INFERTILITÉ OU INFÉCONDITÉ DANS LE COUPLE : LE TERRIBLE CAUCHEMAR DES FEMMES AU SEIN DES MÉNAGES
Beaucoup de couples n’arrivent pas à concevoir d’enfant, ce qui est un fardeau insupportable dans la famille et au-delà la société.

Au Sénégal, le problème d’infertilité touche beaucoup de couples et devient l’élément perturbateur de la quiétude au sein des ménages. Même si ce phénomène peut concerner l’homme comme la femme, cette dernière est souvent blâmée et accusée d’en être la cause. Ainsi tantes, belles-mères, belles-sœurs, mères, cousine et sœur, tout le monde s’y met pour charger la conjointe jugée incapable de procréation. Parfois allant jusqu’à élaborer des plans odieux pour dissoudre le mariage, si on n’incite pas tout bonnement le mari à trouver une autre épouse capable de lui faire des enfants.
«Je veux voir mes petits enfants avant de mourir. Si tu ne peux enfanter, j’amènerai une autre qui pourrait le faire, porteuse de poisse, femme maudite». Ce refrain quasi quotidien venant de dames, belles-mères pour la plupart ou même de belles-sœurs, des femmes ayant la malchance de tomber sur des couples infertiles en sont abreuvées tout le temps. Notamment dès le premier anniversaire de leur mariage sans enfant ni grossesse ou signe de grossesse.
Beaucoup de couples n’arrivent pas à concevoir d’enfant, ce qui est un fardeau insupportable dans la famille et au-delà la société. Le problème peut se situer à plusieurs niveaux entre les deux partenaires, certes. Mais, le plus souvent, la femme est tenue responsable et pointée du doigt, avec toutes sortes d’injures. Parfois, la belle-famille fait tout pour dissoudre ce mariage qu’elle qualifie «d’insignifiant» de «raté», pour ensuite chercher une autre épouse pour leur fils. Conséquence ou psychose de ce fardeau, toute femme songe à enfanter, bercer, entendre les cris de son bébé et faire des nuits blanches.
Mais quand l’infertilité/infécondité, abusivement considéré dès le départ comme une «stérilité», vient s’incruster, c’est le début d’un calvaire dans des ménages sénégalais qui sont caractérisés, dans une certaine mesure, par une sorte de compétition «d’enfantement». Dans les tours de familles ou cérémonies, les tantes, cousines et belles-sœurs ne peuvent s’empêcher de polluer l’air en parlant des sujets qui tournent autour de l’enfant. Tout ça dans le but de mettre mal à l’aise la belle-fille qui tarde à leur donner un neveu ou une nièce.
Mariée depuis 6 ans, cette dame qui se confie sous le couvert de l’anonymat, n’a jamais donné la vie, malgré ses traitements. Pour sa belle-famille, elle porte la poisse ; c’est pour cela qu’elle n’arrive pas à tomber enceinte. «J’ai entendu toutes sortes de propos venant de ma belle-famille. J’ai subi des humiliations dans les rencontres familiales car j’étais souvent sujet de discussions des autres femmes et cousines de mon mari. Ne voulant plus être au centre de l’attention, j’ai arrêté de participer aux tours», raconte-t-elle.
Mamadou Diama Diané, condamne fermement le mauvais traitement que ces femmes subissent dans leur foyer. «Ceux qui osent juger la femme stérile et la mal traité, ils ne croient pas en Dieu. Quand il s’agit d’infécondité, ils ont tendance à faire focus sur la femme, en oubliant que le problème peut venir du mari. Dans cette société, la femme est reléguée au second plan, c’est pour cela qu’on la tient pour responsable de toute mauvaise chose, même si elle est parfois innocente», relève-t-il. Et de renchérir : «Ici, on a vu des femmes encaisser des insultes, alors qu’elles n’ont aucun problème pour donner la vie ; mais c’est plutôt le mari. L’homme, même s’il est viril, peut voir des problèmes pour féconder. Et pourtant, elles font semblant d’être celles qui n’arrivent pas à enfanter, pour couvrir le mari», révèle-t-il.
Quant à Mariame Diakité, elle a failli être répudiée à cause de son infécondité qui a duré 7 ans. «C’était une rude épreuve, mais je remercie le Bon Dieu. Dans mon ménage, je vivais l’enfer au jour le jour. Mes belles-sœurs me traitaient de femme ’’incapable’’. Mais je ne me laissais pas faire. Elles n’avaient aucune considération à mon égard. Du coup, je me battais avec elles, pour me défendre. J’ai failli plusieurs fois être répudiée. Mais les autres membres de la famille intervenaient en nous rappelant l’engagement du mariage. C’est comme ça que je vivais, jusqu’à ce que mon mari épouse une autre femme», dit-elle. Ne pouvant plus supporter cette situation, Mariame a finalement demandé le divorce.
Selon Diama Keita, avoir un enfant dépend de Dieu et non de l’homme. «C’est Dieu qui donne ; donc si l’enfant tarde à venir, pourquoi en faire tout un plat. Si cela ne dépendait que de l’homme, chacun aurait un enfant et n’aurait plus à vivre ce manque. En général, les belles-mères créent le doute chez leur fils et le pousse à épouser une autre. Mais quand Dieu décide, personne n’y peut rien car on a vu des couples vivre sans enfant et, pourtant, ils sont plus à l’aise que ceux qui en ont. A quoi ça sert d’avoir un enfant sans éducation ou qui vit dans la misère, le banditisme… ?», se demande-t-elle.
Ici au Sénégal, la infertilité ou infécondité dans le couple dont les causes sont vite attribuées à la femme considérée hâtivement comme «stérilité» est un véritable problème. Pis, ces femmes vivent l’enfer dans leurs ménages car elles sont tenues pour responsables de ce «malheur» par les belles-familles.
ABBE ROGER GOMIS, ARCHIDIOCÈSE DE DAKAR : «Pour les catholiques, le mariage est ouvert à la vie, à la procréation, mais…»
"Il faut d'abord reconnaître qu'il s'agit parfois d'une terrible épreuve pour les femmes qui vivent une telle situation, à cause, bien sûr, des pesanteurs sociales. Nous sommes, en effet, dans une société qui vide la femme mariée sans enfant de toute sa dignité. Beaucoup considèrent que c'est la honte, le déshonneur et même un malheur. Nous devons arriver à la conversion des mentalités. En tant que croyants, nous savons que c'est Dieu qui accorde la grâce de l'enfantement. C'est Lui l'auteur de toute vie. Sa grâce, Il l'accorde à qui il veut et sous des formes variées. Ensuite, pour les catholiques, le mariage est ouvert à la vie, à la procréation. Mais cela ne se limite pas seulement à la naissance des enfants. Cette grâce peut également se manifester par l'adoption. Voilà pourquoi, dans l'Église catholique, la stérilité ou l'infertilité n’est pas en soi un empêchement de mariage. Par contre, s’il est prouvé que quelqu’un a dissimulé volontairement (dol) sa stérilité, le mariage peut être déclaré nul pour défaut de consentement pour dol."
MAME BOCAR DIALLO, IMAM CITE FADIA : «La reproduction est certes encouragée dans l’Islam, mais…»
"L'Islam est contre le fait de causer du tort à son prochain. La religion musulmane est intransigeante sur ce point. La reproduction est certes encouragée dans l’Islam, mais il ne faut jamais omettre que tout ce qui arrive est de la Volonté Divine. C’est Dieu qui donne un ou des enfants à qui Il veut et au moment voulu. Il faut être ignorant pour oser tenir des propos désobligeants envers une femme qui ne peut pas avoir ou qui n’a pas eu d'enfant(s). Nous rappelons que la religion musulmane incite, aux sujets des malades, la «nécessité de se faire soigner». Il y a d'ailleurs un Hadith (tradition du Prophète - PSL) selon lequel : «Dieu n’a pas fait descendre sur terre une maladie sans avoir fait descendre en même temps son remède». Donc, il faut être tolérant envers ces femmes car la femme est très valorisée dans l'Islam et y occupe une place de premier choix."
PORTRAIT - STERILITE D’UNE FEMME AU FOYER : L’histoire bouleversante de Ndeye Awa Sambou
Au moment où certaines femmes étouffent leurs bébés, abandonnent leurs nouveau-nés dans une décharge, poubelle ou fosse septique, etc. d’autres donneraient tout l’or du monde pour connaitre le «bonheur de l’enfantement». Mais, malheureusement, infertiles ou stériles, ces dernières vivent véritable quotidien d’enfer au sein des ménages familiaux ou dans leur couple. C’est le cas de Ndeye Awa Sambou qui n’a même pas connu une fausse couche, après 10 ans de mariage. Entre calomnie, souffrance et humiliation de la part de sa belle-famille, cette brave dame nous raconte sa tumultueuse histoire.
Agée de 39 ans, Ndeye Awa Sambou est une femme d’origine casamançaise qui loge dans un quartier de Colobane, chez sa belle-famille. Mariée depuis belles lurettes, avec son amour d’enfance, S.N., cette femme aux formes généreuse rêvait d’être mère, comme la plupart des mariées. Mais, c’était sans compter avec le coup d’un destin cruel qui fera capoter ses beaux rêves. Pour comprendre son mal intérieur, il faudra remonter en 2012, l’année, à laquelle elle a appris sa stérilité. Meurtrie, perdue, Ndeye Awa se croyait être dans un cauchemar. «Après quelques années de mariage, je n’ai même pas connu une fausse couche. J’ai commencé à m’inquiéter car tout le monde me demandait ce que j’attendais encore pour tomber enceinte. J’en ai parlé avec mon mari et nous sommes partis faire des analyses, tous les deux, pour voir ou se situe le problème», raconte-t-elle. Avant d’ajouter : «A ma plus grande surprise, j’étais celle qui avait des problèmes pour enfanter car mes trompes étaient bouchées», se remémore-t-elle, sous un ton triste. Cependant, ces révélations ne l’ont pas empêché de garder espoir car, dit-elle, «je me disais que, parfois, il arrive que les médecins se trompent. Mon mari était aussi très affecté par cette nouvelle ; par contre, il le camouflait et m’a soutenu dans ce combat. Mon médecin m’a demandé de faire un traitement», explique Ndeye Awa. Après une année de traitement et de diagnostic, sans succès, elle a arrêté car, selon elle, c’était couteux. Ainsi, elle s’est retournée vers les marabouts de la Casamance qui «sont connus pour leur don de guérir une femme stérile». Après 2 ans de traitement traditionnel, elle espérait donner la vie. «Quand je partais en Casamance, j’avais vraiment de l’espoir. Je suis allée de marabout en marabout et j’ai fait toute sorte de rituels, j’ai pris des bains et bu des mélanges de racines et d’écorces, pendant deux (2) années», narre-t-elle. Malgré tous ces efforts, cette tentative s’est soldée par un échec.
«POUR EVACUER MON MAL, JE PLEURAIS CHAQUE NUIT ET…»
Et Ndeye Awa Sambou n’avait que ses yeux pour pleurer. «Pour évacuer mon mal, je pleurais chaque nuit et mon mari me consolait. C’était une étape difficile pour nous deux. Chaque jour, je voyais les enfants de mes beaux-frères jouer et courir dans toute la maison. Cela me mettait mal à l’aise», révèle Ndeye Awa. Selon elle son ménage est devenu, tout d’un coup, fade. Ainsi elle a commencé à vivre le calvaire dans son ménage. «Ma belle-mère plaçait toujours ses autres belles-filles au-dessus de moi. Et pourtant, je suis la belle-fille ainée de la famille. Elle n’hésitait pas à me rappeler indirectement que je n’ai pas encore enfanté et que je prive son fils le bonheur d’être père.» Face à ces piques, Ndeye Awa ne supportait plus le mal qui la consumait à petit feu. Après les assauts de sa belle-mère, viennent ceux de sa belle-sœur avec qui elle s’était battue. «Elle m’avait traité de ‘’femme stérile’’ ouvrant par la même occasion cette plaie qui ne s’était pas encore cicatrisée. Ce jour-là, je ne voyais que la mort», explique-telle. Dans cette maison, Ndeye Awa vivait le calvaire au quotidien. Mais sa misère s’est accentuée lorsqu’elle a amené sa nièce pour l’élever. «Quand j’ai amené ma nièce, avec l’accord de mon mari, je n’ai pas eu de répit. Les piques se multipliaient et ma belle-mère m’a demandé de la retourner (chez ses parents, ndlr) car elle n’était pas la bienvenue. J’ai abdiqué, j’ai ramené ma nièce (chez son père, ndlr) et ma famille était très compréhensive vis-à-vis de ma situation», lâche Ndeye Awa, d’une voix teintée de tristesse. Et comme si le destin s’acharnait sur elle, son mari a épousé une deuxième femme, sous l’ordre de dame belle-mère. «Ce fut le plus terrible jour de ma vie, même si mon mari m’avait fait part de sa décision» avant, fait-elle savoir. Anéantie, se sentant trahie, meurtrie, elle a quitté la maison conjugale, le temps de souffler. A son retour, sa belle-mère ne lui faisait plus la misère car, selon Ndeye Awa, elle avait obtenu ce qu’elle voulait. «Elle chantait les éloges de ma coépouse qui avait donné naissance à un petit garçon, après une année de mariage. Quant à mon mari, je ne dirai pas qu’il ne m’aime plus ; mais je ne sens plus cette flamme entre nous», confie-t-elle, la gorge nouée. Aujourd’hui, avec toutes les mauvaises passes qu’elle a traversées, Ndeye Awa Sambou a su surmonter cette épreuve qui, selon elle, est devenue moins poignante car le temps a su apaiser sa douleur.
DR SOULEYMANE LO, SOCIOLOGUE : «Malheureusement, dans cette pénible épreuve de stérilité, c’est toujours à la femme à qui la société demande des comptes»
«Dans la religion musulmane, diton souvent, que la finalité du mariage n’est point exclusivement la procréation mais plutôt le moyen par lequel la famille se fonde. Parlant de famille, on entend l’idée d’un ensemble de personnes issues de l’union d’un couple entre l’homme et la femme dont l’élément multiplicateur demeure la maternité. En effet, sans la maternité, c’est-àdire la naissance de l’enfant devant symboliser le gage de la perpétuité de la famille, le mariage qui ne s’en sote pas ainsi, devient, au regard de la société, un désespoir voire une malédiction à la survie de la société. C’est dans cette perspective que l’enfant est appréhendé comme une bénédiction qui confère à ses géniteurs la place qu’ils sont censés occuper dans la sphère sociale où le respect surtout dû à une femme est fonction de sa capacité à enfanter. Parce que c’est la femme qui enfante que, naturellement, il est admis de croire, même à tort, que toute infertilité lui incombe sans partage. En effet, cette infertilité est synonyme de culpabilité chez la femme qui n’arrive pas à faire preuve de maternité pendant un certain temps de son mariage. Au Sénégal, la tradition tient tellement à cette preuve de lendemain meilleur qu’on pense que l’anniversaire du mariage doit se fêter à trois, sous présidence de l’enfant, le prince ou la princesse qui témoigne de la virilité du père et de la capacité de procréation de la mère. En sus, l’héritage le mieux réussi est évidemment celui qui s’adresse aux enfants et non aux parents du couple. Ainsi, l’enfant est de tout ce qui fait valeur au sein d’un couple autant qu’il constitue la caution de la femme pour son entrée dans le cercle restreint des femmes ayant droit à la parole. C’est également pour l’homme une fierté d’être admis parmi les paires et d’espérer d’être relevé des corvées une fois à l’âge adulte.
«L’ESPRIT ORDINAIRE PENSE SOUVENT QUE LA VIRILITE DE L’HOMME FAIT FOI DE FERTILITE, OR…)
Malheureusement, dans cette pénible épreuve de stérilité, c’est toujours à la femme à qui la société demande des comptes. En effet, l’homme, sauf s’il ne démontre pas d’une impuissance physiquement sexuelle, est à l’abri des questionnements et de l’inquisition des proches quant à l’absence de nouveau-né dans le couple. L’esprit ordinaire pense souvent que la virilité de l’homme fait foi de fertilité. Et par conséquent, dès qu’il est attesté que l’homme tienne une bonne et solide érection, c’est alors la femme qui n’est pas apte à répondre par l’ovulation aux jets des coups de reins dignement reçus. Or, aujourd’hui, avec la science, être viril ne signifie pas forcément être fertile. Malheureusement, pour l’homme, ce serait une honte voire une humiliation que d’aller se faire soigner dès qu’il pense jouir de la capacité de ses entrejambes. Dans un contexte de stérilité, c’est évidemment la femme qui en souffre plus. Cette souffrance n’est que le résultat de la pression familiale aussi bien sa belle-famille que sa propre famille elle-même. C’est parce que la société attend d’elle la délivrance qu’elle se sent davantage responsable de l’absence de maternité dont elle est implicitement accusée coupable. Ainsi, sur le plan social, elle s’inscrit à fuir les regards qu’elle juge menant en violation de son intégrité et de sa dignité de femme devenue moins valeureuse que le contenu d’une poubelle. Sous ce regard et du point de vue psychosociale, cela peut conduire une femme victime de la stérilité à adopter des comportements extrêmes tels que le suicide dans l’espoir de se soulager de ce fardeau dont elle n’est pourtant directement responsable. Souvent, faute de choisir d’être parmi les excusés de la vie, une telle femme peut se transformer bilieuse et acariâtre au point qu’elle finisse par détester l’enfant d’autrui car celui-ci lui rappelle son infertilité.»
DR DAOUDA CISS, ANCIEN INTERNE DES HOPITAUX DE DAKAR, GYNECOLOGUE-OBSTETRICIEN A L’HOPITAL IDRISSA POUYE DE DAKAR (EX-CTO) : «De plus en plus les gens commencent à comprendre que l’infertilité, c’est un problème de couple»
C’est un abus de langage que de parler très tôt de stérilité d’une femme ou d’un homme ou dans un couple parce que la stérilité est irréversible. Alors que l’infertilité dans le couple ou de l’un des membres est réversible. Donc ce sont deux choses différentes. La mise au point est du Dr Daouda Ciss, ancien interne des hôpitaux de Dakar, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Idrissa Pouye de Dakar (ex-CTO). Tout en revenant sur les causes connues et inconnues et les remèdes, il souligne que de plus en plus les gens commencent à comprendre que l’infertilité est un «problème de couple».
C’est quoi la stérilité ?
Je crois que c’est un abus de langage que les gens disent stérilité parce que la stérilité c’est une chose qui est définitive dans un couple, qui n’est pas réversible. Alors que l’infertilité c’est une chose qui est réversible. Il y a deux choses différentes : la première chose, c’est la stérilité qui est donc irréversible et, la seconde, l’infertilité qui est réversible.
C’est quoi une infertilité dans un couple ?
C’est un couple qui entretient au moins des relations sexuelles régulières pendant au moins un an sans contraception préalable. C’est ça la définition donc de l’infertilité du couple. Qu’est-ce qui explique l’absence d’enfants dans un couple ? L’absence d’enfants, ça peut être causée par beaucoup de choses. Ça peut être une cause masculine ou bien une cause féminine ou bien une cause du couple (les deux partenaires) ou bien parfois il n’y a pas de cause retrouvée. Presque dans un (1) cas sur cinq (5), il n’y a pas de cause retrouvée ; donc dans 20% des cas, la cause ne parvient pas à être retrouvée. Mais la plupart des cas, c’est soit une cause féminine ou une cause masculine chez l’homme ou bien une cause des deux partenaires. Chaque partenaire a une cause bien déterminée. Mais parfois il n’y a pas de cause.
Comment remédier à l’infertilité ?
Pour remédier à ça, il faudra déjà faire un bilan du couple. Parce que quand on dit infertilité, ce n’est pas une seule personne, c’est un couple. Ça concerne aussi bien l’homme que la femme. Même si, le plus souvent, ce qu’on pense, c’est d’abord les femmes qui viennent en consultation ; mais secondairement on peut voir les hommes en consultation bien sûr si le bilan féminin est normal. Par rapport aux causes féminines, il y en a plusieurs. Par exemple, ça peut être une cause hormonale, une femme qui n’ovule pas ou bien une ovulation qui n’a pas de bonne qualité. Ça peut être une cause due aux organes de la femme. Par exemple si les trompes sont obstruées ou bouchées ou bien s’il y a des fibromes dans l’utérus qui empêchent l’œuf fécondé de s’implanter dans l’utérus ou bien s’il y a des malformations utérines, voilà entre autres causes utérines. Ou bien parfois c’est chez l’homme. Un homme qui a eu des antécédents de chirurgies au niveau des testicules ou bien au niveau des Hernies inguinales ou bien un homme parfois qui a ce qu’on appelle les boules qui ne sont pas descendus, les testicule ne sont pas descendus dans les bourses par exemple. On appelle ça la Cryptorchidie. Tout ceci va entraîner des troubles du Spermocytogramme. Sans oublier les causes infectieuses qui peuvent toucher aussi bien l’homme que la femme. Maintenant ça peut être des causes qui intéressent le couple comme une incompatible parfois. Après chaque relation, il n’y a pas d’implantation des œufs et ça se sont des anticorps qui peuvent l’expliquer. Ce sont les principales causes des infertilités du couple.
Qu’est-ce qui explique la réticence des hommes à aller voir les gynécos ?
Au fait, de plus en plus les gens commencent à comprendre que c’est un problème de couple. En tout cas moi, dans mes consultations, de plus en plus, je commence à convoquer les hommes en deuxième intention. Parce que si je n’ai pas d’autres causes chez la femme, je convoque les hommes pour faire au moins les spermogrammes pour voir s’il n’y a pas des anomalies. Et dans la plupart des cas, il y a au moins une semaine, j’ai eu trois couples, il y a eu l’homme qui a eu des soucis. L’un a été opéré avant-hier (mardi, ndlr). Il avait une varicocèle bilatérale. Ce matin (jeudi, ndlr) j’ai eu le même cas, hydrocèle bilatérale, qui explique la cause de l’infertilité. Il y a beaucoup de cas, parfois c’est des infections ou bien des anomalies de la forme des spermatozoïdes ou bien du nombre des spermatozoïdes, ainsi de suite, qui peuvent être liés à des infections. Et dans la plupart des cas, si on donne de la vitamine E et des antibiotiques, ça règle le problème. Maintenant, de plus, les hommes viennent en consultation. Pourquoi ? Parce que c’est différent d’être viril et d’être infertile. On peut être viril, parce que les gens croient que quand ils sont virils, ils sont fertiles, alors que c’est deux choses différentes. La virilité est une chose et la fertilité en est une autre. On peut être viril, on peut faire des relations sexuelles normalement, sans être fécond. Maintenant, c’est ça le fait de ne pas être fécond. Chez l’homme, c’est ça l’infertilité masculine. Alors, maintenant, le plus souvent, les hommes commencent à venir. On commence à prendre ces hommes là en consultation et en intervention chirurgicale s’il y a besoin, ainsi de suite. Mais, dans la plupart des cas, on constate que dans le cas d’une famille, c’est la femme qui commence d’abord à venir. Pourquoi ? Parce qu’il y a la belle-mère, il y a la belle-sœur, donc il y a les tantes par-ci, il y a le voisinage, le social qui font qu’on indexe d’abord la femme. C’est pour ça que c’est la femme qui vient en premier en consultation. Mais là, si on fait les investigations de bases et qu’on constate que la femme n’a pas de soucis, moi c’est en ce moment que je convoque le mari. Mais parfois c’est le couple qui vient en première intention, d’emblée. Et dans ces cas-là tu peux t’autoriser à demander le bilan du couple, s’il y a une cohabitation régulière avec des rapports sexuels réguliers pendant au moins un a