LA QUESTION DE LA RÉPARATION DUE À LA TRAITE NÉGRIÈRE
La célébration de la journée de l’Afrique a servi de prétexte à Werekaan institute pour revisiter la Charte du Mandé - Occasion pour les panélistes de promouvoir l’art oratoire endogène, mais de poser aussi la question liée aux réparations pour l’Afrique

Avec la traite négrière et la colonisation, l’Afrique est très probablement le continent le plus accablé par le sort. Pour le Dr Samba Buri Mboup, la question des réparations se pose de plus en plus dans les diasporas en général et les Caraïbes en particulier. Elle ne tardera pas, selon lui, à se poser en Afrique. Il en est si convaincu qu’Israël avait reçu réparation de l’Allemagne et de l’Autriche pour le nazisme. Cet ancien ambassadeur, membre fondateur de l’Institut Thabo Mbeki pour le leadership et professeur associé au Centre d’études diplomatiques et stratégiques, a abordé, samedi dernier, le sous-thème : « défis, bravades et antagonismes » lors d’un panel tenu à Werekaan Institute (Ex-Keur Meïssa). Une manifestation organisée en partenariat avec le club Afrique mutation, dans le cadre de la journée de l’Afrique et qui avait pour thème : « La Charte du Mandé : origine, évolution et actualité ».
M. Mboup estime que le rapatriement de « nos frères et soeurs » de la diaspora se pose également d’autant plus qu’il y a un élan de retour des diasporas qui est maintenant très fort. Il faut créer, penset- il, les conditions pour les mettre à l’aise, leur donner des passeports et faciliter leur installation sur le continent. De son point de vue, l’Afrique a trois défis : sécurité, souveraineté et leadership. Il est non seulement possible de s’en sortir, mais également de produire un saut qualitatif à condition d’utiliser nos langues et de produire un discours alternatif. Le panéliste déplore l’inexistence d’une chaîne de l’Union africaine pour diffuser « l’image véritable » du continent. Il regrette aussi le fait que la journée de l’Afrique ne soit pas un jour férié où l’on « tire le bilan et les perspectives ».
Abordant le thème, Meïssa Mbaye de l’Institut Werekaan estime que le modèle oratoire le plus utilisé dans le Mandé est le Belting qui coïncide à un lâcher-prise vocal. La voix, dit-il, est non seulement harmonieuse, mais elle est aussi articulée. Les griots du Mandé connaissent le sens du verbe puisque, pour eux, la parole doit être de l’harmonie (wax dafay neex) et parler c’est maîtriser sa peur (wax fit). Le constat, selon M. Mbaye, c’est que les hommes politiques et les leaders ne s’approprient pas ce modèle. « On va toujours vers des référents occidentaux, comme Barack Obama ou Martin Luther King, alors que chez nous, El Hadj Mansour Mbaye ou Abdoulaye Mbaye Pekh sont des exemples en matière d’art oratoire. L’idée de son institut, c’est justement d’enseigner ce modèle endogène, en y greffant bien évidemment quelques disciplines exogènes comme la communication politique, le leadership et le développement personnel.
Pour le journaliste et formateur Bacary Domingo Mané, les hommes politiques peuvent s’inspirer du modèle d’organisation des gens qui étaient à l’origine de la Charte du Mandé. Dans cette société qui a donné la première constitution connue de l’histoire humaine, il fallait surtout maîtriser les modalités de la prise de parole en public. Cette charte est, à ses yeux, d’une actualité brulante ; et qu’au-delà des problématiques qu’elle pose, les hommes politiques doivent s’en inspirer.