LA BANQUE MONDIALE PRONE L’ELARGISSEMENT FISCAL POUR CONFORTER LES PERSPECTIVES POSITIVES DU PAYS
Selon le rapport publié hier par la Banque mondiale sur la situation économique du Sénégal, les incertitudes nationales, régionales et mondiales sont élevées, faisant pencher les risques vers la baisse.

Saisir l’opportunité des réformes fiscales pour conforter les perspectives économiques positives du notre pays ! Les quatre dernières années, marquées par le Covid et les tensions politiques (émeutes mars 2021, 2024), n’ont pas été sans conséquences sur l’économie nationale. Selon le rapport publié hier par la Banque mondiale sur la situation économique du Sénégal, les incertitudes nationales, régionales et mondiales sont élevées, faisant pencher les risques vers la baisse. Les réformes fiscales peuvent accroître les recettes pour l’équité sociale.
Selon la Banque mondiale, en dépit des chocs multiformes, notre pays a relativement bien résisté. L’incidence de la pauvreté est resté relativement inchangé à 37,5 % en 2021/2022 contre 37,8 % en 2018/2019, malgré la pandémie. D’après le rapport, les Sénégalais pauvres restent concentrés dans les zones rurales et plus fortement dans le bassin arachidier. « La baisse observée de la consommation par habitant a été surtout ressentie par les ménages plus aisés. Le taux de croissance moyen des plus pauvres a été moins négatif que celui des plus aisés, ce qui a entraîné une diminution des inégalités aux niveaux aussi bien national qu’urbain et rural », estiment les auteurs du rapport.
Les raisons d’une stagnation des recettes fiscales au cours de la dernière décennie !
Comme les nouveaux dirigeants du pays, l’institution de Bretton Woods estime que l’amélioration de la mobilisation des recettes domestiques reste essentielle pour que notre pays puisse réaliser ses ambitions en matière de développement. D’après le rapport de la Banque mondiale publié hier, la croissance et le dynamisme des recettes fiscales du Sénégal se sont régulièrement améliorés au cours de la dernière décennie, surpassant ses pairs, mais les recettes restent en deçà de leur potentiel. Mieux, l’impôt sur le revenu des personnes physiques produit peu de recettes et sa contribution aux recettes fiscales totales a stagné au cours de la dernière décennie. Ceci en raison de l’étroitesse de l’assiette fiscale et de l’absence d’élan réformateur. Cependant, l’accélération des réformes de l’administration fiscale et des politiques visant l’IRPP peut contribuer à stimuler les efforts de mobilisation des recettes intérieures. Les perspectives restent globalement positives avec l’engagement des autorités pour des réformes structurelles majeures et l’amélioration de la transparence. Mais elles dépendent d’un solide engagement en faveur de la stabilité macroéconomique. Les réformes fiscales peuvent accroître les recettes pour l’équité sociale, selon la Banque Mondiale.
Les défis...
Il y a de quoi espérer en des lendemains qui chantent pour notre économie sénégalaise surtout avec l’apparition du premier baril de pétrole. Tout cela annonce de belles perspectives de réformer les recettes fiscales avec comme principal chantier l’élargissement de l’assiette fiscale. La BM note en tout cas que la croissance économique de notre pays s’est montrée résiliente en 2023 dans un contexte de tensions politiques conjuguées à une inflation persistante quoiqu’en baisse. Le dynamisme des secteurs primaire et secondaire a soutenu l’activité économique malgré des perturbations dans le secteur des services et une décélération de la croissance des exportations. Le taux de croissance s’est établi ainsi à 4.3%, en hausse par rapport aux 3,8% enregistrés en 2022. « La volonté des nouvelles autorités de renforcer la transparence de la gestion des finances publiques est une opportunité qui conforte les perspectives économiques positives du Sénégal à moyen terme. Ces perspectives demeurent néanmoins conditionnées sur le court terme par un engagement envers la consolidation budgétaire et la mise en œuvre de réformes transformatrices, piliers de la stabilité macroéconomique » souligne Keiko Miwa, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cabo Verde, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal.
L’importance des réformes fiscales et l’amélioration de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) !
L’ambition de la réduction du déficit fiscal, prévue en 2023, s’est concrétisée, entraînant ainsi un déficit de 5.1 % du PIB, légèrement supérieur à l’objectif de 4,9 %. « Les réformes fiscales et l’amélioration de l’impôt sur le revenu des personnes physiques peuvent accroître les recettes internes à travers un élargissement de la base fiscale et un renforcement de l’application du cadre légal. Ce, sans augmenter la pauvreté ou les inégalités » a ajouté Wilfried A. Kouame, économiste principal à la Banque mondiale et un des auteurs du rapport. Par ailleurs, selon toujours le rapport, l’informalité, l’étroitesse de l’assiette fiscale et l’application limitée de la législation entravent la capacité des impôts directs à augmenter les recettes et corriger les inégalités avant l’imposition. L’accélération des réformes de l’administration fiscale et des politiques visant l’impôt sur le revenu des personnes physiques peut contribuer à stimuler les efforts de mobilisation des recettes intérieures. Enfin, le rapport indique que l’incidence de la pauvreté au Sénégal est restée stable avec des différences régionales marquées, et une baisse notable dans certaines zones comme la vallée du fleuve Sénégal.