DIEMBÉRING, LE PARADIS PERDU DU TOURISME
Coin paradisiaque niché entre l’océan Atlantique et le fleuve Casamance, Diembéring se meut, aujourd’hui, dans la morosité. En cause, l’impact de la Covid-19 sur les activités touristiques

Coin paradisiaque niché entre l’océan Atlantique et le fleuve Casamance, Diembéring se meut, aujourd’hui, dans la morosité. La cause ? Évidemment l’impact de la Covid-19 sur le tourisme. Actuellement, les habitants s’en remettent à quelques activités de survie, comme le maraîchage et la pêche, en attendant des lendemains meilleurs.
Sur une distance de près d’un kilomètre des côtes de Diembéring, on aperçoit environ une dizaine de campements se dressant face à la mer. Ce jour-là, le grand bleu est très agité, avec des vents très forts et des vagues qui s’élèvent à plus de 10 mètres sous un soleil accablant. Sur la berge, notamment sous les campements dont certains sont situés sur les dunes de sable, c’est le grand calme. Sur le haut des collines de sable, on a une vue idéale sur l’océan et le village. Diembéring, « le beau village qui se mire au clair ruisseau et juché dans les feuillages parmi l’ombrage », comme l’a chanté Metzo Diatta, se dévoile dans toute sa splendeur.
Avec ses 1000 âmes composées essentiellement de Diolas autochtones et de pêcheurs nordistes qui y ont élu domicile depuis longtemps, cette commune casamançaise est un melting-pot ethnique. Les habitants vivent en parfaite harmonie depuis plusieurs décennies. Le rond-point, avec son grand fromager, est l’épicentre du village. C’est là que les taxi-clandos en provenance de Cap Skirring font demi-tour pour repartir sur Boucotte. L’endroit fait office de garage et de mini-marché aux airs de bazar : légumes, fruits et friperie s’y côtoient sur des étales à côté des boutiques. C’est le cœur du village.
« C’est ici que tout se passe ; je peux dire que la vie du village se résume à cette place », commente Joe Diatta, un jeune. Les jeunes du village s’y donnent rendez-vous pour échanger ou chercher un petit boulot journalier.
Mais, depuis plus d’un an, ces jeunes sont dans un désœuvrement total. Ils valsent entre oisiveté et précarité. Avec l’arrêt du tourisme, ils peinent à trouver de nouveaux créneaux faute de formation. Beaucoup n’ont même pas terminé le cycle secondaire. Le leitmotiv était d’arrêter tôt les études et venir chercher du travail dans les campements ou dans les hôtels. Aujourd’hui, c’est la galère. « Je cherche du travail depuis plus d’un an, mais difficile d’en trouver », déclare Léa Diatta, fraîchement bachelière. Certaines de ses amies sont devenues des domestiques au service d’Européens installés au Cap, Boucotte ou Kabrousse.
L’espoir d’une reprise du tourisme
Aujourd’hui, leur espoir est suspendu à la relance du tourisme. Dans cette perspective, René Diatta, un jeune d’une trentaine d’années, est en train de réhabiliter un campement à l’entrée du village. Ce campement est resté longtemps fermé. En l’absence de touristes étrangers, René cible les vacanciers locaux, leur proposant des prix allégés pour des séjours de courte durée. « Je veux en faire un espace pour enfants, en plus des chambres à coucher », dit-il. Avec une piscine, l’endroit a de quoi séduire les enfants, le temps d’un week-end.
Les travaux avancent bien. Pour les chambres, « c’est presque fini », dit-il. Trois chambres sur cinq sont déjà livrées.
Pascal Diédhiou, gérant d’un campement situé en face de la mer, est étendu sur un hamac. Il attend désespérément des visiteurs. « Nous vivons une période difficile », relate-t-il sur un ton sobre.
Certains s’inquiètent pour leur investissement. C’est le cas de Patrice Manga. « La situation est très compliquée pour nous qui avions beaucoup misé sur ce secteur. Imaginez, j’ai injecté beaucoup d’argent pour rendre plus attrayant mon site. Si la situation perdure, je ne sais pas ce que je deviendrais », lance-t-il d’une voix pleine de détresse.
Le maraîchage et la pêche, activités de survie
Pourtant avec son climat doux et sa terre fertile, Diembéring offre d’autres opportunités que le tourisme. Notamment le maraîchage. D’ailleurs, certains habitants du village s’adonnent à cœur joie à cette activité pour leur survie.
Quelques jardins appartenant au groupement d’intérêt économique de Diembéring et à quelques familles donnent au village un décor verdoyant. « C’est une activité qui rapporte pas mal », confie Raphael Diatta, un maraîcher, en dépit des difficultés qu’il rencontre pour l’écoulement de la production. La Fondation du Club Med est venue à la rescousse de ces maraîchers en achetant une partie de la production qu’elle a distribuée aux familles démunies surtout en cette période de pandémie où l’hôtel n’a pas ouvert ses portes. L’autre activité qui permet aux habitants de tenir, c’est la pêche artisanale. « C’est une activité qui, depuis longtemps, nous permet de subvenir à nos besoins et de vivre dignement », soutient Demba Ndiaye.