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2 août 2025
«UNE COMMISSION INDEPENDANTE METTRAIT EN CONFIANCE L’OPPOSITION»
La mise en place d’une Commission indépendante participerait à la facilitation du dialogue politique initié par le chef de l’Etat. C’est la conviction d’Abdourahmane Sow, coordonnateur de la Commission Orientations et Stratégies du Mouvement du 23 juin
Barka Isma BA (Vox Populi) |
Publication 14/05/2019
L'opposition regroupée dans le Front de résistance nationale réclame la mise en place d'une Commission indépendante pour mener les concertations pour le dialogue. Quel commentaire en faites-vous ?
Il serait bien pour un dialogue sincère, participatif et consensuel, que la neutralité soit de mise dans ce processus d’apaisement du climat politique et social du pays. a l’image du consensus de 1992, sous l’égide du général Cissé, les acteurs de la Société civile et les acteurs politiques, une commission indépendante garantirait une démarche objective dans le processus et mettrait en confiance l’opposition qui a souvent dénoncé le manque de sincérité dans les différents appels au dialogue sous l’ère Macky Sall. Des termes de référence exhaustifs, des acteurs neutres, la bonne foi des acteurs politiques, seraient des acquis non négligeables pour un dialogue sincère qui profiterait à l’ensemble des acteurs et au renforcement des acquis démocratiques. En tout cas, même si elle n’y est pas conviée, notre structure plaide pour la levée de tous ces contentieux qui braquent nos franges sociales et politiques, en vue d’apaiser le climat et permettre au Sénégal de passer à une étape supérieure de sa vie démocratique. de toutes les manières, les acteurs politiques, surtout ceux du camp de Macky Sall, ont intérêt à tenir de manière responsable ce dialogue, sinon, nous risquerons de faire toujours face aux vices exercés par les vainqueurs du moment, la loi, la justice et la règle des vainqueurs. Par ailleurs, une certaine Société civile doit arrêter le jeu de la complaisance et des faux alibis, facilitant ainsi au pouvoir la tâche de se livrer à chaque appel au dialogue, à de la théâtralisation et aux effets d’annonce. il est temps que cette classe d’acteurs respecte les Sénégalais par la bonne foi et l’équité, qu’elle soit de la Société civile, du pouvoir comme de l’opposition.
Que pensez-vous des conditions posées par les libéraux et les «Khalifistes» pour prendre part au dialogue ?
Des conditions légitimes à notre sens. dans le cadre des concertations, les parties viendront avec leurs préoccupations particulières. Même si la démarche pourrait être exclusive et égoïste, il faut reconnaître que ces positions ont été dans le temps renforcées par une volonté politicienne constatée sur la gestion de ces dossiers judiciaires. autant avec monsieur Karim Wade, que le député-maire Khalifa Ababacar Sall, nous avons eu le sentiment que la justice sénégalaise a été contrainte, par une démarche exclusive, en vue de solder des comptes personnels et de liquider des adversaires politiques. Alors que ces derniers gestionnaires sont condamnés, d’autres se pavanent librement, pendant que leur gestion est épinglée pour des sommes dix fois plus élevées. nous considérons que la complaisance, l’impunité et le parti pris ont été de mise dans le fonctionnement de la justice sénégalaise, et cela repose la problématique des rapports entre nos différents pouvoirs. nous estimons, encore une fois, que le président Macky Sall, a l’occasion de restaurer la gouvernance démocratique par une nouvelle démarche et des réformes profondes. c’est ce que nous espérions, jusqu’à ce qu’il nous prenne encore au dépourvu, par des révisions constitutionnelles antidémocratiques, capitalisant ainsi tous les pouvoirs de ce pays entre ses mains, en érigeant un régime hyper présidentialiste et dictatorial, avec un frêle alibi, ‘Fast-track’, pour gruger les esprits innocents de certains sénégalais. ce qu’il doit comprendre et apprendre de ses prédécesseurs, c’est que les hommes passent et les institutions demeurent. Nous attendons de lui de vraies réformes sur la gouvernance de ce pays, pour bannir de l’exercice du pouvoir, la mal gouvernance, le manque de transparence, le népotisme, la patrimonialisation de la république, la corruption, la complaisance, l’impunité, la manipulation de nos institutions et la politique politicienne, entre autres vices, qu’il dénonçait et combattait à nos côtés. il est averti ! nous nous érigerons face à ces forfaitures qui nous agacent de la part de tous ces régimes et pouvoirs qui défilent dans le temps et abrutissent le peuple sénégalais. Macky Sall a la lourde responsabilité de tracer son destin lié à la démocratie sénégalaise à travers ce dialogue. il n’est pas trop tard pour refaire les choses et de bâtir le Sénégal du renouveau démocratique. a lui de faire preuve de bonne foi et d’être très lucide.
La COS/M23, en synergie avec d'autres mouvements, a lancé une pétition nationale et internationale pour la libération de l'ex maire de Dakar que vous considérez comme un otage. Pourquoi avez-vous senti la nécessité de lancer une telle initiative ?
la coS/m23 est une organisation libre du diktat des mentors et autres parrains. libre dans la pensée et l’action citoyenne. patriotique et engagée pour le salut du peuple. nous sommes forts du parcours et du militantisme de nos membres, et de notre implication dans la lutte démocratique du Sénégal depuis maintenant plus de quinze années. en tant qu’observateurs de la vie politique du pays et avisés des enjeux et du jeu, nous avons compris que Khalifa Sall est victime aujourd’hui d’un système de gouvernance politique. de prisonnier politique, il se retrouve aujourd’hui otage de ses ambitions. lui et Karim Wade, sont aujourd’hui suspendus à l’agenda politique du pouvoir en place et cela est injuste. tant que l’impunité est garantie aux collaborateurs du président de la république, nous considérerons qu’ils sont des otages et combattrons pour leur liberté, au nom de la démocratie. cela ne saurait être de la sublimation et un culte de la personne. nous avions fait la même chose, quand le pouvoir libéral attaquait macky Sall, en l’accusant de blanchiment d’argent. par principe, nous le ferons pour d’autres. la loi a un caractère général et impersonnel, aujourd’hui au Sénégal, elle est exclusive, orientée et sélective. Fort de tous ces constats, la coS/m23 a pris librement sur elle, avec d’autres collaborateurs de même opinion, de poursuivre ce combat. a travers cette plateforme citoyenne, cette pétition nationale et internationale, des citoyens se lèvent pour réclamer la liberté de Khalifa Sall par principe. le président macky Sall est interpellé ainsi, et est prié de prendre les dispositions nécessaires pour la libération des otages politiques et de nous inviter à la reconstruction de ce pays. S’il s’y met de bonne foi, alors pour l’essentiel le Sénégal, la coS/m23 serait parmi les plus librement engagés par souci et par conviction pour le Sénégal.
NAISSANCE DU CONGRÈS DE LA RENAISSANCE DÉMOCRATIQUE "AND DEKKIL BOKK"
Les partis et mouvements à l’initiative de la création de cette nouvelle entité sont : Mouvement Tekki, Parti de l’Émergence citoyenne, Mouvement pour la République des Valeurs, Alliance pour la citoyenneté et le travail, LD Debout, Taxaw Temm et Ensemble
Le paysage politique s’est enrichi d’une nouvelle offre avec la naissance du Congrès de la Renaissance démocratique "And Dekkil Bokk". Six partis et mouvements ont annoncé la mise sur pied, lundi, du Congrès de la Renaissance démocratique "And Dekkil Bokk" qui entend "s’investir dans une refondation morale, institutionnelle, économique et sociale" du Sénégal. Les partis et mouvements à l’initiative de la création de cette nouvelle entité sont : Mouvement Tekki, Parti de l’Émergence citoyenne, Mouvement pour la République des Valeurs, Alliance pour la citoyenneté et le travail, LD Debout, Taxaw Temm et Ensemble.
Dans un communiqué, ils dénoncent "la dégradation généralisée et continue de la situation du pays (ponctuée par) la grave crise des valeurs au sein de toutes les couches de notre société, le mépris des gouvernants pour les vertus républicaines". Ils pointent également du doigt ’’le discrédit de plus en plus manifeste de certaines de nos institutions, le manque alarmant de perspectives pour les jeunes, la détresse du monde rural, la destruction de notre tissu industriel, le désordre et l’insalubrité intolérable des villes, la crise sempiternelle de tous les niveaux d’enseignement".
Selon eux, ’’l’objectif de cette initiative est de créer un large rassemblement des forces vives de la nation, soucieux de mettre fin au déclin et à l’abaissement du Sénégal et d’engager un processus de reconstruction du pays, qui permettra à chaque sénégalais d’accéder au bien-être et de servir sa patrie".
Par Malick DIAGNE
LA LAÏCITÉ AU SÉNÉGAL, UN PRINCIPE REPUBLICAIN CONFLUENT ENTRE LE POLITIQUE ET LE RELIGIEUX
Apprenons à nos enfants, le principe qui doit accompagner la laïcité : la tolérance - Car, c’est par la tolérance qu’ils comprendront que le vivre-ensemble se construit dans la conjugaison de nos différences et non dans la soustraction des altérités
Aujourd’hui, à la lecture des Unes des journaux, sans vouloir trancher d’un débat qui ne devait pas avoir lieu dans notre pays, je me suis senti dans l’obligation de faire un rappel historico-dialectique du principe de laïcité tel qu’il a présidé, dès les premières heures de notre indépendance, à la constitution de notre cadre de vie apaisé tant convoité à travers le monde. Si aujourd’hui, il y a cette concorde exemplaire entre les communautés de toutes sortes dans notre pays, c’est parce qu’il y a eu une volonté affichée, dès le départ, de construire une république où les pouvoirs temporel et spirituel vont s’inscrire dans une dynamique coopérative pour le salut de tout le monde.
Ainsi, la laïcité au Sénégal est incompréhensible sans cette volonté de construire une nation dans la concorde et la cordialité, qui est très présente dans l’esprit et le geste du premier président de ce pays, Senghor. Certes, pour ce qui est du principe de laïcité, il est important de prendre en considération l’héritage colonial avec cette relation complexe que le colonisateur a très tôt nouée avec les notabilités religieuses et coutumières. Et il est également clair que le cadre institutionnel qui fixe la laïcité dans ce pays au sud du Sahara, à majorité musulmane, est fortement influencé par le modèle français à cause des liens étroits qui le lient, à plusieurs niveaux de réalité, à l’ancienne puissance coloniale. Néanmoins, il serait réducteur et inexact de résumer la tradition et les pratiques de laïcité au Sénégal à cette influence française.
Pour preuve, il y a cette anecdote historique bien relatée par Christian Valentin dans son ouvrage, Trente ans de vie politique avec Léopold Sédar Senghor, Paris, Editions Bélin, 2016. Il y raconte comment le Président Senghor, par souci de ne pas froisser la communauté musulmane, majoritaire à plus de 90 % dans la population, a diplomatiquement demandé au Cardinal Thiandoum, à l’époque archevêque de Dakar, d’attendre l’avènement d’un président musulman pour inviter le Pape Jean Paul II à Dakar. Ce que ce dernier a accepté et qui a abouti à la venue et à l’accueil national du Pape à Dakar, du 19 au 23 février 1992 ,sous la présidence d’Abdou Diouf, le premier musulman à diriger le pays. La culture de laïcité au Sénégal a pris une tournure propre à la spécificité du pays longtemps soumis à des éléments civilisationnels multiples (négroafricains, arabo-islamiques et judéo-chrétiens entre autres). Abd-El Kader Boye1 parle d’un « certain nombre d’équilibres » qu’il importe de maîtriser pour pouvoir cerner le système sénégalais, qui vont du « poids démesuré des grandes confréries musulmanes » à l’influence pesante de la France dont « les intérêts économiques et stratégiques au Sénégal sont manifestes ».
Ainsi, dès le départ, le Sénégal indépendant s’est singularisé par un cadre laïque où l’État et les groupements religieux, quels qu’ils soient, sont imbriqués pour ce qui est de la gestion des affaires de la cité. Dès les premières épreuves politiques postindépendance, comme la crise au sommet de l’État en 1962, la présence dans l’espace politique de dignitaires religieux, à travers les guides des principales confréries mais aussi du chef de l’église catholique, s’est avérée décisive dans le dénouement du conflit entre les présidents Senghor et Dia. On peut, en effet, parler dès le départ d’aggiornamento à la sénégalaise pour ce qui est de la pratique de la laïcité et des rapports complexes entre le pouvoir politique et les communautés religieuses où le Président Senghor a joué un rôle nodal au niveau intellectuel comme au niveau de la pratique politique.
Au niveau intellectuel, en bon bergsonien, très imbu de la lecture de l’Evolution créatrice2, Senghor, dans sa conception unitaire de l’esprit et de la matière, refuse toute opposition duale entre le spirituel et le temporel. Christian Valantin, reprenant les propres termes de Senghor, parle de « retournement dialectique » de taille qui a permis à ce dernier d’établir l’existence de Dieu en ces termes : « Il émerge d’une nécessité interne […] non plus cause, mais effet, non plus extériorité mais intériorité, non plus motif mais fin. Dieu est la solution cohérente et efficace que propose Teilhard au problème de l’aliénation, du non être posé par Marx et Engels » (2016, p. 31). A partir de cette ontologie « négro-africaine », il y a un souci de la religion qui accompagne le premier président du Sénégal indépendant et qui va se déteindre dans toute sa stratégie politique au point de se faire adouber et parrainer par les grands guides religieux du pays tout le long de son magistère (1960-1980), et ce, contre vents et marées, dans une époque où les théories socialo-marxistes avaient le vent en poupe dans les pays du Tiers monde. Dans la pratique, au sein de la jeune nation sénégalaise, Musulmans et Chrétiens coopèrent pour forger un vivre-ensemble. Au sein de la société sénégalaise, selon Senghor, matérialité et spiritualité ne s’excluent pas, mais vont vers la même tension créatrice d’un cadre social apaisé.
C’est cela qui fait que la laïcité au Sénégal est incompréhensible, au-delà des textes et du modèle constitutionnel d’obédience, sans une lecture pénétrante de la société autochtone où le contact du politique et du religieux, les liens interculturels entre les religions s’éprouvent dans la quotidienneté à travers les fêtes, les baptêmes, les mariages, les deuils, les cérémonies de toutes sortes qui sont, à chaque fois, des moments de concorde et d’affermissement des rapports sociaux. Et cela, loin d’une quelconque vision idyllique, montre les pratiques ancrées d’affluence entre les cultes, les traditions et les systèmes de pensée d’une société où le fait politique n’est pas dans un lien d’extériorité avec le fait spirituel. Car comme l’explique encore Christian Valantin, chez Senghor, qu’il s’agisse de l’animisme, du christianisme ou de l’islam, « la religion est la sève même de la civilisation négro-africaine » (2016, p.36). Certes, dès les premières constitutions, de 1960 et 1963, la République du Sénégal est qualifiée de « démocratique, sociale et laïque ». Mais de quelle laïcité s’agit-il véritablement dans notre pays? Dans son discours à l’inauguration de la grande mosquée de Touba le 7 juin 1963, le Président Senghor décline la conception de la laïcité qu’il veut et promeut pour le pays : « Laïcité, pour nous, n’est ni l’athéisme, ni la propagande anti-religieuse. J’en veux pour preuve que les articles de la constitution qui assurent l’autonomie des communautés religieuses. Notre loi fondamentale va plus loin qui fait de ces communautés les auxiliaires de l’État dans son œuvre d’éducation, de culture. » (C. Valantin, 2016, p.104) On peut dire qu’avec ce propos de Senghor, la messe est dite en matière de laïcité ; il ne s’agit aucunement de séparation radicale quand bien même il y a distinction des pouvoirs, à travers la reconnaissance constitutionnelle, par la loi fondamentale, de l’apport des communautés religieuses dans la vie politique sénégalaise.
Avec une telle option affichée, on est loin du modèle français où la fonction religieuse exclut l’individu, de fait, du système éducatif public. Au Sénégal, la religion ne va pas être confinée dans la sphère privée. Elle a son rôle à jouer dans l’éducation des jeunes citoyens et dès le départ l’Etat délègue une partie de ce rôle éducatif aux communautés religieuses à travers les « daaras », certaines écoles privées, notamment catholiques. Ainsi, la religion a toujours eu droit de cité dans l’espace public et dans la gestion des questions politiques, car, en tant qu’aspect essentiel de la culture, elle ne peut être mise dans un rapport d’extériorité négative avec la politique. On peut parler d’une forme de laïcité positive qui permet d’organiser harmonieusement la communauté nationale en l’articulant à la communauté internationale à travers les religions à prétention universelle que sont l’islam et le christianisme qui sont venues se greffer sur le fond des religions traditionnelles qu’une certaine vulgate anthropologique a péjorativement nommé animisme. Plus que jamais, il y a une sorte d’immixtion mutuelle entre les deux sphères (politique et religieuse) qui fait qu’au Sénégal, malgré la consécration constitutionnelle de la laïcité, les pratiques donnent une tournure inédite à ce principe républicain.
Dès lors, aujourd’hui, dans un contexte mondial où les extrémismes identitaires ont fini de montrer leur face hideuse, nous ne devons pas tenter le diable en installant un débat funeste à tous les points de vue.
Apprenons plutôt à nos enfants, de toutes les confessions, le principe qui, immanquablement, doit accompagner la laïcité : la tolérance. Car, c’est par la tolérance qu’ils comprendront que le vivre-ensemble se construit dans la conjugaison de nos différences et non dans la soustraction des altérités.
1 Préface de G. Hesseling, 1985, Histoire politique du Sénégal. Institutions, droit et société, Trad. Catherine Miginiac, Paris, Karthala, p.11.
Malick Diagne est Chef du Département de Philosophie, UCAD
TROP JEUNES POUR JEUNER… ?
Le jeûne, ce n’est pas seulement l’affaire des adultes. Des enfants s’y adonnent. Si certains ne peuvent pas s’abstenir de manger pendant toute une journée, ce moment est une occasion pour ces petits d’apprendre à remplir ce quatrième pilier de l’islam.
De jeunes garçons tapent avec ardeur sur un ballon sur les deux voies de Niarry Tally. Ce terre-plein séparant les deux axes est en chantier. L’espace est fermé par des grilles de clôture. Quelques portes sont ouvertes pour permettre aux riverains d’y accéder. Malgré ces voies d’accès, certains enfants se plaisent à enjamber les grilles pour retrouver leurs camarades. Trois d’entre eux montrent beaucoup d’entrain sous un ciel diurne. Avez-vous jeûné ? Ils s’empressent de répondre. « Oui j’ai jeûné ! » exulte presque le plus âgé Omar Diallo. « Moi aussi, j’ai jeûné ! » renchérit Bory Diallo. « Moi aussi ! » ajoute le cadet de la fratrie des Diallo, Mamadou Saliou. Cependant, les deux derniers sont vite démentis par l’aîné. « Ce n’est pas vrai ! Bory a jeûné un seul jour mais, avant 17 heures, il a mangé. Mamadou Saliou, lui, n’a jamais essayé », affirme Omar Diallo, âgé de 12 ans, avant de poursuivre, tous les trois, leur partie de foot sous une chaleur accablante.
A une encablure d’eux, Mor Sylla égrène son chapelet à l’ombre d’un arbre. En ce dimanche, jour de repos, il a préféré cet espace en cours d’aménagement sur les deux voies de Niarry Tally pour un peu de répit. Un vent modéré atténue la canicule. Un bon endroit pour prendre de l’air et fuir le tumulte de son populeux quartier de Niarry Tally, même si les lieux n’offrent pas toutes les commodités pour attirer plus de monde. Sur la question du jeûne des enfants, M. Sylla souligne que c’est une bonne chose. A son avis, les enfants doivent apprendre à jeûner dès le bas âge. Même s’ils ne peuvent pas s’abstenir de manger toute une journée, il estime qu’ils peuvent commencer à apprendre. Mor Sylla encourage ses enfants à jeûner. Toutefois, il n’est pas question pour lui de les forcer. « Les enfants ont toujours envie de jeûner comme tout le monde. S’ils en manifestent le désir, il faut les encourager », conseille-t-il. Mor Sylla dit avoir commencé à jeûner à l’âge de 12 ans. Le jeûne était une obligation pour lui. Son père, imam, veillait à ce que tous les enfants puissent observer le jeûne pendant le mois de ramadan.
Autre époque, autres mœurs. Même s’il tient à ce que ses enfants aient une éducation religieuse, il ne leur impose aucune conduite sur ce point. Non loin de là, Moussa Faye Niang et Assane Manel jouent dans le sable fin à côté d’un bâtiment en chantier. Le premier est élève en classe de Cm1 à l’école Taïba ; le second au Ce2. La volonté de jeûner est forte chez ces deux enfants. Depuis le début du ramadan, Moussa Faye Niang n’a pas raté un seul jour. « J’ai déjà jeûné cinq fois », jubile-t-il, le visage illuminé de fierté. Le môme ne montre aucun signe de fatigue. Mais ce n’est que le début de la journée. L’horloge affiche 11h. On guette l’approche de l’heure de la rupture ! « Je tiendrai bon jusqu’au soir sans rien manger », prometil, avant de railler son camarade Assane Manel, plus jeune, qui « ne peut pas s’abstenir de manger toute la journée ». Qui sait ? Peutêtre bien qu’Assane Manel a de précoces astuces contre la faim !
AHMADOU MAKHTAR KANTE, IMAM DE LA MOSQUEE DE POINT E «Encadrer et expliquer aux enfants les bienfaits du jeûne»
Il n’y a pas un « âge précis » pour le jeûne des enfants, souligne Ahmadou Makhtar Kanté, imam de la mosquée de Point E. Selon lui, le jeûne est « flexible ». Il précise, cependant, que « l’on peut entamer un travail pédagogique, entre 7 et 10 ans, pour inciter l’enfant à faire le jeûne petit à petit ». A son avis, beaucoup d’enfants, dès cet âge, ont déjà le courage de jeûner et insistent même pour le faire. Par contre, d’autres ont peur et demandent à être accompagnés. Imam Kanté invite les parents à « encadrer et à expliquer les bienfaits du jeûne » à leurs enfants. « Il faut surtout leur montrer que le jeûne n’est pas dangereux pour leur santé avec un langage approprié. Qu’ils ne jeûnent pas brusquement tous les jours. Il faut de la pédagogie », a conseillé le religieux.
«L’APPEL AU DIALOGUE PERMET DE CONSTRUIRE DES CONSENSUS FORTS»
El Hadj Momar Sambe, connu pour son slogan « Réew dañ koy péncoo, ken du ko pàccoo », est d’avis que l’appel à la concertation nationale lancé par Macky Sall revêt un caractère fondamental, d’envergure stratégique.
Pour le leader du Rassemblement des travailleurs africains-Sénégal (Rta/S), le dialogue permettra de construire des consensus forts autour des enjeux et défis de notre pays. El Hadj Momar Sambe, connu pour son slogan « Réew dañ koy péncoo, ken du ko pàccoo », est d’avis que l’appel à la concertation nationale lancé par Macky Sall revêt un caractère fondamental, d’envergure stratégique.
L’Assemblée nationale vient d’adopter le projet de loi constitutionnelle portant suppression du poste de Premier ministre. Quelle lecture en faites-vous ?
Je me suis posé trois questions : Pourquoi la réforme ? Est-ce qu’elle donne des pouvoirs nouveaux au président de la République ? Est-ce qu’elle diminue les pouvoirs de l’Assemblée nationale ? J’ai abouti aux réponses suivantes. Avec la réforme, on supprime l’échelon intermédiaire (Premier ministre) entre le président de la République et le gouvernement (ministres), permettant ainsi au président d’être en contact direct avec le niveau d’application (ministres) des politiques qu’il définit lui-même et de répondre aux attentes du peuple avec plus de rapidité. Ainsi, il se met au-devant et assume pleinement ses responsabilités de superviseur de ses politiques mises en œuvre par le gouvernement qui, en tant qu’institution, est maintenu et garde les mêmes attributs et attributions. Le président, en tant qu’institution, conserve son statut et ses pouvoirs. La réforme ne lui confère aucun pouvoir supplémentaire ; au contraire, elle le déleste de son pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale. Cette dernière, en tant qu’institution, continue d’exercer son contrôle sur le gouvernement à travers les commissions d’enquête, les questions écrites, orales ou d’actualité, mais perd le pouvoir de faire tomber le gouvernement, par la question de confiance et la motion de censure. La réforme établit un équilibre parfait entre l’exécutif et le législatif et met fin à une incohérence, une sorte d’hypocrisie institutionnelle : le gouvernement qui ne définit pas la politique de la nation, ne peut pas et ne doit en répondre devant l’Assemblée nationale. Cette réforme est un outil pour servir mieux les intérêts des populations. Je l’approuve et félicite les députés de l’avoir adoptée.
Vous disiez très souvent « Réew dañ koy péncoo, ken du ko pàccoo ». Que reste-t-il de ce slogan au moment où vous êtes passé de l’opposition à la majorité présidentielle ?
Ce slogan est encore actuel et le demeurera toujours. Il fait partie de ces maximes impérissables et d’envergure universelle. C’est une vérité qui ne m’appartient pas ; les gens ont une fâcheuse tendance à personnaliser les questions. Plus grave encore, ils ont une vision manichéenne de la vie. Ma conviction est que ce slogan, approprié par beaucoup de nos concitoyens, doit être un idéal de vie et de combat pour tout homme épris de progrès et de justice. En vérité, qu’on soit de l’opposition ou du pouvoir, tout démocrate conséquent devrait en épouser le sens et en faire une raison d’engagement pour la vie. Cet aphorisme signifie littéralement qu’un pays ne se gère pas pour l’intérêt de particuliers qui se partagent ses ressources au détriment de la majorité ; au contraire il doit être géré pour l’intérêt de toute la communauté. Il traduit une vision, une philosophie politique : gestion démocratique pour l’intérêt du peuple, du collectif à l’opposé d’une gestion personnelle, clanique. Cela rejoint pour l’essentiel « un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous ». Pour nous, les ressources du pays doivent profiter à tous les Sénégalais. Et c’est ce que le régime de Macky Sall expérimente depuis qu’il est au pouvoir, à travers les politiques mises en œuvre dans tous les domaines. Ce sont ces politiques d’intervention de l’État, de subvention des prix, de protection sociale des personnes vulnérables, de promotion de l’équité territoriale, en opposition aux politiques du « moins d’Etat » du Fonds monétaire international (Fmi) et de la Banque mondiale, qui donnent son sens véritable au concept du « Péncoo » en tant que réalité économique et sociale.
Par tradition, le Sénégal est un pays de dialogue. Le président Senghor lui-même disait souvent que « le Sénégal est un pays de dialogue ». Est-ce qu’il y a une chose qui cloche ?
Notre pays a une longue tradition de dialogue. Notre histoire politique est jalonnée de faits qui ont permis d’ancrer dans les esprits le sens du dialogue, de la recherche du compromis. C’est une caractéristique de notre culture, un trait de la personnalité sénégalaise. Mais, comme pour beaucoup d’autres questions, dans tous les domaines, notre pays a connu des changements dans les comportements et dans les esprits. Il y a de plus en plus un refus de la réalité objective. Les désirs et ambitions personnelles prennent le dessus sur l’intérêt collectif. Ces petits égoïsmes, au nom de l’intérêt de corps, de camp politique ou idéologique, quel que soit le drapeau sous lequel ils sont promus, sont irresponsables et parfois criminels.
Le 28 mai est la journée nationale du dialogue au Sénégal, pensezvous que l’appel au dialogue du chef de l’Etat pourra enfin être entendu par l’opposition ?
Le dialogue national auquel appelle le chef de l’Etat ne s’adresse pas exclusivement à la classe politique. Il s’adresse plus largement à toutes les forces vives de la nation. Car, il s’agit de construire un consensus fort autour des enjeux et défis de notre pays pour créer les conditions d’une mobilisation large et profonde de tous les acteurs de la nation, capables de relever les défis majeurs du développement inclusif. Sans une telle mobilisation, il n’est pas possible d’atteindre l’objectif ainsi fixé. Comprendre cela, c’est bien saisir les contraintes qui assaillent tous les pays, ceux en voie de développement encore plus. La mondialisation n’offre pas beaucoup de marge de manœuvre, les menaces en tout genre nous assaillent de toutes parts. Comprendre cela, c’est être conscient de la vulnérabilité de notre pays qui, dans beaucoup de domaines, demeure encore dans une grande faiblesse. Et sans une unité nationale solide, il serait difficile de s’en sortir. Une telle conscience exige un sens élevé des responsabilités pour tout citoyen qui se dit patriote. J’ai bon espoir qu’une bonne frange de l’opposition répondra à l’appel.
Les pays pétroliers africains sont souvent plus exposés et par conséquent plus fragiles. Avec la découverte et l’exploitation en vue du pétrole et du gaz au Sénégal, quelle posture doit prendre la classe politique nationale pour tirer profit de ces ressources ?
Dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, aucun pays pétrolier n’échappe à la convoitise des puissances d’argent et des multinationales. Elles sont prêtes à mettre à feu et à sang des pays, à les plonger dans le chaos, à assassiner leurs dirigeants pour mettre la main sur cette richesse stratégique qu’est le pétrole. C’est dire que le Sénégal, qui entre dans le cercle restreint des pays pétroliers, est devenu un objet de convoitise de la part des multinationales, des puissances étrangères qui n’hésiteraient pas, si la situation l’exigeait, à créer les conditions d’une déstabilisation, voire d’une partition pour s’accaparer de nos ressources. Rappelez-vous comment les guerres civiles ont été fomentées au Nigéria et au Congo, et comment le Soudan a été divisé en deux. C’est pourquoi, l’appel à la concertation nationale sur le pétrole et le gaz lancé par Macky Sall revêt un caractère fondamental, d’envergure stratégique. La posture démocratique et patriotique de la classe politique est donc de rallier cette exigence de responsabilité historique. A moins qu’on ne veuille travailler pour des intérêts étrangers…
Tout comme l’absence de dialogue, les fakenews constituent une menace pour la démocratie sénégalaise. Est-ce que le Sénégal, à l’image de certains pays comme la France, ne devrait pas commencer à prendre des mesures juridiques contre cette nouvelle tendance ?
On a pu voir, lors de la dernière campagne électorale, comment on a été confronté à la fabrique, à quantité industrielle, de fakenews dans le but de porter préjudice au candidat Macky Sall. Aujourd’hui, des gens malintentionnés se cachent derrière l’anonymat de leur clavier pour proférer injures et insanités à l’encontre de paisibles citoyens. Invectives, diatribes et caractérisations faciles et injurieuses prennent la place d’arguments bien réfléchis. Sans le savoir, on crée des sectes fanatisées qui sont l’objet de toutes les manipulations. Si l’on n’y prend garde, des familles vont imploser et la société avec. Dès lors, prendre des mesures juridiques pour les protéger devient un devoir citoyen pour l’Etat et les citoyens. Nous sommes tous en danger ! A mon avis, les députés devraient s’autosaisir de la question, sans attendre l’exécutif. Les citoyens également pourraient initier une pétition dans ce sens.
Par Elhadji Ibrahima THIAM
MARCHANDS DE LA MORT
Feignant d’être enceinte, elle cherche un moyen de se débarrasser de son fœtus - Facilement, elle trouve un quidam qui lui assure pouvoir lui trouver la « recette miracle » - Prix à payer : 30.000 FCfa pour trois comprimés.
C’est une petite vidéo de trois à quatre minutes mise en ligne par un jeune sur son site web. En caméra cachée, une jeune femme se fait passer pour une cliente. Feignant d’être enceinte, elle cherche un moyen de se débarrasser de son fœtus. Facilement, elle trouve un quidam qui lui assure pouvoir lui trouver la « recette miracle ». Prix à payer, 30.000 FCfa pour trois comprimés. « Tu prendras un le matin, un à midi et un le soir », lui prescrit le faux médecin. Cette scène se déroule devant Keur Serigne bi, le temple de la vente illégale de médicaments à Dakar. Et dire qu’il y a dix ans, ce célèbre marché noir avait été fermé à grand renfort de publicité. Keur Serigne bi est, en réalité, une zone de non droit dont le centre névralgique se trouve au marché Ocass de Touba, épicentre d’un intense trafic de médicaments. Dans ce bouillant carrefour commercial, un secteur est entièrement dédié à cette pratique illégale.
On l’appelle « marché fraude ». Tout est dit. On y voit des dizaines de cantines, l’enseigne « Pharmacie » pompeusement inscrite au fronton et caducée mal imitée bien en évidence, proposer tous types de médicaments. Une rude concurrence aux pharmacies conventionnelles. Ces dépôts illégaux, on en a 350 contre 41 officines régulières à Touba, selon le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal. Il n’est pas rare de voir des revendeurs de faux médicaments, faute de cantine, poser leurs brouettes achalandées au coin des pharmacies réglementaires. Un pied de nez. La saisie, en novembre 2017, d’une importante quantité de médicaments contrefaits d’une valeur de 1,35 milliard de FCfa à Touba Bélel, ne semble nullement décourager les contrebandiers.
L’un d’eux, Amadou Woury Diallo, condamné à 5 ans de prison en décembre 2018, s’est retrouvé, on ne sait par quel subterfuge, dans la liste des détenus graciés par le chef de l’Etat lors de la fête de l’indépendance du 4 avril dernier. Sa libération a provoqué une levée de boucliers de l’Ordre des pharmaciens et du Syndicat des pharmaciens. C’est à croire que ce juteux business alimenté par un circuit en provenance de la Gambie, de la GuinéeConakry et du Nigéria, est entretenu par un système mafieux bénéficiant de solides soutiens politico-maraboutiques. Avec leur business apparemment lucratif, ces marchands de la mort sont en train d’inoculer, à dose homéopathique, un poison mortifère aux populations.
Plus choquante, la passivité des autorités. Une politique de l’autruche dont les populations de Touba commencent à sentir les contrecoups. Ce n’est pas pour rien que c’est l’une des localités au Sénégal où le taux d’insuffisance rénale est le plus élevé. Or, le lien est établi entre l’usage de médicaments contrefaits et cette terrible maladie qui touche, chaque année, 6.000 personnes au Sénégal, selon l’Association des hémodialysés et des insuffisants rénaux. Et c’est encore plus flippant lorsqu’on nous signale que plus 20.000 Sénégalais ont atteint le stade d’insuffisance aiguë et 8.000 d’entre eux en phase terminale. Brrr.
Les conséquences sont également au plan économique car, estime-t-on, le marché des faux médicaments se chiffre à 12 milliards de FCfa. Jusqu’ici, les tentatives de lutte contre le fléau des médicaments de la rue sont restées vœux pieux. Par à-coup, au gré de l’actualité brulante sur cette problématique, les autorités montrent les crocs, juste le temps que la poussière des indignations retombe. La vérité, c’est qu’il y a un réel manque de volonté politique pour éradiquer ou, à défaut, réduire drastiquement le trafic de médicaments contrefaits.
En effet, la vente de faux médicaments n’est pas pénalisée, malgré l’insistance des organisations engagées dans cette lutte. Aucune législation spécifique n’existe et le pays n’a pas encore ratifié la convention européenne Medicrime, relative aux délits associés à la vente et la fabrication de produits médicaux falsifiés. Certes, un Comité national de lutte contre les faux médicaments a été créé, mais c’est une coquille vide. Le 5 août 2018, le ministre de la Santé promettait une « guerre systématique » contre les trafiquants quel que soit le lieu où ils s’activaient. Cette déclaration date bientôt d’un an et les trafiquants continuent de pavaner en terrain conquis comme si les deux mamelles qui leur servent de sève nourricière n’étaient pas connues et identifiées.
Par Momar WADE
UN INTELLECTUEL DISCRET ET UN PÉDAGOGUE HORS PAIR S’EN EST ALLÉ
Consternation, tristesse - Ces sentiments sont largement partagés par les anciens du Cesti des années 80, le corps professoral et le personnel technique après le décès de Saïdou Dia, un spécialiste des sciences de l’information reconnu
Rappel de quelques pans d’un parcours de vie d’un brillant intellectuel…
Après des études à l’Université de Bordeaux, le Pr. Saïdou Dia a prouvé ses compétences à l’Ecole de journalisme de Dakar qui était dirigé par Feu Pr. Babacar Sine, un célèbre philosophe, après le départ des coopérants canadiens. Sa tâche était plus que difficile. Toujours souriant et serviable, il devait inculquer aux nouveaux étudiants les rudiments de cette nouvelle science à peine balbutiante dans nos pays : Les sciences de l’information et de la communication.
De célèbres journalistes et même des stars du petit écran lui doivent leurs premiers pas dans les études qui leur mèneront à l’obtention de ce diplôme de journalisme de l’université de Dakar tant convoité. Avec nous, les relations étaient assez particulières car ses deux sœursAoua Dia Thiam et Fatima Dia- ont été mes camarades au Lycée Blaise Diagne. De plus, mon cousin Mama Sow, professeur à l’Inseps de Dakar et ex entraineur adjoint des Lions de l’épopée 2002 a été son ami ; ils se sont connus en France durant leurs années estudiantines. Cet intellectuel discret, lecteur de toutes sortes d’ouvrages à la bibliothèque très fournie, m’avait adopté à sa manière, m’invitait chez lui pour de longs déjeuners ou diners en tête, me déposait avec sa Peugeot 504 chez moi à la Médina, me soutenait financièrement quand les bourses tardaient, me prodiguait des conseils utiles dans le cadre de l’exercice de ma profession de journaliste.
C’est l’un des rares professeurs qui m’a aidé à ne pas avoir la grosse tête et à rester modeste et humble en toutes circonstances et en tous lieux. Pourtant, il pouvait se vanter de son statut social car sa famille était de la bourgeoisie dakaroise et sa mère était l’une des premières pharmaciennes de ce pays. Sa modestie épousait parfois les contours de cette timidité si caractéristique des esprits brillants. Seul l’homme l’intéressait qu’il soit balayeur, chauffeur, vendeuse de brochettes, étudiant ou professeur. De son point de vue, peu importe.
Respect à tout être humain. Durant la décennie 90, nos chemins ont été séparés par les aléas de la vie professionnelle et familiale. Nous nous sommes installés dans des pays de la sous-région et le Pr saidou Dia, lui, est devenu expert de l’Onu grâce à son expertise avérée à Madagascar et dans d’autres pays africains. Très digne, il a refusé un poste à Peshawar (Paksistan) dans cette zone frontalière si meurtrière avec l’Afghanistan où règne la loi des violents talibans. Il n’a jamais usé des passe droits et profité des privilèges indus dans le monde onusien où la magouille est parfois érigée en mode de management des cadres. Avant sa brutale disparition, un ami commun nous a confié qu’il a travaillé à Maurice (Océan Indien). Nous lui devons cet hommage car l’homme a été toujours utile et a servi son pays et l’Afrique. Il est resté un patriote et un adepte convaincu de la justice sociale.
Au nom de tous mes camarades de la 13éme profession du Cesti ( Mame Less Camara, Boubacar Boris Diop, Sophie Senghor, Khalifa Babacar Ndiaye, Sané Madi Camara, Abdou Demba Tall, Moustapha Sarr Diagne, et Ibrahima Mané), nous présentons nos très vives condoléances à notre confrère Babacar Touré, à ses soeurs Fatima Dia , Aoua Dia Touré, à ses enfants, à toute la famille Dia, à ses collègues de l’Ucad et de l’Onu. Que la terre de Yoff lui soit légère. Firdawssi, que les prairies célestes du paradis soient ta dernière demeure. Repose en paix, diambar. Baye nga sa war.
Momar Wade est Journaliste, 13ème promotion du Cesti
Ce financement helvétique vise essentiellement à faciliter l’accès aux crédits et aux assurances aux agriculteurs, éleveurs, aux femmes et aux jeunes de l’Afrique l’Ouest, souvent exclus du système financier classique et décentralisé.
D’après un communiqué parvenu à Toutinfo.net la confédération suisse va apporter une contribution de 5, 5 milliards de francs CFA sur la période 2019- 2023 dans le cadre de l’appui à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) dans sa stratégie d’inclusion financière. L’Ambassadeur de Suisse au Sénégal et la BCEAO ont signé un accord pour «permettre à plus d’agriculteurs, d’éleveurs, de femmes et de jeunes d’Afrique de l’ouest d’accéder à l’épargne, au crédit et aux assurances», informe le communiqué parvenu à Toutinfo.net. «La signature de cet accord entre dans le cadre de l’appui à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) dans sa stratégie d’inclusion financière», précise le communiqué.
Ainsi, d’après les termes de l’accord, la Suisse va apporter une contribution totale de 5, 5 milliards de francs CFA sur la période 2019- 2023. «Cet appui va, d’une part directement à la BCEAO, d’autre part au Swiss Capacity Building Facility (SCBF) et à la Social Performance Task Force (SPTF), deux organisations à but non lucratif », précise le communiqué, soulignant que la SCBF crée des produits financiers adaptés aux besoins des populations et jusqu’à maintenant exclues du système financier. Selon la même source, « la stratégie vise, sur un horizon de cinq ans, à permettre à 75% de la population de cette région de l’Afrique d’avoir un accès à des produits et des services financiers adaptés et à des coûts abordables ». Cité dans le communiqué, l’Ambassadeur de Suisse au Sénégal, Marion Weichelt Krupski, a déclaré lors de la cérémonie de signature que cet appui financier marque l’engagement de son pays «pour le développement économique rural en Afrique en permettant à plus de personnes d’accroître leurs actifs, d’atténuer les chocs causés par des situations d’urgence, des maladies ou des accidents, et de réaliser des investissements productifs ».
« Appuyant la mise en œuvre de la stratégie régionale d’inclusion financière de la BCEAO dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) la Suisse vise à atteindre plus de 300 000 personnes de bas revenu, mais aussi à renforcer l’expertise des institutions financières», informe le communiqué de l’ambassade de Suisse au Sénégal, Cabo Verde, Gambie, Guinée-Bissau, Mali et Mauritanie
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
QUE VEUT RÉELLEMENT WADE ?
Wade préfère la mort politique de tous ses militants à la survie politique unique de son fils - C’est le triomphe du wado-centrisme au grand dam du PDS
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 14/05/2019
« Le Parti démocratique sénégalais (PDS) informe l’opinion nationale et internationale qu’il ne participera pas à la réunion de démarrage des concertations sur les termes de référence du dialogue politique du chef de l’État du jeudi 09 mai sous la présidence du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Ce dernier est surtout totalement disqualifié pour présider une telle rencontre car il a été le maître d’œuvre de la fraude électorale pour faire gagner son patron Macky Sall. Le PDS rappelle également que sa participation au dialogue politique est conditionnée par la libération immédiate de Khalifa Sall et par la révision du procès de Karim Wade. »
Voilà en substance, le communiqué sorti par Abdoulaye Wade, secrétaire général national du PDS. En termes clairs, le PDS n’assistera pas aux concertations politiques lancées par le pouvoir les modalités du dialogue national prévu le 28 mai prochain. Pourtant quand l’idée était lancée par le Président Macky Sall, le PDS était disposé à y participer. Abdoulaye Wade avait même désigné Oumar Sarr pour représenter le parti libéral à la rencontre. Mais coup de théâtre, le PDS sort le jour même du démarrage des concertations un communiqué signé Abdoulaye et non le comité directeur de son parti pour décliner l’invitation du pouvoir et poser concomitamment ses conditions de participation.
D’ailleurs le journal Libération rapporte dans sa livraison du 9 mai que Karim Wade, qui se trouve à Doha, a sommé son père de ne pas participer à ce conclave. Cette décision radicale de Wade dictée par son fils Karim Wade depuis Doha n’a pas manqué de créer un malaise au sein du Pds et de l’opposition d’autant que l’apparent secrétaire général national adjoint du Pds, Oumar Sarr, a pris part à la réunion du Front national de résistance tenue au siège de Pape Diop où il était convenu que Moctar Sourang porte la voix de l’opposition lors de la rencontre avec le ministre de l’Intérieur pour exiger la mise en place d’une commission cellulaire dirigée par une personnalité neutre. Finalement, l’on se demande ce que veut réellement Abdoulaye Wade avec son oppositionnisme et son négativisme tous azimuts. Une telle interrogation trouve profondément sa réponse dans la stratégie successorale aveugle mise en place depuis l’incarcération de son fils en 2013.
Cette attitude de Wade, qui vise ad hominem Aly Ngouille Ndiaye, a fait réagir ce dernier qui n’a pas manqué à réagir en ces termes goguenards : « Le Pds a fait une déclaration pour dire qu’ils ne participeront pas, tant je suis là, eh bien, ils ne participeront pas à ce dialogue, puisque je suis encore là. Je pense que, pour l’intérêt du Sénégal, tous les acteurs devraient participer à ces travaux ».
Et le ministre de l’Intérieur d’ajouter : « Ils peuvent récuser le ministre de l’Intérieur, tout en participant à ce dialogue. Je ne compte diriger le débat, alors je ne vois pas où est le problème. Dans les termes de référence, il y a un point sur la proposition d’un organe pour l’organisation des élections cela veut dire que nous ne sommes pas fermés sur le point ». Cette décision de Wade à la hussarde n’est pas largement partagée chez beaucoup de libéraux même s’ils ne l’ont pas extériorisée. Invité le 7 avril à l’émission Objection de Sud Fm, Doudou Wade avait souligné que le dialogue est un élément consubstantiel à la démocratie, non sans affirmer que le Pds est dans l’attente des précisions sur la tenue de ces concertations avant de se prononcer. Ce qui veut dire que les instances du PDS devaient se prononcer sur la position à adopter mais finalement c’est la Constante fils qui a décidé de la conduite à tenir. Cette attitude est d’autant plus surprenante que quelques jours auparavant, lors du vote des réformes supprimant le poste de Premier ministre, Abdoulaye avait enjoint ses députés à ne pas barrer le projet réformiste de Macky. Ce qui a conduit contre toute attente les députés libéraux à s’abstenir. Pourtant, tous les parlementaires libéraux qui ont pris part aux débats de la plénière sur ledit projet de réforme, ont montré leur désaccord quant à la suppression du poste primo-ministériel.
Cette attitude contrevenante du Pds prouve une fois de plus que le PDS est une entreprise familiale dont les Wade uniques actionnaires doivent décider à tout moment du rythme à imprimer à la marche du PDS. Lors de la présidentielle, Abdoulaye Wade était décidé à empêcher la tenue des élections avant de se raviser après un deal concocté avec le pouvoir de Macky Sall dans le palais Sékoutouréya sous la supervision du président Alpha Condé. C’est ainsi que lors de cette élection présidentielle cruciale et déterminante, Abdoulaye Wade a demandé à ses militants de s’abstenir d’aller voter. Même si Abdoulaye Wade soutenait à tort ou à raison que Macky avait déjà ficelé un plan de fraudes qui le donnerait vainqueur au premier tour et que y participer était un coup d’épée dans l’eau, politiquement c’était une erreur de ne pas donner une consigne de vote favorable à l’opposition puisqu’il est apparemment de l’opposition. En pareilles occurrences, s’abstenir, c’est soutenir le pouvoir. Ainsi une telle décision portait plus préjudice à l’opposition qu’à Macky Sall. Car en de pareilles circonstances l’abstention augmente les vois de Macky Sall. Ce soutien implicite était un des points d’accord du protocole de Sékoutouréya. Certainement que la monnaie de la pièce tarde à être rendue par Macky Sall.
Le triomphe du wado-centrisme
Il est clair qu’après les élections de 2007, Abdoulaye Wade n’avait qu’une seule ambition : mettre en orbite le fils pour la succession du père. La contrainte à la démission-exclusion de Macky Sall du Pds en 2008 était le premier jalon pour baliser le terrain de la succession à Karim Wade. Ensuite, le deuxième fut l’imposition en mars 2009 de la candidature de Karim Wade à la mairie de Dakar au détriment de Pape Diop était le primum movens pour adouber Karim Wade comme futur remplaçant de son père à la tête du Pds et du pays. Nonobstant l’échec à la mairie de Dakar, le troisième jalon fut posé : ses responsabilités ministérielles hypertrophiques dans le gouvernement de mai 2009. Le 4e et dernier jalon a été la réforme du 23 juin 2011 relative à « la possibilité que le président et son vice-président soient élus au premier tour avec seulement 25 % des voix ». Depuis 2012, des départs et pas des moindres sont enregistrés au sein du Pds.
Et tout cela parce qu’Abdoulaye refuse de faire triompher les règles de la démocratie au sein de son parti, pardon de son entreprise familiale. Malgré tous ces ratés, Karim Wade, dans les liens de la détention, été désigné candidat du Pds à la présidentielle de 2009. Et malgré l’obstination du pouvoir à éliminer la candidature de Karim, son père et non les instances du Pds n’a jamais songer à un plan B pour suppléer à la candidature de Karim si, in fine, sa candidature était définitivement rejetée par le Conseil constitutionnel. Si ce n’est pas le fils, ce n’est personne. Un tel entêtement à faire de son fils vaille que vaille l’unique candidat du Pds a été perçu comme un manque de considération, une sous-estimation des autres responsables politiques du Pds qui ont un cursus honorum, une expérience et une légitimité politique plus avérés que Wade fils et qui peuvent bien porter le projet présidentiel des libéraux. Une telle situation a fini par provoquer des départs du Pds dont le plus illustre est celui de Madické Niang, compagnon légendaire d’Abdoulaye Wade. Et le point d’orgue de cette marotte « ou Karim ou rien » a été l’abstention à la présidentielle de 2019. Finalement les militants sont réduits par Wade à des bons à rien sans capacités de réflexion et d’action, des moins que rien, des ectoplasmes dénués de toute matière grise, du bétail qui doit suivre aveuglément Panurge au risque même de se noyer ensemble. C’est le triomphe du wado-centrisme au grand dam du Pds. Aujourd’hui, nonagénaire Abdoulaye Wade refuse de céder son fauteuil de Secrétaire général national en l’absence de son fils exilé par le pouvoir de Macky Sall. Il est avéré que Wade préfère la mort politique de tous ses militants à la survie politique unique de son fils. Les libéraux sont libres de ne pas participer à toute concertation politique initiée par le pouvoir, ils sont libres de prendre des positions politiques conformes à leurs convictions et options. Mais il faut que tout cela s’instancie dans les structures légales du Pds. Ce qui n’est malheureusement jamais le cas puisque Abdoulaye et Karim ont l’alpha et l’oméga du parti libéral.
«WADE DOUTE DE LA SINCERITE DE MACKY», SELON LES RESPONSABLES DU PDS
C’est ce manque de confiance qui expliquerait la politique de la chaise vide pratiquée par le principal parti de l’opposition.
À la surprise générale, le Parti démocratique sénégalais (Pds) a boycotté la première réunion préparatoire au Dialogue national du 28 mai prochain. Une réunion qui s’est tenue le jeudi 9 mai dernier. La raison de ce boycott ? Me Abdoulaye Wade pense qu’il n’est pas acceptable que Aly Ngouille Ndiaye, l’actuel ministre de l’Intérieur, dirige cette réunion. Ce, du fait que « Aly Ngouille Ndiaye est surtout totalement disqualifié pour présider une telle rencontre car il a été le maître d’œuvre de la fraude électorale massive qu’il a annoncée devant la presse et l’opinion en affirmant haut et fort qu’il avait été nommé ministre de l‘Intérieur pour faire gagner son patron Macky Sall » a fait savoir le principal parti de l’opposition dans un communiqué. Mais, derrière cette raison officielle se cachent des non-dits. Le Témoin a enquêté…
Mercredi 8 mai dernier, le Parti démocratique sénégalais a, comme les autres partis membres du Front de résistance nationale (Frn), pris part à une rencontre ayant comme ordre du jour la participation ou non à l’ouverture des concertations politiques dirigées par Aly Ngouille Ndiaye. Si les autres partis membres ont été, pour la plupart, représentés par leur secrétaire général national à cette réunion qui s’est tenue au siège de Bokk Guis Guis, le Pds, lui, l’a été par son secrétaire général adjoint Oumar Sarr. Au même moment, son secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade, aurait convoqué quelques responsables de son parti pour voir la conduite à tenir par rapport au Dialogue national en général, et à la réunion convoquée par le ministre de l’Intérieur en particulier. Du moins, si l’on en croit nos sources. Si du côté du siège de Bokk Guis Guis de Pape Diop, Oumar Sarr aurait engagé son parti dans une dynamique unitaire consistant à envoyer une délégation au nom du Front de résistance nationale place Washington le lendemain, du côté de chez Wade, on réfléchissait sur la conduite à tenir.
Et la surprise a été générale quand le communiqué signé par le Pape du Sopi est sorti. Contrairement aux propos du nouveau porte-parole du Pds, Me Amadou Sall, qui avait tout dernièrement indiqué que les libéraux étaient prêt à dialoguer avec le pouvoir, Me Abdoulaye Wade, en fin stratège, a décidé de ne pas participer à la « réunion de démarrage des concertations sur les termes de référence du dialogue politique du Chef de l’État », qui devait démarrer le lendemain jeudi 09 mai sous la présidence du ministre de l’Intérieur. Ce au prétexte que Aly Ngouille Ndiaye est totalement disqualifié pour présider une telle rencontre « car il a été le maître d’œuvre de la fraude électorale massive qu’il a annoncée devant la presse et l’opinion en affirmant haut et fort qu’il avait été nommé ministre de l‘Intérieur pour faire gagner son patron Macky Sall ».
« Si Macky voulait vraiment dialoguer avec nous, il allait nous envoyer une délégation afin qu’on puisse d’abord négocier sur le cas Karim Wade »
Non convaincu par ce prétexte, « Le Témoin » a « infiltré » le premier parti de l’opposition du Sénégal pour savoir s’il n’y avait pas d’autres raisons qui se cachent derrière la décision prise par Me Abdoulaye Wade et qui est à l’opposé des propos de Me Amadou Sall qui disait que son parti ne cracherait pas sur un appel au dialogue de Macky Sall. Selon nos sources au sein de cette principale composante de l’opposition, le président Abdoulaye Wade s’attendait à ce que son successeur mette en place les préalables d’un dialogue sincère avec le Pds. « Macky Sall, s’il était sincère dans sa démarche de vouloir négocier ou se concerter avec nous, allait envoyer une délégation chez Wade pour qu’on puisse d’abord négocier sur le format, c’est-àdire sur le contenu, des discussions. C’est comme cela que ça se passe et c’est comme ça que cela s’est toujours passé. Me Wade, tout comme le Pds, ne peut pas faire table rase du dossier de Karim Wade et aller dialoguer tout en sachant que ce dernier ne va pas être amnistié. Nous n’allons pas le faire », confie l’un des plus proches collaborateurs du moment de Me Abdoulaye Wade.
Poursuivant, il souligne que quand on appelle quelqu’un à une concertation, on doit mettre d’abord en place des conditions de prises de décision qui soient consensuelles et majoritaires. Des conditions qui « consistent aussi à prendre des personnalités neutres ou connues pour leur neutralité » afin de diriger les travaux. Selon un autre responsable du Pds, en effet, même si par extraordinaire le cas Karim Wade était déjà réglé, ils s’attendent aussi à ce qu’il y ait s’il y ait une personnalité neutre ou alors un présidium dirigé par quelqu’un du pouvoir, de l’opposition et de la société civile. Que chacun amène, selon nos interlocuteurs, une personnalité respectable pour qu’ « on ait un présidium digne de ce nom. Et ces gens-là vont se concerter sur les prises de décision après concertation avec leurs mandants ». Et nos sources de renchérir : « L’autre chose est que Macky s’engage à respecter les conclusions de ces discussions comme Diouf l’avait fait en 1992. C’est-à-dire s’engager à ne pas changer une seule virgule à ces conclusions qui doivent être soumises comme telles à l’Assemblée nationale. »
À en croire toujours nos interlocuteurs, il y a des décisions que le président Macky Sall ne peut pas prendre. « Quoi qu’on puisse dire, il est le chef de l’APR et de Benno Bokk Yaakar. C’est pourquoi il n’a, jusque-là, jamais pris une décision qui désavantage son camp. Donc, aller parler en sachant que vous allez buter sur des questions comme l’organisation des élections, le dossier de Karim Wade, l’indépendance de la justice, la libération de Khalifa Sall entre autres, Wade ne l’accepte tout simplement pas », confient nos sources. La conclusion des mêmes est que « Me Abdoulaye Wade doute de la sincérité de Macky Sall dans son appel au dialogue ». Ce qui n’est vraiment pas flatteur pour le président de la République !