VIDEOJEAN LOUIS CORREA EVOQUE DES RISQUES QUE LE SENEGAL NE PEUT PAS SOUTENIR
Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm, le professeur Jean Louis Correa est formel en déclarant que le Sénégal ne peut pas soutenir une déclaration de 3ème candidature du président Macky Sall pour l’élection présidentielle du 25 février

Selon le professeur Jean Louis Correa, le Sénégal ne peut pas soutenir une déclaration de 3ème candidature du président Macky Sall pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 2 avril, l’Enseignant chercheur en droit à l’université numérique Cheikh Hamidou Kane UN-CHK (ex UVS) a prévenu qu’une telle décision pourrait entrainer de graves conséquences dont le premier est un « risque d’instabilité politique et même économique ».
Le professeur Jean Louis Correa est formel en déclarant que le Sénégal ne peut pas soutenir une déclaration de 3ème candidature du président Macky Sall pour l’élection présidentielle du 25 février prochain. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 2 avril, l’Enseignant chercheur en droit à l’université numérique Cheikh Hamidou Kane UN-CHK (ex UVS) a estimé qu’une telle déclaration pourrait entrainer de graves conséquences dont le premier est un « risque d’instabilité politique et même économique ». « J’espère qu’on ne va pas m’accuser « d’appel à l’insurrection » mais je ne pense pas avec la façon dont la démocratie sénégalaise respire que l’on puisse accepter une déclaration de candidature du président de la République, Macky Sall. Le Sénégal ne peut pas soutenir ça. Je pense qu’il y a des lignes rouges qu’il ne nous faut pas franchir et la ligne rouge, c’est de dire oui, je suis candidat », a notamment mis en garde l’enseignant chercheur. « Dans la conscience collective et générale, on avait réglé cette question et c’est pourquoi je dis qu’il nous faut éviter d’utiliser la règle de droit et les faiblesses de la règle de droit pour justifier nos inconséquences, pour fonder des changements de position en nous agrippant sur des faiblesses de la règle de droit, sur l’interprétation de la règle », ajoute encore l’invité de notre confrère Baye Oumar Gueye.
Et d’insister : « Je pense que les systèmes normatifs ne servent qu’à faciliter nos communautés politiques mais ils n’ont pas pour objectif justement, de servir des inconséquences, des dessins inavoués, des dessins de dernière minute. Et cela trouble. Et justement, comme il n’y a pas d’espace politique de dialogue, il y a un débordement violent dans la rue. Et je crains pour le Sénégal ».
Poursuivant son propos toujours sur cette question de 3ème candidature de l’actuel chef de l’Etat de plus en plus évoquée par ses partisans au point d’en faire une demande sociale, le professeur Jean Louis Correa soulignant que le «président de la République ne doit pas laisser les Sénégalais dans cette expectative-là » invite Macky Sall à prendre la parole pour, dit-il, « dire et répéter ce que la Constitution permet».
Autrement dit, s’en arrêter à ses deux mandats. C’est ce que la Constitution dit, c’est ce que tous les Sénégalais ont retenu et c’est ce que tous les Sénégalais voulaient jusqu’à l’inscrire dans le marbre de la Constitution ».
L’ADMINISTRATION PUBLIQUE EST «PIEGEE PAR LA POLITIQUE», SELON LE PR CORREA
Autre question abordée par l’Enseignant chercheur en droit à l’université numérique Cheikh Hamidou Kane UN-CHK (ex UVS), la situation de l’administration publique sénégalaise. En effet, interpellé par notre confrère Baye Oumar Guèye sur le fonctionnement de ce principal pilier de l’Etat sénégalais, le professeur Jean Louis Correa a fait un constat peu reluisant de l’administration centrale qui selon lui, est tout simplement « piégée par la politique ». Rappelant que les « responsables, les directeurs, les chefs de divisions n’étaient pas désignés en fonction de l’appartenance à un parti ou autre, mais en fonction vraiment de leur qualité technique intellectuelle, intrinsèque », l’invité d’Objection s’est toutefois désolé du fait que ce principe n’a pas su résister au système partisan. « Nous avions une administration qui était très réputée, très respectée, avec beaucoup d’expertise qui était sollicitée par d’autres pays. Mais, depuis quelques années, on note une immixtion du phénomène partisan dans l’administration centrale qui fait que je suis désolé de le dire, ce ne sont pas les personnes qu’il faut qui sont aux places qu’il faut et cela entraîne un nivellement par le bas de l’administration où vous avez des gens qui ont toutes les qualités requises pour occuper les fonctions qu’ils occupent. Et d’autres qui ont moins de qualité mais qui parce qu’ils sont proches de untel, parce qu’ils sont de tels partis vont occuper ces espaces ». Poursuivant son propos, l’Enseignant chercheur en droit souligne que cette mise sous tutelle de l’administration centrale par la politique est à l’origine non seulement des lenteurs administratives auxquels on assiste mais aussi des erreurs sur des documents publics. « Vous avez maintenant des communiqués de l’administration centrale qui sont remplis de fautes, c’est inadmissible. Vous vous posez la question, mais qui a écrit ce communiqué ? Qui l’a lu ? Qui l’a corrigé ? Est-ce que la chaîne de responsabilité mise en place a été utilisée pour relire ces documents ? Vraiment, j’aimerais saluer tous ces fonctionnaires, qui sont épris de leur travail et des valeurs qu’il faut pour accomplir leur travail et qui malheureusement, la mort dans l’âme, font les mêmes constats que nous ».