«AUCUN OPERATEUR NE PEUT LANCER UNE NOUVELLE GRILLE TARIFAIRE SANS INFORMER L’ARTP»
Mountaga Cissé, consultant, blogueur et formateur en nouveaux medias, se prononce sur la bataille des offres illimix entre opérateurs télephoniques

Quelle lecture faites-vous de cette guerre des offres?
Je trouve cette guerre des offres très normale dans la mesure où nous sommes dans un environnement fortement concurrentiel. Les opérateurs ont intérêt à rivaliser d’imagination pour tirer le meilleur profit dans leur démarche de recrutement de nouveaux clients. Toujours est-il que le rapport qualité/prix doit être au rendez-vous pour chaque offre. Le régulateur demande à un opérateur de suspendre ses offres illimix.
Quelle lecture vous en faites?
Je pense que la sortie du régulateur est insensée. Le communiqué qu’il a diffusé ne précise aucun fondement règlementaire ou juridique. Si le régulateur affirme le contraire, on aimerait bien qu’il l’énonce. La preuve, l’opérateur incriminé a pris au mot la demande du régulateur en promettant seulement la poursuite des discussions. Donc je ne vois aucune obligation pour lui de surseoir à ses nouveaux tarifs. Si le régulateur avait bien joué son rôle, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Aucun opérateur ne peut lancer une nouvelle grille tarifaire sans l’en informer. Cela veut dire que l’opérateur en question a d’abord obtenu un feu vert avant d’informer ses clients. Mais cela n’empêche pas le consommateur de se plaindre et de saisir l’autorité chargée d’assurer sa défense. Si le régulateur reçoit des plaintes des consommateurs, il a l’obligation de se pencher dessus et de trancher, mais toujours en application de la réglementation en vigueur.
Cette guerre ne montre-t-elle pas que les prix pratiqués peuvent être encore plus bas?
Cela dépend du type d’offre. Prenez par exemple les énormes promotions que les opérateurs proposaient, il y a quelques années. À un moment donné, on avait tous compris que les tarifs en vigueur pendant les périodes de promotion pouvaient être les vrais tarifs à appliquer sur le marché. Le régulateur a donc pris une décision en 2019 pour un meilleur encadrement de ces promotions. Nous sommes dans un marché dicté par la loi de l’offre et de la demande. Lorsqu’en octobre 2019, Tigo qui venait de changer de nom pour devenir Free avait une offre tarifaire alléchante, Orange était obligé de s’aligner un mois plus tard. C’est cela qui fait le charme de la concurrence. La toute-puissance de orange ne fausse-t-elle pas les règles de la concurrence ? Nous sommes dans un marché où on a l’impression de vivre un duopole. L’opérateur Free, challenger d’Orange, peine à faire évoluer ses parts de marché depuis pratiquement une décennie. Pendant ce temps, Expresso se plaît dans sa position de dernier du classement. Si ces deux opérateurs n’investissent pas massivement dans la qualité de leurs réseaux, ce sera le rapport qualité/prix qui restera de mise et donc malgré le coût élevé de certains forfaits, beaucoup de clients préféreront rester chez Orange.