de trois « Koumté » correspondant au 1er, 11ème et 21ème jour du mois de ramadan. Pour ces journées, les repas préparés doublent voire triplent avec des menus riches en viande de poulet, de bœuf et de mouton. Toutes les familles de Mame Cheikh Ibrahima Fall se réunissent et assurent ensemble le transport des « ndogous » vers Touba et Diourbel au profit des descendants de Cheikh Ahmadou Bamba. Le but est d’avoir la bénédiction du khalife et de la famille de Serigne Touba
Goûter à la sauce, c’est donner des restes au marabout
A la mythique cité de Palène à Mbacké, plus précisément à « Niarry Baye Fall » chez Serigne Modou Fallou Fall, c’est une foule immense qui se retrouve tous les jours, en ce début du mois de ramadan. Devant la concession du marabout, habillés de tuniques de couleur bleu communément appelées « Bollobakh », les disciples de la famille n’osent pas s’asseoir avant la fin de la cuisson des repas. De grands groupes se forment et chaque unité s’active autour de quelque chose. Les femmes, logées à l’intérieur du quartier général, épluchent les oignons, les pommes de terre, les patates et les carottes. Elles lavent les condiments et les bols, alors que plusieurs autres dames s’affairent autour des marmites. La fumée jaillit de partout. Le ciel est noir. Les visages ruissellent de sueur au rythme des « zikrs » (invocations) scandés sans arrêt du matin au soir. A quelques mètres de là, les hommes égorgent les moutons et les bœufs avant de les dépouiller et de les dépecer. Ils partagent ensuite la viande entre les différentes marmites déjà posées sur le feu. A quelques encablures de ce lieu de préparation, d’autres Baye Fall galvanisent les fidèles, l’air épuisé : « mouride, ci ndiguel-li » (ô vous les mourides, venez jouer votre partition dans la préparation des repas). Durant toute la cuisson, aucun « Baye Fall » ne doit goûter à la sauce à base de viande, car « le faire, c’est donner des restes au marabout », explique une dame en pleine action devant une marmite. Vers 17 heures, les repas sont prêts. Les bols sont disposés en plusieurs colonnes. Les Baye Fall les remplissent et les referment. « Le marabout vient pour les besoins de la supervision parce que, nous raconte-t-on, il faut qu’il s’assure que tous les plats sont bien faits »
La part belle à la descendance de Serigne Touba
Le soleil est pâle. Il est 18 heures à Palène. C’est le moment d’acheminer les mets à Touba et à Diourbel. Une longue file de voitures attendent de l’autre côté de la chaussée. Serigne Cheikh Dieumb Fall demande à ses frères cadets et à un de ses neveux de bénir le convoi dans la cour où sont exposés tous les bols. « Le khalife a toujours des "dieuwrignes" (bras droits) pour vérifier et contrôler les repas. Tout ce qui est destiné à la famille de Serigne Touba impose que nous nous entourions d’une grande précaution », souligne Serigne Ibrahima Dia, porte-parole de la famille lors des « ndogous ». Les mets sont ensuite embarqués dans des camions qui prennent la direction de Touba et de Diourbel. Des scooters et des mototaxis Jakarta passent devant le cortège, klaxonnant et clignotant à toutva. Derrière le cortège, les chants reprennent de plus belle et vont crescendo au fur et à mesure que l’on s’approche de la mosquée de Touba. Une fois dans la ville sainte, il est de coutume de faire le reste du chemin à pied. A pas cadencés, ils avancent, affrontant la chaleur dégagée par les récipients. Sur leur chemin, tous les véhicules sont déviés. Armés de gourdins, l’ardeur et le nombre imposant des « Baye Fall » sont dissuasifs. Après cette première journée de « Koumté », il en restera deux autres. Ainsi va le ramadan chez les « Baye Fall » de Touba.
Par Cheikh Oumar BA
LA POLITIQUE DE DEUX POIDS DEUX MESURES
Depuis plusieurs mois, il est constamment noté des bouchons occasionnés par la diminution du prix sur l’autoroute à péage - Bizarrement, le tarif sur le trafic Thies/AIBD est revu doublement à la hausse - Où se cachent Marius Sagna et ses flubistiers ?
Depuis plusieurs mois, il est constamment noté des bouchons sur l’autoroute à péage (Senac.sa). Des bouchons occasionnés par la diminution du prix sur ce trafic. Bizarrement, le tarif sur le trafic Thies/AIBD est revu doublement à la hausse. Que se passe-t-il ? Où se cachent Guy Marius Sagna et ses flubistiers ?
Pour mémoire, depuis l’accident survenu sur l’autoroute à péage, avec le décès tragique de Papiss Mballo du groupe « guélongal », les activistes du «France Dégage», ayant versé dans toutes sortes de calomnies, ont, avec les astuces de tireurs de ficelles, essayé de remettre en cause la concession de l’autoroute à péage, à travers des démarches incongrues, solitaires, sans tenir en compte que les concessionnaires de ce trafic ont non seulement un personnel composé de plus de 90% de sénégalais. mieux, le prix du trafic a été fixé par l’état du Sénégal qui encaisse plus de 30 % des recettes, compte non tenu du pactole réservé à la maintenance qui englobe environ 25% de la totalité des du montant encaissé. Des «miettistes», «intellectueurs» sangsus corrupteurs des masses populaires, indignes d’être écoutés, ont néanmoins réussi à abuser de bonne foi beaucoup de nos compatriotes.
Ainsi donc, bizarrement, par patriotisme débridé, ils ont au moins, malgré leur dessein inavoué, réussi à cliquer sur le clavier de la diminution du tarif sur le péage. A l’époque, «échos du Fleuve» s’était battu pour informer sur les conséquences qu’engendrerait une telle prise en compte par rapport aux embouteillages. Aujourd’hui, en ce moment, les bouchons notés sur le trafic, à cause de la baisse des prix, constituent une honte pour « ces lanceurs d’alerte », compte tenu des efforts consentis par l’état du Sénégal et les concessionnaires dans cet axe Dakar/Diamniadio qui constitue une fierté nationale. Le péage répond aux normes internationales parce que géré par des professionnels à l’expertise robuste dans ce domaine.
Maintenant, il revient à l’état de revoir sa copie, dans la mesure où l’on ne peut pas comprendre le fait qu’une réduction du prix du trafic soit opérée au niveau de l’autoroute à péage (senac sa), au moment où il est noté un doublement du prix sur l’axe Thiès/AIBD. ceci, sans que nos vaillants « lanceurs d’alerte » si prompts à se jeter sur senac sa, ne daignent lever le plus petit doigt pour dénoncer une telle « forfaiture ». une augmentation du tarif du simple au double et s’il vous plait, sans avis préalable. De qui se moque-t-on ?
Cheikh Oumar BA est directeur de Publication de « Echos du Fleuve »
LA COUR DES COMPTES DE L’UEMOA PLANCHE A DAKAR SUR UN MANUEL DE VERIFICATION HARMONISE
A très court terme, sans doute, les magistrats financiers, vérificateurs, auditeurs et autres experts des huit pays de l’Uemoa ne travailleront plus chacun en vase clos dans son territoire national
A très court terme, sans doute, les magistrats financiers, vérificateurs, auditeurs et autres experts des huit pays de l’Uemoa (union économique et monétaire ouest-africaine) ne travailleront plus chacun en vase clos dans son territoire national, avec ses propres manuels de procédures, appliquant des lois nationales votées par son parlement et se référant aux normes qu’il veut. Dans un espace destiné à s’intégrer en favorisant la convergence des politiques économiques et monétaires, tout cela faisait désordre. et rendait kafkaïenne la mission de tout investisseur désireux de travailler dans un ou plusieurs pays de l’union. Pour mettre fin à cette situation anachronique, les juridictions financières de l’union, par le biais du conseil des ministres communautaire, avaient donc demandé à la cour des comptes de l’Uemoa de coordonner un travail d’harmonisation des procédures et de fixation de normes communes de contrôle voire de réécriture du manuel de vérification à l’usage des cours des comptes des états-membres.
C’est pour s’atteler à cette tâche de rédaction d’un nouveau manuel de procédures que la crème des conseillers (à la cour des comptes de l’Uemoa en particulier mais pas seulement), des magistrats financiers, des auditeurs et des vérificateurs de l’espace communautaire est réunie depuis lundi dernier et jusqu’à vendredi prochain à Dakar. en tout, plus de 40 sommités qui vont plancher sur les quatre tomes de ce gigantesque manuel. ces quarante délégués viennent du Bénin, du Burkina Faso, de la côte d’ivoire, de la guinée Bissau, du mali, du Niger, du Sénégal et du Togo. Les tomes à rédiger vont porter respectivement sur le contrôle juridictionnel (tome 1), l’audit de conformité (tome 2), l’audit financier (tome 3) et l’audit de performance (tome 4).
Ces têtes d’oeufs bénéficieront de l’appui technique de deux experts de haut rang envoyés par les cours des comptes de France et du Maroc représentées respectivement par mm. Roberto Schimidt, conseiller maître honoraire spécialisé dans l’appui au contrôle juridictionnel, et Ahmed Harmouch, un magistrat qui dirige une chambre chargée de l’élaboration des guides et manuels de procédure. L’atelier qui se tient dans notre capitale est consacré aux travaux d’harmonisation, à l’échelle de l’union, des procédures et de fixation de normes communes de contrôle, à travers la relecture et la mise à jour des manuels de vérification à l’usage des cours des comptes de l’espace Uemoa. Il est organisé par la cour des comptes du Sénégal dirigée par m. Mamadou Faye mais les travaux sont présidés par notre compatriote Malick Kamara Ndiaye, président de la cour des comptes de l’Uemoa. plus spécifiquement, il sera l’occasion de désigner les présidents et les rapporteurs de chacun des quatre comités chargés de l’élaboration de ces tomes. Surtout, les participants à l’atelier doivent identifier les normes professionnelles les plus pointues ainsi que les meilleures pratiques mondiales concernant ces matières.
L’ambition est en effet de hisser les pays de l’Uemoa au niveau de ce qui se fait de plus sophistiqué dans le domaine de la vérification, de l’audit et du contrôle financier. au terme des travaux, vendredi prochain, un projet de guide harmonisé aura été élaboré et il ne restera plus qu’à le soumettre aux organes compétents pour validation. La séance d’ouverture, tenue lundi dernier, a enregistré notamment la présence de la représentante-résidente de l’Uemoa à Dakar, Mme Kabo. a cette occasion, le président de la cour des comptes de l’Uemoa, m. Malick Kamara Ndiaye, a insisté sur la nécessité de recourir, pour mener à bonne fin ce projet, « à l’expertise déjà disponible au sein de nos juridictions au sein desquelles nous comptons des conseillers, des magistrats, des auditeurs et des Vérificateurs de très haut niveau dont certains justifient, en sus, d’une certification, en qualité de « mentors » ou de « Facilitateurs » ; certifications délivrées, par la commission des normes professionnelles de l’intosai et de l’iDi. » pour une raison très simple, a-t-il expliqué : « ces personnes ressources sont réputées qualifiés, aux plans national, régional et international, dans la mise en œuvre et la transposition des normes internationales - issai, respectivement, en audit de conformité, audit financier et en audit de performance. » selon lui, le guide de vérification, actualisé, qui sera composé de quatre tomes, fixera les principes généraux, les méthodes et les règles auxquels devront se référer, systématiquement, toutes les juridictions financières de l’espace Uemoa, à l’occasion de leurs travaux consacrés respectivement au contrôle juridictionnel (tome 1), à l’audit de conformité (tome 2), à l’audit financier (tome 3) et à l’audit de performance (tome 4). m. Malick Kamara Ndiaye a aussi vivement remercié les autorités de notre pays pour la chaleur de leur accueil et félicité particulièrement le président de la république, son excellence m. Macky Sall, pour sa brillante réélection à la tête de notre pays. a signaler que les présidents de juridictions financières ont mis en place un secrétariat technique unanimement confié à notre compatriote Mbaye Diène, directeur de l’audit et de la Vérification de la cour des comptes de l’Uemoa et point focal.
LA SOCIÉTÉ CIVILE DÉCLINE SES TERMES DE RÉFÉRENCE
Pouvoir, opposition et société civile seront tous autour d’une table au cours du dialogue politique national initié par Macky Sall - En attendant ce grand raout, les tractations et positionnement vont bon train
Lors du lancement de la concertation devant fixer les termes de références du dialogue politique initié par le président de la République, le ministre de l’Intérieur, M. Aly Ngouye Ndiaye, qui présidait la séance avait présenté les points de référence proposés par le régime en place tandis que l’opposition, sous la bannière du Front de résistance nationale (FRN), avait posé ses conditions. Cette fois ci, c’est autour de la société civile de déposer son carnet de suggestions.
Pouvoir, opposition et société civile seront tous autour d’une table au cours du dialogue politique national initié par le président de la république et leader de Benno Bokk yakkar (Bby), Macky Sall. en attendant ce grand raout, les tractations et positionnement vont bon train. Car, alors que le ministre de l’intérieur Aly Ngouye Ndiaye, a louvoyé autour de l’éventualité du report des élections locales prévue en décembre prochain, le collectif des organisations de la société civile pour les élections (cosce) dirigé par le pr Babacar Guèye, lui, demande le respect du calendrier républicain. « Par principe, la société civile est toujours d’avis que les élections doivent se tenir à date échue même si à l’impossible nul n’est tenu. Mais notre position de principe, c’est que l’élection doit se tenir à date échue », a martelé avec force l’éminent constitutionnaliste.
Toujours en perspective du dialogue national, les ong de la société civile ont esquissé une feuille de route contenant des propositions en prévision notamment des prochaines locales. une synthèse des différentes contributions et débats sera d’ailleurs produite et présentée à l’issue de l’atelier d’évaluation de leur participation à la dernière élection présidentielle. Cependant, on peut d’ores et déjà annoncer que cette société civile devrait proposer une refonte du mode de suffrages et de scrutin des échéances municipales à venir. en d’autres termes, la société civile, à travers le cosce, prône une rupture totale par rapport au scrutin majoritaire et proportionnel qui, selon eux, favorise l’installation de conseillers municipaux sans aucune once de crédibilité et de représentativité populaire. Des procédés d’accession au pouvoir de gestion de la cité, qui, de l’avis de Moundiaye Cissé, heurtent la conscience démocratique. Quant au directeur général des élections, m. Thiandella Fall, venu représenter le ministre de l’intérieur, il a estimé que « cette rencontre de la société civile vient à point nommé car coïncidant presque avec le dialogue national ». De son point de vue, il serait donc normal que ces travaux de la société civile soient intégrés dans les pourparlers politiques en vue.
L’ORDRE DES PHARMACIENS TOMBE DES NUES
Amadou Woury Diallo et Bara Sylla avaient écopé de 5 et 7 ans de prison pour trafic de faux médicaments. Le premier nommé a bénéficié d’une grâce présidentielle et s’est fait la malle.
C’est avec une grande surprise, de la désolation, de l’amertume et beaucoup de regret que l’Ordre des pharmaciens du Sénégal accueille la grâce présidentielle dont bénéficie Amadou Woury Diallo qui a été condamné pour trafic illicite de faux médicaments d’une valeur de 1,3 milliard de F Cfa. Puisque ce dernier n’a pas attendu pour demander son reste.
Actuellement, il se la coule douce en Guinée. Ainsi, avant-hier, à l’appel du dossier devant la Cour d’appel de Thiès, Amadou ne s’est pas présenté. Joint par ‘’EnQuête’’, le président de l’Ordre des pharmaciens, Amath Niang, a fait part de sa désolation : ‘’Le procès en appel d’avant-hier a été un événement inédit. Eux-mêmes ont été mis devant le fait accompli. Aucun élément des dossiers qui prouve ou qui indique les traces de la grâce présidentielle d’Amadou Oury Diallo. C’est étonnant et c’est un problème.’’ Car, bien que la grâce présidentielle relève des prérogatives du président de la République, il estime qu’elle doit être encadrée, pour qu’on puisse déterminer ceux qui sont éligibles à cette grâce.
Docteur Niang ajoute qu’ils ont été informés depuis très longtemps. ‘’Cette grâce est intervenue à la veille de la fête de l’indépendance. C’est un document qui est rendu public. Nous avons des conseillers juridiques qui suivent l’évolution du contentieux qui nous opposent à ces gens’’, renseigne le président de l’Ordre des pharmaciens. Amath Niang note ‘’qu’après avoir été sanctionnés sur la base d’un verdict rendu par le tribunal de Diourbel, ils (Amadou Woury Diallo et Bara Sylla) ont interjeté appel. C’est comme du lait sur le feu’’. ‘’Le rôle d’un pharmacien est d’être au service de la santé publique du pays’’, poursuit-il. Avant de préciser que, dans le cas d’espèce, l’Ordre des pharmaciens ne se bat pas pour la préservation d’intérêts professionnels, mais pour l’intérêt de la santé publique.
Le ‘’problème du marché noir est devenu une très grande problématique’’. ‘’On ne joue pas avec la santé des populations’’, dit-il au bout du fil. Après cette bataille perdue, Dr Niang constate que ‘’c’est tout le peuple sénégalais qui a perdu’’. Très remonté, il fulmine : ‘’C’est une exposition à une situation de danger se rapportant à la préservation de leur santé.’’ Ces médicaments, dit-il, sont destinés à être consommés par la population. Ainsi, Dr Niang trouve normal qu’ils usent de toutes les voies que la loi leur permet pour qu’on revienne à l’orthodoxie. Il indique clairement qu’ils ne peuvent pas se permettre de laisser des actes qui portent atteinte à l’épanouissement de toute une profession et qui l’empêchent de se déployer, conformément aux recommandations du législateur.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
BOUN DIONNE, PRIME À LA CASSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dévoué jusqu’au reniement, il a transformé la servitude en une forme de vertu d’allégeance - De tous les talents de Macky, celui de réduire ses collaborateurs à de petits tacherons, est le plus saisissant - INVENTAIRE DES IDOLES
La suppression du poste de premier ministre a été votée par les parlementaires et promulguée hier, mardi 14 mai, par le chef de l’État. Macky Sall a bien surpris son monde avec cette innovation. De la genèse de la décision à son adoption, il n’y a quasiment pas eu de résistance politique, de contestation majeure. L’opinion publique a été mise devant le fait accompli. Devant la longue expectative qui a suivi son élection, l’interminable période de flottement et d’incertitudes politiciennes, le président a sorti de sa botte secrète cette idée, pas tellement neuve, mais dont le sens peut se prêter à plusieurs lectures. L’idée d’écarter un potentiel dauphin gênant, comme l’ont avancé certains analystes, en réaffirmant l’ascendance du président sur le chef du gouvernement et en dissuadant la querelle de la succession, paraît une hypothèse sans souffle : Boun Dionne n’a, en effet, jamais montré des velléités d’ambition personnelle. Son profil introverti a d’ailleurs été décisif dans le choix porté sur lui au début du premier mandat. Un moine, appliqué et discipliné, en retrait, dur à la tâche, bosseur. Il est bien probable que le président réélu, au bord du plébiscite, ait tenté là un coup politique, pour donner une épaisseur historique à sa sortie et asseoir un pouvoir plus large dans les institutions internes du parti et celles nationales. Cette hypothèse serait – prudemment - la mienne. Elle n’est pas prédictive, seul l’avenir dira si malfaçon, abus, déséquilibre démocratique au-delà du seuil déjà éprouvé, viendront accabler cette idée. L’analyse doit bien souffrir de patience et soutenir les enseignements du temps long. Noter quand même ceci : le présidentialisme n’avait pas besoin d’être dopé par plus de concentration de pouvoirs.
Eloge du fusible dévoué
Le plus cocasse dans l’affaire, c’est qu’on a vu l’ancien - et dernier - Premier ministre, Boun Abdallah Dionne, à la manœuvre. Tout occupé, dans un zèle qui n’a pas manqué de faire sourire, à destituer ce qui fut le sens de toute sa mission politique. Locataire de l’autre maison blanche de la capitale, il s’est attelé minutieusement à démembrer la fonction, à la débarrasser, dans une vidange politique dont il était la pièce superflue. Dévoué jusqu’au reniement, il a transformé la servitude en une forme de vertu d’allégeance politique. Toutes ses sorties, depuis l’annonce de sa fin prochaine, ont alterné entre le ton monacal et le beau sacrifice. Boun Dionne n’aura pas tellement eu à puiser dans un autre registre, c’est une rupture dans la continuité comme il s’en fait tellement actuellement. Il s’est effacé, comme s’il n’avait d’ailleurs jamais existé, s’échinant à une discrétion que ses admirateurs trouveront admirable et que ses détracteurs penseront soumise.
De tous les talents de Macky Sall, et le bonhomme en a quelques-uns dans l’habileté politique, surtout en crimes politiques propres, celui de réduire ses collaborateurs à de petits tacherons, est le plus saisissant. Il sait séduire par le charme et la terreur, le miel et l’acide. Toute sa cour a cette déférence que le monisme absolutiste du pouvoir de façon plus générale rend plus comique. La relation, à l’intérieur même des partis, entre le boss et les autres, est verticale, et les discussions plus heurtées se font à la périphérie, aux risques et périls des téméraires. La politique puise ainsi, très simplement, dans le corpus des valeurs nationales, où l’autorité est respectée et les populations admettent les abus, du moment que c’est la contrepartie pour être promu.
Des belles prédispositions réduites à néant
Il serait assez intéressant de savoir, plus en détail, dans un long entretien, ce que Boun Dionne pensait de la pratique politique dans ses jeunes années. Quels rêves peuplaient la tête de ce jeune ingénieur, formé en France, cadre chez IBM, discret et prometteur, qui a connu bien des épreuves familiales dont il est sorti précocement mature, avec un sens de la responsabilité vite acquis. Qu’est-ce qui fait ce visage pudique, presque fuyant, de soldat de l’ombre qui fuit les lumières, comme ennemies du secret du pouvoir ? On aurait bien aimé le savoir. Un article du quotidien Libération, de 2014, donne à voir cette facette du personnage en compilant savamment des anecdotes sur l’homme et son réseau.
Le gamin de Gossas, y découvre-t-on, est adroit, tisse sa toile, un réseau amical et professionnel, où il puise soutien, énergie et compagnonnage. C’est du reste presque de cette manière que se fait sa rencontre avec Macky Sall bien avant la montée en flèche de l’ancien maire de Fatick. Ce qui semble sûr, c’est que l’ancien Premier ministre a eu un parcours brillant et partage avec Issa Sall, sinon cet esprit de matheux appliqué, à tout le moins, le goût des ascensions sans bruit, le sens du devoir, et du service de l’Etat. Le parallèle va plus loin : ils ont en commun leur domaine de prédilection, l’informatique, et beaucoup de cours dispensés dans de grands organismes sous-régionaux ou mondiaux. Faux jumeaux d’un désir d’inviter l’efficacité professionnelle au cœur de la politique, l’apriori leur était favorable.
Toutefois, de l’intention à l’exécution, il y bien du chemin, de la contradiction, voire de la trahison. Boun Dionne a donné des gages personnels ; mais pas des gages politiques. Il inspirait confiance ; sa politique moins. La gestion sobre et vertueuse ne fut que sobre, et encore. Pour la vertu, il faut repasser. Malgré tous les succès électoraux du pouvoir, nul ne peut prétendre que la manière de gouverner, de faire de la politique, a connu un tournant bénéfique. Elle est restée, sinon la même, toujours enlisée, dans un immobilisme. Boun Dionne ne naît pas, du reste, de rien. Il suit une belle tradition au Sénégal, encore plus en vigueur depuis les ajustements structurels, avec l’injonction plus ou moins appuyée, des bailleurs de fonds, pour plus de technicité au cœur du pouvoir comme garantie d’un redressement par des méthodes rigides et austères.
Technocrate-sauveur, la légende à la peau dure
Le grand mythe du « technocrate » apolitique au chevet de la politique clientéliste, appliqué à déverser son savoir pour sauver un pays, a eu la peau dure. Il a fait fantasmer. Il a toujours entretenu l’espoir de quelques-uns qui tiennent la politique en horreur et qui voient en ces fonctionnaires froids, le bon équilibre. Seulement, on a trop misé sur les technocrates. Beaucoup plus que ce que peuvent supporter leurs frêles épaules. Un mythe est même resté lié à ces sauveurs annoncés : un costume et un attaché-case faits homme. Sans allure ni audace. Ecrasé par les arbitrages politiques. Leurs apports ont de tout de temps été surévalués, et pas qu’au Sénégal. La politique implique une fine connaissance de la société. Pas des seuls chiffres. La connaissance technique d’un sujet ne fait pas un chef d’orchestre performant. D’autres qualités sont requises, et elles s’obtiennent à l’épreuve et à l’expérience. Le technocrate, c’est presque un valet chic. Mais un valet quand même, qui reste le faire-valoir dans les couples exécutifs, et le fusible pour tenter de nouvelles idées, ou réhabiliter les anciennes.
Si l’on opère une petite chronologie dans l’histoire des locataires de la primature au Sénégal depuis 50 ans, on constate simplement que le technocrate est une figure de l’échec. Comme le reste par ailleurs. Les commentaires, presque dans le genre du marronnier journalistique, ont des adjectifs préconçus pour parler d’eux : discret, travailleur, efficace. On le dit de Mamadou L. Loum à l’actuel Mohamed Dionne, en passant par Abdoul Mbaye, Hadjibou Soumaré… Tous défenestrés plus tard, presque par évidence, les technocrates n’auront pas changé la politique, ni ébauché de grandes réformes. Ils auront été les esclaves les plus polis de leurs supérieurs. Quand on ne s’en sert plus, on jette et on remplace. C’est comme un simulacre de mise en terre de cette idée fétiche de suppression de la primature à laquelle on assiste. Le PSE, qui tient lieu de projet au pouvoir, regorge dans l’architecture de ses acteurs, de nombre de profils similaires à Boun Dionne. De beaux esprits, bien formés, rien qui dépasse, formatés pour l’usure de la technicité, et qui s’exemptent par paresse ou prétention, de détenir des bagages idéologiques qui restent l’inamovible mobilier politique qui forge les hommes d’Etat, avec la lecture, les grandes idées, et le tragique de l’Histoire.
Un épiphénomène
La longévité de Boun Dionne à la tête du gouvernement avait donné comme des gages d’une forme de stabilité au sommet du pouvoir. Le tandem entre le roi et son dunguru était au beau fixe. Sa mort, ou dira-t-on en terme plus bienveillant, sa reconversion, même couverte des atours de la dévotion étatique, est le plus éclatant symbole d’un aveu d’échec d’un pouvoir qui se dénonce et coupe sa graisse. S’il prend des envies de liposuccion au pouvoir, il y a bien des agences et privilèges, nombreux, qui peuvent alléger la charge de l’Etat. Il faut savoir lire les signes. Les problèmes du Sénégal sont beaucoup plus grands que les liftings institutionnels par caprice ou cynisme politique. C’est une prime à la casse. Une prime à la caste aussi. Toilettages des seuls sièges avant de la locomotive nationale où s’entassent des populations sans vue sur le cap et la route.
En conclave hier, les acteurs de la société civile se sont penchés sur les réussites et échecs de la dernière présidentielle qui, comme à l’accoutumée, s’est déroulée sous une vigilance particulière de la communauté internationale
Certains pays ont mis leurs billes même pour équiper les juridictions nationales dépourvues de tout.
Un éternel recommencement. C’est l’image qu’offre la démocratie sénégalaise, depuis quelques années. Les élections, dans l’ensemble, se déroulent dans la paix et la sérénité certes, mais dans une tension permanente entre les acteurs. Instaurant, à chaque fois, un climat de peur généralisé. L’élection présidentielle de 2019 n’a pas dérogé à la règle. Responsable au programme Sunu Election, l’expert Waldiodio Ndiaye affirme : “Il faut le reconnaitre, nous n’avons pas réussi à mettre en place un consensus fort entre les différents acteurs, autour des différents aspects que soulève l’organisation des élections. Les protagonistes à cette élection ont été en désaccord sur plusieurs points, dont le parrainage, le fichier électoral… On peut dire que ce fut l’une des élections où il y a eu le plus de contradictions et de divergences.’’
Toutefois, malgré les difficultés, grâce à l’action de la société civile, le pire a pu être évité. La Présidentielle, finalement, s’est déroulée dans la paix et la quiétude, se sont réjouis les membres de la société civile, au cours de leur atelier d’évaluation hier, au King Fahd Palace. Mais que ce fut âpre ! En fait, en coulisses, beaucoup de médiations ont été menées pour éviter le chaos au Sénégal. Ce qui n’était pas évident dans un tel contexte. Au summum du contentieux, le professeur Babacar Guèye et ses amis ont mené les tractations qui sont loin d’avoir été vaines. Ils rappellent leurs différentes rencontres avec l’ancien président et non moins secrétaire général du Parti démocratique sénégalais pour le faire ramener à la raison. La société civile ne s’est pas limitée à parler aux responsables politiques. Toujours pour faire changer d’avis Wade qui promettait de s’opposer par tous les moyens à la tenue du scrutin, M. Ndiaye est revenu sur leur médiation auprès du khalife général des mourides. Cela, signale-t-il, a été d’un grand apport. Les acteurs de la société civile, réunis dans le cadre de la plateforme Sunu Election, avaient également eu à rencontrer le chef de l’Etat, mais sans grand succès, à en croire leur porte-parole. “Le temps de la discussion est terminée. Maintenant, c’est le temps de la campagne’’, leur avait opposé Macky Sall
La surveillance directe européenne et indirecte anglo-saxonne
Pour la dernière élection présidentielle, ils ont donc été des milliers d’observateurs nationaux à se déployer sur le terrain, pour la surveillance du scrutin. Mais ces nationaux n’ont pas été les seuls. L’étranger était également très présent dans le processus électoral. D’abord, il y a eu la mission d’audit de l’Union européenne qui a eu à scruter de près le fichier électoral. En aval, ils étaient également nombreux les observateurs de l’Ue visibles partout à travers le territoire national. Cette présence des observateurs européens avait d’ailleurs fait l’objet de nombreuses controverses dans le passé, particulièrement en 2012. Si les Européens choisissent, eux, de déployer habituellement leurs propres citoyens pour l’observation des élections dans les pays africains et au Sénégal en particulier, les Américains, en ce qui les concerne, ont opté pour une démarche totalement différente. Lors de la Présidentielle, il s’est agi, pour ces derniers, d’armer la société civile sénégalaise ainsi que les magistrats, afin de renforcer la crédibilité du scrutin. C’est dans ce cadre que le partenariat avec l’Usaid a permis d’équiper les juridictions du Sénégal presque dépourvues de tout.
Ainsi, c’est pas moins de 40 ordinateurs Pc, 40 imprimantes, 20 scanners et 5 vidéoprojecteurs et 5 photocopieurs. Toujours grâce à ce programme, 270 magistrats ont pu bénéficier d’une formation. Certains ne manqueront certainement pas de relever le paradoxe entre la véhémente décision de l’Etat d’interdire une cérémonie de don de gilets à des journalistes - des privés - tout en admettant que ses propres agents, les magistrats soient équipés par un pays étranger. Un aveu puissant de faiblesse. Dans tous les cas, indépendamment des questions de souveraineté qui peuvent être évoquées, cet appui de l’Usaid et du programme Sunu Election semble être le bienvenu pour les magistrats qui, autrefois, rencontraient d’énormes difficultés. “Certaines juridictions, souligne le président de l’Union des magistrats sénégalais, sont tellement démunies qu’elles retardaient le travail de la Commission nationale de recensement des votes’’. Et pour preuve, il cite la réduction drastique du nombre de Pv redressés. Avant, il pouvait atteindre plus de 60 %. Cette fois, seulement 10 redressements. Avec l’élaboration d’un guide qui a permis d’harmoniser les méthodes de redressement.
Même les juridictions en partie équipées grâce à l’Usaid
Toutefois, tient-il à préciser, “cette formation a toujours eu lieu à la veille des scrutins. Mais le problème c’est que le budget qui permettait à la Cnrv de procéder à cette formation arrivait tardivement, à la veille de l’élection. Résultat : le temps était vraiment limite. C’était plus une journée d’information qu’une réelle formation’’. Par rapport à l’impact de cette composante du programme Sunu Election, Souleymane Téliko explique que cela a permis plus de célérité dans l’établissement des procès-verbaux. Les commissions départementales, à l’en croire, ont pu donner en temps réel les résultats à la Cnrv. Mieux, fait-il remarquer, dans les juridictions éloignées, les responsables ont pu scanner et transmettre les Pv pour aller plus vite. La question qui s’est dès lors posée est de savoir pourquoi tant de retards dans la proclamation des résultats provisoires ? Le président de l’Ums souligne : “C’est, d’une part, à cause du vote des Sénégalais de l’étranger. Il faut préciser que dans l’établissement de ces Pv, aucun magistrat n’intervient. Et c’est un vrai problème à ce niveau, car il peut arriver qu’un Pv mette 10 jours avant de parvenir à la Cnrv. D’autre part, les raisons de cette lenteur, c’est que la commission se prononce uniquement sur la base des Pv originaux. Donc, même si les juridictions font le scanne, la Cnrv a certes une base sur laquelle travailler, mais avant de proclamer, elle doit attendre les originaux. Cet aspect de la règlementation, je pense qu’il faut évoluer’’.
Le casse-tête du parrainage
Lors de ce conclave de la société civile, le mécanisme de parrainage qui avait cristallisé les débats tout au long du processus, était également au centre de toutes les discussions. Pour le leader de l’Ong 3D, Moundiaye Cissé, il faut tout bonnement dessaisir le Conseil constitutionnel de la vérification du système. M. Cissé se dit convaincu que le rôle de cette haute juridiction doit se trouver ailleurs. Dans son schéma, trois options ont été avancées. D’abord, créer une commission chargée de cette mission d’évaluation et faire de sorte qu’elle soit représentée partout sur le territoire. La deuxième proposition, qui permettrait d’éviter toutes confusions, est d’accorder cette prérogative à la Commission électorale nationale autonome qui a déjà un bon maillage du territoire national. Enfin, si ces deux premières options n’agréent pas les décideurs, ils pourraient maintenir le système actuel non sans renforcer le dispositif au niveau du Conseil constitutionnel. Selon lui, cette institution, en l’état actuel, ne peut pas jouer un tel rôle, dans la mesure où elle n’est même pas responsable de la détermination de la fiche de parrainage. M. Cissé a également fait des propositions pour éviter les doubles parrainages, tout comme à propos de la rationalisation des partis politiques, du financement des partis, du statut de chef de l’opposition… Sur ce dernier point, certains ont défendu que ce statut doit revenir normalement à Idrissa Seck, puisque le Sénégal est maintenant bien ancré dans le cadre d’un régime présidentiel. Dans un régime parlementaire, par contre, certains auteurs préconisent que le chef de l’opposition doit revenir à la minorité parlementaire.
Plus de 2 millions de cartes d’électeur échappent à la Cena
Et si l’opposition ne devait en vouloir qu’à elle-même ? En tout cas, on pourrait tenter de le croire, si l’on sait que, rarement, ils posent les véritables questions quand il le faut. La rencontre organisée hier, par la société civile, a montré les failles dans le processus électoral.
En fait, avec la refonte de 2017, les cartes nationales d’identité et d’électeur ont été fusionnées en une seule carte. Djibril Gningue de constater : “Avec l’article L54 qui institue la distribution permanente, on permet la distribution des cartes d’électeur sans la presence des membres de la Cena, sans la présence des partis politiques. C’est ainsi que plus de2 millions ont été distribuées. C’est un problème auquel il faudra trouver des solutions à l’avenir.’’ Il regrette également que le fichier n’ait pas été stabilise plus tôt.“Le fichier, dit il, a continué à bouger jusqu’à la veille de l’élection. Or, il n’est pas censé bouger pendant cette période. Pour ce faire, il faut éviter les audits à la veille des scrutins’’. Monsieur Gningue a terminé son allocution avec le dialogue. Devant l’ambassadeur Saidou Nourou Ba qui a rejoint la Cena, il a mis en exergue l’échec des concertations qu’il a eues à piloter entre 2017 et 2019. D’après lui, trois modèles de pilotage ont jusque-là été expérimentés au Sénégal. En 1992 comme en 2004, selon lui, c’était une commission cellulaire qui était chargée de cette mission. En 2010, c’était au tour d’un comité indépendant dirigé par la société civile. Pour lui, depuis 2016, le format a été semi-indépendant, puisque dirigé par un indépendant, mais assisté par l’Administration
VENT DE DÉGEL
Le ministre de l'Education nationale a reçu mardi, une délégation des responsables de l'établissement Sainte Jeanne d'Arc dirigée par Abbé Georges Guirane Diouf, directeur diocésain de l'enseignement catholique
Selon la note du ministère, la rencontre a eu lieu ‘’dans une ambiance très détendue’’.
Une rencontre "importante, selon le ministre, dans le processus d'apaisement du climat social dans l'école Sainte Jeanne d'Arc, mais aussi, au niveau de tous les établissements privés catholiques, laïcs ou confessionnels".
A travers cette concertation, Mamadou Talla, dit-on, affiche l'ambition de l'Etat à garantir une éducation de qualité à tous les enfants du Sénégal dans le respect scrupuleux des lois et règlements en vigueur au Sénégal. La note ajoute que ‘’la rencontre constitue un jalon important dans la volonté du Président de la république de veiller à l'équilibre de notre société et à raffermir les relations inter religieuses’’. Parmi les personnalités présentes, il y avait Ndèye Khady Diop Mbodj (SG du MEN), Madame Sané Ndiaye Faye (Directeur de Cabinet de M. Talla), Ngary Faye (Conseiller Technique n°1) Mamadou Abdoul Sow (Chef de la Division de l'Enseignement Privé). Il y avait aussi le ministre Serigne Mbacké Ndiaye Mbacké, un des facilitateurs. Ce dernier ‘’a salué cette initiative du ministre Mamadou Talla pourqu'une issue heureuse soit trouvée entre les différentes parties au grand bonheur des élèves’’, conclut la note.
ITINÉRAIRE D’UNE DAME DE FER
Lentement mais sûrement, Aminata Touré tisse sa toile et se positionne comme une personnalité incontournable dans le dispositif du régime de l’APR - Itinéraire d’une militante infatigable au parcours politique atypique
Précédemment envoyée spéciale du président de la République, Aminata Touré, 57 ans, est depuis hier la présidente du Conseil économique, social et environnemental. Lentement, mais sûrement, elle tisse sa toile et se positionne de plus en plus comme une personnalité incontournable dans le dispositif du régime de l’APR. Itinéraire d’une militante infatigable au parcours politique atypique.
Héraut de la traque des biens supposés mal acquis, tombeur d’Hissène Habré, Aminata Touré, 57 ans, continue d’échelonner les paliers de l’Etat. D’abord ministre de la Justice en 2012, ensuite Premier ministre la même année, puis envoyée spéciale à partir de 2013, Aminata Touré siège, depuis hier, à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Elle remplace à ce poste l’ex-ministre des Collectivités locales et de la Décentralisation sous Abdoulaye Wade, Aminata Tall. Celle-ci aura passé six longues années aux affaires, sans jamais être inquiétée jusqu’à son départ avec tous les honneurs du chef de l’Etat qui a tenu à lui rendre un vibrant hommage.
Ainsi en a décidé hier le président de la République Macky Sall. ‘’Par décret n°2019-905 pris ce jour, Monsieur le Président de la République a nommé Madame Aminata Touré, Présidente du Conseil économique, social et environnemental, en remplacement de Madame Aminata Tall. Le chef de l’Etat magnifie le travail remarquable réalisé par Madame Aminata Tall à la tête de cette institution, au cours des six dernières années’’, lit-on dans un communiqué lapidaire signé par le porte-parole du gouvernement, Ndèye Tické Ndiaye Diop, par ailleurs Ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications. La nomination d’Aminata Touré à la tête du Cese ne surprend guère les observateurs avisés de la scène politique. Sans jamais se concrétiser jusqu’ici, son arrivée à ladite station a toujours été annoncée, depuis sa destitution de la primature.
La rumeur persistante, qui a toujours véhiculé cette information, est finalement devenue une réalité depuis d’hier. Même si cette nomination parait comme une récompense politique de son engagement aux côtés du président Macky Sall, bien avant même son avènement à la tête du pays, personne ne peut aujourd’hui nier que l’actuelle présidente du Cese a le profil de l’emploi. Puisqu’elle a exercé, dans sa trajectoire, des fonctions plus complexes et plus ardues. Elle aura passé 10 mois et 5 jours seulement à la tête du gouvernement, mais elle y a quand même laissé ses empreintes. Mais la station ministérielle qu’elle a le plus marquée demeure le ministère de la Justice.
Nommée à ce poste en 2012, dans le premier gouvernement dirigé par l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, Aminata Touré s’est vite attelée à la réforme du système judiciaire sénégalais avec, en toile de fond, la réduction des délais de détention préventive à l’origine du surpeuplement dans les prisons sénégalaises, le rapprochement des tribunaux avec les citoyens et l’élargissement de la représentativité du Conseil constitutionnel sénégalais. Mais aussi et surtout la lutte contre la corruption et la concussion, avec la fameuse traque des biens mal acquis, à l’origine de l’arrestation, de l’emprisonnement et de la condamnation du fils de l’ancien président de la République, Karim Meïssa Wade, à 6 ans de prison, en plus d’une amende de 138 milliards pour enrichissement illicite.
Aminata Touré aura joué un rôle crucial dans cette affaire qui va tenir en haleine l’opinion publique sénégalaise pendant plus de deux ans. Dans les mêmes formes, elle a également conduit, avec rigueur, le procès de Hissène Habré. D’ailleurs, si l’ex-président tchadien, condamné pour crime de sang et crime contre l’humanité, réfugié au Sénégal pendant des décennies sans être inquiété, a pu être jugé, c'est en partie grâce à elle. Elle a pesé de tout son poids et usé de toutes ses relations pour qu’enfin, le procès puisse se tenir en terre africaine, notamment au Sénégal et mené par la justice sénégalaise sans que le mis en cause ne soit extradé, comme l’avaient pourtant voulu certains pays européens comme la Belgique.
Dépeinte comme une dame de fer, Aminata Touré a su se frayer une place non négligeable, non seulement dans l’entourage immédiat du président Macky Sall, mais aussi dans le dispositif de la coalition de la mouvance présidentielle. Son limogeage et sa descente aux enfers, après sa défaite face à Khalifa Sall aux élections locales de 2014, n’ont, en effet, pas altéré sa position politique qui reste encore solide. Ses relations avec Macky Sall datent d’avant l’accession de ce dernier à la magistrature suprême. Elle a participé à la rédaction du programme ‘’Yoonu Yokute’’ en 2010. Mimi Touré, comme l’appellent les intimes, s’est forgé une personnalité, depuis sa prime jeunesse. Militante des Droits de l’homme depuis l'âge de 14 ans, Aminata Touré est active dans les milieux universitaires français de gauche et membre de la Ligue communiste des travailleurs (Lct), futur Mouvement pour le socialisme et l'unité (Msu).
Lors de la campagne électorale de 1993, elle est la première Sénégalaise directrice de campagne pour le compte de Landing Savané dont elle rejoint le parti l'année suivante. Aminata Touré devient ensuite directrice des programmes de l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef). À partir de 1995, elle travaille pour le Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap), d'abord comme conseillère technique principale au ministère de la Famille et de l'Action sociale du Burkina Faso, puis en qualité de conseillère régionale du Fnuap pour les pays africains francophones et coordinatrice du programme ‘’Genre et Vih’’ en Afrique de l’Ouest pour le Bureau régional du Fonds des Nations Unies pour la femme. En 2003, elle est nommée, à New York, directrice du Département droit humain du Fnuap. C’est à partir de 2010 qu’elle quitte le New Jersey pour s’installer au Sénégal. Elle devient alors la directrice de cabinet de Macky Sall, Président de l'Alliance pour la République.
Pendant la dernière campagne électorale, elle a été de toutes les étapes du périple du candidat Macky Sall effectué à l’intérieur du pays. En tant qu’envoyée spéciale, c’est elle qui joue les bons offices politiques, éteint les foyers de tension au sein de la coalition Bby et monte au front pour défendre le chef de l’Etat contre les attaques. Sa nomination à la tête du Cese parait donc comme une récompense politique assez méritée. Reste à se mettre en action pour repositionner une institution toujours perçue par les populations sénégalaises, non seulement comme un site de recasement d’une clientèle politique, mais une institution budgétivore.