«LES ÉLECTIONS EN AFRIQUE SONT TOUJOURS CRISOGÈNES»
La spirale de violences pré ou postélectorales en Afrique inquiète le diplomate sénégalais Seydou Nourou Bâ

La spirale de violences pré ou postélectorales en Afrique inquiète le diplomate sénégalais Seydou Nourou Bâ, par ailleurs membre de la commission scientifique du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité. A l’en croire, les élections en Afrique sont toujours crisogènes.
C’est un secret de polichinelle que les élections en Afrique sont souvent source de tensions politiques pouvant même déboucher sur un réel risque d’instabilité. Un phénomène qui inquiète profondément les diplomates africains.
Dans une vidéo publiée hier sur la chaîne YouTube du Centre des hautes études de Défense et de Sécurité (Cheds), l’ancien ambassadeur du Sénégal en Algérie, Seydou Nourou Ba, qui formulait des recommandations sur le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité tenu en décembre dernier, a souhaité que la thématique “des élections” soit intégrée dans les réflexions de ce forum. «Il y a une autre thématique qui me tient à cœur, c’est la question des élections. Les élections en Afrique sont toujours crisogènes. Et je pense que le Forum de Dakar pourrait tenter une réflexion profonde pour capitaliser ce qui a été fait, mais aussi soulever des thématiques qui peuvent apaiser», a indiqué le diplomate qui en veut pour preuve «la violence qui sévit un peu partout en Afrique et hors du continent malheureusement».
Dans ses recommandations, Seydou Nourou Ba a souhaité que le Cheds s’ouvre davantage aux acteurs politiques qui sont des acteurs majeurs dans les élections. «Il est ouvert. Mais qu’il s’ouvre encore mieux vers des structures comme les écoles de formation, aux acteurs politiques. Parce que la stabilité des pays découle quelquefois des confrontations électorales ou pré ou post élections», affirme-t-il. Le diplomate sénégalais qui se targue de plus d’une trentaine d’années de carrière a appelé à faire en sorte que le Cheds, «une structure qui a fait ses preuves par ses réalisations et sa réflexion», puisse se positionner sur l’échiquier sous régional et international.
Pour asseoir un Forum de Dakar plus efficace, Seydou Nourou Ba a souhaité l’intégration des groupes vulnérables comme les enfants, les femmes, les handicapés dans les sujets de réflexion. «Il y a des thématiques majeures qui nous interpellent. Nous devons ensemencer la graine de la paix et de la sécurité au niveau des écoles, des organisations de jeunes et de femmes, et surtout avoir également la participation et l’appui des acteurs politiques d’un côté et de l’autre. Ce sont des réflexions qui me tentent», indique l’ancien ambassadeur du Sénégal en Algérie, membre de la commission scientifique du Forum de Dakar.
Sur un autre registre, il a recommandé aux acteurs comme le Centre des hautes études de Défense et de Sécurité (Cheds) d’éviter de tomber dans le piège de l’autosatisfaction. Il s’agit, à ses yeux, d’essayer de trouver la petite bête et de la compléter afin que les pays participants se reconnaissent dans ce Forum.
Enfin, Seydou Nourou Bâ a rappelé que le forum n’est pas une organisation interétatique. «Il s’agit plutôt d’un Forum informel où sont recueillies toutes les réflexions sur la paix et la sécurité en Afrique. Donc, il n’y a pas de contraintes. Nous sommes honorés d’accueillir des Chefs d’Etat. Mais le succès ou l’insuccès du Forum ne dépend pas du nombre de chefs d’Etat participants. La réussite du Forum dépend des thématiques traitées et comment elles ont été traitées», a précisé le diplomate sénégalais et consultant en relations internationales.