AMADOU HOTT VEUT MISER SUR LE SECTEUR PRIVE ET INFORMEL
Afin d’éviter une récession du fait de la chute de la croissance économique, le Sénégal par le biais du Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération a mis sur pied un Plan de relance économique.

Prenant part à un webinaire organisé le 23 juillet dernier par The Africa CEO Forum sur le thème « Dette : quelle stratégie pour préserver les intérêts de l’Afrique en long terme ? », le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a émis le souhait de faire du secteur privé national et de l’informel des pans essentiels dans son plan de sortie de crise afin de relancer l’économie sénégalaise. En outre, Amadou Hott a milité pour le rabaissement des taux d’intérêts sur la dette publique africaine jugée trop élevée.
Le Coronavirus a complètement mis la machine économique sénégalaise et mondiale à genou. C’est pour cela qu’afin d’éviter une récession du fait de la chute de la croissance économique, le Sénégal par le biais du Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération a mis sur pied un Plan de relance économique.
Ainsi, d’après Amadou Hott, la Covid-19 est une opportunité pour repenser les priorités des pays africains, notamment celles du Sénégal. A cet effet, indique-t-il, le Sénégal compte, dans le cadre de la relance de son économie, accélérer la loi sur les partenariats publics-privés. Car il reste convaincu que le secteur privé national doit jouer pleinement son rôle dans la transformation économique de notre pays. C’est pour cette raison, estime-t-il, que la relance va passer par l’investissement privé qui va être stimulé en partenariat avec les banques commerciales, des structures de microfinance parce qu’il ne faut pas aussi oublier que le secteur informel est une réalité dans nos pays. « Le secteur informel, c’est plus de 80% dans le tissu économique de beaucoup de pays. Il faut également travailler avec ce secteur pour le formaliser davantage. Formaliser ne veut pas dire que ce secteur va payer plus d’impôts. Mais c’est simplement pour que ce secteur puisse être identifié par l’Etat », a déclaré le ministre sénégalais en charge de l’Economie, du Plan et de la Coopération, en marge de ce webinaire. Parce que, ajoute-t-il, les outils dont dispose l’Etat la plupart du temps nécessitent une certaine formalisation.
Et, poursuit-il, dans ce cas, il est plus facile pour l’Etat d’appuyer une entreprise en cas de crise comme celle de la Covid-19. « Nous allons aussi soutenir le secteur privé informel avec des appuis directs comme l’ont fait certains pays, mais aussi à partir des lignes de financements structurées avec les microfinances, les sociétés de services financiers décentralisés », s’est-il engagé. Par ailleurs, dit-il, à l’instar de beaucoup de pays, il faut que le Sénégal consomme plus localement, transforme davantage ses produits et qu’il assure plus de souveraineté dans certains produits stratégiques.
En outre, fait savoir le ministre, dans le cadre de la relance, un programme quinquennal pour rehausser les plateaux médicaux et faire disposer au Sénégal des hôpitaux de niveau 4 et 3 est en cours et va être validé prochainement sur le plan sanitaire. Et parmi le paquet de réformes proposées, selon Amadou Hott, il y a une partie qui concerne l’industrie pharmaceutique pour la rendre plus compétitive et aider les investisseurs privés à investir plus facilement dans ce secteur. Par ailleurs, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération mise également sur la mobilisation des ressources en interne. Il s’agit d’abord, assure-t-il, du côté des recettes d’élargir l’assiette fiscale de l’Etat et de mobiliser l’épargne nationale. C’est-à-dire de convertir une épargne en des financements à long terme. D’ailleurs, renseigne Amadou Hott, dans le cadre du redémarrage des activités économiques, le Sénégal va dans le sens de mettre en place un fonds commun de placement à long terme, pour prendre des participations au côté du secteur privé, dans des projets structurants qui sont moins risqués et qui peuvent mobiliser l’épargne nationale.
PASSER SOUS LA BARRE DES 4% POUR LE TAUX D’INTERET SUR LA DETTE
A en croire le ministre, pour atteindre ce but, il faut d’abord une gestion saine de nos économies et des mesures permettant davantage d’obtenir une meilleure efficacité de la dette et de pouvoir surtout mobiliser des ressources en interne. « Si nous continuons à travailler davantage et à augmenter la mobilisation de recettes intérieures et en la rendant beaucoup plus vigoureuse, à avoir des croissances économiques importantes et à payer les services de la dette sans faire défaut, il n’y a pas de raison que la prime de risque ne baisse pas », a martelé M. Hott.
Mieux, ajoute-t-il, il n’y a pas de raison que l’Afrique paye toujours des primes de risques aussi élevées. Toutefois, indique-t-il, c’est en continuant ce travail qu’on va espérer obtenir une baisse drastique des taux d’intérêts. Ce qui va permettre aux pays africains, dit-il, d’accéder directement au marché à des taux beaucoup plus réduits. Et pour cela, il faut lutter contre l’évasion fiscale, formaliser davantage notre économie et élargir l’assiette fiscale. Par contre, ce qui est anormal, à ces yeux, c’est que les pays remboursent leurs dettes quelles que soient leurs difficultés.