IL FAUT AIDER LE SOLDAT BASSIROU KÉBÉ, DG DE LA SNHM
EXCLUSIF SENEPLUS - Le patron de la Société nationale des HLM mène un combat solitaire contre les spoliateurs fonciers qui s'emparent des terrains de ses clients. Mais il ne peut pas tout faire seul

Les Américains disent que toute politique est locale. Le citoyen juge l’Etat sur la base de ses actions qui ont un impact directe sur sa vie de tous les jours. Le président Bassirou Diomaye Faye ferait mieux de comprendre cette vérité. Les Sénégalais l’ont élu, et bien élu, parce qu’ils en avaient assez de la corruption, de l’arbitraire, de l’injustice et du mépris dont ils ont soufferts sous le régime finissant du président Macky Sall. Ils voulaient être gouvernés autrement. Mais un an depuis son élection, pour beaucoup de citoyens, très peu a changé dans leurs rapports quotidiens avec l’appareil d’Etat. Les Sénégalais apprécient les efforts du gouvernement dans le domaine “macropolitique” comme le combat contre la délinquance à col blanc, les nouvelles orientations de la politique publique et les améliorations dans le fonctionnement de la justice, mais ils restent sur leur faim quant à l’impacte de ces efforts sur leur vie de tous les jours.
Cette déconnection entre l’action gouvernementale et les problèmes quotidiens des Sénégalais est particulièrement lancinante dans le domaine du foncier. L’opinion se réjouit de l’action de la justice concernant le carnage foncier perpétré par certains protégés du régime déchu, mais elle s’indigne de l’inaction sur les multiples autres “petits” carnages fonciers qui affectent les citoyens ordinaires.
Il y a quelques jours, le Directeur Général de la SNHLM, M. Bassirou Kébé, a fait une sortie courageuse dans la presse, pour en partie, dénoncer le silence des autorités sur les actions délictuelles de véreux qui se sont emparés des terrains appartenant à ses clients. Le Directeur Général a évoqué ce qui se passe au niveau des lotissements des Parcelles Asssainies Keur Massar-Rufisque, Njakhiraat, à Thiès et au niveau d’autres localités. Dans les deux premiers lotissements cités, la SNHLM a bénéficié de terrains alloués par l’Etat et a dépensé des milliards pour les viabiliser avant de les vendre à ses clients. Pour ce qui est de Keur Massar, des individus se sont permis simplement de revendre aux tiers des parcelles déjà attribuées aux clients de la SNHLM. A Njakhiraat, les délinquants ont fait pire. Ils ont procédé à leur propre remorcellement sans disposer du plan de situation du site de sorte que les bornes de la SNHLM sont superposées à leurs propres bornes, créant un chaos indescriptible avec des parcelles qui se chevauchent, des rues et places publiques sont morcelées, et des poteaux électriques qui se retrouvent au milieu de certaines parcelles.
Des citoyens sénégalais qui sont aujourdui au bord de la retraite et qui ont épargné toute leur vie pour acheter une parcelle, des emigrés et des veuves sont laissés à eux-mêmes. Pourtant les coupables sont bien connus. Certains d’entre-eux ont été emprisonnés pour quelques mois mais ont continué de plus belle leurs crimes apres leur libération.
Le DG de la SNHLM a bien expliqué comment un réseau de complices qui inclut des autorités municipales, administratives, policières et judiciaires protègent les délinquants fonciers et empêchent les honnêtes citoyens de récupérer leurs parcelles spoliées.
Dans quel pays sommes nous où des citoyens défient l’Etat si ouvertement et si impunément et avec la complicité de démembrements de ce même Etat? Si le DG de la SNHLM est au courant de la situation, cela signifie que les ministres de l’intérieur, de l’urbanisme, de la justice et le premier ministre sont également informés ou devraient l’être. Comment expliquer alors leur inaction? S’agit-il d’incompétence, d’indifférence ou de complicité ? M. Kébé qui abat un travail extraordinaire dans des circonstances difficiles a besoin du soutien de l’Etat. Il est le modèle de gestionaire dont le governement a besoin. Un directeur général qui embrasse la transparence, respecte le contrat économique et moral qui le lie a ses clients, et se bat seul, avec courage, contre l’injustice, même avec des moyens limités.
Le gouvernement doit descendre de la stratosphère politique où il est confiné pour déployer ses actions sur le terrain de la vie réélle. Tout ce qu’on lui demande c’est de restaurer l’Etat de droit en faisant respecter la loi. Son avenir politique dépendra de sa capacité à résoudre les problèmes quotidiens du plus ordinaire des citoyens.