AMADOU BA RELEVE LE PARADOXE DE SOCIETES MINIERES PROSPERES DANS UN ENVIRONNEMENT DE PAUVRETE
Présidant le lancement de la 7ème édition du salon international des mines, e Premier ministre a haussé le ton contre les sociétés minières qui ont, selon lui, l’obligation de verser toutes les redevances qui leur incombent.

Rien qu’entre 2020 et 2021, les sociétés minières ont connu une valeur ajoutée de 730 milliards de frs. Seulement cette prospérité du secteur extractif ne profite guère aux populations vivant dans l’environ des sites d’extraction de ressources minières. Lesquelles vivent dans une pauvreté incompréhensible. Cet état de fait a été dénoncé hier par le Premier ministre Amadou Ba. Il présidait la cérémonie de lancement de la 7ème édition du Salon International des Mines (SIM) au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD). A cette occasion, le Premier ministre a haussé le ton contre les sociétés minières qui ont, selon lui, l’obligation de verser toutes les redevances qui leur incombent.
Amadou Ba a été très clair hier. Les populations environnantes doivent bénéficier des retombées significatives des sociétés minières. Les récents événements de Khossanto, dans la région de Kédougou, nés d’une revendication d’un recrutement conséquent de la main d’œuvre locale non qualifiée et qui avaient provoqué la mort de deux personnes, plusieurs blessés graves et de nombreuses arrestations constituent la dernière manifestation des rapports difficiles entre les populations et les entreprises du secteur extractif. Un secteur extractif qui croule pourtant sous les profits et peut aider d’une manière conséquente les populations environnantes. Hier, le Premier ministre a présenté un tableau reluisant du secteur minier qui, en 2021, a contribué à hauteur de 4,8 % du PIB. La production totale des produits miniers (ciment, acide phosphorique et engrais) est passée de 1 142 milliards en 2020 à 1 508 milliards en 2021 soit une hausse de 24 %. Cette production était essentiellement portée en 2021 par l’or avec 512 milliards soit 34% de la production totale, suivi du ciment, évalué à 341 milliards soit 22 %, l’acide phosphorique avec des revenus de 298 milliards soit 19%, des phosphates avec 79 milliards (5,3%), d’ilménite avec 74 milliards(5,1%) et du zircon 62 milliards(4,1%). La valeur ajoutée du secteur extractif est passée de 598 milliards en 2020 à 730 milliards en 2021 soit une hausse de 22%. Selon toujours le Premier ministre, l’effectif de la main d’œuvre dans le secteur minier industriel est passé de 9 508 à 11 213 travailleurs entre 2020 et 2021, pour une masse salariale de 101 milliards. Le secteur minier artisanal, quant à lui, emploie environ 30 000 personnes. Concernant les recettes fiscales du secteur extractif, elles s’élevaient en 2021 à 206 milliards (dont 190 milliards pour le secteur minier), soit 8% (dont 7,4% du secteur minier) des recettes budgétaires hors dons de l’État.
De belles performances que le Gouvernement va renforcer grâce au rééquilibrage de la gouvernance de nos ressources, par le maintien de l’attractivité et la promotion d’un partenariat mutuellement avantageux entre l’État, les investisseurs et les communautés hôtes. Sur ce point précis, le Premier ministre Amadou BA a insisté sur la dynamique d’émergence impulsée par le Président Macky Sall pour un mieux-être social basé sur une redistribution équitable des fruits de la croissance.
Des entreprises minières prospères dans un environnement de pauvreté absolue
« L’exploitation de nos ressources doit se faire dans un cadre de bonne gouvernance et de développement durable. Elle doit aussi contribuer à asseoir une dynamique de croissance pouvant générer de meilleures conditions de vie par la création d’un cadre favorable à la formation et à l’emploi des jeunes. Elle doit être sous-tendue par une transparence sans équivoque. C’est pourquoi, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a engagé le Gouvernement à publier l’ensemble des conventions et contrats miniers signés afin de permettre à tout Sénégalais qui le souhaite, d’avoir la bonne information et d’instaurer un climat de confiance entre les acteurs » a insisté le Premier ministre. « Les entreprises minières doivent comprendre qu’il est inacceptable de les voir prospérer alors que les communautés environnantes sont appauvries. Si les ressources naturelles, conformément à notre Constitution, appartiennent au peuple, leur exploitation doit assurément bénéficier aux communautés impactées et leur assurer une vie après la mine » a déclaré le Chef du Gouvernement avant de préciser que « toutes les sociétés minières sans exception sont assujetties au paiement de cette redevance, qui vient compléter les fonds d’appui et de péréquation dont bénéficient déjà les collectivités territoriales et qui correspondent à 20% des redevances minières, taxes superficiaires et droits d’entrée collectés annuellement » a poursuivi le Premier ministre.
Se félicitant de l’accessibilité du Cadastre minier à tous, il s’est ensuite réjoui de la reconnaissance par la communauté internationale des efforts du Sénégal en matière de bonne gouvernance des ressources naturelles, et a magnifié la tenue, à Dakar, de la dernière Conférence mondiale de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE), une première en Afrique.
A ce titre, le Premier ministre Amadou BA a réitéré l’invite du chef de l’Etat qui appelle à une meilleure implication du secteur privé national et de la société civile afin qu’il y ait une synergie d’actions autour des politiques sectorielles à forte valeur ajoutée pour l’emploi des jeunes, la formation aux métiers connexes, le contenu local et le progrès social.
Selon lui, c’est tout le sens de la loi 2016- 32 du 8 novembre 2016 portant Code minier qui a institué un Fonds d’Appui au Développement local alimenté annuellement à hauteur de 0,5% du chiffre d’affaires hors taxes des sociétés titulaires de titres miniers en phase d’exploitation, de contrats de partage de production ou de contrats de services.