DEUX RESPONSABLES DE REWMI A MBOUR PRENNENT LE «MACKY»
C’est donc comme si les deux n’attendaient que cette déclaration de leur leader pour effectuer un virage à 180 degrés dans leur positionnement politique.

Cheikh Issa Sall, le maire de Mbour, posant en compagnie de deux conseillers municipaux de Rewmi, un parti allié jusqu’à hier à l’Alliance pour la République (APR) au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar. L’image est devenue virale dans les réseaux sociaux depuis samedi dernier, jour de célébration de l’Aïd El Fitr ou Korité, marquant la fin du ramadan. Pourtant, cette photo aurait pu passer inaperçue comme tant d’autres mais elle est devenue symbolique parce que marquant le début d’une nouvelle ère dans le landerneau politique local. Il s’agit de celui d’un nouveau cheminement politique acté par deux responsables du parti Rewmi dans la capitale de la Petite côte
En effet, les deux hommes qui se sont fait photographier aux côtés du maire viennent de tourner le dos à leur formation politique suite à la décision annoncée un peu plus tôt dans cette journée par leur leader de quitter la coalition Benno Bokk Yaakaar. Motif invoqué par Idrissa Seck, son désir de briguer les suffrages des Sénégalais lors de la présidentielle de 2024.
C’est donc comme si les deux n’attendaient que cette déclaration de leur leader pour effectuer un virage à 180 degrés dans leur positionnement politique. C’est à travers un communiqué plus que cousu de fil blanc que ces deux conseillers municipaux de Rewmi élus sous la bannière de Benno Bokk Yaakaar ont franchi allégrement le cap de la transhumance.
« Dans une logique de cohérence, et de loyauté, nous réitérons notre engagement à accompagner notre frère le Maire Cheikh Issa Sall pour l’exécution du programme 1.10.100 Yessal Mbour. À cet effet, nous marquons une rupture totale avec le parti Rewmi en quittant toutes les instances du parti au niveau local comme au niveau national. Par ailleurs, nous confirmons notre ancrage au sein de la mouvance présidentielle, et comptons suivre la trajectoire politique de Monsieur le Maire Cheikh Issa SALL, afin de continuer à œuvrer davantage pour le développement et le rayonnement de la ville de Mbour », ont argué les désormais ex-responsables de Rewmi à Mbour. Seny Bâ, chef de cabinet du maire Cheikh Issa Sall, et Cheikhou Dia, directeur du stade Caroline Faye de Mbour, semblent vouloir ainsi « sauver leur peau » comme bon nombre de Mbourois interpellés l’ont laissé entendre.
Les Mbourois flairent net un chantage politique...
A. Mbengue, la quarantaine révolue, rencontré hier matin au terminus des bus Tata, dit n’être nullement convaincu par les arguments avancés par ces deux ex-compagnons d’Idrissa Seck. Notre interlocuteur reste persuadé que cette décision n’est ni plus ni moins qu’un moyen pour les concernés de conserver des avantages matériels et financiers qui n’étaient même pas évidents. C’est parce que, soutient-il, rien n’obligeait le maire Cheikh Issa Sall, qui n’appartient pas au même parti politique que ces deux alliés, de les nommer ces derniers à ces postes qu’il juge stratégiques.
Le sieur Mbengue, qui affirme pourtant ne pas être surpris par une telle décision, se demande seulement comment ces deux nouveaux « convaincus » de la cause « républicaine », à travers Cheikh Issa Sall, pourront-ils faire face publiquement aux Mbourois pour renier leurs longues années de cheminement avec leur « président » qu’ils ont défendu bec et ongles aux heures de l’opposition farouche au président Macky Sall entre 2013 et 2020.
Au sein du conseil municipal de Mbour, siègent encore d’autres responsables du parti Rewmi qui, à coup sûr, vont être bouleversés par cette décision de leurs « jeunes frères ». C’est le cas notamment de Aïda Diouf, héroïne parmi les amazones du parti d’Idrissa Seck dans la commune, mais aussi de El Hadj Guèye, coordonnateur communal des « orange ».
Invité à donner sa version sur cette nouvelle donne politique, l’ancien chef de cabinet de l’ex-maire libéral Mbaye Diagne (2002-2009), s’est réfugié derrière une exigence de prudence qui recommande d’attendre l’effectivité de la démission d’Idrissa Seck de la présidence du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) ainsi que celui du départ des ministres du parti de l’attelage gouvernemental. Il faut dire que, lorsque nous l’interrogions, ces démissions n’étaient pas encore effectives.
Seulement, bon nombre de Mbourois se demandent si notre interlocuteur ne pourrait pas être à son tour la prochaine « cible » de la mouvance présidentielle, lui qui est président de commission, celle des transports en l’occurrence, mais aussi officier d’état civil. En somme, des observateurs avertis de la scène politique locale n’hésitent pas à considérer que le départ de Seny Bâ et Cheikhou Dia du parti Rewmi résulterait d’un chantage politique indirect exercé sur eux. Et dont des collaborateurs de circonstance du maire ne seraient pas à l’abri.
En tout état de cause, les prochains jours pourraient se révéler décisifs pour la survie du Rewmi dans la commune comme dans le département de Mbour. La solidité du parti de l’ancien Premier ministre pourra-t-elle résister aux intempéries politiques du moment ? C’est là la question majeure à se poser surtout que ce parti veut désormais voguer de nouveau dans les eaux tumultueuses d’une opposition hostile après un long séjour dans le fleuve tranquille et poissonneux du pouvoir…