LES PIÈGES DE LA DEPARTEMENTALISATION DE KEUR MASSAR
Toute césure pourrait influer négativement sur le contrôle par la majorité de la grande banlieue dakaroise de Pikine, alors que de scrutins cruciaux se profilent à l’horizon

Vivier électoral très puissant et bastion du régime actuel, Keur Massar est devenu un territoire incontournable dans le département de Pikine. Toute césure pourrait influer négativement sur le contrôle par la majorité de la grande banlieue dakaroise de Pikine, alors que de scrutins cruciaux se profilent à l’horizon.
En outre, un nouveau découpage entrainerait forcément des bouleversements non négligeables, aussi bien sur les élections locales que législatives. Amadou Sène Niang attire l’attention : ‘’Si on détache une partie de Rufisque, à moins que le décret qui crée le département n’indique que la date d’effet est prévu aux prochaines échéances électorales, le Conseil départemental de Rufisque va être dissout d’office.’’
Au-delà de cette conséquence plus ou moins bénigne pour les législatives, cela provoquerait également une redistribution du nombre de députés par département. L’alternative est simple. Soit l’Etat maintient le même nombre de députés et diminue le quota de certains départements pour pourvoir le nouveau, soit il augmente le nombre de députés aux fins de pourvoir le futur nouveau département. Autant de pièges qui s’attachent à ce projet, dont la réalisation risque de ne pas être pour demain.
Les avantages de la départementalisation
Dotée d’une personnalité morale et dirigée par une assemblée élue au suffrage universel, le département jouit d’une autonomie financière et comporte un certain nombre d’avantages. Il y en a deux principalement, enseigne Amadou Sène Niang.
D’abord, une fois que le département est créé, des services déconcentrés vont être érigés à Keur Massar : Urbanisme, Hygiène, Trésor, Préfecture, Sous-Préfectures… Cela permettrait, selon lui, de rapprocher l’Administration des administrés. ‘’L’autre avantage, signale le spécialiste, est que les populations de Keur Massar vont s’administrer librement en élisant leurs conseillers départementaux. ‘’Au Sénégal, affirme l’expert, l’Etat privilégie souvent, en matière de découpage, l’argument démographique sur les autres. C’est le cas pour Keur Massar. Le principal argument est que c’est une commune qui fait 600 000 habitants. Je dois rappeler que pour la création d’une commune, c’est au minimum 1 000 habitants’’. Mais cette approche devrait-elle primer sur celle de la viabilité économique ? Il rétorque : ‘’Moi, je suis pour les approches combinées avec un savant dosage. Il faut mettre un terme à ces découpages administratifs qui ne répondent qu’à des préoccupations politiciennes.’’
En ce qui concerne les communes qui ne sont pas viables, l’expert en décentralisation préconise l’application de la loi. Celle-ci, à l’en croire, prévoit que ‘’si la commune n’est pas financièrement viable, au bout de quatre ans successifs, elle peut être supprimée et rattachée à une ou d’autres communes’’.