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9 septembre 2025
PAR CHARLES OWENS NDIAYE
DE L’ECONOMIE DE LA DÉCENTRALISATION
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La décentralisation est affaiblie par les fortes tendances à la re-centralisation, la résistance des acteurs de la déconcentration, la toute-puissance du présidentialisme et la faiblesse du leadership des autorités locales
#Enjeux2019 – La réforme de la décentralisation a été une des priorités du nouveau régime après les élections présidentielles de 2012. Apres cinq années de mise en œuvre, à la veille de l’élection présidentielle et aussi avant les locales dans quelques mois, il importe de faire le point et de dégager des perspectives.
Aborder d’abord la problématique de la décentralisation au Sénégal nous permet de bien situer le débat en évoquant l’effectivité ou non de celle-ci. Par la suite, il nous sera possible de faire une incursion sur certaines difficultés constatées pour illustrer la réalité de la mise en œuvre de l’Acte III. Il importe de préciser que l’évaluation de cette réforme pose problème car, il n’avait pas été défini au préalable d’indicateurs sur la base desquels il serait possible d’apprécier objectivement la politique.
- Enjeux et défis de la décentralisation au Sénégal -
Il importe de bien comprendre les enjeux liés à la décentralisation dans un contexte de course pour la conquête du pouvoir présidentiel. Il est question de participation populaire pour le développement économique et social d’un territoire, la maîtrise du développement et le renforcement des compétences techniques locales. La décentralisation devrait contribuer à tout cela. L’accès à des services de base essentiels comme l’éducation, la santé, l’eau, l’assainissement, le logement, traverse les enjeux de la décentralisation. Le développement économique local reste une question fondamentale qui ne peut être occultée.
Par ailleurs, la décentralisation est au cœur de la problématique des pouvoirs à exercer. L’autorité centrale se délaisse de certains pouvoirs, au profit des Collectivités locales qui ont pour mission, c’est-à-dire comme compétence générale, «de promouvoir le développement économique et social et cultuel au niveau local[1] ». En fait cette compétence générale n’a jamais été mise en avant. Elle a beaucoup plus était réduite à la prise en charge de compétences administratives que les Collectivités locales exercent sur la base de transferts financiers. D’ailleurs, ils sont toujours insuffisants pour exécuter les dépenses à la place de l’Etat, pour l’essentiel.
Les Collectivités locales ont-elles-eu suffisamment de pouvoirs pour construire des territoires viables porteurs de développement durable ? L’accès aux ressources nécessaires, le cadre réglementaire et la forte prégnance de l’Etat centralisateur ne militent pas pour une décentralisation effective.
- Les pratiques contre la décentralisation effective -
Les responsables des collectivités locales affirment souvent que « l’Etat nous a transféré les problèmes sans les ressources ». En réalité l’Etat s’est octroyé les possibilités d’avoir les ressources et n’en fait pas de même pour les Collectivités locales. Il ne partage pas l’assiette fiscale « dorée » et ne change pas fondamentalement le cadre règlementaire qui devrait permettre aux Collectives locales de disposer de ressources propres, base de leur autonomie d’actions. Le patrimoine bâti, non bâti et insuffisamment bâti est une source de revenus substantielle pour ces dernières. Il en est de même des taxes sur la valeur ajoutée. Il existe plusieurs niches qui pourraient permettre aux Collectivités de prendre en charge leur compétence générale.
La disponibilité des ressources humaines est fonction de la mobilisation de moyens financiers et cette question peut se résoudre rapidement. La perspective de la fonction publique locale est toujours en cours, mais il est important de nous interroger sur le devenir de cette option si on sait que la fonction publique est confrontée à beaucoup de difficultés, elle est même en crise.
Par ailleurs, la déconnection de la politique économique nationale avec le développement économique local illustre bien la fonction limitative assignée aux Collectivités locales, pour exercer uniquement des compétences administratives. La compétence générale de promotion du développement économique et social est laissée en rade. Ces questionnements ci-dessous fondent cette affirmation.
Quelle est la part de la contribution des collectivités locales dans le taux de croissance ? Quelle est la part de l’artisanat, si on prend le cas Mékhé, du maraichage dans les communes de la zone des Niayes et du tourisme dans le département de Mbour ?
Quelles sont les attentes de l’Etat par rapport aux potentialités locales de telle collectivité locale dans le cadre de sa politique agricole ? Et la contribution du Département de Podor dans la réduction du taux de chômage ? Qu’est-ce qu’il est possible d’attendre du Département de Sédhiou pour la réduction de « 6,8 millions de pauvres[2] » ?
En réalité, malgré les déclarations et les intentions déclamées l’Etat centralisateur reste constant dans sa démarche et ne décentralise réellement pas. Il affaiblit la décentralisation en ne tirant pas toutes conséquences de ses ambitions déclarées. Cela se traduit par les politiques économique et sociale mises en œuvre à partir de l’’Etat central, la faiblesse des pouvoirs effectifs libérés au profit des collectivités locales et les ressources nécessaires absentes pour prendre en charge la compétence générale de développement économique et social, véritable mission des Collectivités locales.
- L’acte III de la décentralisation -
Quelques éléments de rappels : du diagnostic aux ambitions de l’acte III de la décentralisation. Ce rappel permet de passer en revue les éléments de diagnostic, d’orientations stratégiques des objectifs de l’acte III de la décentralisation. Cette démarche va soutenir la formulation de quelques éléments d’appréciation tout en rappelant la difficulté relative à l’absence d’indicateurs.
Dans l’exposé des motifs contenus dans la loi n°2013 -10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales, les limites suivantes ont été précisées :
faiblesses objectives du cadre organisationnel et fonctionnel pour la promotion du développement territorial ;
le manque de viabilité des territoires et de valorisation des potentialités de développement des territoires ;
la faiblesse de l’aménagement des territoires limitée par une architecture territoire rigide ;
la faiblesse de la gouvernance territoriale accentuée par la multiplicité d’acteurs avec des logiques et des préoccupations parfois différentes ;
l’incohérence et l’inefficacité des mécanismes de financement du développement territorial ;
la faiblesse de la co-production des acteurs de développement territorial qui induit l’inefficacité des interventions.
Suite à ce diagnostic, quatre objectifs ont été formulés : un ancrage de la cohérence territoriale pour une architecture administrative rénovée ; une clarification des compétences entre l’Etat et les collectivités locales ; un développement de la contractualisation entre deux niveaux décisionnels ; une modernisation de la gestion publique territoriale avec une réforme des finances locales et une promotion soutenue de la qualité des ressources humaines.
Cette réforme qui doit se dérouler en deux phases a induit la suppression des régions collectivités locales, l’érection des départements comme Collectivités locales et la communalisation intégrale par l’érection des communautés rurales et des communes d’arrondissement en commune, la création de la ville pour mutualiser les compétences des communes la constituant et la répartition des neuf compétences entre deux ordres de collectivités locales. Il s’agit pour les promoteurs de la réforme d’aboutir à la « refondation majeure de l’ action territoriale à travers le projet de réforme de la décentralisation avec comme ambition d’organiser le Sénégal en territoires viables compétitifs et porteurs de développement durable[3] ».
En 2015, une « évaluation de la mise en œuvre de cette réforme a été réalisée » et tout dernièrement le Programme d’Opérationnalisation de l’Acte 3 de la Décentration (PROACTSEN), qui est le nouveau cadre fédérateur pour les interventions destinées aux Collectivités territoires a été conçu.
- Repères critiques dans la mise en œuvre de la Réforme de la décentralisation -
Apres cinq années de mise en œuvre, quels sont les grands enseignements à retenir, autrement où en sommes-nous sur « les territoires viables compétitifs et porteurs de développement durable » ?
Nous sommes conscient que cette ambition ne peut se réaliser qu’au bout d’un certain temps, mais les indices de territoires viables complétifs et porteurs de développement sont-ils perceptibles à partir de nos collectivités locales et par les collectivités locales. C’est une question pratique ; c’est à dire, le vécu de chaque personne, des différents groupes sociaux des acteurs du développement local peut permettre d’attester positivement ou négativement des trajectoires anciennes (avant la réforme) et nouvelles (après la réforme). Quels sont les territoires viables et porteurs de développement qu’il est possible de repérer au Sénégal ?
Le meilleur des bilans de la Reforme serait fait par des élus locaux avec les populations. C’est pourquoi, il importe de souligner qu’il est nécessaire au plus haut point que les équipes municipales et départementales, avec la participation des différentes familles d’acteurs ainsi que les associations des élus locaux, élaborent leur propre bilan de l’acte III de la décentralisation, en laissant en rade le langage diplomatico-politique. C’est la meilleure façon de consolider les acquis, de corriger les faiblesses et d’envisager de nouvelles perspectives après les prochaines élections locales.
- Le découpage territorial toujours en question -
Suite à l’Acte III, le Sénégal dispose actuellement de 599 Collectivités locales avec deux niveaux. Elles sont constituées de villes de départements et communes. Avant la réforme actuelle, les communautés rurales et communes d’arrondissement principalement, sont issues de découpages dont l’objectivité n’a pas été au centre des préoccupations des dirigeants et cette approche a été vivement décriée, en son temps, par les différents acteurs politiques. Le PS avait initié ce découpage et le PDS l’a consolidé. Le diagnostic établi avant la formulation de l’Acte III attestait de l’existence de CT non viables. Cette analyse a été consolidée par des contributions importantes d’acteurs, mais les correctifs n’ont pas encore vu le jour.
Certes, il y a des expérimentations pour aller dans le sens de la mise en place des pôles territoires, mais il n’y a pas encore de tentative conséquente à ma connaissance, pour corriger le fractionnement des territoires à partir de critères partagés. L’intercommunalité pourrait être une voie alternative pour faire des pas, mais elle ne semble être une piste qu’effleure les acteurs territoriaux.
Par ailleurs, la cohérence territoriale reste toujours un souci majeur. En fait, le Sénégal dispose de 182 circonscriptions administratives ainsi décomposées : 14 régions, 45 départements, 123 arrondissements et 559 collectivités territoriales. Les découpages ministériels sectoriels ne sont pas en adéquation avec cette architecture. Le Ministère de l’Education avec les inspections d’Académie à Dakar (IA) et certaines Inspections de l’éducation et de la formation (IEF) dans les départements ou le ministère de santé, avec les circonscriptions médicales, illustrent bien cette incohérence.
Il faut aussi souligner le positionnement quelque fois complexe des différents acteurs : gouverneurs, préfets sous-préfets dans les différentes circonscriptions administratives et dans les Collectivités locales et les rapports entre ces derniers et les présidents de conseil départemental et les maires. Cette situation impacte sur les relations et fonctions des différents acteurs.
- La lisibilité des échelles de gouvernance -
Des avancées sont notées dans la précision des échelles de gouvernances avec les deux niveaux, mais aussi sur la clarification des compétences entre le département et la commune, mais il faut constater l’existence de plusieurs contentieux relatifs à la dévolution des patrimoines. L’exemple de cette difficulté à propos de certains marchés est illustratif de cette réalité. Il faut noter les incertitudes et imprécisions sur la problématique du Pôle territoire. Peut- être que les leçons issues de l’expérimentation permettront de les clarifier.
- Rareté des ressources humaines de qualité et pléthore du personnel -
Les collectivités territoriales ne disposent pas du personnel adéquat pour mener à bien leurs missions. En dehors des villes qui ont quelques acquis comme Dakar, il est plutôt déploré la pléthore de travailleurs souvent sans qualification qui grugent le budget des collectivités locales. Les Agences de développement régional ne peuvent suppléer aux besoins, malgré le travail important qu’elles abattent. Les contractualisations entre les Collectivités territoriales et les autorités déconcentrées pour la mise à disposition de techniciens du niveau déconcentré n’ont pas donné les résultats escomptés. La mise en place d’une fonction publique locale et le renforcement des capacités devraient permettre de faire des avancées pour permettre de faire face à la demande de ressources humaines de qualité. Quelles ont été les avancées et limites ?
La promulgation de la loi N °2011 du 11 janvier 2011, du 30 mars 2011 portant statut général des fonctionnaires des collectivités locales, la signature de 14 décrets d’application et l’arrêté n° 00152 du 11 janvier 2013, portant liste nominative du conseil supérieur de la fonction publique et la tenue de la première rencontre du Conseil supérieur de la fonction publique locale, présidée par le Président de la République, sont effectives. Son opérationnalisation reste toujours théorique en notre sens.
D’ailleurs la prise en charge des ressources humaines a fortement impacté le budget de fonctionnement des collectivités territoriales, notamment celles des Départements et des communes. En effet la dévolution du patrimoine et du personnel, suite à la réforme a engendré des charges de personnel que les budgets des départements et des communes ne peuvent supporter. L’Etat central est intervenu chaque fois pour parer aux gaps. Le président de la République, dans le cadre de son allocution à l’occasion de la mise en place du Conseil supérieur de la fonction publique locale, disait que les 90% du budget des collectivités locales étaient consacrés au personnel. Le centre de de formation et même le droit à la formation des élus restent encore à matérialiser.
- Quelques éléments d’enseignements et recommandations -
En réalité, j’ai juste essayé de faire un bref survol d’un ensemble d’insuffisances dans la mise en œuvre de l’acte III et je m’en suis tenu à la logique des initiateurs de la réforme. Cet aperçu n’est pas exhaustif. Les différents acteurs ont essayé d’opérationnaliser cette réforme, et même si des pas sont faits, il reste d’énormes de défis à lever. L’environnement institutionnel politique économique, social et même culturel n’a pas permis d’aller plus loin. Il me semble nécessaire d’aborder certaines questions clef en termes d’enseignements et de recommandations.
- Le temps et la planification d’une réforme sont partie intégrante des facteurs de réussite -
La Réforme de la décentralisation a fait l’objet d’une controverse sur son opportunité ou non, elle pose la problématique du temps de de la réforme (période et durée), et de sa planification. Avec le recul on constate que tout le dispositif institutionnel et réglementaire (textes, décrets d’application, circulaires) n’est pas au point. Les CT ont fonctionné durant cinq ans sur la base de beaucoup d’éléments d’incertitude. En plus de cela les ajustements entre la déconcentration et la décentralisation, l’articulation aux textes existants n’est pas encore disponible. De même, il est impossible de dire à quel moment prend fin la première étape de la réforme et quand la seconde étape commence et prend fin. Il importe d’éviter ces situations dans le cadre des politiques publiques.
- Faiblesses de la décentralisation -
Au-delà des déclarations et profession de foi, la politique de décentralisation est affaiblie d’une part par les fortes tendances à la (re)centralisation, par la résistance des acteurs de la déconcentration, la toute-puissance du présidentialisme et la faiblesse du leadership des autorités locales. Dans le cadre de l’exercice des compétences transférées, un des principes fondamentaux est « tout transfert de compétence à une collectivité doit être accompagné de transfert concomitant par l’Etat à celle-ci des ressources et moyens nécessaires à l’exerce normal de cette compétence ». Certes il y a un transfert de ressources, mais non seulement elles sont très insuffisantes mais en plus elles sont disponibles tardivement (Juin 2018). Elles ne couvrent le coût d’aucune des compétences transférées. Les ressources sont conservées au niveau central ou versées en partie aux structures déconcentrées (voir secteur éducation).
En fait, on peut se demander si l’Etat a apprécié objectivement le coût de chaque compétence transférée. Les différentes études[4] que nous avons consultées nous confirment d’une part que ce coût n’est pas maitrisé et d’autre part que les mécanismes de réajustement des coûts édictés par les textes ne sont pas ne sont pas aussi pris en compte. Le transfert de ressources pour exécuter des dépenses des compétences administratives limite aussi les ambitions des collectivités locales à porter le développement économique et social.
Par ailleurs, les Conseils des ministres « décentralisés » initiés par le président de la République retiennent de réaliser plusieurs projets avec des financements à hauteur de plusieurs milliards. Certes ces investissements sont importants, mais les acteurs du développement territorial sont obligés de poser la question suivante. Quel est le leadership des Collectivités territoriales dans ces initiatives. Sont-elles des maîtres d’œuvre, des maitres d’ouvrages et de simples réceptrices ? La réalité des faits semble montrer qu’elles n’ont pas véritablement de responsabilités. Les gouverneurs ou les ministres montent au créneau pour faire le point sur l’état de réalisation des projets, c’est-à-dire que ce sont les ministres sectoriels ou les agences qui les réalisent. Une forme de (re)centralisation. En fait, les citoyens posent effectivement beaucoup de questions sur la réalité de la mise en œuvre des projets retenus au cours des conseils des ministres décentralisés, mais les responsables des collectivités territoriales (président des départements et les maires) ne semblent pas en mesure de répondre à leurs administrés.
Plusieurs programmes, projets et agences interviennent dans les collectivités territoriales et prennent en charge des aspects relatifs aux compétences transférées, mais les autorités locales n’y ont pas de véritables responsabilités. Le PUDC, Promovilles, PUMA même si les réalisations sont appréciées par les Collectivités territoriales, dessaisissent ces dernières de certaines de leurs prérogatives et les privent des possibilités de se renforcer institutionnellement.
Les arguments souvent servis sont relatifs à l’absence de compétences ou d’expériences requises ou les limites dans la couverture de leurs compétences. Pour ce dernier aspect dans le chapitre sur la libre administration des Collectivités locales, il est bien dit que « les collectivités locales (maintenant collectivités territoriales) ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique social et environnemental d’intérêt local ». La volonté politique de renforcer la décentralisation pouvait permettre de mettre les CT en avant sur certains aspects en les responsabilisant et en les accompagnant. La mise à disposition de ressources humaines durant la période de mise en œuvre aurait un effet important dans les Collectivités territoriales.
En dernière analyse, le renforcement des capacités institutionnelles des CT passent aussi par des apprentissages pratiques. Une belle occasion ratée pour le compte du renforcement de la décentralisation. Le régime présidentiel, sous ses différentes déclinaisons, ne favorise pas aussi le renforcement de la décentralisation. L’option « réalisation du chef de l’Etat » prime sur les réalisations des Collectivités locales.
- Le leadership des collectivités locales difficilement assumé -
Le repositionnement des responsables des collectivités territoriales comme porteur d’une vision du développement territorial et la capacité à définir des politiques de développement économique et social, au niveau local et en particulier dans les domaines relatifs aux compétences transférées, est une exigence, si la prétention de renforcer la décentralisation est bien assumée. Il importe que les maires et les présidents de département assument la définition de la politique d’éducation et de formation dans leur localité, par exemple. Les techniciens, certes ils sont importants, mais la légitimité de cette fonction ne leur revient pas, ils n’ont pas ce pouvoir qu’il exerce en réalité.
Il importe de s’élever un peu plus et de ne plus résumer la fonction à l’achat de craie, de fournitures, de subventions aux indigènes, de gestion de la quotidienneté uniquement. C’est de cette manière que le leadership s’instaure et se légitime auprès des acteurs, notamment auprès des autorités déconcentrées et des populations. La nécessité de prendre des initiatives et d’aller dans le sens des innovations est une condition nécessaire pour trouver des solutions faces aux innombrables contraintes de la décentralisation. La refondation de la décentralisation reste un problème posé et à résoudre. On ne peut se suffire de déclarations. Il faut se délaisser de certains types de pouvoirs, partager véritablement les ressources et accepter aux Collectivités locales le pouvoir de promouvoir le développement économique, culturel et social.
- Quelques remarques sur les programmes des candidats[5] -
La continuité semble être le trait commun des différents programmes. Une vision claire et globale n’est pas souvent perceptible. Certes des Assises sur la décentralisation ou une commission nationale sont proposées, mais les mesures prises ne rompent pas véritablement avec l’existant. L’accent est surtout mis sur des mesures techniques.
Le renforcement du financement des Collectivités territoriales est largement partagé. Toutefois, les modalités, les stratégies de financement ne sont pas les mêmes. L’octroi de subvention annuelle par collectivités locales ou de subventions globales annuelles revient dans les propositions. On peut se demander si on a pris en compte des critères pour le faire. Ces entités sont différentes, les besoins ne sont pas les mêmes et les acquis et les déficits différents. Ce financement est-il destiné principalement au développement économique local ou à la construction d’infrastructures sociales ?
La question des pôles sous des appellations différentes revient dans les propositions avec des fonctions explicites ou non. De même le remplacement de la départementalisation au profit de la régionalisation, la suppression des postes de président de conseil départemental et de gouverneurs et la nomination de ministre délégués auprès du premier ministre chargé du développement régional a été évoqué.
Un effort important a été fait par les différents candidats pour inclure dans leur programme la question de la décentralisation. Il y a un vécu, suite à la mise en œuvre de l’Acte III et des propositions pour l’avenir. Il importe de souligner que plusieurs questions sont à clarifier suite à la lecture des différents programmes, comme par exemple, le découpage actuel des collectivités territoriales remis en cause par certains.
Dans tous les cas, il importe de donner des réponses précises sur la place et le rôle des collectivités territoriales dans le projet de société à mettre en œuvre, les pouvoirs que l’Etat central est prêt à octroyer à ces dernières et la place du développement local dans la promotion des territoires.
Ce bref survol de la politique de décentralisation et sa mise en œuvre laisse entrevoir un chantier en friche. Il importe dans tous les cas de se poser la question essentielle, pourquoi décentraliser et au service de quel projet de société ? Elle ne peut véritablement prospérer dans le cadre d’un présidentialisme et d’une déconcentration sous sa forme actuelle et les pratiques actuelles. Les réponses techniques ne sont pas aussi suffisantes. La réponse à cette problématique est la base de la construction de l’autonomie des populations pour qu’elles se prennent en charge et assument leur propre développement. La participation au cœur du projet de décentralisation et de son complément le développement local, est aussi incontournable. C’est d’ailleurs, cette participation qui irrigue et féconde la décentralisation pour induire la territorialisation des politiques publiques. Dans tous les cas, la refondation de la décentralisation reste posée.
Charles Owens Ndiaye, expert en ingénierie de développement local, est diplômé du Centre International d’Etudes pour Développement Local (CIEDEL), Université catholique de Lyon. Il travaille principalement sur les questions d’éducation, de formation et de développement local. Présentement Chargé de programme de l’Association panafricaine pour l’Alphabétisation et l’Education des Adultes (PAALAE), il intervient dans plusieurs dispositifs des Organisations de la Société civile.
Ci tënk
Cëral gox ak goxaan yi fu mu toll ci réew mi ?
Mbir mi yàgg neň cey wax, bind, deff.
Ràňňe naň 3 jéego ci mbir mi. Bi mujj ňoo ngi ko def bi Persidaa Maky Sall toogee.
Li nu mën jàpp moodi wax jee ëpp jëf ji
Li ko waral moodi waxtaaanu ci bu baax.
Rax ci dolli c¨r bi war, xaalis bi mu laaj, gisu nu ko. Kon boog laaj na nu waxtaanaat bu baax ci mbir mi, yokk ci jox gox yi ak goxaat yi lu leen kàttanal
[5] Une note sur les programmes des candidats est disponible
PAR HAMADOU DIAGNE SYR DIALLO
DE LA RÉPUBLIQUE MONARCHIQUE AU RÉGIME GEMELLAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 – Il faut élaborer une nouvelle Constitution, instaurer un nouveau régime dans le cadre d’une nouvelle République où, de façon effective, on aura une division des pouvoirs
Hamadou Diagne Syr Diallo |
Publication 20/02/2019
#Enjeux2019 – Nul n’ignore que l’une des maladies politiques et infantiles de l’Afrique en général et du Sénégal en particulier depuis 2001, qui gangrène notre démocratie et notre économie, est bien celle des Institutions, et au premier chef la Constitution réduite à l’état de torchon. Ce qui a rendu possible un tel état de fait dans notre pays, c’est d’avoir concentré tous les pouvoirs au sein de l’exécutif, au service d’un seul homme. Un bref aperçu de certaines dispositions constitutionnelles permet de corroborer une telle réalité tels que les articles 42, 49 et 53 de la Constitution du 22/01/2001.
En effet,
- « l’article 42 » qui dispose que « le Président de la République détermine la politique de la Nation » ;
- « l’article 49 » qui dispose que « le Président de la République nomme le Premier Ministre et met fin à ses fonctions……. »
- « l’article 53 » qui dispose que « le Gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier Ministre. Il est responsable devant le Président de la République et devant l’Assemblée Nationale dans les conditions prévues par les articles 85 et 86 de la Constitution », alors même que le Président de la République n’est responsable de rien, ni devant personne ou aucune Institution, sauf en cas de haute trahison, formulation imprécise et indéfinie.
- La constitution caméléon -
La combinaison de ces trois (3) articles confère au régime actuel un caractère de type « monarchique » de fait, même si de droit le régime se veut d’inspiration présidentielle. D’où l’instauration d’une République « monarchique » avec une volonté clairement affichée d’une dévolution monarchique du pouvoir. Cela explique aussi la gestion patrimoniale du pouvoir et des ressources publiques ainsi que toutes les dérives dans la mise en pratique d’un pouvoir personnel absolu. Cette République « monarchique » vient s’adosser, de surcroît, sur un Parlement « godillot », véritable caisse d’enregistrement et de résonnance de la volonté du chef de l’exécutif.
Alors, au-delà des tractations politiques, des combinaisons, voire des combines politiques de toute nature, deux (2) impératifs majeurs devraient préoccuper le peuple sénégalais face aux contingences du moment. Le premier impératif, vital, commande de tout mettre en œuvre (en termes de voies et moyens) pour rendre effective la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques.
Le second (2ème) impératif, tout aussi vital que le premier, porte sur l’obligation éthique et politique pour la mise en place d’Institutions politiques démocratiques, viables, stables, durables, sécurisées à même de mieux répondre aux attentes et aspirations légitimes du peuple sénégalais. Tel était et reste encore l’esprit des Assises Nationales et de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI).
Sur le plan institutionnel, il ne s’agit donc pas d’apporter des changements cosmétiques ou des réformettes portant sur le nombre ou la durée du mandat présidentiel, sur le nombre des membres du Conseil Constitutionnel, sur un prétendu renforcement des pouvoirs de l’Assemblée nationale sur l’âge des candidats à l’élection présidentielle, etc. Il y a lieu de rappeler que les modifications apportées à la Constitution du 22 / 01/ 2001 l’ont complètement défigurée.
En effet on note 14 lois constitutionnelles de 2003 à 2010 sous Me Wade.
Les modifications apportées à la Constitution depuis l’arrivée du Président Macky Sall, avec la suppression du Sénat et de la Vice- présidence, la création du Conseil économique social et environnemental par la loi constitutionnelle no 2012-16 du 28 /09/2012), ont eu des incidences substantielles sur 34 articles pour un total de 108 articles, soit 32% de la loi fondamentale c’est-à-dire près du tiers. (1)
Ceci eut pour conséquence le passage d’un régime bicaméral à un régime monocaméral, la livraison des collectivités locales à la merci de l’Etat central (en fait l’Exécutif ce qui traduit un retour indirect de la tutelle, surtout le plan financier) avec la suppression du Sénat qui était leur représentant, leur protecteur et leur intercesseur et interlocuteur institutionnel unique, l’absence d’un représentant des Sénégalais de l’extérieur, ce qui est contraire à ,l’esprit et à la lettre de la Décentralisation et porte atteinte à la loi de 2013 instituant l’Acte III de la décentralisation.
La seconde modification apportée par le Président Macky Sall par le truchement du référendum du 26/03/2016 (en termes de suppression, création, changement d’intitulé etc.) ont impacté sur 30 articles pour un total de 108 articles, soit 28% de la Constitution. (2)
Il apparaît donc clair que ces deux (2) modifications sous le Président Macky Sall ont modifié la Constitution du 22 janvier 2001 à hauteur de 60%. Autant dire que nous avons une nouvelle Constitution qu’on peut qualifier de « Constitution Macky » obtenue sans coup férir et sans crier gare, imposée au peuple sénégalais.
- De la poussière aux yeux -
Une analyse attentive des dispositions du projet de révision constitutionnelle soumis à référendum, permet de voir que, certes bon nombre de ces disposions ont été puisées soit dans le projet de constitution des Assises nationales, soit dans celui de la CNRI, mais dans leur contenu, elles sont en deçà des propositions de celles-ci.
Ainsi, concernant l’opposition, on peut saluer le principe du financement public des partis politiques, l’obligation de leur bonne gouvernance associative, la participation des indépendants à tous les types d’élection, le statut de l’opposition et de son chef, etc. (art 14 de la CNRI). Mais force est de constater que tout ceci est encore resté lettre morte. Au contraire on constate des tentatives de bâillonnement de l’opposition dont les manifestations sont systématiquement interdites et durement réprimées de façon disproportionnée. Ensuite la loi sur le parrainage est venue fausser le jeu démocratique.
A propos du Conseil constitutionnel, contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas eu un renforcement, ni de son pouvoir, ni de son indépendance. En effet, l’augmentation du nombre de ses membres de 5 à 7, tous nommés par le président de la République ainsi que son président, renforce plus l’emprise du président de la République sur cette institution. Ainsi en est-il de la possibilité de saisine de celui-ci pour avis par le Président de la République exclusivement, affaiblissant en même temps le pouvoir législatif, car le Conseil Constitutionnel a pour vocation d’exercer un contrôle juridictionnel en tant qu’arbitre et non de jouer un rôle de conseiller juridique du pouvoir exécutif, devenant alors de fait juge et partie. (Il est à noter que par essence, le Conseil constitutionnel est le protecteur naturel de l’Exécutif alors que le Conseil d’Etat est le protecteur naturel du législatif dans le modèle français)
En témoignent la polémique et les controverses nées de l’avis qu’il avait émis concernant l’application ou non du quinquennat pour le mandat en cours du président Macky Sall. Ce rôle de conseiller juridique est normalement dévolu à un Conseil d’état qui est la plus haute juridiction administrative et en même temps conseiller de l’exécutif (modèle français). Avec cette réformette du Conseil Constitutionnel, le Président Macky Sall crée un véritable mélange imbroglio politico juridique, un mélange des genres. Il n’a donc pas suivi, ni les propositions des Assises nationales, ni les recommandations de la CNRI.
En effet, tout campant le Conseil Constitutionnel dans sa fonction traditionnelle et normal de contrôleur juridictionnel et d’arbitre entre les pouvoirs exécutif et législatif, les Assises nationales comme la CNRI, l’ont élevé au rang de Cour constitutionnel comme la plus haute juridiction de l’Etat (art 107 CNRI) ou en matière constitutionnelle (art 103 Assises nationales). Des innovations de taille sont aussi notées dans le mode de désignation de ses membres (au nombre de 7). Ainsi pour la CNRI (art108), ils sont choisis parmi les magistrats, avocats, professeurs titulaires de droit, le collectif des associations défenseurs des droits humains en raison de 3 par le Président de la République, 2 par le président de l’Assemblée nationale, 1 par le Premier ministre et 1 par l’ordre des avocats avec un président élu pour 3 ans par ses pairs magistrats, pour un an renouvelable une fois.
Pour les participants aux Assises nationales (art 103), 3 sont nommés par le Président de la République, 2 par le Premier ministre, 2 par le bureau de l’Assemblée nationale. Le président est nommé par le Président de la République pour un mandat de 6 ans non renouvelable.
Concernant l’Assemblée nationale, il apparaît clair que les disposions retenues n’augmentent en rien ni son indépendance, ni son pouvoir.
En effet, l’évaluation des politiques publiques entre, quant au fond, dans la fonction de contrôle du législatif sur l’exécutif (même s’il ne s’agit pas d’un contrôle d’opportunité) par un suivi-évaluation de l’action du gouvernement et de l’exécution du budget (loi de règlement).
Par contre, la non constitutionnalisation de la durée du mandat du Président de l’Assemblée nationale, fixée pour le moment à un (1) an et soumis au gré d’une loi organique modulable selon le bon vouloir de l’Exécutif, affaiblit le Président de l’Assemblée nationale qui devient une personnalité taillable et corvéable à tout instant entre les mains du Président de la République. (En témoigne la loi Sada Kane, sous Me Wade, contre Macky Sall alors président de l’Assemblée nationale).
- Trahison et Supercherie -
La possibilité donnée au Président de l’Assemblée nationale de proposer quatre (4) personnalités pour étoffer le Conseil Constitutionnel n’augmente en rien ses pouvoirs puisqu’en dernier ressort, c’est le Président de la République qui sélectionne deux (2) parmi eux et les nomme de façon discrétionnaire.
Pour le pouvoir judiciaire, la Constitution actuelle s’en tient à l’organisation de celle originelle du 22/01/2001. Pour plus de cohérence, d’efficacité, d’indépendance et de démocratie, la CNRI (art5) comme les Assises nationales (art 14) propose la suppression de la Cour suprême et le retour à l’orthodoxie par la création de la Cours de Cassation (ordre judiciaire), d’un Conseil d’Etat ou d’une Cour administrative (ordre administratif) en plus de la Cour constitutionnelle.
En matière de gouvernance locale, en supprimant le Sénat, symbolisant le bicaméralisme, qui représentait et défendait les collectivités locales tout comme les sénégalais de l’extérieur, en plus de sa fonction législative, on a créé le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) ravalé au simple rang d’institution consultative, ce qui constitue incontestablement une régression démocratique. Ici aussi, les propositions de la CNRI (Conseil national des collectivités locales/ art 138) et des Assises nationales (Haut conseil des collectivités locales/ art116), renforcent mieux l’indépendance de l’institution étant donné que son Président est élu par ses pairs pour 5 ans de façon constitutionnelle.
Concernant le Gouvernement, la Constitution révisée reste sur les dispositions de la Constitution originelle de 2001 où le gouvernement est responsable à la fois devant le président de la République d’abord et ensuite devant l’Assemblée nationale (régime dualiste. Il est intéressant de noter que ceci fondait la Constitution de l’Etat de Weimar en 1919 et qui amena Hitler au pouvoir ; la suite on la connaît) et le Premier ministre, chef du gouvernement, conduit et coordonne la politique de la nation.
A l’inverse, pour la CNRI (art 66) comme les Assises nationales (art 76), le gouvernement est responsable devant la seule Assemblée nationale.
Cependant pour la CNRI, le Président de la République détermine la politique du gouvernement (art 66) sauf s’il y a non concordance entre majorités présidentielle et parlementaire ; dans ce cas c’est le Premier ministre qui détermine la politique de la nation et il est choisi par le Président de la République sur trois (3) personnalités proposées par la majorité parlementaire (75).
Quant aux assises nationales, c’est le Premier ministre qui détermine et conduit la politique de la nation (art 66). (de ce fait le Premier ministre est le chef de l’Exécutif).
A propos du Président de la République, alors que pour la CNRI (art 57 et 58) comme les Assises nationales (art49 et 58) le Président de la République est élu au suffrage universel direct, au scrutin majoritaire à deux (2) tours, curieusement cette disposition disparaît avec la Constitution révisée et elle est remplacée par « à la majorité absolue des suffrages exprimées » (art 4). En parlant de deux (2) mandats consécutifs cela laisse à penser qu’un retour au pouvoir est possible après un mandat « sabbatique » d’une part et que la constitution de dynastie politique à la Russe (Poutine-Medvedev) est probable. Mais pour parer à toute éventualité, la CNRI (art 58) dispose que « les ascendants, descendants, collatéraux au premier degré ou conjoints ne peuvent être candidat pour lui succéder ou assurer sa suppléance », toute disposition de sureté que ni les Assises nationales, ni la Constitution révisée n’ont pas jugé utile de prendre.
La limite d’âge pour les candidats à la présidence fixée dans la constitution révisée à 75 ans était prévue pour 70 par la CNRI, alors les Assises nationales n’avait fixé aucune limite.
Pour la Diaspora, constitutionnellement, il est important et opportun de la doter d’une institution telle que le Conseil consultatif des sénégalais de l’extérieur (CNRI / art 140) et Assises nationales/ 120).
A propos des Droits et Devoirs des citoyens « l’obligation imposée aux citoyens d’accomplir ses devoirs civiques » semble militer en faveur d’un renforcement de la citoyenneté en faisant, par exemple, du vote à la fois un droit et un devoir, donc obligatoire, pour combattre les abstentions, ce qui est une bonne chose ; mais ceci doit s’accompagner d’une inscription automatique sur les listes électorales à l’âge de la majorité, réglant ainsi bien des problèmes liés au fichier électoral.
Concernant la révision constitutionnelle, la CNRI distingue deux (2) domaines (art 150) :
un domaine dont les dispositions ne peuvent faire l’objet d’aucune révision / la forme républicaine de l’Etat, la laïcité, le caractère unitaire, démocratique et décentralisé de l’Etat, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République etc. ainsi que les dispositions relatives aux révisions constitutionnelles.
Un domaine où les dispositions ne peuvent être révisées que par référendum / les dispositions relatives aux champs de compétence des institutions de la République, aux rapports réciproques entre les pouvoirs, au mode d’élection du président de la République, les libertés fondamentales etc.
Quant aux Assises nationales, elles distinguent aussi deux (2) domaines (art 133) :
Un domaine non révisable presque identique à celui de la CNRI et qui inclue le pluralisme politique, médiatique et syndical.
Un domaine révisable par référendum / le mode de désignation du Président de la République, durée des mandats du Président de la République, la laïcité de l’Etat, le mode de scrutin pour les législatives, les dispositions relatives aux révisions constitutionnelles.
Pour la Constitution révisée (art 103), il existe un seul domaine non révisable/ la forme républicaine de l’Etat, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République. Ainsi que l’alinéa 7 du présent article. De toute évidence, au titre des révisions, ces dispositions sont en deçà, aussi bien de celles de la CNRI, qui sont plus démocratiques et sécurisantes, que celles des Assises nationales moins complètes. En outre, aucune disposition transitoire n’est prévue.
Au regard de ce qui précède, il faut élaborer une nouvelle Constitution, instaurer un nouveau régime dans le cadre d’une nouvelle République où, de façon effective on aura une division des pouvoirs (pouvoir/contre-pouvoir), leur séparation et leur équilibre). Ainsi aurait-t-on pour l’Exécutif (Président-Chef de l’Etat / Gouvernement Chef de l’Exécutif), le Parlement (Assemblée nationale / Seconde Chambre), Pouvoir judiciaire (Ordre judiciaire / Ordre administratif).
C’est à cela que s’était attelé les Assises nationales d’abord et ensuite la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) qui a été voulue et initiée par le Président Macky Sall.
Mais paradoxalement, ce pouvoir exécutif absolu d’un régime présidentiel hypertrophié du Sénégal porte en lui- même les germes de son impuissance, pour peu qu’il y ait discordance entre la majorité présidentielle (parti du Président et ses alliés) et la majorité parlementaire, principalement celle qui dominerait l’Assemblée Nationale (opposition). Une telle situation conduirait à une cohabitation politique forcée, incompatible avec les dispositions constitutionnelles du régime actuel, au sein même de l’Exécutif comme on peut le constater.
- Conflits éventuels et solution modulaire -
En effet, entre un Président de la République qui « détermine la politique de la Nation » et un Chef du gouvernement (Premier Ministre) qui tire sa légitimité de la volonté populaire (exprimée à travers la représentation nationale incarnée par l’Assemblée Nationale, contrôlée par l’opposition) s’installera un conflit ouvert. Ce conflit naîtra du fait que le gouvernement appliquera le programme politique, économique et social pour lequel sa majorité parlementaire a été élue, en opposition avec « la politique nationale définie par le Président de la République » (article 42 de la Constitution).
Ce conflit traduira alors le divorce entre la légalité constitutionnelle dont est dépositaire le Président de la République et la légitimité populaire désormais incarnée par le gouvernement et son Chef grâce à sa majorité au niveau de l’Assemblée Nationale. Une telle dualité mettant en opposition les deux (2) « têtes » de l’Exécutif, entraînera inévitablement un blocage des Institutions, empêchant le fonctionnement normal et régulier de l’Etat.
Pour parer à toute éventualité de conflit au niveau de l’Exécutif et de blocage des Institutions, il est impératif de réaffirmer et de rendre effective la nécessité de faire du Gouvernement l’organe qui « détermine et conduit la politique de la Nation » et qui serait le Chef de l’administration.
Ensuite, il faudrait donner un véritable pouvoir au Conseil Constitutionnel ou son héritière qui serait la Cour Constitutionnelle.
Pour toutes ces raisons, la question fondamentale posée dans le changement en cours, souhaitable et souhaité par l’immense majorité de la population, n’est pas tant de procéder à des réformes constitutionnelles, mais plutôt d’élaborer une nouvelle Constitution adaptée à la réalité socio-politique actuelle du pays.
L’instauration d’un régime « gémellaire », dans lequel « le Gouvernement déterminerait et conduirait la politique de la Nation », aurait la particularité et l’avantage de permettre d’être en situation de « régime présidentiel » lorsqu’il y a concordance entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire (au niveau de l’assemblée Nationale surtout), ou a contrario d’être sous « régime parlementaire » en cas de discordance entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire (au niveau de l’Assemble Nationale principalement).
C’est donc un régime « modulaire » qui opérerait « automatiquement » les ajustements nécessaires de la volonté populaire sortie des urnes pour une bonne gouvernance démocratique.
Hamadou Diagne Syr Diallo est Marketing-Consultant et Juriste. Il est Directeur des études de l’Université Libre de Dakar (ULD) et administrateur des sociétés SEPEX-INTERNATIONAL (ancien), SENEDIAM au Sénégal (actuel), SUARL-Transport (ancien) et AGRIMAR (ancien) à Paris.Chef de service administratif et financier de l’ONG ACIVA et de la Revue Tribune Africaine à Paris, Hamadou Diagne Syr Diallo est auteur de plusieurs ouvrages dont : "L’utilité du Marketing pour les pays en voie de développement", "Droit de vote des immigrés en France", "Etude comparative entre le code de la famille du Sénégal et le code de statut personnel de la Tunisie", entre autres.
Tënk ci wolof
Li Jaaň Siir bind
Njaaxum yu bare and ak fitna ci mbiri politig, ci réew wi Afrik yi, ňoo ngi joge ci li nu teg ci loxoy benn nit doŋŋ lu mboolo mi bokk. Ndeyu mi, sart yiy doxal réew mi, da ňu leen di faral jalgati, di leen sopparňi, ba kenn dootul xam li ňuy nirool.Réew mi muu mel ni Senegaal nag, danu ci yokk di tuur lendëm doomi réew mi.b Naka noonu, goornema persidaa Maki Sàll mel ni da fa indi lu bees ngir jariňu réew mi, Waaye boo ko seetee ba ci biir dafa xajamal denkaane yi Pencum Réew mi.
Na ka noonu, goornemaa persidaa Maki Sàll mel ni da fa indi lu bees, ngir jariňal réewmi, waaye boo seetee ba ci biir, dafa xajamal ndenkaane yi pencum reew mi (te Amadu Maxtar Mbow, borom xam xam bu mag, ci jang ak ci gëstu ak ci politig) indiwoon, mel ni baňe doon njiitu réew mi ak njiitu langi politig.
LE 24 FEVRIER 2019, NE RATONS PAS LE COCHE POUR LA TROISIEME FOIS !
Si Macky SALL ou une coalition de politiciens professionnels gagne, il y a fort à parier qu’une oligarchie appuiyée de lobbies étrangers puissants prenne le contrôle du pays et que le pouvoir corrpteur de l’argent guidera notre avenir
« Chat échaudé craint l’eau froide », dit l’adage. Oui, comme je l’ai rappelé dans ma contribution précédente, le 24 février prochain, nous ne devons pas nous laisser flouer, berner pour la troisième fois. Pendant dix-neuf (19) ans, nous avons subi deux gouvernances décevantes, à mille lieues des engagements qui avaient déterminé notre vote le 19 mars 2000 et le 25 mars 2012. Celui du 24 février prochain devrait être plus lucide, plus réfléchi, ne tenant compte que du seul intérêt supérieur de la Nation.
Glisser son enveloppe dans l’urne est une lourde responsabilité. Par ce geste hautement citoyen, nous nous jetons dans les bras d’un homme qui va nous gouverner pendant cinq ans : nous, nos enfants, nos petits enfants, le pays tout entier. Une fois ce geste accompli, nous ne pouvons plus revenir en arrière avant la fin de son mandat.
Le devoir nous incombe donc de nous poser des questions, relativement au candidat auquel nous apporterons nos suffrages ce 24 février 2019. C’est l’exercice auquel je me suis livré avec le candidat de la Coalition «Idy 2019 » dans ma précédente contribution. C’est au même exercice que je me livre ici avec le candidat de la Coalition «Sonko Président ». Exercice qui ne sera sûrement pas de tout repos pour les raisons qui y seront développées. D’ores et déjà, j’ai lu dans un quotidien cette affirmation d’un journaliste : « Mody Niang adoube Ousmane Sonko ». On m’a rapporté aussi les propos d’un autre selon qui je suis désormais «coloré», puisque soutenant le même candidat. Comme si Mody Niang n’était pas un citoyen qui a bien le droit de soutenir le candidat de son choix ! Comme si d’autres questions, celles-là majeures, ne retenaient pas le moins du monde leur attention.
Ousmane Sonko, avant même d’être candidat officiel à l’élection présidentielle du 24 février 2019, faisait la «Une» des journaux, en particulier après sa conférence de presse du 16 octobre 2018, où il accusait gravement de hauts fonctionnaires et des «politiciens » de forte implication dans un détournement de deniers publics à hauteur de 94 milliards de francs CFA. Plus de deux mois après, les accusés comme la justice et les organes de contrôle étant restés sans réaction, c’est finalement un patron de presse qui, considérant avoir fait l’objet d’injures de la part du Président du PASTEF, entre dans la danse à l’aide d’un long texte publié dans son quotidien et repris par de nombreux sites, portant sur lui des accusations particulièrement graves. C’était le 7 janvier 2019.
Dans une contribution intitulée « Dans l’affaire des 94 milliards comme dans de nombreuses autres, nous revendiquons notre droit à l’information ! » et publiée à ‘’WalfQuotidien’’, ‘’Dakar-Times’’ du 15 et ‘’L’Exclusif’’ du janvier 2019, je me suis largement exprimé sur les accusations comme sur les contre-accusations. En particulier, j’ai reproché à l’ami du couple présidentiel de s’être arrêté en bon chemin, en laissant sciemment de côté bien d’autres questions importantes. Je lui demandais notamment de ne pas nous braquer sur ses seules accusations contre M. Ousmane Sonko : il devait aller plus loin dans ses investigations et cette affaire de 94 milliards lui en offrait de larges opportunités. J’invitais aussi le Président de PASTEF à monter lui-même au créneau pour nous donner des explications sur les accusations dont l’accablait l’ami du couple présidentiel. Il devrait en avoir car, personne ne comprendrait qu’il ait porté d’aussi graves accusations tout en étant impliqué dans l’affaire incriminée.
Il fit l’objet de nombreuses autres accusations, surtout après la validation de sa candidature par notre fameux Conseil constitutionnel.
Profitant de son meeting du 19 janvier 2019 à la Place de la Nation (ex-place de l’Obélisque), il revient sur l’affaire et fait cette révélation, plus précise celle-là : « (les accusés) ont déjà décaissé 46 des 94 milliards. C’est Macky Sall qui les couvre. Parce que la banque a besoin d’une lettre de confort signée par le Ministre du Budget ou par celui des Finances, pour verser cet argent. Et si Bassirou Guèye est réellement le Procureur de la République et non celui de Macky Sall, qu’il ouvre le dossier. Je lui indiquerai la banque qui a payé ces 46 milliards, les numéros de comptes bancaires et les libellés. Nous avons en face de nous des voleurs qui s’empressent de crier aux voleurs. ».
Pouvait-il être plus clair dans ses accusations ? La justice comme les mis en cause ont préféré alors faire la sourde oreille. Pourtant, qu’il était plus simple puisque selon eux, tout est affabulation dans son dossier, de le traîner devant la justice, de le confondre et de le discréditer à jamais ! Voilà que, rien de tout cela n’ayant été fait, l’Assemblée nationale croupion jugée la plus faible du Sénégal par un de ses membres, annonce comme par enchantement qu’elle met en place une commission d’enquête, à laquelle le Président du PASTEF sera contraint de déférer. Pouvait-elle vraiment être plus ridicule, si on considère le nombre d’affaires louches et non élucidées qui ont jalonné la gouvernance du président-politicien comme celle de son prédécesseur, sans qu’elle n’osât lever le plus petit doigt ? Notre pays est celui de tous les possibles. Il l’est vraiment si on considère que les accusés du 16 octobre 2019 ont pratiquement attendu la fin du Mois de janvier 2019 pour annoncer qu’ils porteraient plaine contre leur accusateur après l’élection présidentielle. Pourquoi ne l’avoir pas fait dès le lendemain du 16 octobre 2018, sûrs qu’ils étaient, en particulier, que l’accusateur lui-même était fortement impliqué dans l’affaire qu’il dénonçait ? Leur tâche serait plus facilitée encore par d’autres accusations qui ajoutaient abondamment d’eau à leur moulin, notamment celles que le Président PASTEF aurait bien plus de biens mobiliers et immobiliers que ceux qu’il a déclarés. Il se serait même servi de prête-noms pour dissimuler ses véritables biens. Quand même ! Pourquoi différer cette belle opportunité de le mettre hors d’état de nuire, à jamais ? Ce ne devrait pas être très difficile puisque, parmi ses accusateurs, figurent quelques-uns de ses anciens collègues. S’y ajoute qu’il est suivi comme son ombre et qu’on écoute ses moindres conversations au téléphone. Alors, pourquoi ne pas mettre carrément sur la place publique les biens qu’il dissimule ? Ces questions, et bien d’autres encore, méritent quand même d’être posées ! Et puis, Ousmane Sonko a vraiment bon dos.
Combien sont-ils, d’inspecteurs des Impôts et des Domaines, du Trésor comme des Douanes ainsi que des magistrats qui ont plusieurs villas et immeubles somptueux, sans compter de nombreuses parcelles qu’ils peuvent vendre à tout moment à 30, 40, 50 millions sans payer, pour nombre d’entre eux, aucune taxe liée aux transactions ? Ils en ont au CICES, à Kër Goor gi, devant le Stade Léopold-Sédar-Senghor, le long de l’ancienne ‘’Zone verte’’, à l’ancienne Zone de captage. Ils en ont encore plus avec le lotissement des terres situées entre l’ancien aéroport international de Dakar et Ouakam, dont une bonne partie a été gracieusement (ou presque) offerte à deux des privilégiés de la gouvernance du vieux président-politicien. Et quid des trois hectares mis à la disposition de la coopérative d’habitat de l’Union des Magistrats du Sénégal et qui soulèvent l’ire de certaines populations de Guédiawaye, à qui ils seraient promis pour abriter notamment un cimetière musulman et chrétien ?
Au lieu de se poser des questions sur cette iniquité dans la gestion de nos maigres réserves foncières par le vieux président, on continue de faire du pauvre Sonko une cible privilégiée qu’on traite de tous les noms d’oiseaux. Ses pires adversaires – et DIEU sait qu’il en a – se gargarisent ainsi de ce qu’ils appellent son incohérence à vouloir changer le système et sa décision d’aller chercher un soutien auprès du vieux président-politicien, ‘’le père de ce système’’. Ils raillent aussi sa déclaration que Me Wade serait le meilleur Président du Sénégal. Je reconnais tout de suite ici, que je n’étais pas d’accord avec lui sur cette appréciation. Je n’étais pas d’accord et je l’ai exprimé publiquement dans une de mes contributions. Cependant, je ne suis pas Ousmane Sonko, candidat à la Présidence de la République. En tous les cas, il s’est expliqué sur sa déclaration. Il reconnaît que le vieux président-politicien a fait des fautes dans sa gouvernance, mais que ce sont certains aspects de sa personnalité qu’il apprécie notamment, selon lui, son patriotisme, son attachement à la souveraineté nationale, la fierté qu’il affichait face à ses collègues des grands pays développés et aux partenaires techniques et financiers du Sénégal avec qui il traitait d’égal à égal.
Rappelons aussi que le vieux président-politicien le lui rendait bien en lui trouvant de belles qualités. Etait-ce avec sincérité ou avec des arrière-pensées ? Je n’en sais rien. En tout cas, personnellement, je n’accorde aucune confiance à ce vieux briscard de la politique politicienne. Mais, encore une fois, je ne suis pas Ousmane Sonko, je ne suis candidat à rien. Quand il est sorti de son entrevue avec le vieux président-politicien, il a longuement expliqué sa démarche. Je crois d’ailleurs qu’il est suffisamment lucide pour ne signer quelque alliance que ce soit avec cet homme pratiquement fini, qui ne constitue plus aucun danger et ne peut plus influencer quoi que ce soit et qui que ce soit. Au soir du 24 février 2019, après l’échec cuisant qui va boucler sa longue marche de 45 ans (1974-2019), il ne lui restera qu’à retourner à Versailles pour y terminer sa longue et tumultueuse vie.
Et puis, pendant que tous les yeux sont rivés sur le seul Sonko, personne n’est gêné que des hommes et des femmes qui ont passé sept ans ou presque à tirer copieusement sur le président-politicien et sa gouvernance, le rejoignent honteusement à un mois de la présidentielle. Cela ne gêne personne que parmi eux, on trouve Me Ousmane Ngom, Abdoulaye Baldé, Samuel Sarr – pour ne citer que ceux-là – qui figuraient en bonne place sur la liste des 25 de la CRÉI, suspectés de s’être enrichis de façon illicite.
Il y a aussi que, personne ne se pose la question de savoir si la gouvernance que nous propose le candidat de ‘’Idy 2019’’ sera différente de celle que son mentor et lui-même ont mise en œuvre de 2000 à 2004 ! Ni celle de savoir quelle sera sa position par rapport aux institutions qui ont été malmenées pendant cette période-là ! Nous ne pouvons quand même pas oublier que, pendant quatre bonnes années, ce candidat qui sollicite nos suffrages a été un hyper Ministre d’Etat à côté d’un hyper Président de la République. On reproche aussi au candidat ‘’Sonko Président’’ anti-système, son rapprochement avec l’architecte Pierre Atépa Goudiaby. Ce dernier a été l’invité de la 2 STV après son journal parlé de 20 heures du 15 février 2019. Il avait en face de lui Cheikh Diaby et Serigne Saliou Guèye qui l’ont interrogé longuement sur son choix porté sur le candidat Ousmane Sonko. Il a répondu que son programme coïncidait pratiquement avec celui de Sonko et s’en est longuement expliqué. Il s’est prononcé pour des ruptures profondes, la lutte contre la corruption, la renégociation des contrats déjà signés pour notre pétrole et notre gaz, n’hésitant même pas à aller jusqu’à la nationalisation s’il y a lieu. Il a même fait état d’actions anticipées qu’il avait prises dans le cadre de la mise en œuvre de son programme au cas où il était élu. Que valent ses explications et ses engagements ? Je n’en sais rien. Les deux journalistes et nos compatriotes qui ont écouté l’émission apprécieront. En tout cas, si le président-politicien ose encore nous faire des promesses et prendre des engagements devant nous, n’importe qui d’autre peut se permettre d’en faire autant.
On reproche aussi au candidat de «Sonko Président » sa jeunesse et son « manque d’expérience ». Il a quand même 45 ans, a fait de solides études juridiques couronnées par un diplôme d’études approfondies (DEA). Après une formation de deux ans à l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature (ÉNAM, aujourd’hui ÉNA), il en sort inspecteur des Impôts et Domaines, semble-t-il major de sa promotion. Il travaille ensuite quinze ans dans l’administration fiscale avant d’en être radié. Il était alors en inspecteur principal. Nombre de ses collègues qui l’ont connu de près témoignent qu’il a contribué notablement à bien des réformes de la fiscalité. Son discours est loin d’être celui d’un gamin inexpérimenté. Il en ressort une bonne connaissance des enjeux économiques et sociaux de son pays. En outre, la fonction présidentielle à laquelle il aspire est bien différente de celle qui prévaut au Sénégal depuis le 7 mars 1963. Il ne serait pas, s’il était élu, un hyper président, buur,bummi et concentrant entre ses seules mains tout le pouvoir. Il a autour de lui des hommes et des femmes compétents et expérimentés, comme son directeur de campagne Abdourahmane Niane et l’une de ses adjoints Yacine Fall Sy. On peut aussi donner l’exemple de Boubacar Camara, qui concentre dans sa seule personne trois ou quatre hauts fonctionnaires, sans oublier d’autres membres de la Coalition de FIPPU. J’en connais qui ont fait leurs preuves au Sénégal, avant de terminer leurs brillantes carrières dans les institutions internationales, publiques comme privées. Sans compter que si le candidat Sonko était élu, il ne s’enfermerait nullement dans sa seule coalition.
Et puis, l’expérience, c’est quoi même, comme diraient mes parents ivoiriens ? Les anciens présidents Senghor, Diouf et Wade manquaient-ils ce que les adversaires du candidat Sonko appellent expérience ? Leur mentor en a à vendre, se plaisent-ils à rappeler. Où ces différentes expériences ont-elles mené notre pays, 59 ans après son accession à la souveraineté internationale ? Qui peut dire de l’actuel Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan qu’il manque d’expérience, en tout cas de cette expérience dont se gargarisent ses camarades ? Qui ose seulement caresser l’idée de l’élire un jour président de la République, avec tout ce que nous savons sur lui et dont il donne tous les jours la triste illustration, en compagnie de cette «première dame » animant les meetings avec ses danses endiablées ?
Nous entendons aussi, tous les jours, les membres la Coalition «Idy 2019 » s’enorgueillir de compter parmi eux cinq anciens ministres et trois anciens Premiers ministres. Ce n’est peut-être pas rien mais il conviendrait de relativiser. Pour ce faire, je paraphraserai une deuxième fois mes frères ivoiriens : un Premier ministre, un ministre, c’est quoi même au Sénégal ? Pour répondre à cette question, je ferai un petit rappel. Avant, je préciserai que, contrairement à ce qu’on entend çà et là, le vieux président-politicien n’est point le père du système que le candidat Ousmane Sonko envisage de changer. Le père de ce système, c’est bien Léopold Sédar Senghor. Après avoir fait renverser le Gouvernement Mamadou Dia, il soumit au peuple un projet de référendum qu’il approuva dans son écrasante majorité le 3 mars 1963. La nouvelle Constitution, promulguée le 7 mars, prévoyait un exécutif monocéphale, avec un Président de la République à la fois chef de l’Etat et du Gouvernement, élu au suffrage universel direct pour cinq ans et indéfiniment rééligible. Les ministres et secrétaires d’Etat n’avaient pas de pouvoir propre et étaient dans une dépendance absolue du Président de la République. Ils étaient, en vertu de la Constitution (article 43), nommés et révoqués par lui seul. Le Président de la République avait été, de ce point de vue, très ferme et très clair. Ainsi, dans une instruction générale n° 112 du 10 décembre 1963, qu’il reprendra le 1er mars 1968, il rappelait notamment, qu’en vertu de la nouvelle Constitution, il était le seul détenteur du pouvoir exécutif. De cette situation, il tirait clairement et fermement la conséquence qui suit : « la position du ministre est totalement différente de ce qu’elle était sous le régime parlementaire. Les ministres ne sont plus responsables devant l’Assemblée nationale, mais devant le seul président de la République. Ils ne disposent d’aucun pouvoir propre, pas plus dans le domaine réglementaire que dans le domaine individuel, mais seulement des pouvoirs qui leur sont délégués par le Président. »
Cette position du ministre n’a pas évolué depuis lors. Il reste encore un figurant, comme le Premier Ministre d’ailleurs. Nos ministres croient avoir fait l’essentiel chaque fois que, devant accomplir une quelconque tâche, fût-elle insignifiante, ils commencent par cette formule éculée : « Son Excellence le Président de la République m’a instruit de » ou « Sur instruction de son Excellence . . . ». Nous en connaissons qui sont restés ministres dix à douze ans sans marquer d’une seule petite pierre le ou les différents secteurs qui leur ont été confiés. Il en est de même d’ailleurs des différents Premiers ministres qui se sont succédé au Sénégal. Le dernier ne rate aucune opportunité pour se déclarer le ‘’baay faal’’ du président-politicien. Dans ces conditions-là, quelle expérience peut-on brandir les concernant ? Que prouve leur présence massive dans une coalition ? Qu’on ne nous prenne surtout pas pour des demeurés ! Nous sommes dotés de raison et savons faire la part des choses.
Le legs que nous retenons des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête de ce pays depuis le 7 mars 1963, c’est un système fondé sur l’hypertrophie de la fonction présidentielle, la corruption active, la fraude, la concussion, les conflits d’intérêts, le pillage système de nos maigres ressources. Un système profondément enraciné dans la politisation outrancière de l’administration et la folklorisation de toutes les activités officielles, qui favorise la médiocrité la plus crasse au détriment de la compétence, de l’expérience et de la bonne moralité, sans compter le mensonge d’Etat qui ne gêne plus personne et la dégradation insoutenable de nos valeurs de référence reléguées au second plan. Un système que Youssou Ndour a décrit de façon cruelle dans un meeting, le 6 février 2012. On était au début de la campagne pour l’élection présidentielle du 26 février 2012 et il s’était lancé à la conquête des électeurs pour son candidat Macky Sall. Je renvoie le lecteur à la vidéo qui circule à WhatsApp. Il se rendra compte que le système des Wade qu’il pourfendait hier est le même, en pire, qu’il défend aujourd’hui avec la dernière énergie.
C’est le changement profond de ce système presque sexagénaire que la Coalition ‘’Sonko Président’’ propose au peuple. C’est à lui, ce peuple, et à lui seul qu’il appartient d’apprécier, le 24 février 2019, si ce changement est celui que nous attendons depuis 58 ans et, si c’est vraiment le cas, de voter en masse pour le candidat de l’opposition qu’il juge le mieux placé pour incarner ce nécessaire changement[1].
[1] Je ne néglige point les deux autres candidats de l’opposition. Ce texte est déjà long et il le serait encore plus, si je devais me prononcer sur leurs candidatures. Je trouverai une opportunité pour me livrer à ce dernier exercice.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BACARY DOMINGO MANÉ
LES CANDIDATS SE DÉSHABILLENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Les hommes politiques, lorsqu’ils y trouvent un intérêt électoral certain, n’hésitent pas à arborer des signes extérieurs d’appartenance à un groupe confrérique, ethnique ou régional
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 20/02/2019
Incroyable ! Ils ont osé franchir la ligne rouge avec leurs habits. Les candidats à la présidentielle du 24 février se sont «déshabillés» pour mieux incarner le pouvoir et l’autorité. A travers leur port vestimentaire, ils se racontent et racontent aux autres leur destin présidentiel. En politique l’habit fait le moine !
La politique contredit l’adage qui dit que «l’habit ne fait pas le moine». Par le port vestimentaire, l’acteur politique se raconte et raconte aux autres (les électeurs) l’histoire d’un destin présidentiel dont le récit commence au royaume de l’enfance pour se prolonger jusqu’à l’âge adulte, sans jamais quitter le chemin tracé. Et chaque pas qu’il fait est éclairé par une constellation d’étoiles, accompagnée d’une mélodie divine à la gloire de celui qui choisit l’élu.
L’habit fait le moine en politique ! Puisque le corps de l’acteur (politique) devient la scène où résonnent des ambitions à hauteur d’homme «exceptionnel» qui prétend se mettre au service de tout un pays, de ses populations, réceptacles d‘intérêts divers et variés.
Ce ne sont pas les cinq candidats à la présidentielle du 24 février prochain qui nous contrediront. Macky Sall, le président sortant, Madické Niang, El Hadj Issa Sall, Idrissa Seck et Ousmane, ont tenté de se conformer aux codes vestimentaires de notre pays. Aucun d’eux n’a osé défier ce code en vigueur qui a une signification sociale importante.
Les costumes arborés lors du premier temps d’antenne de campagne (Sonko et Madické (il a porté un costume à l’étape de Diourbel), ont vite été rangés dans les vestiaires au profit des grands boubous et autres anango, assortis de bonnets, de casquettes ou de chapeaux de campagne.
Boubou, symbole de sagesse
Parce que l’habillement assume une dimension symbolique chez les hommes politiques, le choix du grand boubou par les candidats est loin d’être anecdotique. Au-delà de l’élégance, il donne de la prestance. En arborant le grand boubou, assorti de bonnet, les candidats veulent renvoyer l’image d’homme politique mature, responsable et surtout plein de sagesse.
L’habit d’Idy pour séduire…
Le choix du candidat Idrissa Seck de l’arborer (boubou) systématiquement, découle de cette logique et surtout de la volonté de séduire les familles religieuses et un certain type d’électorat rural et urbain, proche des segments confrériques. Ce n’est pas étonnant de la part de quelqu’un qui mise beaucoup sur l’électorat mouride (Touba).
Mais, il n’est pas le seul. Macky Sall, le président sortant veut récolter les dividendes de l’autoroute Ila Touba. Ce n’est pas anodin s’il a démarré sa campagne électorale dans la ville religieuse, en portant le grand boubou mouride blanc (baye Lahat).
L’habit, marqueur d’identité
Comme quoi, les hommes politiques, lorsqu’ils y trouvent un intérêt électoral certain, n’hésitent pas à arborer des signes extérieurs d’appartenance à un groupe confrérique, ethnique ou régional, surtout lorsque celui-ci bénéficie d’une très grande audience.
L’habit du politique peut ainsi jouer le rôle de marqueur d’identité ethnique, confrérique ou régionale. L’enjeu ici est de ressembler à un vrai fils du terroir ou talibé.
Tout comme la parole, l’habit de l’acteur politique véhicule un message à travers une mise en scène corporelle, contribuant du coup à la lutte pour le pouvoir. Il dira si l’homme politique en question est un dictateur, un démocrate, un humaniste ou autoritaire.
L’habit permet au politique d’affirmer son leadership et de sacraliser sa fonction. Il reflète, à n’en pas douter, ce désir d’imposer respect et considération aux fins de gagner en crédibilité.
Le grand boubou, tout comme le costume-cravate ou sans cravate, en mode décontracté, permettra au politique d’incarner l’homme d’Etat.
L’anango, pour faire décontracté
En cohérence avec ses idées antisystèmes, le candidat Ousmane Sonko a arboré, en plus du grand boubou, le anango, assorti d’un chapeau de campagne, pour renvoyer l’image de quelqu’un de décontracté. Son port vestimentaire livre le récit d’un homme d’action, jeune, dynamique, pragmatique. Quelqu’un qui est venu balayer un système pour bâtir la République de «tous pour tous». C’est une tenue de travail. Son habit est aussi une invite à consommer local ou africain.
Issa, le style sobre, changement de paradigme
Le candidat Issa Sall, a aussi choisi un style vestimentaire sobre : le boubou, assorti de casquette aux couleurs du PUR. Cette sobriété vestimentaire traduit le pragmatisme et la volonté de changer de paradigme dans la gestion de l’Etat.
Madické, le dandy !
Chez Madické, c’est l’élégance. Il nous a servi un costume-cravate, assorti d’une pochette, le premier jour du temps d’antenne. La chaleur ne l’a pas empêché d’arborer le coustume-cravate à l’étape de Diourbel. A travers cet accoutrement, le candidat est animé par le désir de montrer qu’il est un homme d’Etat qui incarne le pouvoir, en dépit de ses traits de l’esprit (humour) qui font le buzz sur les réseaux sociaux.
Macky en boubou, un endurant…
Le candidat Macky Sall a choisi le boubou et la casquette aux couleurs de son parti, l’APR. Son port vestimentaire en dit long sur le pragmatisme d’un homme d’action et endurant. Il incarne le pouvoir, comme le montre la qualité des habits arborés.
Des impacts négatifs seront causés par les travaux de construction de l’usine de dessalement de l’eau de mer aux Mamelles, qui vont démarrer dans le courant du second semestre. Et pour mieux réduire les dégâts qu’ils vont engendrer, des acteurs se sont réunis hier pour voir comment procéder.
Les travaux de construction de l’usine de dessalement de l’eau de mer aux Mamelles vont démarrer dans le courant du second semestre. Et beaucoup d’impacts négatifs seront causés. Des acteurs se sont ainsi rencontrés hier, afin de trouver des solutions. Le cadre d’échange et de partage était un prétexte pour impliquer davantage les services techniques de l’Etat dans la mise en œuvre de ce projet. La rencontre a été initiée également dans le but de mettre en place un cadre de collaboration des parties prenantes, de désigner des points focaux, etc. «La spécificité de ces travaux, les zones d’intervention étant pour l’essentiel des servitudes d’usage public, combinées aussi à la présence de nombreux réseaux appartenant à d’autres concessionnaires, commandent une approche concertée avec toutes les parties prenantes pour mieux circonscrire les gênes que pourrait engendrer leur mise en œuvre. La présente rencontre est apparue nécessaire pour la Sones pour cette raison», a expliqué le coordonnateur technique de la Société nationale des eaux du Sénégal, Abdoul Niang. L’usine de dessalement d’eau de mer aux Mamelles est d’une capacité de production de 50 mille m3 par jour dès 2021, extensible à 100 mille m3 par jour en 2026. Son coût global est évalué à 137 milliards de francs CFA. Le financement est assuré
par l’Agence de coopération internationale du Japon (Jica).
La durée des travaux est de 2 ans et demi.
El Hadj Ada Ndao, directeur du projet au niveau de la Sones, estime que les anciennes conduites de Dakar, devant être renouvelées «pour environ 442 km, ont presqu’au moins 50 ans et il y a lieu aujourd’hui, pour assurer une correcte alimentation en eau potable au niveau de Dakar, de procéder à leur renouvellement».Cette usine permettra, selon lui, d’avoir une nouvelle source de production d’eau dans la région de Dakar, de renforcer
l’eau potable, d’améliorer la pression du réseau de distribution de l’eau potable, ainsi que de réduire des pertes d’eau… Les collectivités locales n’ont pas assisté à la rencontre d’hier. Cette situation a provoqué l’ire de Modou Ndiaye, adjoint au gouverneur de Dakar. «Ce qu’il faut déplorer, c’est l’absence des collectivités locales. Je pense que le contexte est dû à la situation actuelle, mais ce n’est pas une excuse pour ces élus de ne pas
venir participer aux différentes activités que la gouvernance organise pour leur bénéfice exclusif», déplore-t-il. Il ajoute : «Comme vous le savez, la zone d’intervention de tout projet, c’est au niveau des collectivités territoriales. Si elles s’absentent à des séances de travail de cette nature, ça pose un problème.»
PAR YORO DIA
SOUVERAINETÉ ET PARRAINAGES EXTÉRIEURS
Après le Qatar, c’est la Guinée de Sékou Touré et de Condé qui veut être le régulateur et l’arbitre de nos divergences politiques - C’est une indignité nationale
Quand le vice-président du Conseil italien a reçu des gilets jaunes, la France qui, à juste titre, a estimé que le Rubicon avait été franchi a rappelé son ambassadeur. Un pays qui se respecte ne joue pas avec sa souveraineté. Théoriquement, rien ni personne ne doit être au-dessus de notre souveraineté. Malheureusement au Sénégal, les hommes politiques, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité, sacrifient toujours la souveraineté à l’autel des calculs politiciens immédiats. Ce qui fait que nous avons beaucoup de politiciens et peu d’hommes d’Etat. La sacralité de la souveraineté est un réflexe chez un homme d’Etat, alors que chez le politicien, c’est le réflexe tactique pour gagner la prochaine élection. Après le Qatar, c’est la Guinée de Sékou Touré et de Condé qui veut être le régulateur et l’arbitre de nos divergences politiques. C’est une indignité nationale. Abdoulaye Wade n’a pas les forces politiques ou sociales pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle ou imposer un report. «L’invasion d’un pays par un seul homme», comme disait Chateaubriand à propos de Napoléon de retour d’exil de l’île d’Elbe, était vouée à l’échec. Wade le sait très bien et il s’agrippe à la médiation de Condé pour ne pas perdre la face. Est-ce que ne pas perdre la face vaut la peine qu’il devienne un instrument de Alpha Condé dans sa croisade personnelle contre le Sénégal qui remonte à ses années d’étudiant à la Feanf (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France) comme l’ont montré la crise gambienne, quand il a servi de bouclier pour sauver Jammeh et lors de l’épidémie d’Ebola quand il a reproché au Sénégal d’avoir pris des mesures pour se protéger ? Si l’Emir du Qatar, Alpha Condé, la France se mêlent de notre vie politique, c’est la faute de notre classe politique dans son ensemble. Dans celle-ci, quand on est dans l’opposition, on transforme l’ambassade de France en mur des lamentations, en oubliant que l’ambassadeur n’est pas le gouverneur général Messmer, et quand on est au pouvoir, on est convaincu qu’on ne peut rien faire sans l’aval de Paris.
L’académicien Jean Christophe Ruffin m’a dit un jour la difficulté d’être ambassadeur de France dans une ex-colonie, en ces termes : «Quand la France parle, on crie à l’ingérence. Quand elle se tait, on crie à l’indifférence et à la complicité avec le pouvoir.» Depuis 2000, les faits démontrent que ce sont les Sénégalais qui ont le dernier mot et que la volonté des Sénégalais prime sur les parrainages extérieurs. En 2000, les Sénégalais ont préféré le «saut dans l’inconnu avec Wade», comme disait Foccart à Diouf, parrainé par la France. En 2012, Wade, malgré tous les parrains extérieurs pour son fils, sera emporté par l’ouragan populaire anti-dévolution monarchiste. «La France de Papa est morte et ceux qui ne l’ont pas compris mourront avec elle», disait De Gaulle aux partisans de l’Algérie française. Le Sénégal de Papa (rien ne se faisait sans l’aval de Paris) est mort en 2000, avec l’élection de Wade. Ceux qui ne l’auront pas compris mourront avec lui. Ce sont ceux qui ne l’ont pas compris qui courent après des audiences avec d’anciens Présidents français. Aujourd’hui, ce sont les millions de Sénégalais inscrits sur les listes qui ont le dernier mot, car vox populi vox dei.
Comme d’habitude, le débat a encore été très pauvre pendant la campagne et le piratage de la campagne par Wade n’en est pas l’unique cause. En réalité, le Sénégal vit une sorte de piétinement et de stagnation démocratique. En 2019, après deux alternances présidentielles, si à quelques jours de l’élection, la société civile fait de la médiation et qu’on demande aux marabouts de prier pour des élections calmes, cela veut dire que nous revenons en 1999, à la veille de première alternance. Ce qui constitue un bond en arrière de 20 ans. En 1999, jusqu’à 48 heures de l’élection, la société civile essayait d’arrondir les angles pour trouver un accord sur le fichier que l’opposition jugeait non fiable. En 2019, bis repetita, les mêmes hommes, Alioune Tine, Mazide Ndiaye, jouent la médiation entre la majorité et Wade pour des «élections apaisées». Rien que la présence d’observateurs de la Cedeao est un recul démocratique pour nous. Cependant, il y a une grande différence entre 1999 et 2019. En 1999, la tension était réelle, alors qu’en 2019, elle est artificielle. En 1999, l’opinion était convaincue qu’on pouvait truquer des élections et confisquer le pouvoir, alors qu’en 2019, elle est convaincue que c’est impossible. En 1999, l’alternance était un rêve, une vue de l’esprit, alors qu’en 2019, elle est une hypothèse.
A part les attaques ad hominem, les slogans, il n’y a pas eu de débats sérieux sur les grandes questions, comme comment régler le chaos urbain de Dakar, la seule capitale au monde sans trottoirs. Une ville de rêve devenue un enfer à cause du manque d’urbanité et du chaos. La devanture du Palais est le seul espace épargné par le chaos. Et jusqu’à quand, parce que le désert du chaos urbain ne cesse de gagner de l’espace ?
PAR ABDOULAYE SAKHO
PIQUES ET PROMESSES
Ce 17ème jour de campagne est marqué par les piques que le Président sortant a lancées à ses adversaires
Ce 17ème jour de campagne est marqué par les piques que le Président sortant a lancées à ses adversaires. A Rufisque, Macky Sall, vêtu d’un boubou blanc assorti d’un pantalon marron et une casquette à son effigie, dans un style très défensif, réplique à ses adversaires qui, selon lui, pensent que sa vision ne se limite qu’à Diamniadio. A Kayar, il demande en wolof à ses partisans de ne rien concéder à l’opposition. «Bou len may dara.» Issa Sall, tout de blanc vêtu, n’entend s’arrêter à Tivaouane. Le disciple de Serigne Moustapha Sy a rendu visite à Serigne Mountakha Mbacké, en compagnie de Serigne Mansour Sy Djamil, pour solliciter des prières et l’électorat mouride. Un autre mouride, Idrissa Seck, a été impressionné par l’accueil que lui ont réservé ses militants à Touba. Il affiche un sourire presque éternel, devant une marée orange qui scandait «Touba, nioko mom !». Le candidat de la Coalition Idy2019, tout de blanc vêtu comme à son habitude, a aussi défié, sans le dire, Modou Diagne Fada dans son fief, Darou Mousty.
Sonko, lui, rattrape son passage à Bignona. Il a livré un message d’ouverture, de tolérance, de cohabitation pacifique et donné «sa» Casamance en exemple de melting-pot. Alors que le doomou Ndar n’a pu cacher son émotion avec l’accueil que les Saint-Louisiens lui ont réservé. Dans sa ville natale, Madické, costume sombre, cravate bleue, déclare : «Saint Louis est la seule région de mon combat.»
LA MAUVAISE CAMPAGNE DE ISMAÏLA MADIOR FALL
«Des membres du parti au pouvoir ont aussi été condamnés, et d’autres épinglés par la Cour des comptes - Ils remboursent aujourd’hui les sommes en cause - Personne ne parle d’eux car ils ne sont pas candidats à la Présidentielle»
«Des membres du parti au pouvoir ont aussi été condamnés, et d’autres épinglés par la Cour des comptes. Ils remboursent aujourd’hui les sommes en cause. Personne ne parle d’eux car ils ne sont pas candidats à la Présidentielle.» C’est la révélation faite par Ismaïla Madior Fall dans un entretien accordé à Jeuneafrique.com.
Ce qui était connu jusqu’ici, c’est que ce sont seulement d’anciens responsables du régime libéral qui avaient été poursuivis. Pour la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), il n’y a que le dossier de Karim Wade et Cie et celui de Tahibou Ndiaye qui ont fait l’objet d’une condamnation. Pour d’autres délits, certains ont cautionné et d’autres ont été «lavés».
Ce que l’on sait, en revanche, c’est que des responsables du régime ont été cités dans des rapports des corps de contrôle, mais sans suite. Alors, le ministre de la Justice pense-t-il s’adresser à une autre cible que les Sénégalais eux-mêmes. Peut-être croit-il encore que c’est parce que Jeune Afrique n’est pas au fait de ce qui se passe dans notre pays ?
Pourtant, le journaliste l’a bien relancé pour qu’il cite un seul nom de ses prétendus «fauteurs». Mais, prétexte-t-il, «il est inutile de les vilipender». Mais personne ne lui demande de «vilipender» qui que ce soit.
En matière de gestion de la chose publique, il s’agit plutôt d’informer les citoyens. Pour cette raison, le ministre devrait, au nom de la transparence, clarifier ses propos.
Et encore, même s’il y avait certains d’entre eux qui seraient en train de rembourser, il y a trois interrogations à ce niveau : pourquoi devraient-ils rembourser, combien mais surtout qui sont-ils ? Bref, cela ressemblerait à une mauvaise campagne, surtout dans un contexte d’élection.
RENCONTRE MACKY SALL-LIGUE PRO, LES DIFFICULTES DES CLUBS AU MENU
La Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) va renouveler ses doléances à l’endroit du Président sortant qui avait promis de porter le budget du sport sénégalais à 1%.
Le Président sortant Macky Sall reconduit la même démarche entreprise en 2012 en allant à la rencontre du monde sportif en pleine campagne. S’il s’était adressé à l’ensemble de la famille sportive, à travers le Cnoss, à la vieille du second tour qui l’avait conduit à la tête du pouvoir ; pour cette fois-ci, le candidat de Benno bokk yaakaar (Bby) a choisi l’option de recevoir les acteurs du football professionnel.
Cette rencontre se tiendra aujourd’hui à midi au Grand Théâtre et sera une occasion pour la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) de renouveler ses doléances à l’endroit du Président sortant qui avait promis de porter le budget du sport sénégalais à 1%. Une promesse qui tarde à être concrétisée par Macky Sall qui fera face à un football professionnel dont les clubs évoluent dans un contexte très difficile.
«Les attentes des clubs sont énormes», tient à souligner le Dr Moussa Cissé, Secrétaire administratif de la Ligue Pro qui affiche son désaccord par rapport à l’opinion défendue qui consiste à dire «que les clubs sont des structures qui ne devraient bénéficier d’aucun appui de la part de l’Etat».
«Même en Europe, au départ du football professionnel, l’Etat a aidé les clubs. Nous n’avons pas dit que nous allons vivre aux dépens de l’Etat. Ce que nous voulons, c’est qu’il y ait un soutien dans cette phase promotionnelle. Dans tous les pays du monde, les Etats ont contribué à la promotion de leur football professionnel. Les clubs méritent d’être aidés, c’est eux qui créent des emplois, des entreprises. Il faut les soutenir», rétorque l’administratif de la Ligue Pro. Ce soutien de l’Etat, selon lui, «permettra à Ligue professionnelle et aux clubs d’acquérir leur autonomie financière».
Vivant «sous perfusion», les clubs professionnels «n’ont pu exister que grâce aux engagements des présidents de club durant ces dix ans d’existence de la Ligue Pro», à en à croire notre interlocuteur.
Une audience sollicitée bien avant la campagne présidentielle
Très remontés contre ceux qui taxent la Ligue Pro de «rouler pour le candidat Macky Sall» pour convaincre les acteurs du football, le Dr Moussa Cissé de replacer les choses dans leur véritable contexte. «On avait fait un cahier, un plaidoyer envoyé au président de la République bien avant la campagne. Certains de nos détracteurs pensent qu’on est en train de faire un meeting pour le président de la République. C’est complètement aberrant ! Le président de la République a son agenda et il a jugé opportun de recevoir le football professionnel. C’est lui qui a demandé à nous recevoir», précise-t-il.