LA LOI SUR LA MODERNISATION DES “DAARAS’’ COMME PANACEE
Human Right Watch (Hrw) et la Plateforme pour la protection et la promotion des droits humains (Ppdh) ont présenté, hier, leur rapport sur la situation des enfants talibés publié en juin dernier.

Intitulé “Abus incontrôlés dans les écoles coraniques’’, le document estime “à plus de 100 000 le nombre d’enfants talibés au Sénégal qui sont forcés par leurs maîtres coraniques – ou “marabouts” – à mendier chaque jour pour ramener de l’argent, de la nourriture, du riz ou du sucre. Un grand nombre de ces maîtres coraniques fixent un quota de mendicité qu’ils font respecter en recourant à des passages à tabac souvent sévères’’. C’est pourquoi hier, les deux organisations ont insisté sur l’urgence du Sénégal à accélérer le processus d’adoption du projet de loi portant statut des “daaras’’. Car, selon le rapport, “les enfants talibés sont laissés à eux-mêmes et endurent une souffrance sans précédent’’. La preuve, avance Mamadou Wade, Président de la Ppdh, “au Sénégal, il existe des enfants qu’on enchaine avec des cadenas et qu’on enferme’’. “Ça, c’est la réalité. Celui qui ne veut pas voir ça est complice de ceux qui le font’’, a martelé M. Wade outré par les violences sexuelles dont sont victimes les talibés. “Comment voulez-vous qu’on n’abuse pas sexuellement des enfants que personne ne contrôle ? On leur demande d’aller rapporter de l’argent. Ils sont dans la rue et y passent souvent la nuit, lorsqu’ils n’ont pas l’argent. Alors personne ne doit s’étonner qu’ils soient victimes des prédateurs sexuels’’, martèle-t-il.
Niokhobaye Diouf : “Rien de nouveau’’
Et de plaider vivement pour le vote du projet de loi adopté en juin 2018 en Conseil des ministres. Car lequel projet a cinq décrets d’application dont l’un fixe le statut du maitre coranique. Le directeur de la Protection de l’enfance a réagi à cette publication conjointe de Hwr et de la Ppdh. Niokhobaye Diouf révèle que le rapport ne révèle rien de nouveau. “Il date de 2017-2018 et ce sont des cas révélés par le système que l’Etat avait mis en place. Il s’agit notamment des systèmes départementaux de protection de l’enfant, des comités communaux, de quartier et de village. Nous avons mis en place un dispositif de veille et d’alerte. Cette alerte n’a fait que dire ce que le système a révélé et a déjà pris en charge’’, précise M. Diouf. Sur le retard de l’adoption du projet de code, le directeur a écarté la responsabilité de l’Etat, en évoquant la recherche de consensus. A ce propos, il a expliqué qu’il y avait une première mouture qui a été revue. “Un consensus a été trouvé avec l’ensemble des acteurs. Le conseil a déjà adopté et maintenant, il ne reste que la circularisassions au niveau de l’Assemblée nationale’’, dit-il. Et d’ajouter qu’ils sont dans une phase terminale pour que le code puisse être voté dans les meilleurs délais.