UNE ÉLÈVE DE 18 ANS SE PLIE À LA VOLONTÉ DE L’ARNAQUEUR
Pour éviter que les photos nues de son père ne soient publiées dans les réseaux sociaux, elle a cédé aux ordres d’un maître chanteur qui l’a contrainte à verser dans l’escroquerie via Orange Money

Elève en classe de terminale, Adja D. Seck a versé dans l’escroquerie afin de préserver l’honneur de sa famille. Pour éviter que les photos nues de son père ne soient publiées dans les réseaux sociaux, elle a cédé aux ordres d’un maître chanteur qui l’a contrainte à verser dans l’escroquerie via Orange Money. Alpaguée pour son acte, elle été jugée et condamnée. Heureusement, elle a été dispensée de la peine.
Les faits se sont produits à Bargny où Adja D. Seck, élève en classe de Terminale, a été traînée en justice pour escroquerie sur un montant de plus de 2 millions au préjudice de la Sonatel.
Dans sa narration des faits, cette fille de 18 ans prétend qu’elle a été victime de chantage. Il y a 5 mois, elle a reçu des messages via WhatsApp de la part d’une certaine Angela Gomis qui lui aurait envoyé une vidéo obscène de son père. «Elle m’a fait savoir qu’elle allait la publier sur internet si je n’exécutais pas ses ordres. Au début, elle voulait me pousser dans la prostitution en faisant de moi une escort-girl. Quand j’ai dit niet, elle m’a ordonné de me rendre dans des boutiques qu’elle ciblait pour les gruger. A chaque fois, je proposais un paiement par Orange Money à ces commerçants. Aussitôt après le transfert, elle annulait l’opération parce qu’elle avait accès à mon compte», raconte la prévenue qui dit avoir déposé, contre la nommée Angela Gomis, une plainte qui est restée sans suite. Après son arrestation, elle a, de concert avec les enquêteurs, fixé un rendez-vous avec la dame qui, malheureusement, a fait faux bond.
A l’en croire, Angela Gomis alimentait son compte Orange Money pour lui permettre de faire les opérations. Elle ciblait aussi les bijouteries. «Elle m’a transféré deux fois 50 000 et 30 000 FCFA que je n’ai pas retirés», dit-elle d’un air sincère. Selon l’avocat de la Sonatel, les déclarations de la prévenue ne sont pas dignes de foi. «J’ai l’impression d’être dans une situation surréaliste. Je n’ai pas compris qu’une jeune de 18 ans puisse s’ériger en défenseur de l’honneur de sa famille. Elle n’a pipé mot sur ce qui s’était passé. Et cela me semble flou. Ce qu’on a tenté de lui faire faire, c’est de procurer à cette personne tapie dans l’ombre de l’argent. Elle a pris le risque d’aller vers les commerçants pour leur soutirer de l’argent. Durant deux mois, elle part de bijouterie en bijouterie pour les contacter et se faire de l’argent pour une personne qui n’est pas connue. Malheureusement, la personne qui l’a contactée n’a pas été alpaguée. Elle a dit que la personne lui remettait chaque mois 100 000 à 200 000 Fcfa. Toutes les victimes sont parties se plaindre à la Sonatel. Le montant du préjudice se chiffre à plus de 2 millions Fcfa pour la Sonatel», affirme le conseil de la partie civile qui réclame le franc symbolique.
Selon Me Bamba Cissé qui assure sa défense, la prévenue vient tout juste d’entrer dans la cour des grandes. «Elle a agi sous la contrainte d’Angela Gomis. Elle a mis à la disposition de l’enquête la capture d’écran de ses discussions avec la dame. C’est une cause de non-imputabilité. On lui a proposé d’être une escort-girl. Angela Gomis lui a proposé de se prostituer. On lui a envoyé une vidéo où son père était nu. Pour sauver l’honneur de sa famille, elle a accepté d’exécuter des ordres. Elle doit faire le baccalauréat. Elle n’a pas agi parce qu’elle était cupide, elle a agi pour sauver l’honneur de sa famille. Elle n’est pas mature. Si vous estimez qu’il y a escroquerie sur les commerçants, dispensez-la d’une peine ferme», a plaidé Me Cissé qui sollicite aussi une application bienveillante de la loi. Le juge a déclaré la fille coupable d’escroquerie avant de la dispenser de peine.