Face à la menace que constituent les maladies zoonotiques, un atelier sous-régional de trois jours, ouvert hier à Dakar, regroupe des experts venus de la sous-région. Organisé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), l’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) et l’Organisation mondiale de la santé (Oms), cet atelier sous-régional permettra une meilleure évaluation de l’outil multisectoriel d’Evaluation conjointe des risques (Ecr) pour accompagner les pays à évaluer de façon consistante et harmonisée les risques à l’interface homme-animal-environnement.
Les menaces et les maladies zoonotiques constituent un risque tant pour la santé animale que pour la santé publique, et nécessitent des efforts conjoints des secteurs de la santé publique, de la santé animale et de l’environnement pour y faire face efficacement. En effet, les activités visant à identifier, évaluer, gérer et réduire les risques liés aux zoonoses bénéficient de la coordination et de la collaboration entre les ministères et d’autres organismes d’un pays qui sont responsables de divers aspects de la santé humaine, de la santé animale et de l’environnement. Le rapprochement de tous les secteurs permet donc de mieux comprendre les risques communs à l’interface homme-animal-environnement. C’est dans ce cadre que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), l’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa) et l’Organisation mondiale de la santé (Oms) ont développé l’outil multisectoriel d’Evaluation conjointe des risques (Ecr) pour accompagner les pays à évaluer de façon consistante et harmonisée les risques à l’interface homme-animal- environnement.
Les mouches et les larves de «Cochliomyia hominivorax» constituent des insectes parasites qui causent d’importants dégâts chez les animaux à sang chaud. L’homme n’y échappe pas, ce qui constitue un grave problème de santé publique. «La lucilie bouchère est une mouche qui infecte s’il y a une porte d’entrée. Si vous avez un animal ou même l’homme, s’il y a une porte d’entrée, la mouche vient se mettre sur la porte d’entrée et pond des œufs qui vont donner des larves. Ces larves-là vont manger la chair, ce qui donne des plaies impressionnantes et cause des dégâts au niveau de la production et au niveau de la santé publique», argumente Dr Coumba Kébé Guèye, de la Direction des services vétérinaires au ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, qui intervenait lors de l’atelier sous-régional d’Evaluation conjointe des risques (Ecr) sur les myiases à «Cochliomyia hominivorax» et à «Chrysomya bezziana» en Afrique de l’Ouest
Beaucoup de cas de cette maladie ont été enregistrés l’année dernière au Sénégal.
«C’est une maladie qu’on pourrait qualifier d’émergente. On pensait l’avoir éradiquée, mais depuis l’année dernière, il y a beaucoup de cas détectés au Sénégal. Ils ont détecté environ 1900 cas au Sénégal depuis l’année dernière. Donc, ça veut dire que la maladie est bien présente», renseigne Dr Coumba Kébé Guèye, qui révèle que c’est une maladie qui «peut être mortelle». Sa collègue Dr Coumba Faye Diouf, Coordonnatrice nationale du Centre d’urgence de la Fao pour la lutte contre les maladies animales transfrontières, de laisser entendre que c’est une maladie «méconnue» du grand public.
«C’est une maladie émergente au Sénégal et dans la sous-région… C’est une maladie assez grave compte tenu du fait que ça crée des lésions, mais aussi parce que ce sont les mouches qui mangent la chair. Ce sont des infestations», souligne Dr Coumba Faye Diouf. En dehors du Sénégal, selon elle, il y a eu des cas qui ont été rapportés en Gambie, en Guinée, et la Fao a appuyé à travers les fonds d’urgence. «Cet espace doit être géré de manière collégiale» pour pouvoir faire face à cette maladie, avec la «porosité» des frontières, pour davantage contenir cette maladie transfrontalière.
L’atelier sous-régional, qui réunit des acteurs des secteurs clés, permettra de fournir des recommandations aux décideurs pour élaborer et mettre en œuvre des mesures de gestion des risques et des messages de communication du risque fondés sur des données scientifiques et connaissances (connaissances sont très importantes même si elles ne sont pas publiées) harmonisées entre les différents secteurs dans les différents pays.
LES ENNUIS JUDICIAIRES DE CERTAINS DETRACTEURS DU REGIME A LA UNE DE LA PRESSE QUOTIDIENNE
Les quotidiens de ce mercredi reviennent sur la convocation de plusieurs contempteurs du régime par la justice en lien avec certaines de leurs positions et opinions sur la marche du pays.
Dakar, 2 oct (APS) – Les quotidiens reviennent très largement mercredi sur la convocation de plusieurs “contempteurs” du régime par la justice en lien avec certaines de leurs positions et opinions sur la marche du pays.
“La matraque”, affiche Bès Bi Le Jour par exemple, au sujet de ce que le journal appelle un “défilé de voix divergentes à la police”. “Après Kader Dia de la Sen Tv, écrit-il, c’est au tour de Cheikh Yérim Seck de recevoir une convocation des autorités judiciaires”, mardi.
“L’opposant Bougane Guèye Dany a lui aussi reçu sa convocation pour ce mercredi, à 9 h”, annonce Bès Bi Le Jour. “La justice carbure à plein régime”, constate le quotidien Source A, lequel rappelle que six personnes ont été “convoquées”, “gardées à vue ou emprisonnées pour des délits d’opinion, en six mois seulement de règne” du président Bassirou Diomaye Faye.
L’activiste des droits de l’homme Alioune Tine, interrogé par Source A, s’inquiète de cette situation et appelle la société civile à s’impliquer pour y mettre un terme. “Je pense que les délits d’opinion doivent disparaître de notre Code pénal”, plaide-t-il dans des propos rapportés par le même journal.
Le Mandat pense que le nouveau régime en place depuis début avril “cherche à museler” ses contempteurs. L’Observateur lance des “signaux d’alerte”. “Des arrestations à la pelle, des mandats de dépôt décernés à tout-va, des manifestations interdites, la situation actuelle du pays est préoccupante”, écrit-il.
Rien n’est pardonné aux “détracteurs” du pouvoir
Le journal interroge à propos plusieurs “spécialistes”, dont certains “crient au ‘règlement de comptes et à la violation des droits fondamentaux’. Mais pour nos juristes, ajoute-t-il, c’est encore prématuré de s’alarmer”.
Walfquotidien n’attend pas plus et considère que cette situation constitue un “grand bon [sic] en arrière”. “Parallèlement aux dossiers judiciaires de reddition des comptes impliquant d’anciens ministres et directeurs généraux, d’autres individus font l’objet de poursuites à cause de leurs sorties médiatiques”, relève le journal.
“Terreur chez les opposants de Diomaye-Sonko”, lit-on à la une du quotidien L’As, selon lequel “les nouvelles autorités judiciaires ne pardonnent rien aux détracteurs” du président de la République et de son Premier ministre.
“Alors que le Sénégal se prépare pour les élections législatives prévues le mois prochain, le climat politique semble s’assombrir. Les arrestations et les convocations se multiplient, visant des figures de l’opposition et certains chroniqueurs critiques du régime en place”, mentionne le quotidien Enquête.
Il estime que “l’étau se resserre” autour certains politiciens et journalistes qui se retrouvent “dans le collimateur de la justice”. Vox populi se demande s’il ne s’agit pas d’une “tentation” d’instaurer une “chape de plomb”.
Le Dandé Mayo “coupé du reste du pays”
Malgré tout, l’électorat “reste toujours fidèle à [Ousmane] Sonko”, le leader du parti Pastef (au pouvoir) et actuel Premier ministre, affirme le quotidien Yoor-Yoor, disant relayer le “point de vue des observateurs politiques”.
Les quotidiens relèguent à leur périphérie divers autres sujets dont la question des inondations faisant suite aux importantes précipitations enregistrées ces derniers jours et semaines.
Le journal Le Quotidien rapporte qu’avec la crue du fleuve Sénégal, le Dandé Mayo, dans la région de Matam, se trouve “sans voie”, “coupée du reste du pays”. La situation “vise à l’urgence”, selon le journal.
“Pas de déplacement, pas d’évacuation sanitaire, ni de transport de marchandises”, la vie quotidienne des populations du Dandé Mayo s’en trouve affectée, insiste Le Quotidien.
Sud Quotidien fait état d’une “flambée généralisée des prix des produits de consommation courante”, qui a mis le marché “sous pression”. Le Soleil revient sur la volonté prêtée au gouvernement de baisser les salaires des agents de l’Etat.
Le journal rapporte que le gouvernement a sorti un communiqué pour réfuter “les allégations du PIT”, le parti de l’indépendance et du travail, actuellement dans l’opposition. Il y dénonce des “manœuvres” et une “désinformation et diffusion d’informations fausses qui ne peuvent être acceptées”.
L’info informe que le Conseil national du patronat (CNP) et la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) ont acté leur fusion, avec l’ambition de “mieux servir l’entreprise et accompagner les nouvelles autorités dans leurs politiques de développement économique et social du pays”.
lettres d'amérique, Par Rama YADE
LES BRICS, UN AVENIR POUR L’AFRIQUE ?
Le 16e Sommet des Brics à Kazan se profile comme un événement majeur dans un monde en pleine mutation. L'expansion récente du groupe, intégrant des acteurs clés du Moyen-Orient et d'Afrique, renforce son poids face aux puissances occidentales
Alors que le monde est entré dans une nouvelle phase de tension, de Kiev à Beyrouth, la Russie s’apprête à accueillir, à Kazan, le 16e Sommet des Brics, du 22 au 24 octobre 2024.
Ce groupe informel, fondé en 2009 autour du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, s’est agrandi en août 2023 avec l’entrée de cinq nouveaux membres dont deux pays africains : l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Désormais, les Brics+ représentent 46% de la population mondiale et 30% du Pib mondial, davantage que le G7, mais toujours moins que le G20.
«Des changements comme on n’en a pas vu depuis 100 ans»
«A l’heure actuelle, il y a des changements -comme on n’en a pas vu depuis 100 ans-, et c’est nous qui les initions ensemble» : ainsi s’exprimait le Président chinois Xi Jinping le 22 mars 2023, lors d’une visite historique à Moscou. Le Président russe avait alors répondu : «Je suis d’accord.»
Incontestablement, ces mouvements géopolitiques sont davantage qu’une pierre jetée dans le jardin américain.
Certes, la fin de la Guerre froide avait marqué la victoire de la démocratie libérale, donc américaine, sur le grand rival soviétique. Toutefois, ce n’était pas encore la «fin de l’histoire», selon la formule de Francis Fukuyama.
Les attentats du 11 septembre 2001 (une violente contestation de la mondialisation culturelle), la crise financière de 2008 (qui a entraîné une remise en cause de l’ordre financier) et, enfin, la pandémie du Covid19 (qui a affaibli davantage l’architecture multilatérale) ont progressivement redistribué les cartes. Des rivaux régionaux, de plus en plus désinhibés (la Turquie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud, les pays de la Péninsule arabique, la Russie), ont surgi aux côtés des Etats-Unis et désormais de son rival économique principal, la Chine, donnant le sentiment d’une fragmentation du monde, illustrée par le retour des talibans en Afghanistan, la réactualisation des vieilles guerres au Moyen-Orient et le retour des conflits en Europe.
L’afro-souverainisme
Ces basculements ont favorisé un désordre international nouveau impulsé par des pays que certains commentateurs appellent le «Sud global», bien que certains de ses représentants -et pas des moindres- se situent dans le Nord, comme la Chine et l’Inde, et qu’avec la Russie en son sein, le Sud global n’est pas une simple réplique du mouvement des non-alignés des années 50.
C’est donc un mouvement alternatif, davantage que sudiste, qui émerge. Sur le flanc africain, la contestation de l’ordre occidental, qui s’apparente à ce qu’on pourrait appeler un afro-souverainisme, porte à la fois sur :
les valeurs dites démocratiques, comme en témoigne un certain soutien populaire aux coups d’Etat du Sahel intervenus entre 2021 et 2024 ;
les avancées sociétales telles que les droits des homosexuels considérés comme attentatoires aux traditions africaines, y compris dans les démocraties les plus avancées comme le Sénégal. On se rappelle comment le Président Macky Sall a renvoyé dans ses buts le Président Barack Obama, alors en visite à Dakar en juin 2013 sur cette question sensible ;
ou encore la domination financière occidentale représentée par le Fonds monétaire international (Fmi), du Soudan où le Général Al Burhan avait pris prétexte des réformes économiques du Premier ministre Abdallah Hamdock pour renverser ce dernier en octobre 2021, au Ghana dont le Président Nana Akufo-Addo avait popularisé la formule «Le Ghana par-delà l’aide» en février 2022.
Une ambition contrariée
C’est dans ce contexte que les Brics prospèrent, offrant une précieuse roue de secours à la Russie sous sanction dans la foulée de sa guerre déclenchée contre l’Ukraine en février 2022. Ainsi, en 2023, quand ses exportations de pétrole vers l’Union européenne baissaient de 79%, elles partaient à la hausse de 21% vers la Chine, de 75% vers la Turquie et de 111% vers l’Inde.
Par rapport aux nations africaines, les Brics ont cherché à prendre le contrepied des institutions de Bretton Woods en offrant des prêts aux pays pauvres sans conditionnalité à travers leur Nouvelle Banque de développement (Nbd) créée en 2014.
Toutefois, cette ambition se heurte à la réalité du dollar dominant. La Nbd peine à se financer et sa prétention à créer un fonds monétaire ne convainc encore personne. De toutes les façons, malgré un néo-souverainisme décomplexé et offensif, l’assise politique des Brics demeure trop fragile pour donner une véritable impulsion à ces projets. Les rivalités internes entre la Chine et l’Inde achèvent de multiplier les divisions internes, et les désaccords s’étalent au grand jour comme sur la question des adhésions. Au-delà de la Russie et de la Chine, les autres membres des Brics sont au demeurant membres d’institutions occidentales rivales, à l’instar de l’Inde qui appartient au «Quad», aux côtés des Etats-Unis, du Japon et de l’Australie.
Pour les Etats-Unis, il est crucial de se repositionner en favorisant une plus grande inclusion des pays du Sud dans les institutions multilatérales qu’ils contrôlent. Sans doute cet impératif explique que les Etats-Unis aient soutenu l’entrée comme membre permanent de l’Union africaine au sein du G20 aux côtés de la seule autre organisation régionale de l’enceinte, l’Union européenne, et mis les Chinois et les Russes au défi en soutenant deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies. Encore timide, la réforme des institutions de Bretton Woods est sans doute la plus attendue, au moment où les besoins de financement des économies africaines sont immenses.
Un monde désoccidentalisé, mais pas tout à fait post-américain
Les Etats-Unis ont des atouts, et d’abord cette capacité d’innovation et cette attractivité pour tous qui rêvent d’opportunités, ce qu’on ne trouve ni en Russie ni en Chine. Même pour les Chinois, l’Amérique est une aspiration : ils constituent la population la plus nombreuse parmi les étudiants étrangers installés aux Etats-Unis. L’Amérique a aussi une capacité de rebond qui manque aux Européens. Pour regagner une compétitivité ébranlée, le pays a ainsi fait le choix stratégique d’injecter pas moins de 2000 milliards de dollars dans son économie en 2021. Sous Joe Bien, avec le Chips and Sciences Act, dit loi Chips et Inflation Reduction Act, dit loi Ira, les Etats-Unis ont pu redynamiser leur production manufacturière tout en contenant les offensives commerciales chinoises, notamment dans le secteur des batteries électriques.
Pendant ce temps, la Chine, premier partenaire commercial des nations africaines depuis 20 ans, pourrait être contrainte de réduire la voilure en raison de ses problèmes domestiques, donnant aux Etats-Unis l’opportunité historique de rattraper leur retard.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
SADIO MANE, LA RENAISSANCE SOUS STEFANO PIOLI
Déjà l’effet Stefano Pioli ? En tout cas, les chiffres sont révélateurs. Sadio Mané, depuis l’arrivée du technicien italien, a retrouvé son efficacité. Il s’épanouit dans le jeu d’Al Nassr.
Déjà l’effet Stefano Pioli ? En tout cas, les chiffres sont révélateurs. Sadio Mané, depuis l’arrivée du technicien italien, a retrouvé son efficacité. Il s’épanouit dans le jeu d’Al Nassr.
Tout comme la saison dernière, la star sénégalaise a débuté timidement le nouvel exercice en étant moins impactant sur le jeu d’Al Nassr. Dans les matchs clés, Mané a vraiment du mal à laisser son empreinte. Luis Castro serait probablement le problème. Depuis le limogeage de l’entraîneur portugais et la signature de Stefano Pioli (ex entraîneur de l’AC Milan), l’enfant de Bambali a retrouvé toute sa verve.
Sadio Mané déjà impliqué dans 5 buts en 4 matchs sous Pioli
Al Nassr était sur le pré lundi soir. Le club saoudien a affronté Al Rayyan (club qatari) à l’occasion de la 2e journée de Ligue des champions asiatique avec une victoire à la clé (2-1) à domicile. Sadio Mané a lancé les hostilités dans le temps additionnel de la première période. Il a ouvert le score (45e+1) avant que Cristiano Ronaldo ne fasse le break (76e).
Un but qui prolonge sa belle série sur le plan individuel. Sur les 4 derniers matchs, qui coïncident avec l’arrivée de Stefano Pioli sur le banc, l’attaquant sénégalais de 32 ans est dans une spirale positive. Il a inscrit 2 buts et délivré 3 passes décisives.
Avant son départ, Luis Castro a dirigé 6 matchs avec Al Nassr cette saison. Et les chiffres du joueur formé à Génération Foot en disent long. Il n’a délivré que deux passes décisives dans cette période. Il a également eu toutes les peines à se frayer une place pour pouvoir faire éclore ses qualités.
Une très bonne nouvelle pour le Sénégal et Aliou Cissé
Sadio Mané a retrouvé son niveau d’antan au bon moment. Ce vendredi, la liste du Sénégal sera dévoilée pour la double confrontation face au Malawi, comptant pour les 3e et 4e journées des qualifications pour la CAN 2025 dans le groupe L. Sans surprise, l’ex joueur de Liverpool sera là.
Avec sa forme olympique, il va permettre au Sénégal, qui est dans une petite forme actuellement, de tenter de faire le carton plein face au Malawi et de valider sa qualification pour la CAN 2025.
Les Lions, qui vont jouer le Malawi le vendredi 11 octobre 2024 (19h GMT à Diamniadio) et le mardi 15 octobre (13h GMT au Bingu National Stadium) occupent la 2e place de la poule L avec le Burkina Faso à égalité de points (4).
Par Mamadou BODIAN
DÉCAPER LES VESTIGES DU SYSTÈME DE GOUVERNANCE
Les critiques envers les figures de l'ancien régime sont légitimes, mais elles restent secondaires face à l’enjeu plus large : l’établissement d’un cadre institutionnel robuste, garant d’une gouvernance transparente et efficace
L'initiative du Premier ministre Ousmane Sonko, le 26 septembre dernier (six mois après l’arrivée au pouvoir du nouveau régime), de lever le voile sur la gestion de l’ancien régime à la suite d’un audit dépasse de loin le cadre d'un simple exercice de style. Elle met en lumière, avec une intensité implacable, les failles profondes d’un système, où la rupture tant promise risque de se diluer si les graves révélations ne sont pas suivies d’une véritable obligation de rendre des comptes, en conformité avec l'exigence de transparence des citoyens.
L’analyse économique tirée des audits met en lumière des irrégularités financières graves qu’il conviendra de clarifier : le déficit budgétaire, annoncé à 5,5 %, culmine en réalité au-delà des 10 % entre 2019 et 2023. Cette vérité, présentée par le ministre de l’Économie Abdourahmane Sarr et renchéri en wolof par Mohamed Al Aminou Lô pour atteindre l’opinion publique, révèle aussi une dette publique recalculée. En 2023, celle-ci (hors secteur parapublic), était de 15 664 milliards (83,7 % du PIB) contre 13 772 milliards annoncés, soit une différence de 1 892 milliards, loin des estimations initiales. À cela s’ajoute un mystère financier : 605 milliards de francs CFA destinés pour l’année 2024 sont utilisés en fin 2023 (donc introuvables dans les comptes de l’État), tandis que 300 milliards ont été dépensés sans justification claire. Mais l’inquiétude atteint son comble avec la découverte de 2 500 milliards de francs CFA estampillés «secret-défense», échappant ainsi à tout contrôle parlementaire ou public.
Cet exercice, indispensable à l’établissement des responsabilités, met également en lumière une autre évidence : la promesse d’une rupture systémique avec le passé ne doit vaciller sous aucun prétexte, sous peine de mettre en péril le changement promis. Comment concilier alors cet impératif de rupture avec la présence, parmi les auteurs du réquisitoire contre la mauvaise gouvernance de l’ancien régime, d’individus perçus comme des héritiers du système dénoncé ? Il s’agit notamment d’Abdourahmane Sarr, de Cheikh Diba et de Mohamed Al Aminou Lô, qui occupaient tous des postes stratégiques au sein des systèmes financiers (national et international) à l’époque des manipulations et abus budgétaires allégués. Sont-ils vraiment responsables ?
Je ne suis pas qualifié pour répondre à cette question. Mais mon avis est que les enjeux dépassent la mise en cause des acteurs et s’enracine dans une problématique plus large d’un shift paradigmatique en matière de gouvernance, dans un contexte où l’exigence de transparence a nécessité un dévoilement inédit des finances publiques, avec toutes ses implications pour l’avenir du Sénégal et la chance unique de réformer en profondeur la gestion de l’État. Ce n’est pas dans les attaques ad hominem que se trouve la clé, mais bien dans la capacité à saisir cette occasion pour construire une gouvernance nouvelle, fondée sur la justice, la responsabilité et la reddition des comptes.
I- L’antisystème n’est pas un écran de «blanchiment» des anciens du système
Sans les partager, je suis attentif aux critiques qui martèlent que la rupture annoncée compose pourtant avec des hommes profondément ancrés dans l’ancien système, eux-mêmes artisans des politiques qu’ils dénoncent aujourd’hui. On ne peut nier, sous peine de déni, que l’actuel Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, est un ancien cadre du FMI pendant plus de vingt ans et a été un acteur majeur des ajustements économiques dans plusieurs pays et un promoteur des normes de transparence statistique via la Norme Spéciale de Diffusion des Données (NSDD). On peut même concéder qu’il a contribué à faire des institutions économiques des États africains des vitrines de conformité aux standards internationaux, parfois au détriment des réalités locales.
Dans la même lignée, on ne peut éluder le fait que Cheikh Diba, actuel Ministre des Finances, a, lui aussi, été au cœur de la gestion budgétaire sénégalaise pendant plus de seize ans. Il a participé à l’élaboration des politiques du Plan Sénégal Émergent (PSE) et aux directives de l’UEMOA. Certains pourraient arguer que sa responsabilité dans la gestion financière critiquée sous l’ancien régime est incontestable. On peut même pointer du doigt le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement à Mohamed Al Aminou Lô, cet ancien Directeur national de la BCEAO et défenseur du franc CFA, que certains présentent comme l’incarnation de la continuité d’un système monétaire critiqué pour sa contribution à la dépendance économique de la région. Sa nomination par le nouveau régime survient dans un contexte de débat sur la souveraineté monétaire, et son attachement au CFA contraste avec les aspirations à l’indépendance économique brandies par le nouveau régime.
Cependant, il me semble trop réducteur d’étiqueter ces personnalités comme de simples pantins de la continuité. Je ne suis pas un apôtre du purisme politique et je ne suis pas convaincu que toute expérience passée dans les rouages du système disqualifie d'emblée pour participer à la rupture. Loin d'être un obstacle, l’expérience de gens qui connaissent bien le système peut devenir le moteur d'une véritable transformation, si elle est mise au service d'une gouvernance transparente et responsable, tournée vers l'avenir. Évidemment, aussi qualifiés soient-ils, ces individus ne sont que des instruments au service d’un projet de transformation plus vaste. Le véritable enjeu réside dans la capacité des institutions étatiques à s'arracher aux pratiques opaques du passé et à établir un cadre de gouvernance clair, contraignant et fondé sur la transparence. Ainsi, si le référentiel politique des nouvelles autorités, attendu le 7 octobre, se révèle solide et bien articulé, ces «sachants» des rouages du système financier pourraient devenir un atout crucial pour corriger les erreurs du passé, instaurer une nouvelle dynamique de transparence budgétaire, restaurer la crédibilité des finances publiques et amorcer une transition vers la souveraineté monétaire, tout en assurant la stabilité économique. En attendant, il faut relever le défi de la communication publique pour restaurer la crédibilité publique du Sénégal.
II- Il faut plus de communication publique et moins de communication politique
La conférence de presse du 26 septembre a soulevé une question essentielle : la manière dont les autorités communiquent sur les affaires publiques et les répercussions potentielles de cette communication, tant sur l'opinion nationale que sur nos partenaires internationaux. Cet exercice revêt une importance capitale, car la responsabilité en matière de communication réside dans la capacité à éclairer sans manipuler, à informer sans déformer. La communication publique, dans cette optique, doit se distinguer de la communication politique, souvent teintée d’intérêts stratégiques et susceptibles d’occulter certaines nuances essentielles.
Alors que le Sénégal cherche à maintenir des relations privilégiées avec les investisseurs et bailleurs de fonds, qui perçoivent dans ce pays stable et démocratique une opportunité économique, il est difficile d'ignorer les écueils de la gestion passée sans risquer d'être rattrapé par ce passif. Cependant, toute déclaration imprudente — en particulier concernant la falsification possible des statistiques économiques — pourrait sérieusement compromettre la crédibilité du Sénégal sur les marchés financiers internationaux. Le défi pour le nouveau gouvernement réside dans sa capacité à incarner la transparence et la responsabilité dans un contexte délicat. La confiance des investisseurs repose sur des données fiables, et une gestion approximative pourrait entraîner une hausse des coûts d'emprunt, une diminution des investissements étrangers et une dégradation des notations souveraines. Il est donc essentiel que l'État maintienne une approche rigoureuse, fondée sur des informations solides et des audits indépendants, afin de restaurer la confiance des acteurs économiques et de garantir la stabilité du pays.
Ce qui se joue aujourd’hui va bien au-delà du simple dévoilement des erreurs passées. C’est une occasion unique de mettre en œuvre des réformes structurelles profondes. La transparence, certes indispensable, doit être accompagnée d’une refonte des mécanismes de gestion publique pour assurer une utilisation plus efficiente et équitable des ressources nationales. Cela inclut la réduction des dépenses superflues, le renforcement du contrôle budgétaire et la relocation stratégique des fonds vers les secteurs clés du développement. Le rôle du parlement est central dans ce processus : non seulement il doit adopter ces réformes, mais il doit également exercer un contrôle rigoureux sur l’action gouvernementale. Un parlement renforcé, doté de véritables pouvoirs de surveillance, est le garant de la transparence et de la redevabilité des décisions de l’exécutif. Sa vigilance en matière de gestion des finances publiques et d’évaluation des politiques budgétaires est cruciale pour prévenir les dérives et garantir une gestion saine des ressources. C’est cette collaboration étroite entre l’exécutif et le législatif qui préservera la confiance des partenaires économiques. Le Sénégal se trouve à un carrefour décisif : soit il saisit cette occasion pour réformer en profondeur et assainir ses pratiques, soit il risque de sombrer dans une crise de confiance aux répercussions économiques et sociales considérables.
En définitive, le «grand dévoilement» des comptes publics représente une étape déterminante dans la refondation de l’État sénégalais. Loin de se réduire à un simple exercice de dénonciation des erreurs du passé, il ouvre la voie à une restructuration profonde des pratiques de gestion publique. Les critiques à l’égard des personnalités ayant joué un rôle dans l’ancien système sont légitimes, mais elles restent secondaires face à l’enjeu plus large : l’établissement d’un cadre institutionnel robuste, garant d’une gouvernance transparente et efficace. Le Sénégal se trouve aujourd'hui devant une opportunité historique de transformer son modèle de gestion économique et politique. Cependant, cette transformation exige de naviguer avec rigueur et prudence, tout en évitant les pièges d’une communication imprudente, pour saisir pleinement l’occasion de réformer en profondeur.
L’ORDONNANCE POUR LA SOUVERAINETE
Un atelier sur la relance de l’industrie pharmaceutique s’est tenu lundi et mardi à Pointe Sarène. Les pharmaciens veulent trouver des stratégies pour atteindre la souveraineté pharmaceutique.
Un atelier sur la relance de l’industrie pharmaceutique s’est tenu lundi et mardi à Pointe Sarène. Les pharmaciens veulent trouver des stratégies pour atteindre la souveraineté pharmaceutique.
Le Sénégal importe 95% de ses produits pharmaceutiques. Une tendance qu’il faut inverser pour arriver à 50% de produits fabriqués au niveau national à l’horizon 2035. La question a fait l’objet d’un atelier sur la relance de l’industrie pharmaceutique, lundi et mardi, à Pointe Sarène. «Il y a trois ans nous avions lancé un programme de structuration du plan de relance pharmaceutique. Nous avions identifié neuf réformes majeures et une quinzaine de projets privés et dix publics.
Notre objectif est de couvrir 50% de nos besoins pharmaceutiques à l’horizon 2035», a déclaré le professeur Yérim Mbagnick Diop, coordonnateur de Unit Deliver, projet pilote de ce plan de relance. «Il est heureux que notre projet de souveraineté soit réaffirmé par les nouvelles autorités. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire d’avoir une nouvelle feuille de route», a-t-il ajouté. Avant de lister les goulots d’étranglement de ce plan. «Il y a d’abord l’environnement des affaires. Nous avons besoin de mesures d’accompagnement de l’Etat sur la défiscalisation, la détaxation, de l’accès aux marchés, à l’énergie qui est très cher», souligne Pr Diop.
Il a rappelé que le Sénégal est l’un des premiers pays d’Afrique à fabriquer des médicaments. «La première unité de fabrication de médicaments au Sénégal date de 1973 avec la Sipoa (Société industrielle pharmaceutique de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons actuellement sept unités de fabrication de médicaments essentiels et de solutés. Seulement nous faisons face à un marché très ouvert avec les Asiatiques et les Maghrébins qui ont une expérience beaucoup plus importante et qui ont l’avantage d’avoir des matières premières à de plus faibles coûts», déplore le docteur Abdou Aziz Cissé, président de l’Association sénégalaise de l’industrie pharmaceutique. Dr Cissé se félicite cependant de la mesure prise par les nouvelles autorités consistant à régler l’importation de médicaments «pour mieux supporter la concurrence», ainsi que la réduction à un an au maximum de l’autorisation de mise sur le marché.
L’ÉTAT DIT NIET À ALIOU CISSÉ
Le sélectionneur, qui a mené les Lions à leur premier titre continental, voit son aventure avec la sélection s'arrêter brutalement sur décision ministérielle. Une situation inédite à quelques encablures des matchs qualificatifs de la prochaine CAN
Fin de l’idylle entre Aliou Cissé et l’équipe nationale de football du Sénégal. Dans une lettre confidentielle envoyée à la Fédération sénégalaise de football, le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture (tiers-payeur) a notifié à l’instance fédérale, sa désapprobation quant au prolongement pour un an du contrat entre l’ancien capitaine des Lions et le Sénégal.
Selon des sources de Sud Quotidien, la FSF dont le comité d’urgence s’est réuni hier, mardi 1er octobre, devrait rendre public la décision de l’Etat ce mercredi 2 octobre. Une situation inédite à 72 heures de la publication de la liste des joueurs retenus pour la double confrontation face au Malawi (le 11 octobre à Dakar et le 15 octobre à Lilongwe) comptant pour les 3eme et 4eme journées des qualifications pour la Coupe d’Afrique des nations prévue au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.
Terminus ! Le contrat liant le sélectionneur national, Aliou Cissé à la Fédération sénégalaise de football (FSF) ne sera pas renouvelé. Ainsi, en ont décidé les nouvelles autorités. Dans la lettre confidentielle envoyée à l’instance fédérale du football sénégalais, la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, désapprouve la volonté de la FSF de prolonger le bail avec l’ancien capitaine des Lions.
L’information devrait être officialisée ce mercredi 2 octobre par les services de la FSF. Ce, à l’issue de la réunion du comité d’urgence tenue hier, mardi 1er octobre. Dans son argumentaire, le département des Sport semble mettre le curseur sur la bronca de plus de plus grandissante du public, particulièrement les huées des supporters du stade du président Abdoulaye Wade suite au match nul (1-1) enregistré face aux Étalons du Burkina Faso. Un but intervenu à la 95ème minute de jeu.
La victoire (0-1) acquise à l’extérieur devant le Burundi à Lilongwe au Malawi n’a pas fait fléchir la position de l’État qui a décidé de ne pas suivre la Fédération sénégalaise de football dans sa volonté de prolonger le bail de Aliou Cissé pour un an au moins.
Pour rappel, l’ancien capitaine des Lions issu de la Génération 2002, avait pris les rênes de la sélection nationale en mars 2015 après l’échec d’Alain Giresse à la coupe d’Afrique des nations en Guinee-Équatoriale où les Lions ont été éliminés dès le premier tour. Cissé va remporter la CAN 2021 le 6 février 2022, à Yaoundé, après les CAN 2017 où il a été battu en quart de finale par le Cameroun dans l’épreuve fatidique des tirs au but.
En 2019, il se hisse en finale mais perd devant l’Algérie (1-0). En 2023, il sortira aussi prématurément de la CAN face à la Côte d’Ivoire lors d’une séance des tirs au but (5-4) après un match nul (1-1). Aliou Cissé va aussi jouer deux coupes du monde. D’abord en 2018 en Russie où les Lions se feront éliminer au premier tour. En 2022, la sélection franchit la première étape avant de buter sur l’ogre anglais qui sera sans pitié (3-0) en 8èmes de finale.
Avec la nouvelle décision, il reste à savoir qui va diriger la sélection nationale lors de la double confrontation face au Malawi le 11 octobre à Dakar et le 15 octobre à Lilongwe ? Les convocations ont été déjà envoyées par Aliou Cissé lui-même pour respecter la règle des 15 jours. Est-ce que c’est son adjoint Pape Bouna Thiaw qui va assurer l’intérim ? Le cas échelant, jusqu’à quand ?
Puisqu’au mois de novembre les Lions vont effectuer un déplacement à Abidjan pour y affronter le Burkina Faso pour la finale de la poule, avant de recevoir le Burundi pour la 6ème et dernière journée des qualifications pour la CAN 2025 prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.
Par Babacar FALL
ENJEUX DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE
Les troubles que le Sénégal a connus entre 2019 et 2024 ont suscité de nombreuses inquiétudes quant au modèle démocratique qui a fait la réputation du pays en Afrique.
Les troubles que le Sénégal a connus entre 2019 et 2024 ont suscité de nombreuses inquiétudes quant au modèle démocratique qui a fait la réputation du pays en Afrique. La discussion qui suit retrace son parcours en tant que démocratie, garantissant l’exercice des libertés des citoyens d’exprimer leurs opinions sans restriction et de choisir ceux à qui l’on confie la gouvernance du pays. Elle évoque les traditions démocratiques du Sénégal qui remontent à l’époque coloniale et l’exercice du pouvoir sous la présidence de Macky Sall, marqué dans une large mesure par des tendances autoritaires et des résistances citoyennes.
Le Sénégal, un pays de longue tradition démocratique
Le Sénégal compte en 2023 18 000 000 habitants environ dont les moins de 35 ans représentent 75 % de la population 1. Il est connu pour sa longue tradition démocratique avec l’organisation régulière des élections. En effet, la scène politique est restée dominée par la démocratie d’essence coloniale et élitiste à l’œuvre sur la scène politique depuis 1914 avec l’élection du député Blaise Diagne remplacé par Galandou Diouf en 1938. Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, Lamine Guèye et Léopold Sédar Senghor occupent l’arène politique. Dans ce contexte, en 1960, le Sénégal accède à l’ indépendance formelle préparée par l’Union française en 1946, la Loi-cadre en 1956 et la Communauté Franco-Africaine en 1958. Le régime est de type parlementaire avec Léopold Sédar Senghor comme Président et Mamadou Dia assure le poste de Vice-Président. Avec la crise de décembre 1962 marquée par l’emprisonnement de Mamadou Dia, un régime présidentialiste est instauré. Formellement, le système politique repose sur le pluralisme mais les libertés publiques sont bâillonnées, les partis d’opposition pareillement réprimés. Avec la crise de mai 1968/1969, le paysage politique sénégalais connait de graves secousses qui ouvrent une nouvelle ère politique, sociale et culturelle.
Une ouverture démocratique timide est amorcée au milieu des années 1970, avec la reconnaissance du Parti Démocratique Sénégalais fondé par l’avocat et universitaire Maître Abdoulaye Wade. Mais le président Senghor décide de n’autoriser que quatre courants de partis politiques, poussant ainsi les autres mouvements politiques d’opposition à la clandestinité.
Les troubles sociaux et politiques, combinés à la crise économique qui a conduit à l’adoption d’un programme d’ajustement, ont précipité le départ du président Senghor. En 1981, Léopold Sédar Senghor cède le pouvoir à Abdou Diouf sans l’organisation d’élections en application de l’article 35 de la constitution. Le nouveau président de la République élargit, sous la pression des forces démocratiques et progressistes, la liberté de formation des partis politiques mais la loi électorale favorise les fraudes avec les votes multiples et la non-identification des électeurs dans les bureaux de vote 2. Les élections présidentielles de 1983 et de 1988 ont été marquées par de fortes contestations suivies de l’arrestation des leaders politiques de l’opposition 3. C’est en 1992 qu’un accord est intervenu à la suite du dialogue entre les acteurs politiques sous la facilitation de l’équipe du juge Kéba Mbaye. Une loi électorale consensuelle est adoptée. Elle garantit la refonte du fichier électoral, l’identification des électeurs dans les bureaux de vote, l’obligation du passage dans l’isoloir, la présence des observateurs durant les élections et la publication des résultats à travers les radios publiques et privées. Le consensus s’établit sur le décalage énorme des politiques publiques et la demande sociale. La vie devient chère et la gouvernance s’écarte de la valorisation des immenses potentialités nationales.
Deux alternances politiques : les acquis démocratiques sont réversibles
Les réformes politiques aggravées par la crise économique ouverte avec l’ajustement structurel vont favoriser en mars 2000 l’alternance à la tête de l’État consacrant l’arrivée de Maître Abdoulaye Wade à la place de Abdou Diouf. Ayant été le fer de lance de la démocratisation avant d’arriver au pouvoir, le Président Wade prend néanmoins de nombreuses décisions à l’inverse des acquis démocratiques au point que les citoyens l’assimilent à un autocrate qui personnalise la gestion de l’État en visant à installer son fils comme futur vice-président. Son ancien premier ministre, Macky Sall se martyrise face à la confiscation de tous les pouvoirs.
Comme dans un sursaut massif, plusieurs acteurs politiques, syndicaux, patronaux, et de la société civile engagent la tenue des Assises nationales (1er juin 2008 - 24 mai 2009) pour refonder les institutions, élaborer une charte de gouvernance démocratique et une série de mesures correctives des politiques sectorielles 4. Les Assises nationales ont joué un important rôle dans l’émergence et la consolidation du mouvement de contestation qui a mis un terme au régime d’Abdoulaye Wade.
Le prélude de la défaite de Maître Abdoulaye est annoncée avec les élections locales du 22 mars 2009 qui ont été marquées par la victoire de l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Sénégal (Unis pour un Sénégal Debout) dans les grandes villes ( Dakar, Pikine, Guediawaye, Kaolack, Fatick, Diourbel, Louga et Saint-Louis). Le Parti Démocratique Sénégalais est resté solide dans les communautés rurales 5..
Avec la forte mobilisation des acteurs politiques, des changements sont apportés au niveau des institutions. La limitation du nombre des mandats à deux était déjà consacrée dans la nouvelle constitution de 2001. Mais Maître Abdoulaye Wade 6 va tenter sans succès d’obtenir un troisième mandat qui lui sera refusé par les électeurs en mars 2012.
Le nouveau Président élu se nomme Monsieur Macky Sall. C’est le premier Président né après les indépendances. Il est porteur d’espoir chez les jeunes générations dont la plupart d’entre eux, selon le journaliste Khalil Gueye, sont « membres de la GEN Z, c’est à dire la Génération Z, une génération incomprise par les hommes politiques et qui passe pour la génération la plus complexe aujourd’hui dans tous les pays du monde. Elle a entre 11 ans et 25 ans et elle tapisse le système éducatif du primaire à l’université. Dans la vie de tous les jours elle est présente dans les foules des stades et des arènes de lutte, dans la masse des sans-emploi et partage les idées et sentiments du groupe dur de notre société qui ne croit plus en rien de ce que toute autorité puisse lui promettre » 7.
Ce sont ces jeunes qui ont été déçus par Macky Sall car son programme économique est centré sur la construction des infrastructures et la défense des intérêts des sociétés internationales. L’impact sur les populations et surtout les jeunes est peu significatif. Les statistiques sont éloquentes. De 3 273 000 d’habitants en 1960, la population a été multipliée par 6 en 64 ans pour atteindre en 2023 : 18 032 473 habitants dont la moitié de la population est âgée de moins de 19 ans 8. Mais entre 2012 et 2024, la situation des jeunes ne s’est pas améliorée. Le taux de chômage reste élevé avec une légère tendance à la baisse : un taux de 22,5 % en 2015 passé a 18,6 % en 2023. Le sous-emploi est plus accentué avec 90 % d’emplois précaires. Au plan national, « en 2013, 28 % des actifs occupés par moins de 40 heures par semaine seraient disponibles pour travailler davantage. Ce taux est de 21 % pour les hommes, de 40 % pour les femmes, il est de 32 % en milieu rural, de 24 % à Dakar et de 26 % dans les autres centres urbains » 9. L’insertion des jeunes dans le marché du travail s’est rétrécie. La situation de chômage ou de sousemploi est vécue par les jeunes comme « une mort sociale » 10. De ce fait, l’émigration clandestine apparait pour beaucoup de jeunes comme une alternative pour échapper à la crise de l’emploi et a l’instabilité professionnelle, un raccourci possible vers une ascension économique réelle et surtout fulgurante. C’est pourquoi Khalil Gueye a raison de dire que la génération Z ne craint ni la mer ni le désert pour quitter le pays et aller ailleurs forger un meilleur avenir11.
Macky Sall à l’épreuve de la démocratie et de l’État de droit : entre l’autoritarisme et les mobilisations contre les dérives présidentialistes
C’est dans ce contexte de crise que le jeu institutionnel est marqué par les dérives du régime présidentialiste autoritaire affirmant sa détermination à « réduire l’opposition à sa plus simple expression », ne tolérant aucune position critique. Dès son avènement au pouvoir, Macky Sall au lieu de penser aux prochaines générations pour leur assurer un mieux-être, s’est inscrit dans l’optique de gagner la prochaine élection prévue en 2019. Sous le prétexte de la reddition des comptes, deux opposants sont arrêtés, jugés et mis en pris.
Il s’agit de Karim Meissa Wade, le fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, arrêté en avril 2013 et gracié en 2018 après 38 mois de séjour carcéral mais privé de ses droits civiques et donc exclu des élections présidentielles de 2019. Le même scenario est appliqué à Ababacar Khalifa Sall, maire de la capitale Dakar, arrêté en 2017 et condamné à cinq ans de prison et gracié un an après mais privé de ses droits civiques.
En réalité, si le Président Macky Sall se compare souvent à un champion de lutte voulant préserver le titre de roi des arènes, il n’est point disposé à respecter les règles connues d’avance de la lutte. Avant le jeu , il élimine les sérieux adversaires par des complots extra sportifs, choisit l’arbitre de ses propres combats pour être proclamé champion. C’est ainsi que l’élection présidentielle de février 2019 a été un triomphe pour Macky Sall en l’absence de deux grands calibres de la scène politique sénégalaise. Mais comme dit l’adage « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Dépourvu de légitimité, le nouveau Président est si triste de ne pas être encensé pour ses exploits dans l’arène politique 12 . Au classement, on retrouve Idrissa Seck et Ousmane Sonko, respectivement deuxième et troisième derrière Macky Sall. Au lendemain des élections, la tension reste perceptible et nourrit l’inquiétude de nombre d’observateurs et admirateurs du modèle de démocratie qui reste attaché au Sénégal.
L’écrivain franco-guinéen, Prix Renaudot 2008, Tierno Monénembo s’interroge sur ce pays symbole de la démocratie en Afrique. « Qu’est-il arrivé au Sénégal ? » demande-t-il. Dans sa chronique intitulée : « Sénégal : le syndrome Sonko » et publiée le 3 mars 2019, il écrit : « Mais où est donc passée cette société fluide et raffinée que nous a léguée le lettré Senghor….La tolérance, la palabre, le wakhtane, l’espace de négociation ; cette vertu cardinale de la société sénégalaise est en train de se rétrécir sous le double coup des mesquineries et des ambitions partisanes » 13.
Mais la leçon de vie renvoyant aux belles vertus du dialogue pour surmonter les difficultés du pays contenue dans la chronique de Tierno Monénembo a été détournée de sa signification et mise au service des manœuvres politiques de consolidation d’un pouvoir ébranlé. Ainsi, à la faveur des effets de la Covid19 et au nom des intérêts supérieurs du pays déclaré « en danger », Idrissa Seck rejoint la majorité présidentielle et est récompensé le 1er novembre 2020 du poste de Président du Conseil économique, social et environnemental et bénéficie de deux postes ministériels pour son parti politique «Le Rewmi ». Avec le ralliement d’Idrissa Seck au pouvoir, Macky Sall pense alors qu’il peut dérouler son projet de briguer un troisième mandat d’autant que selon lui, la constitution adoptée en 2016 lui permet de le faire. Mais pour réussir son projet, il faut neutraliser tous les adversaires susceptibles d’être des obstacles. Ousmane Sonko , député et maire de la ville de Ziguinchor, la plus importante ville de la Casamance, au sud du pays, est identifié comme l’adversaire à abattre. Les dossiers judiciaires sont montés. C’est d’abord l’affaire Adji Sarr, une jeune masseuse qui accuse le 6 février 2021 Ousmane Sonko, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 24 février 2024 de « viols répétitifs ». et « menaces de mort ». Le 3 mars 2021, le député et maire de Ziguinchor est officiellement mis en cause puis convoqué par le doyen des juges du tribunal de Dakar. Pour répondre au juge, il est accompagné de ses partisans. Sur le parcours, il est arrêté pour « trouble à l’ordre public », puis libéré sous contrôle judiciaire, après plusieurs jours d’émeutes et de nombreuses scènes de pillages ciblant les entreprises françaises (Total, Supermarchés Auchan, Carrefour, etc.) dans tout le pays. Quatorze morts sont enregistrés. Pour Ousmane Sonko, « cette accusation est une manipulation politique en vue de le mettre hors course de tout mandat électif. Car s’il était condamné, l’opposant serait inéligible » 14. Jugé par contumace, l’opposant Sonko est acquitté le 1er juin 2023 des faits de viol dont il était accusé, mais il est reconnu coupable « de corruption de la jeunesse » et condamné à deux ans de prison et 600 000 FCFA d’amende. À l’énoncé du verdict, des violences ont éclaté dans plusieurs villes du pays. Près de soixante morts ont été dénombrés. Plus de 1 500 personnes ont été arrêtées et mises en prison pour des motifs variables notamment « offense au Chef de l’État », « outrage à magistrat », « diffusion de fausses nouvelles », etc. Felwine Sarr a raison de relever que « l’appareil judiciaire a abusé d’une rhétorique autour de la sûreté de l’État, du respect des institutions, du maintien de l’ordre public, pour organiser la répression systématique des opposants, leur intimidation et leur emprisonnement ; ainsi que la mise sous silence des voix dissidentes et des esprits épris de justice » 15.
Ensuite, une deuxième affaire de diffamation sera portée contre l’opposant Sonko qui est aussi condamné à six mois avec sursis hypothéquant ses chances légales d’être accepté comme candidat aux élections du 25 février 2024.
La mélancolie du Président Macky, facteur d’inertie
Après plus d’un an de suspense, de tensions et de pressions politiques et religieuses diverses, Macky Sall annonce le 3 juillet 2023 , qu’il ne se représenterait pas à l’élection présidentielle de février 2024. Mais le 28 juillet 2023, Ousmane Sonko est arrêté à Dakar. « Le procureur affirme qu’il fait l’objet d’une enquête pour « divers chefs de délits et crimes ». Le parquet estime que « depuis un certain temps », des « actes, déclarations, écrits, images et manœuvres » de la part de l’opposant étaient « constitutifs de faits pénalement répréhensibles » 16.
Le politologue Pierre Sané qualifie Macky Sall du titre de « Président mélancolique et mal-aimé ». En effet, Président Sall est désespéré de voir son projet avorté : instaurer au Sénégal une présidence à vie comme c’est le cas dans nombre de pays d’Afrique centrale pour assurer un contrôle sur les ressources escomptées de l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz. Pierre Sané fait remarquer ironiquement que le rêve de Macky Sall « est parti en fumée : Sénégal émirat pétrolier ? Infrastructures en chantier ? Réforme du système financier international ? Et non, ce ne sera pas sous son magistère. La déception est profonde. Cette mélancolie nourrit la rancœur inépuisable qu’il cultive à l’encontre d’Ousmane Sonko dont la popularité inébranlable malgré les complots, séquestrations et emprisonnements enrage un président mal aimé. Ce qui en retour alimente sa mélancolie. Il aura tout essayé depuis trois ans ! » 17
Le Président Macky, adepte du dilatoire pour regretter le troisième mandat
Le dénouement semblait se préciser le 20 janvier 2024 avec la publication par le Conseil constitutionnel de la liste des 20 candidats sélectionnés dont deux femmes 18 à partir d’un système de parrainage sur 70 postulants. Ousmane Sonko s’est fait remplacer par Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire général de son Parti (PASTEF), Parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, dissous le 31 juillet 2023 par le ministre de l’Intérieur. Mais c’est sans compter avec les soubresauts du Président mélancolique qui le 3 février 2024, à la veille de la campagne électorale, abroge le décret de convocation des électeurs sous le prétexte de la mise en place d’une commission parlementaire enquêtant sur deux juges du Conseil constitutionnel dont l’intégrité dans le processus électoral est contestée par le Parti Démocratique Sénégalais dont le candidat Karim Meissa Wade a été recalé pour cause de parjure sur sa double nationalité sénégalaise et française. Dans la foulée, l’Assemblée nationale adopte un projet de loi renvoyant les élections présidentielles au 15 décembre 2024 avec l’octroi d’un supplément de mandat au président Macky Sall. Saisi par un groupe de candidats, le Conseil constitutionnel déclare l’inconstitutionnalité de la loi votée et ordonne la tenue des élections dans « les meilleurs délais ». Mais Macky Sall continue à jouer au dilatoire et annonce la convocation d’un « dialogue national » pour fixer les conditions pour l’organisation de l’élection présidentielle. Boycotté par 17 candidats, ce « dialogue national », tenu du 26 au 28 février 2024, a adopté des conclusions offrant la possibilité de réouvrir la liste des candidats et proposant la date du 2 juin 2024 pour l’élection présidentielles et maintenant Macky Sall à la présidence jusqu’à l’installation du nouveau président élu. Encore une fois, le Conseil constitutionnel rejette ces conclusions, fixe la date des élections au 31 mars 2024 et précise que le mandat du président de la République s’achève le 2 avril 2024 et ne saurait être prolongé pour quelque raison que ce soit 19.
L’écrivain Guinéen Tierno Monénembo apprécie le rôle d’arbitre du Conseil constitutionnel comme une parade dans le mécanisme du jeu démocratique. Il écrit : « L’acte posé par le Conseil constitutionnel après la tentative de recul des élections présidentielles par Macky Sall fut un haut moment de démocratie et pour les Africains frustrés de tout, surtout de liberté, un véritable état de grâce. Une belle surprise, un événement habituellement réservé aux démocraties les mieux rodées, celles des pays scandinaves notamment » 20.
Face à ce double désaveu par le Conseil constitutionnel, Macky Sall se décide à fixer la date de l’élection au 24 mars 2024 donnant aux candidats deux semaines de campagne électorale au lieu des trois comme prévu par le code électoral. Dans le souci, dit-il, d’apaiser l’espace politique à son départ à la tête de l’État, il fait voter le 4 mars 2024 une loi d’amnistie générale pour faire libérer les 1 500 détenus politiques qui croupissent en prison 21. Cette mesure d’élargissement permet à Ousmane Sonko et au candidat Bassirou Diomaye Faye de sortir de la prison et de prendre la tête de la campagne de la coalition anti-système – anti-Macky Sall.
À la veille des élections du 24 mars 2024, l’issue du verdict des urnes était incertaine. Le scrutin s’est déroulé dans le calme et la sérénité. Les électeurs ont usé de leur bulletin de vote pour opter dès le premier pour le changement incarnées par la coalition « Président DIOMAYE 2024 » mise sur pied par Ousmane Sonko et ses alliés avec un score de 54,28 % contre 35,79 % pour Amadou Ba, le candidat de la majorité sortante.
Quelques leçons majeures de cette crise sociale et politique
La troisième alternance consacrée par les résultats des élections du 24 mars 2024 illustre la vitalité de la démocratie au Sénégal. Mais elle révèle que le modèle de démocratie souffre encore des faiblesses liées à sa jeunesse et aux dérives générées par le système présidentialiste. Entre 2019 et 2023, le pays a connu une grande instabilité politique due aux interprétations controversées de la constitution sur la légitimité d’une nouvelle candidature du président Macky Sall qui a déjà accompli deux mandats (2012-2019 et 2019-2024).
Cette crise marquée par des graves troubles a eu des conséquences importantes sur l’économie du pays au moment où l’exploitation d’importantes ressources de pétrole et de gaz est annoncée pour 2025. Cependant la dynamique de résistance incarnée par les citoyens et principalement par les jeunes ainsi que le jeu de régulation assuré par le Conseil constitutionnel ont permis d’éviter que le pays s’enfonce dans le chaos. Le bulletin de vote a indiqué la direction du changement en départageant les partis politiques en compétition.
De plus, il se dégage des épreuves de force entre les régimes d’Abdoulaye Wade et Macky Sall et les populations mobilisées que la défense de la constitution qui n’est plus simplement l’affaire des juristes, mais bien des citoyens et citoyennes engagés contre tout régime voulant piétiner le droit auquel il est censé être soumis pour garantir le commun vouloir de vie commune. Les jeunes ont été au front de ce combat pour la consolidation de la démocratie.
Enfin, un puissant vent souffle de partout au Sénégal et les messages sont concordants autour de la souveraineté, la réforme des institutions, l’employabilité des jeunes, l’ancrage culturel, la qualité du capital humain, la justice sociale, la transparence budgétaire et toutes sortes de formes de redevabilité. Pour une fois, un nouveau pouvoir n’aura qu’un seul choix : celui de procéder à la réforme du présidentialisme, de mettre en œuvre la gouvernance vertueuse et répondre aux aspirations des jeunes et des femmes. Mais déjà les mouvements de femmes expriment leur indignation du fait de la faible présence des femmes dans le nouveau gouvernement (13,33 %), alors que le Sénégal a adopté depuis 2010 une loi sur la parité. C’est là un signe révélateur des conquêtes à réaliser pour approfondir un modèle démocratique très apprécié en Afrique.
DES PISTES DE SOLUTIONS CONTRE LA MIGRATION IRRÉGULIÈRE
Selon le ministre de l'Intérieur, le phénomène prend des proportions préoccupantes et alarmantes chez des jeunes attirés par les mirages des chemins parsemés d'embûches et de risques mortels
Général Jean Baptiste Tine, le ministre de l'Intérieur et de la sécurité publique en compagnie du Contrôleur Général de police Modou Diagne et de Saer Ndao, a procédé à l'installation du comité départemental de lutte contre la migration irrégulière de Mbour. L'occasion a été mise à profit pour éplucher les multiples facettes de la migration irrégulière.
Selon le ministre de l'Intérieur, le phénomène de la migration irrégulière prend des proportions préoccupantes et alarmantes chez des jeunes attirés par les mirages des chemins parsemés d'embûches et de risques mortels. Il a évoqué les images des jeunes sénégalais ayant perdu la vie dans cette odyssée macabre en tentant de rejoindre les côtés européennes.
A l'en croire, cette réalité est intolérable. Les pertes ne sont pas seulement des pertes de vies humaines mais celles de potentialités, de talents et d'espoir pour la nation sénégalaise. Sur le fait, il se demande ce qui pousse les jeunes à prendre ces risques. Il a fait référence au manque d'opportunités, à la pression sociale et à la désinformation des réseaux de passeurs sans scrupules prospérant sur ces âmes vulnérables.
Sur les mesures à prendre, le ministre a cité le renforcement de la sensibilisation, en informant les jeunes des réalités de cette aventure périlleuse et en leur offrant des alternatives viables au Sénégal, des opportunités économiques dans l'entrepreneuriat et dans la formation professionnelle pour allumer une flamme d'espoir d'un avenir meilleur pour les jeunes dans leur propre pays.
Le ministre Tine a soulevé la nécessité d'une lutte intense contre les réseaux de passeurs en coopérant avec les pays voisins et les organisations internationales pour le démantèlement de ces circuits criminels. Selon ses propos, la répression de ces acteurs est une nécessité pour protéger les citoyens. Ces sillons tracés sont, pour lui, des voies obligées pour préserver la dignité de notre pays et faire comprendre que l'avenir ne se cherche pas ailleurs.
LE CRES S’ATTAQUE A LA MAUVAISE ALIMENTATION
Pour le ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas), les dépenses consenties pour les Maladies non transmissibles (Mnt), toutes sources confondues, représentent en moyenne 233,6 milliards par an, soit 37,64% des dépenses courantes sur 2017-2021
Pour le ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas), les dépenses consenties pour les Maladies non transmissibles (Mnt), toutes sources confondues, représentent en moyenne 233,6 milliards par an, soit 37,64% des dépenses courantes sur la période 2017-2021. Le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) d’ajouter que la mauvaise alimentation demeure le principal facteur de risque de maladie, de décès et d’incapacité, dans le monde entier. Face à cette préoccupation, le Cres a lancé à Dakar hier, mardi 1er octobre, le projet intitulé « Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à̀ des régimes alimentaires sains au Sénégal ». A cette occasion, le professeur Abdoulaye Diagne, directeur exécutif du Cres, a souligné : « la rationalité qui sous-tend le projet de recherche est que l’évolution vers des régimes nutritionnels au Sénégal dépend d’un changement de comportement des acteurs du système alimentaire et des politiques façonnant l’environnement de ce système ».
Au Sénégal, à l’instar des pays en développement, la situation nutritionnelle est globalement caractérisée, selon le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres), par la persistance du triple fardeau de la malnutrition à savoir la dénutrition, le surpoids et l’obésité et les carences en micronutriments. En atelier hier, mardi 1er octobre, pour le lancement du projet intitulé« Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à des régimes alimentaires sains au Sénégal », le directeur exécutif du Cres, Professeur Abdoulaye Diagne a souligné : « les maladies non transmissibles (Mtn) chroniques les plus courantes résultent principalement d’interactions entre un ensemble de facteurs de risque incluant l’inactivité physique, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et une mauvaise alimentation ». Cependant, il a soutenu : « la mauvaise alimentation demeure le principal facteur de risque de maladie, de décès et d’incapacité, dans le monde entier ».
Pour les chercheurs du Cres, une alimentation peut être considérée comme mauvaise, lorsque prédominent dans sa composition des aliments et boissons à forte teneur en gras saturés, en acides gras transformés, en sucres libres et en sel, alors qu'elle est pauvre en fruits et légumes. Cette alimentation provoque l’hypertension, l’obésité et le surpoids qui jouent un rôle majeur dans l’expansion des Mnt. « La hausse de la prévalence de l’obésité, la consommation accrue d’aliments de mauvaise qualité et la dénutrition, qui est toujours omniprésente dans des pays comme le Sénégal, contribuent fortement à l’expansion des MNT. Du fait de ces maladies, des millions de personnes mourront prématurément ou verront leur qualité de vie compromise. Aujourd’hui, la plupart des pays dans le monde doivent porter le fardeau des maladies non transmissibles », fait savoir Pr Diagne.
Au Sénégal, selon les Enquêtes Démographiques et de Santé de 2023, 18% des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance. La malnutrition aiguë, conséquence d’une alimentation insuffisante et de maladies récentes, touche 10% des enfants dont 1% sous forme sévère. L’insuffisance pondérale affecte 16 % des enfants de moins de 5 ans, dont 3% sous forme sévère. « L’exploitation des résultats des comptes de la santé 2017- 2021 du Sénégal montre que les dépenses en Mnt, toutes sources confondues, représentent en moyenne 233,6 milliards par an, soit 37,64% des dépenses courantes sur la période 2017-2021. Ces problèmes sont exacerbés entre autres par la pauvreté, le manque d'éducation nutritionnelle et des environnements alimentaires peu favorables ,les pratiques inappropriées d’alimentation, le retard tardif aux soins de santé, le faible accès à l’eau-assainissement-hygiène, la faiblesse des mécanismes de protection sociale, l’environnement non favorable dans lequel vivent les familles », a renseigné Dr Amadou Doucouré, Directeur de la santé de la mère et de l’enfant, venu représenter le ministre de la Santé et de l’action sociale à cet atelier.
Et d’ajouter : « Agir sur ces facteurs de risque des formes de malnutrition et des Mnt est essentiel pour diminuer leur prévalence et soulager le système de santé de notre pays dans un contexte de montée rapide des coûts des soins et d’un faible développement de systèmes de couverture de santé. Nous devons réfléchir sur ce que nous mangeons, faire évoluer nos habitudes de consommation, marquées encore par des pratiques culinaires inappropriées, une consommation élevée de sucre, sel et matières grasses, l’utilisation généralisée des bouillons et une consommation de fruits et légumes faible ». Au niveau du Cres, son directeur a rappelé qu’au cours des dernières années, sa structure, en partenariat avec plusieurs institutions, a mené une vaste enquête avec l’appui du CRDI sur la consommation des ménages sénégalais. L’enquête a touché 1800 ménages et 3800 individus composés de jeunes et d’adultes. « Le projet de recherche, « Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à des régimes alimentaires sains au Sénégal », a pour ambition d’exploiter ces données primaires pour mieux saisir le lien entre régime alimentaire, malnutrition et environnement alimentaire dans le contexte sénégalais. La rationalité qui sous-tend le projet de recherche est que l’évolution vers des régimes nutritionnels au Sénégal dépend d’un changement de comportement des acteurs du système alimentaire et des politiques façonnant l’environnement de ce système. Un tel changement requiert la production et l’utilisation de connaissances tirées du contexte sénégalais. « En produisant de telles évidences et en les mettant à disposition, favorisant la mobilisation des acteurs du système alimentaire pour des changements qualitatifs, le projet contribuera à l’évolution de l’environnement du système alimentaire sénégalais vers des régimes nutritifs qui baisseront la prévalence de la malnutrition et des MNT liées à l’alimentation » a-t-il avancé.