DERRIERE LES PARIS, LA RUINE
Le Centre Culturel Régional de Dakar (Blaise Senghor) a vibré au rythme de la Journée Internationale du Livre et du Droit d’Auteur, célébrée jeudi dernier.

Le Centre Culturel Régional de Dakar (Blaise Senghor) a vibré au rythme de la Journée Internationale du Livre et du Droit d’Auteur, célébrée jeudi dernier. Cette édition, qui coïncidait avec les "Jeudis Littéraires » une initiative mensuelle du centre a été marquée par la présentation de l’ouvrage "La Folie des Jeux d’Argent" du journaliste-écrivain Pape Samba Kane, suivie d’un panel et d’échanges avec des élèves venus de plusieurs établissements dakarois.
La directrice du centre, Mme Fatou Sène Dog, a ouvert l’événement par une allocution chaleureuse, soulignant l’importance du livre comme "vecteur de sensibilisation et de promotion de la lecture". Elle a rappelé la mission du centre de "créer des ponts entre auteurs et lecteurs", notamment à travers des activités comme les Jeudis Littéraires, organisés deux fois par mois.
Le clou de la journée a été la présentation de "La Folie des Jeux d’Argent", un livre-enquête de Pape Samba Kane qui dénonce les ravages sociaux et économiques des jeux d’argent, un fléau grandissant au Sénégal, particulièrement chez les jeunes. L’auteur, connu pour son engagement, a partagé son expérience : "Ces jeux sont aussi addictifs que la drogue. Ils détruisent des familles, poussent à la faillite, voire au suicide."
PANEL ET INTERVENTIONS MARQUANTES
Un panel modéré par Mme Noëlla Thiam a réuni des acteurs clés, dont le Professeur Khalifa Touré, critique littéraire, qui a salué la pertinence de l’œuvre : "Ce livre est un éveil des consciences. Il montre comment le numérique a amplifié ce fléau, avec des publicités ciblées et des applications accessibles en un clic." Les élèves, venus du Lycée Ousmane Sembène de Yoff, du Collège d’Excellence Birago Diop, du Lycée Billes de Niacoulrab et d’autres établissements, ont animé les débats par des lectures d’extraits et des questions percutantes. Fatou Diallo-Gay, élève au Lycée des Billes d’Excellence, a résumé l’essence du livre en trois questions : "Qui est Pape Samba Kane ? Pourquoi rééditer ce livre ? Quel message pour la jeunesse ?" D’autres élèves, comme Diéna Kamara et Mame Kati Faye, ont lu des passages poignants, illustrant des cas concrets de dépendance. "Aminata Bey, une jeune femme instruite, a tout perdu à force de fréquenter les casinos", a relaté Dalia, suscitant une vive émotion dans l’assistance.
ECHANGES ET PRISES DE CONSCIENCE
Les échanges entre l’auteur et le public ont mis en lumière l’urgence d’agir. Pape Samba Kane a insisté sur la responsabilité collective : "L’État doit durcir les lois, mais les parents, enseignants et médias ont aussi un rôle à jouer." Un élève a interrogé : "Pourquoi cibler les jeunes ?" L’auteur a répondu : "Parce qu’ils sont la cible privilégiée des promoteurs de jeux, via leurs téléphones." Le Professeur Khalifa Touré a ajouté une dimension philosophique, comparant l’addiction aux jeux à une "folie sociale" nourrie par le culte de l’argent. Il a appelé à "réinventer un consensus moral" pour protéger les jeunes. Un appel à l’action a clos la journée. Mme Sène Dog a annoncé la pérennisation des Jeudis Littéraires et invité les éditeurs, comme l’Association Sénégalaise des Éditeurs représentée par Mme Aminata Sy, à soutenir davantage les auteurs locaux.
Pape Samba Kane a conclu sur une note d’espoir : "Ce livre est une arme. À vous, jeunes, de vous en emparer pour résister à cette folie." Une journée qui, au-delà de célébrer le livre, a permis aux enseignants de poser les problèmes dont souffre notre système éducatif. Les élèves lisent de moins en moins ont-ils déploré. Le journaliste d’investigation Pape Samba Kane a été distingué pour la qualité de son ouvrage, un chef d’œuvre.