«LE PLUS TRISTE JOUR DE MA CARRIERE D’ENTRAINEUR EST L’ELIMINATION DU SENEGAL EN 1992»
Claude Leroy et Aliou Cissé sont les seuls sélectionneurs à avoir la chance de diriger le Sénégal dans deux phases de coupe d’Afrique des nations. Le français en 1990 et 1992. Le Sénégalais en 2017 et 2019.

Mais Claude Leroy, c’est aussi l’un des plus grands défenseurs du football africain. Dans cet entretien accordé aux envoyés spéciaux de Sud Quotidien, il déplore le diktat des clubs européens sur la CAF suite au changement de la périodicité (de janvier-février alors à juin-juillet maintenant) et son lot de conséquences (blessures, chaleur etc.). Revenant également sur son parcours à la tête des Lions, il avoue que l’élimination du Sénégal en quarts de finale en 1992, reste le jour le plus triste de sa carrière. Non sans tenter de donner les clés du match Ouganda-Sénégal, prévu demain vendredi 5 juillet.
«Je comprends à quel point les Sénégalais sont difficiles à gérer et exigeants. Je connais ce pays très bien pour l’avoir coaché pendant 4 ans malgré une énorme déception. Quand j’étais à la tête de cette équipe, après une élimination en quart de finale à domicile (lors de la CAN 92 au Sénégal) je le répète encore, c’était mon jour le plus triste de ma carrière d’entraineur».
«SADIO MANE EST UN JOUEUR EXCEPTIONNEL»
«Le Sénégal a trouvé de la qualité lors de son dernier match. Ils sont passés à travers contre l’Algérie (défaite 1-0) qui est une grosse équipe. Par contre, j’’ai bien aimé la réaction de Sadio Mané lors du match face au Kenya qui ne parvenait pas retrouver ses marques en début de match surtout avec le pénalty raté. Petit à petit, il est revenu dans le match avec un but marqué alors que d’autres joueurs ont tout fait pour le déstabiliser. Ce n’était pas très adroit. Quand un joueur est en plein doute, il faut de la confiance. Mais au moment du pénalty, on a vu d’autres joueurs vouloir prendre le ballon pour le tirer. Il est resté ferme. Je suis très content pour lui. C’est un joueur exceptionnel qui a aussi besoin de se rafraichir mentalement après une saison aussi longue. Les deux buts marqués face au Kenya vont faire beaucoup de bien à Sadio Mané».
«FACE A L’OUGANDA, LE SENEGAL DOIT GARDER LE MEME ETAT D’ESPRIT QUE CELUI CONTRE LE KENYA»
«Le Sénégal a de grands joueurs qui ont fait beaucoup de campagnes. Même si une affiche contre l’Ouganda ne fait pas beaucoup parler d’elle, contrairement à une rencontre face à la Tunisie, l’Algérie entre autre. L’Ouganda, c’est une superbe équipe avec un bon gardien dans les buts que je qualifie de meilleur dans ce tournoi. J’ai l’habitude de dire que c’est les grands gardiens qui font gagner leur équipe. Donc, le Sénégal devra faire très attention. Parce que si leur gardien de but titulaire joue, ils sont bien organisés sur le plan tactique. C’est au Sénégal de garder le même état d’esprit que face au Kenya. Un état d’esprit conquérant avec l’envie de marquer des buts. Sur la différence de valeurs, il n’y a pas photo entre l’Ouganda et le Sénégal. A valeur égale, performance, envie et concentration, le Sénégal se qualifiera en quart de finale».
«IL FAUT ETRE UN PHENOMENE POUR TENIR PLUS DE 4 ANS A LA TETE DE L’EQUIPE DU SENEGAL»
« L’expérience vient au fil des compétitions. Quand j’ai démarré à la tête des Lions indomptables, j’avais 36 ans. Et cela ne m’a pas empêché de faire une première Coupe d’Afrique des Nations. C’est lors de mon 14ème match de phase finale que j’ai connu ma première défaite (avec le Sénégal contre l’Algérie à Alger). Bien au contraire, depuis qu’Aliou Cissé est à la tête de cette équipe, il a accumulé beaucoup d’expérience. Plus ça va aller, mieux, il sera. Il faut bien être un phénomène pour tenir 4 ans à la tête de cette équipe du Sénégal. Et Aliou Cisse en est à sa 5ème année. Le Sénégal est un grand pays de football. J’ai eu la chance de diriger à l’époque, une équipe formidable. Le Sénégal aurait pu être champion d’Afrique en 90 ou 92, malheureusement non. Il manquait un bon arbitrage contre l’Algérie (en 90). En 2002 aussi, c’est lors des tirs au but que le Sénégal a perdu en finale face au Cameroun. Donc, aujourd’hui, il faut reconnaître qu’Aliou Cissé est en train de faire un très bon travail même si ce n’est jamais facile quelque soit sa nationalité. Etre un entraineur sénégalais à la tête des Lions n’est jamais facile. Il accumule des performances et des miracles et ce n’est vraiment pas une tache facile».
«BOCANDE ETAIT UN CAPITAINE EXCEPTIONNEL»
«Si c’est du coté du Sénégal, c’est feu Jules François Bocandé qui m’a le plus marqué. Les gens disaient qu’il était ingérable. Mais durant les quatre années que j’ai évolué avec lui, il était un capitaine exceptionnel. De par sa générosité, sa chaleur humaine, sa bonté et son sens du partage. Il aimait certes faire la fête, mais à l’entrainement, il était toujours devant et travaillait dur. C’était terrible quand j’ai appris son départ (décès). Je pense très souvent à Jules. C’est quelqu’un sur qui on pouvait compter pour aller très loin. J’ai croisé Cheikh Seck (son ancien portier) hier (avant hier). Je suis heureux de les rencontrer. Pour faire ce métier, il faut aimer les joueurs. Et moi, j’aime les joueurs».