L’INTERSYNDICALE DE LA SEN’EAU DURCIT LE TON
A une semaine du Forum Mondial de l’Eau prévu à Dakar 21 au 26 mars 2022, le climat est délétère au sein de Société Nationale de Gestion de l’Exploitation et de la Distribution de l’eau potable au Sénégal (Sen’Eau).

Ulcérée par la gestion de la direction générale de Sen’Eau qui a foulé aux pieds le protocole issu des négociations de mai 2018, l’intersyndicale de la boîte a décidé de déterrer la hache de guerre. Pour la satisfaction totale de leurs revendications, les travailleurs entament un port de brassards rouges de 48 heures à compter de ce mardi (15 mars) et prévoient d’aller en grève dans les prochains jours.
A une semaine du Forum Mondial de l’Eau prévu à Dakar 21 au 26 mars 2022, le climat est délétère au sein de Société Nationale de Gestion de l’Exploitation et de la Distribution de l’eau potable au Sénégal (Sen’Eau).
En effet, la direction générale et les travailleurs de la boîte s’accusent mutuellement. Réunis au sein d’une intersyndicale, les travailleurs sont montés au créneau hier pour crier leur ras-le-bol et dénoncer les misères qu’on leur fait vivre dans le secteur de l’eau au niveau national.
Selon eux, tous les sacrifices consentis par le personnel n’ont pas été reconnus et rétribués à leur juste valeur. Pis, ils accusent la direction générale de mauvaises orientations stratégiques dans la gouvernance de la Sen’Eau qui tirent sans cesse vers le bas la qualité du service et plombent les résultats de l’entreprise. Au même moment, s’offusquent-ils, les expatriés bénéficient d’un traitement princier de la part de la direction qui s’illustre également par un «recours exagéré aux missions d’experts sans valeur ajoutée». Ce qui a conduit, selon eux, «à la démotivation généralisée du personnel de la Sen’Eau qui est soumis à un niveau de précarité sans précédent».
Dans tous leurs états, les travailleurs s’insurgent contre le refus de la Direction de mener des négociations sérieuses sur leur mémorandum, la modicité des salaires, des primes de logement et des primes de responsabilité du personnel, les retards récurrents et volontaires dans la dotation de matériels de travail tels que les véhicules et mobylettes. Ils dénoncent également la surcharge de travail, la généralisation des contrats de travail précaires pour les nouveaux recrus avec des salaires mensuels de 60.000 Fcfa chez les corps de releveurs et de plombiers, sans outils de travail appropriés ni couverture médicale.
Parmi leurs griefs, figurent en bonne place la non-finalisation par l’Etat de la convention d’actionnariat des travailleurs du secteur de l’eau dans le capital de la Sen’Eau, l’accaparement du patrimoine foncier de l’ex-Sonees par les agents de la Sones. «Tous ces maux poussent la société au bord du gouffre», clament les membres de l’intersyndicale qui n’entendent pas restés les bras croisés face au non-respect du protocole issu des négociations entre eux et le ministère de l’Eau le 01 mai 2018 stipulant l’ouverture de négociations sur les points restants du mémorandum. Face à cette situation, l’intersyndicale tire la sonnette d’alarme sur les conséquences d’un mouvement d’humeur imminent du personnel dont elle tiendrait responsable la Direction Générale. Elle accuse celle-ci d’être un opérateur «inapte à assurer une stabilité dans le secteur de l’eau au niveau national».
Appelant à une mobilisation générale, les travailleurs invitent l’ensemble du personnel à se tenir prêt pour mener la lutte jusqu’à la satisfaction totale de sa plateforme revendicative. En attendant de déclencher une grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites, les syndicalistes ont décrété un port de brassards rouges par tout le personnel pour une durée de 48h à compter de ce mardi 15 mars 2022.
BISBILLES AVEC LES TRAVAILLEURS : LA DIRECTION DE LA SEN’EAU CONVOQUE UNE RÉUNION D’URGENCE DEMAIN
En réponse au port de brassages rouges pour 48h décrété, à partir d’aujourd’hui, par les travailleurs de la Sen’eau qui prévoient également d’aller en grève, la direction générale de la boite a convoqué une réunion d’urgence avec le comité de négociations. L’objectif de cette rencontre est de trouver une issue heureuse au différend qui oppose les deux parties.
En vue de préserver les intérêts de toutes les parties, la direction générale de la Sen’eau entame des négociations avec le personnel. Après l’annonce de l’intersyndicale Sates/Sutes/Utis d’entamer un mouvement d’humeur à partir de ce matin, la direction générale a immédiatement convoqué une réunion avec le comité de négociations pour ce mercredi 16 mars 2022.
Selon les dirigeants de Sen’Eau, les négociations de 2022 ont débuté le 16 décembre 2021 et les principaux sujets ont porté principalement sur l’enveloppe d’avancement des salaires et l’habitat social. «Les propositions faites à ce sujet par les parties n’ont pas permis, à cette étape des négociations, de trouver un accord», soutiennent-ils. Sur la demande de l’intersyndicale d’augmenter de 40% le salaire de base correspondant à près de 3 milliards Fcfa, la direction se désole que celle-ci ait quitté la table des négociations suite à l’absence d’accords lors de la réunion du 9 mars 2022. «Le cadre unitaire composé du Snntec et du Sdte est favorable à la poursuite des négociations sur l’enveloppe d’avancement, tout en continuant les discussions sur les points du mémorandum et notamment les 40% d’augmentation du salaire de base», rassure la direction qui se dit ouverte à poursuivre les négociations autour de sa proposition de 315 millions de FCfa dans le respect des termes du contrat d’affermage.
D’ailleurs, elle se réjouit que le cadre de négociations ait permis des avancées sociales majeures pour les salariés qui, souligne-telle, ont pu obtenir 1,8 milliard Fcfa, à savoir une augmentation globale des salaires de 500 millions Fcfa qui, ajoutés aux 396 millions Fcfa de l’Etat, font état d’une augmentation de 896 millions de FCFA. A cela, s’ajoutent l’octroi de nouvelles primes pour les fêtes religieuses de 652 millions Fcfa et l’abondement de 276 millions Fcfa pour soutenir le projet sur l’habitat social qui sera effectif avec un protocole signé avant la fin du mois. «Cette politique va se poursuivre avec les projets sur l’assurance retraite complémentaire en cours de discussions avec notre partenaire et la signature prochaine du protocole sur le fonds social qui va amplifier la solidarité sociale dans l’entreprise», rassure la direction générale.