BOOM DEMOGRAPHIQUE EN AFRIQUE DE L’OUEST, COMMENT LES RELIGIEUX PEUVENT INVERSER LA TENDANCE
«La Foi en Action : Comment les organisations religieuses favorisent le changement démographique en Afrique de l’Ouest ».

La Fondation Konrad Adenauer va présenter aujourd’hui une étude sur le rôle des autorités et organisations religieuses dans 16 pays d’Afrique de l’Ouest, dans des domaines liés à la démographie tels que l’égalité des sexes, le planning familial et la sexualité. Le document a également fait ressortir une série de recommandations permettant à ces dernières d’inverser la tendance.
«La Foi en Action : Comment les organisations religieuses favorisent le changement démographique en Afrique de l’Ouest ». Tel est l’intitulé de l’étude réalisée par l’Institut berlinois pour la population et le développement pour le compte de la fondation Konrad-Adenauer-Stiftung et qui sera présentée aujourd’hui. «Où les autorités religieuses sont-elles déjà actives et s’engagent-elles pour des améliorations et une plus grande autodétermination ? Quels projets ont initiés les religieux? Quels sont les obstacles qu’ils ont rencontrés et les succès qu’ils ont obtenus ? Quelles sont les recommandations d’action qui en découlent ?»
Telles sont les questions auxquelles la nouvelle étude tente de répondre. Cette enquête part du fait qu’en Afrique de l’Ouest, la population va continuer à croître fortement dans les décennies à venir. D’après l’étude, la population de ces 16 États devrait presque doubler, passant de 402 millions aujourd’hui à environ 797 millions d’habitants en 2050. «Cela s’explique principalement par un taux de natalité élevé : aujourd’hui, entre la Mauritanie et le Nigeria, les femmes ont en moyenne quatre à sept enfants», lit-on dans le document. Par conséquent, souligne-t-il, à moyen terme, davantage de personnes seront en concurrence pour les emplois, les places à l’école et les soins de santé. L’institut berlinois indique ainsi que la diminution du nombre d’enfants est tout à la fois la condition préalable et le résultat du développement. Il soutient que si les gouvernements et populations ne parviennent pas à donner des perspectives aux jeunes, cela va mettre en péril la possibilité pour de nombreuses personnes de mener une vie autodéterminée. Ainsi, le rapport estime que les communautés religieuses et leurs représentants peuvent jouer un rôle clé dans le ralentissement de la croissance démographique des pays d’Afrique de l’Ouest, à moyen terme. D’ailleurs, il salue le fait que certaines organisations religieuses et représentants religieux soient déjà impliqués en développant des interprétations non sexistes de la Bible, du Coran ou d’autres textes religieux.
D’après l’enquête, ces autorités religieuses réfutent les interprétations erronées largement répandues, comme quoi le Coran ne rejette pas la planification familiale en soi, même si de nombreux religieux et croyants le supposent. L’étude révèle aussi que les associations religieuses et les représentants religieux locaux peuvent stimuler et promouvoir le changement en lisant la Bible ou le Coran de manière non sexiste, en réfutant les interprétations erronées et en remettant en question les modèles traditionnels. Pour ce faire, précise-telle, ils doivent eux-mêmes accepter ce rôle et se mobiliser. De plus, ajoute-t-elle, leurs partenaires laïcs au sein des gouvernements, des autorités sanitaires et de la société civile devraient aussi prendre en compte et renforcer le potentiel de ces communautés religieuses.
LES RECOMMANDATIONS DE L’INSTITUT BERLINOIS
Dans ses recommandations, l’enquête estime que les partenaires laïcs des organisations religieuses devraient identifier les organisations religieuses, les groupes et les individus qui thématisent et promeuvent la planification familiale, l’égalité des sexes et l’éducation des filles au sein de leurs réseaux. Elle demande également de renforcer l’implication des communautés et organisations religieuses dans leurs actions en faveur de l’égalité des sexes ou de la planification familiale. Elle appelle à rechercher une terminologie adaptée pour travailler avec les communautés et les organisations religieuses sur le long terme. L’étude note dans la foulée que les femmes tombent enceintes involontairement, que les adolescents sont sexuellement actifs, et que les menstruations sont taboues dans de nombreux endroits. Ce qui, ajoute-t-elle, nuit à l’éducation des jeunes femmes, et les rôles traditionnels des femmes et des hommes peuvent entraver leur développement personnel et celui de la société. Ceci étant, elle propose qu’on trouve un langage qui respecte les croyances des populations. Pour ce faire, souligne-t-elle, les organisations laïques doivent savoir ce que les croyants entendent par des termes tels que la planification familiale et quelles valeurs les sous-tendent.
Toujours dans les recommandations, le rapport indique que les institutions et communautés religieuses et leurs représentants locaux devraient populariser des interprétations non sexistes des textes religieux et battre en brèche les mythes. Elle préconise également de montrer aux religieux l’importance de l’égalité des sexes, de la planification familiale et de l’éducation des filles pour le développement socio-économique. En plus, elle recommande de développer leurs réseaux et constituer un catalogue suprarégional de bonnes pratiques afin de permettre aux communautés religieuses d’intensifier leurs échanges, de mettre en commun leurs forces et de diffuser les stratégies et les solutions les plus efficaces. Et d’œuvrer pour l’égalité des sexes et impliquer davantage les hommes en la matière.