VERS UNE REDISTRIBUTION DES CARTES A THIES
Idrissa Seck quitte Bby, Malgré les retrouvailles au sommet, les deux camps (Apr et Rewmi) continuaient à se donner des coups à la base, notamment à Thiès.

Idrissa Seck a acté le week-end dernier son départ de la coalition Benno Bokk Yaakaar et de la tête du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese), ainsi que celui des ministres membres de Rewmi du gouvernement. Une décision qui fait suite à sa déclaration de candidature à la Présidentielle de 2024. Avec le retrait de Rewmi de la mouvance présidentielle, on va assister à une redistribution des cartes politiques. Toujours est-il que cette situation ne va pas beaucoup impacter les deux organisations politiques, dans la mesure où leurs retrouvailles n’avaient pas été scellées sur des bases programmatiques, mais plutôt autour de compromis entre leurs deux leaders. D’ailleurs, la base ne s’est jamais sentie concernée.
Malgré les retrouvailles au sommet, les deux camps (Apr et Rewmi) continuaient à se donner des coups à la base, notamment à Thiès. Ce qui s’est traduit par deux cinglantes défaites aux élections locales et législatives. Aujourd’hui, chaque camp va retrouver sa liberté totale de manœuvres, tandis que l’opposition qui dirige les 4 collectivités territoriales dans la cité duRail est aux aguets. «En ce qui me concerne, je confirme ma candidature à l’élection pour la Présidence de la République en février prochain». Ce sont les mots prononcés par Idrissa Seck, leader de Rewmi, lors de sa conférence de presse tenue au cyber campus de Thiès, avant d’annoncer qu’en vue d’apaiser les tensions politiques et dans une démarche de clarification, il va remettre, dès lundi, au président de la République sa lettre de démission de la tête du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese). Dans le même sillage, il lui remettra aussi une lettre exprimant son choix de quitter la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby).Idrissa Seck a également annoncé que les deux ministres membres de Rewmi, en l’occurrence Yankhoba Diattara (ministre des Sports) et Aly Saleh Diop (ministre de l’Elevage et de la Production Animale) ont décidé de se retirer du gouvernement.
A l’en croire, ce départ n’est pas lié à des divergences sur un éventuel troisième mandat, d’autant qu’à ce jour, il indique qu’il ne sait pas encore si le Président Macky Sall sera candidat ou non en 2024. Et s’empresse-t-il d’ajouter : «Même s’il advenait qu’il dise qu’il veut être candidat, j’irais directement à la pêche aux voix, exactement comme il l’avait fait en 2012, au lieu d’être dans la contestation de la décision du Conseil constitutionnel». Jurant par tous les saints, Idrissa Seck clame qu’il n’y a aucun deal entre lui et le Président Macky Sall et quand il lui a annoncé la nouvelle, ce dernier a rétorqué qu’il s’attendait à ce schéma. «Je repars à la rencontre des Sénégalais, dans une démarche d’écoute et de partage, pour construire ensemble le présent etl’avenir du Sénégal», at-il lancé avant d’ajouter : «Le peuple sénégalais est souverain, mûr et vote depuis 1789. C’est pourquoi, cela ne m’intéresse de savoir s’il me donnera 50% ou 20%, je fais mon devoir. L’essentiel est que j’ai une offre alternative et je sais que je peux faire beaucoup mieux que tous les Présidents qui se sont succédé à la tête du pays. Si les Sénégalais veulent de moi, c’est très bien, sinon je vais continuer à m’occuper de mes affaires.»
Revenant sur la nécessité d’apaiser le climat politique, il souligne que toutle monde rêve d’un Sénégal de paix et de stabilité. «Mais force est de constater que le pays est confronté à des temps périlleux qui peuvent présenter des risques pour la démocratie, la stabilité du pays, les esprits étant échauffés et les résultats pouvant en découler sont incertains», affirme l’ancien maire de Thiès qui estime qu’à moins d’un an de l’élection présidentielle, la liste des candidats potentiels reste encore un mystère. Ce qui, selon lui, fait monter les tensions. «Nous pouvons être en désaccord ouvertement au Sénégal, mais nous ne devrions jamais forcer nos frères et sœurs au silence par la persécution, la pensée unique, le terrorisme intellectuel et la violence», clame Idrissa Seck qui appelle à l’apaisement «pour trouver une autre voie à suivre, la meilleure par le dialogue, comme celui initié par le président de la République au lendemain de l’élection de 2019 et qui a vu la classe politique sénégalaise, majorité et opposition réunies, s’accorder sur 25 des 28 points discutés».
IDY GIFLE LES MEMBRES DU CESE FRONDEURS, REVENDIQUE LE TITRE DE CHEF DE L’OPPOSITION
«Même si ceux qui m’ont prêté les propos disant que je suis né pour être Président racontent des histoires, je nourris l’ambition d’exercer la fonction présidentielle, étant entendu que je ne sais rien de ce qui adviendra», a déclaré Idrissa Seck qui n’a pas manqué de s’en prendre aux 8 membres du Cese qui avaient récemment bloqué la réunion du bureau de l’institution. Pour descendre en flammes ces derniers, l’ancien Premier ministre a emprunté la boutade wolof selon laquelle un ennemi éveillé est meilleur qu’un partisan dépourvu d’intelligence. Il estime que le Cese ne lui appartient pas et il n’est à la tête que par la décision du président de laRépublique qui a signé le décret convoquant la session. De ce point de vue, il pense que la logique voudrait qu’ils viennent à la rencontre, afin d’entendre des propos qui sortent du cadre de ladite session, pour apporter leur opposition. «C’est difficile de demander à l’opposition de respecter les Institutions, si dans le même temps, des membres de la majorité présidentielle se permettent de les piétiner», martèle le chef de file des rewmistes.
Par ailleurs, le désormais ex-président du Cese a décidé de revendiquer le statut de chef de l’opposition. «Tant que les Sénégalais n’ont pas voté le 25 février 2023, je reste le chef de l’opposition jusqu’à ce que le peuple redistribue ses suffrages. Quiconque accepte que Macky Sall, compte tenu de ses 58%, est président de la République jusqu’en 2024, doit accepter que je sois chef de l’opposition, car étant arrivé en deuxième position derrière le Président Macky Sall», affirme-t-il.
EDOUARD LATOUFFE DE L’APR THIES-OUEST «LE MBUROOK SOOW ETAIT APPELE A FAIRE VALOIR SES DROITS A UNE PENSION DE RETRAITE»
Edouard Latouffe, responsable de l’Alliance pour la République (Apr) à Thiès-Ouest, affirme : «L'opinion doit savoir que ce n'est pas nous de l'Apr qui avons provoqué le départ d’Idrissa Seck. C'est lui et lui seul qui a, par une communication graduelle très agressive, posé les premiers actes du divorce». Depuis la tenue du conseil des ministres décentralisé à Thiès, monsieur Latouffe affirme qu’il ne cesse de demander à ce qu’une évaluation soit faite du compagnonnage politique entre Idrissa Seck et le Président Macky Sall. «J’estimais, au regard des contre-performances lors des élections locales, confirmées aux législatives, que le mburook soow était appelé à faire valoir ses droits à une pension de retraite. Les retrouvailles Macky Sall et Idrissa Seck n'étaient plus opportunes, encore moins pertinentes», clame le cadre à la Loterie Nationale Sénégalaise (Lonase) qui estime que les dernières déclarations d’Idrissa Seck sur la candidature de Macky Sall en 2024 ont mis le feu aux poudres. «J'avais dénoncé l'aisance communicationnelle dont faisait montre le leader du Rewmi sur cette question. J'avais invité publiquement le Président Macky Sall à en tirer toutes les conséquences de droit. Aujourd'hui, Idrissa Seck a pris sur lui la responsabilité de rendre le tablier. Son départ a le mérite de clarifier le débat politique. Le seul trophée que doit brandir le mburook soow, c'estla perte brutale de toutes les collectivités locales de la ville de Thiès et la fragilisation des acteurs de l'Apr». Pour Edouard Latouffe, une nouvelle redistribution des cartes s'impose. Au regard du nouveau contexte politique et de l'importance des enjeux actuels etfuturs, souligne-t-il, les cadres de l'Apr à Thiès doivent être renforcés, d’autant que «le Président Macky Sall sait mieux que quiconque que Thiès reste et demeure un enjeu. Il sait aussi que le mburook soow n'a atteint qu'un seul objectif : celui d'effacer son parti et sa coalition de l'espace d'exercice du pouvoir local».