EL HADJI MAMADOU FALL «ARCHI», CE QUI MANQUE A NOS INGENIEURS BTP
L’expert de 40 ans d’expérience va publier «Les Techniques Quantitatives de Gestion appliquées au secteur du BTP»

El Hadji Mamadou Fall dit « Archi » fascine dès le premier contact. S’il reste inconnu du grand public parce que fuyant les médias et les mondanités, l’homme fait référence dans le domaine du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) de ce pays. Un genre baroudeur puisque, pendant plus de 44 ans, il a été de ceux qui ont construit notre pays avec une excellente réputation dans le milieu des professionnels et un profil d’expert de très haut niveau dans le BTP. Il ouvre une liste majestueuse de réalisations au sein de l’ex-entreprise EGCAP (I. RICHETTI), comme les chantiers de la BCEAO-Siège, BCEAO agence, la BHS, tous les immeubles des défunts milliardaires Djily Mbaye et Ndiouga Kébé Kébé, etc. Ce natif de Thiès, condisciple du ministre Pr Moustapha Sourang et du Pr de lettres à l’UCAD Amadou LY, se porte comme un charme sur ses 70 ans qu’il célébrera en avril prochain. Ses deux tranches de vie, professionnelle et universitaire, s’imbriquent harmonieusement. L’une adossée à plus de 40 ans dans les entreprises de construction, les bureaux d’études techniques et les cabinets d’architecture. L’autre, à la transmission de connaissances et d’expériences à travers l’enseignement, pendant 25 ans dans les grandes écoles du pays comme : SUP de Co, ISM, Ecole Supérieure Polytechnique, HECI-Dakar, IRMAP de l’ARMP, mais aussi dans son propre institut créé en 2004 à savoir l’Ecole Supérieure des Travaux Publics (SUTP) sise au quartier Latin du Sénégal, le Point E. Malgré sa passion pour la technique et les sciences, Mamadou Fall n’en est pas moins un écrivain qui a publié une œuvre poétique préfacée par le Pr Amadou Ly. Cependant, son écriture n’avait jamais porté sur son parcours professionnel et académique. Il vient de corriger cet impair en publiant récemment l’ouvrage intitulé : « Les Techniques Quantitatives de Gestion appliquées au secteur du BTP (Entreprises et Ouvrages) »
Le film d’une vie bien remplie. La curiosité journalistique nous pousse à chercher à connaître l’origine du sobriquet « Archi ». Le directeur Général de SUTP soupire et fait découvrir une voix de stentor : « Archi, c’est un nom d’école quand j’étais à l’Ecole des Travaux Publics, j’étais relativement passionné, durant la première année, pour tout ce qui était projets d’architecture. C’est de là qu’est parti mon surnom archi qui est le diminutif d’architecte » explique le Dg Mamadou Fall. La passion pour la science, l’architecture et la technique vient de son père, surtout, horloger à Thiès. Camarade de promotion des éminents professeurs Moustapha Sourang et Amadou Ly au lycée Malick Sy de Thiès durant les années 1965, M. Fall a taquiné les lettres classiques notamment le latin, avec l’éminent Professeur Madior Diouf, durant son cycle secondaire. Le latin lui a donné la passion de la littérature pour arriver à être écrivain et poète (Lauréat du 4eme grand concours de poésie de la Francophonie et de l’Académie Florimontane d’Anneçy en France). D’ailleurs, le Pr Amadou Ly est resté son grand ami et a préfacé son recueil de poèmes édité par Harmattan-France.
Une carrière professionnelle à donner en exemple à la jeune génération d’ingénieurs
Mais laissons M. Fall parler de lui-même : « Pendant 40 ans, j’étais actif, essentiellement, dans le BTP. J’ai travaillé cinq ans dans l’administration des travaux publics de mon pays avant de rejoindre le privé, avec l’entreprise EGCAP, qui a construit les grands immeubles de ce pays. J’étais mêlé à tous les grands chantiers, à l’époque. En cette période des années 1980, il n’y avait, au Sénégal, qu’EGCAP qui était la plus grande entreprise de bâtiment, CDE et CSE étaient, encore, à leurs débuts. J’étais ingénieur des études à EGCAP où j’ai fait l’essentiel de ma carrière professionnelle. Ensuite, j’ai bénéficié d’une expérience professionnelle pluridisciplinaire pour avoir travaillé dans le grand cabinet d’architectes Jean-Paul Castanet puis dans le bureau de contrôle EAD avant de me mettre finalement à mon propre compte en créant une entreprise et un bureau d’études. J’ai eu la chance d’accompagner plusieurs projets à leur création tels que l’AGETIP, l’AATR devenu AGEROUTE, le PNIR, l’ADM, l’ARMP, etc. » Il faut noter, à ce titre, que l’éminent Ingénieur polytechnicien Youssouf SAKHO, qui a préfacé le présent ouvrage, a effectué son stage professionnel avec Mr FALL, au sein de l’entreprise EGCAP dans les années 1980. Titulaire également d’un MBA en Finances, Mr FALL a enseigné dans toutes les grandes écoles de Management et d’ingénieurs de son pays, et au finish, il a créé son propre institut appelé Ecole Supérieure des Travaux Publics en 2004. Diverses promotions d’ingénieurs sont déjà sorties avec comme parrains : Youssou SAKHO, Yoro FALL, Gérard SENAC d’Eiffage, Bara TALL, etc. Plus de 50% des étudiants sont des étrangers ; notamment des Gabonais, des Congolais, des Burundais, des Comoriens, des Mauritaniens, des Tchadiens, etc. Certains évoluent au Canada, en France et même dans les Emirats Arabes Unis.
« Les Techniques Quantitatives de Gestion appliquées au secteur du BTP (Entreprises et Ouvrages) »
Pourquoi un tel ouvrage ? « Je me suis rendu compte en enseignant notamment à l’Ecole Supérieure Polytechnique et dans les grands instituts, que les élèves-ingénieurs étaient très bien formés sur le plan théorique, surtout, en mathématiques et en sciences. Ainsi, ils ont tellement d’outils qu’ils n’utilisent pas de façon optimale. L’exemple est le suivant : ils connaissent tous l’équation de LAGRANGE, les fonctions linéaires et affines, les méthodes de DUPONT DE NEMOURS et de MONTE CARLO, la VAN, le TIR, le PAY-BACK TIME, etc…. mais ils ne s’en servent pas de façon optimale dans leurs pratiques quotidiennes. A ce titre, je vous cite un exemple : le Calcul des rendements d’échelle dans la réalisation d’ouvrages de BTP en série avec la fonction COBB DOUGLASS permet à l’ingénieur de dire à son Chef d’entreprise déjà titulaire d’un marché initial, s’il doit accepter ou non, des travaux supplémentaires, chose courante dans le secteur BTP. Aujourd’hui, on parle du programme de 100.000 logements, si un entrepreneur est titulaire au départ de 100 logements à faire et qu’il termine dans les délais à la satisfaction de son client ; celui-ci lui propose 50 logements supplémentaires. La question à résoudre est : chaque unité de logement supplémentaire permet-elle de gagner plus, moins, ou le même bénéfice ?
La fonction COBB DOUGLASS permet à l’ingénieur de calculer les rendements (croissants, décroissants, ou constants à l’échelle). La difficulté maintenant, pour l’ingénieur, c’est de bien élaborer sa fonction de production et la mettre sous une forme COBB DOUGLASS appropriée ». Et Mamadou Fall Archi d’ajouter que «l’ouvrage s’oriente davantage vers les aspects de gestion car énormément d’entreprises tombent en faillite en moins de 5 ans, ou considèrent qu’elles ne gagnent pas assez d’argent. Dès lors, il faut mettre en place un dispositif idoine pour corriger cette anomalie. L’entrepreneur n’a pas le même rôle que l’ingénieur. Ce dernier est là pour la qualité, la solidité des ouvrages essentiellement, mais l’entrepreneur est plus orienté vers le gain de l’argent. Il faut alors concilier les deux, car un projet d’infrastructure doit être viable économiquement et techniquement. Ainsi cet ouvrage : « Techniques Quantitatives de Gestion appliquées aux BTP » s’applique aux entreprises qui ont la responsabilité de surveiller leurs bilans, leur mode de management et tous les aspects de gestion pure. Par ailleurs les ouvrages doivent être construits de façon optimale, cela veut dire dans le respect des conditions techniques, technologiques, économiques et financières ».
Sur la qualité des ouvrages
« Normalement il ne devrait pas y avoir des ouvrages qui meurent prématurément. Pourquoi ? Parce qu’il y a un dispositif qui est en place et qui lutte contre cela notamment grâce aux bureaux de contrôle qui font des rapports en direction des compagnies d’assurance pour la garantie décennale. Vous avez entendu parler d’Alpages, de Véritas, de Socotec, etc.
Dans le code de la construction, les entreprises sont assujetties à souscrire une police d’assurance décennale sur la base d’un rapport de définitions de risques établi par un bureau de contrôle. Ainsi, si tous les professionnels du BTP respectent les règles, théoriquement, il ne doit pas y avoir d’ouvrages qui se détériorent prématurément » tonne El Hadji Mamadou FALL « Archi ».