«IL FAUDRA ETRE TRES REGARDANT ET FAIRE DES ARBITRAGES AUDACIEUX»
Dr Seydina Oumar Seye, économiste à la Faseg se prononce sur la récession prévue en 2020 d'apres les prévisions de la Banque mondiale

D’après les prévisions de la Banque Mondiale, à cause du Covid-19, la croissance économique en Afrique subsaharienne passera de 2,4 % en 2019 à une fourchette entre -2,1 % et -5,1 % en 2020. Ce qui constituera la première récession dans la région depuis longtemps. Interrogé sur cette question, le Dr Seydina Oumar Sèye, économiste à la Faculté des sciences économiques et gestion de l’Ucad demande aux autorités étatiques d’être plus regardantes et de faire des arbitrages audacieux. Aussi suggère-t-il à l’Etat de développer des résiliences qui passeront par une combinaison optimale des politiques budgétaires et monétaires.
«La banque Mondiale avait annoncé dans un des rapports de Oxfam la récession de l’ensemble des économies du monde, plus particulièrement pour l’Afrique de l’ordre de -2,1% à -5,%. J’avais depuis le début de la crise annoncé la récession parce que c’est indéniable. Maintenant il dépendra de la capacité des pays à essayer d’atténuer l’impact du Covid-19. Cela veut dire que quel que soit alpha, on va aller vers la récession. Mais elle a des degrés. Il ne faut pas aller à des taux comme -10 ou -27%. La capacité des pays va être arrimée à ceux qui vont faire moins par exemple en dessous du seuil exécutif pour les taux de croissance. Des pays qui arriveront à faire – 2 % c’est souhaitable pour une éventuelle reprise. C’est l’économie réelle qui est frappée et quelles que soient les mesures prises pour confiner une population et que vous voulez relancer derrière, c’est indéniable.
La crise consécutive du Covid-19 et celle qui va en suivre, c’est-à-dire la crise économique et sociale en termes de drame, est dix mille fois plus légale que même des morts qui seront évitées au Covid-19. Il faudra être très regardant et faire des arbitrages audacieux. Cela demandera des mesures audacieuses au niveau des autorités étatiques en vue de ne pas aller à des degrés de récession qui vont présager des lendemains sombres. Il faudra développer des résiliences et ces résiliences passeront nécessairement par une combinaison optimale des politiques budgétaires et monétaires. Il faudra faire de telle sorte que l’économie ne soit pas à l’arrêt total, donc pour ne pas aller vers ces confinements totaux qui peuvent avoir des conséquences désastreuses. Pour moi, le maitre mot c’est de maintenir le cap et tenir économiquement et que l’économie de soit pas à l’arrêt ».