DES VOIX S’ÉLÈVENT CONTRE LA NOUVELLE LOI SUR LES OGM
Vote en catimini d’une nouvelle loi ouvrant la porte aux OGM au Sénégal, Les organisations de la société civile, promouvant les droits des exploitations agricoles familiales et de leurs systèmes semenciers, sonnent l’alerte

La dynamique pour une transition agro-écologique, regroupant de nombreuses organisations de la société civile dont Cicodev et Enda Pronat, alerte sur le vote en catimini d’une nouvelle loi sur la biosécurité au Sénégal. Elle interpelle ainsi l’Etat en lui demandant de surseoir à sa promulgation le temps d’ouvrir un débat populaire autour de ce texte déjà voté par l’Assemblée nationale et permettant d’importer ou de mettre sur le marché sénégalais des Organismes Génétiquement Modifiés (Ogm).
Les organisations de la société civile, promouvant les droits des exploitations agricoles familiales et de leurs systèmes semenciers, sonnent l’alerte. Réunies autour de la dynamique pour une transition agro-écologique, les différentes entités membres ont signé une déclaration dans laquelle elles expriment leurs inquiétudes et leur indignation de la manière dont les députés sénégalais ont adopté, le 03 juin, à l’unanimité, sans débat et en procédure d’urgence, la nouvelle loi sur la biosécurité. Dans leur note dont «L’AS» détient une copie, il est indiqué que cette loi vient abroger celle qui assurait jusque-là une protection de la diversité biologique, et qui interdisait en même temps d’importer ou de mettre sur le marché des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM).
La dynamique de transition agroécologique regrette ainsi le processus d’élaboration de cette nouvelle loi qui ouvre la porte aux OGM au Sénégal. A l’en croire, cette loi n’a pas fait l’objet d’un vrai processus inclusif et participatif avec les différents segments de la société, en particulier avec les agriculteurs et une diversité de représentants de la société civile. Pour étayer son argumentaire, elle soutient qu’au niveau international, de nombreuses recherches et expérimentations ont fini de renseigner sur les risques sanitaires, économiques et environnementaux que représentent les OGM. Selon elle, l’exemple du coton Bt au Burkina Faso est assez révélateur puisqu’il a fait perdre aux paysans cotonculteurs et à ce pays, respectivement leur principale source de revenus et d’importantes devises d’exportations. De plus, ajoute-t-elle, ces dernières années, les technologies utilisées pour modifier le génome ont montré des incertitudes quant à leurs effets à court et à long terme sur les individus et la biodiversité.
«LE MINISTERE DE L’AGRICULTUREET L’AGENCE NATIONALE DE BIOSECURITE ETAIENT DEJA MIS EN GARDE»
La dynamique de transition agroécologique indique par ailleurs que depuis 2015, elle interpelle le ministère de l’Agriculture et l’Agence Nationale de Biosécurité (Anb) pour que le gouvernement du Sénégal organise un débat national sur la question, en particulier avec les agriculteurs et les consommateurs qui sont concernés au premier plan, comme l’a suggéré l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (Andts) partagé lors de la Séance Académique Solennelle du 28 février 2017. Aujourd’hui, face aux risques que représentent les OGM sur la diversité biologique et la santé humaine et animale, et face au risque de faire perdre au Sénégal sa place de pays référence de l’agro-écologie, la dynamique de transition agro-écologique estime que l’Etat du Sénégal devrait surseoir à la promulgation de la loi sur la biosécurité en attendant qu’un débat populaire avec l'ensemble des acteurs soit réalisé autour de ce texte juridique, conformément aux exigences de l’article 13 de la Convention sur la biodiversité et de l’article 23 du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques. D’ailleurs, les différentes organisations membres de la dynamique de transition agro-écologique comptent tenir aujourd’hui un porter-presse pour enclencher le plaidoyer allant dans le sens de bloquer cette loi. Il faut noter que depuis les années 80, et en défense de la vie et de la démocratie, divers groupes d'intérêt du Sénégal promeuvent les droits des exploitations agricoles familiales et de leurs systèmes semenciers, et ont exprimé et continuent d'exprimer des préoccupations liées à l'utilisation et à la gouvernance des biotechnologies. Il s'agit des paysans, des pasteurs, des pêcheurs, des associations consuméristes, de collectivités territoriales, d'environnementalistes, de scientifiques et autres ONG spécialisées.
A en croire en définitive la dynamique de transition agro-écologique, ces derniers sont tous sont détenteurs légitimes de droits dans le pays, dont l'Assemblée nationale est censée être un mécanisme représentatif.