LA BCEAO RELÈVE DE 25 POINTS DE BASE LES TAUX DIRECTEURS
Maitrise des tensions inflationnistes dans l’Uemoa

Le dernier Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao) a tenu sa deuxième réunion ordinaire au titre de l'année 2022, par visioconférence sous la présidence de Mamadou Diop, vice-gouverneur de la Banque Centrale chargé de l’intérim. A l’issue de cette réunion, le Cpm a décidé de relever de 25 points de base les taux directeurs pour maintenir une politique monétaire accommodante.
Examinant la conjoncture économique dans l’Union économique monétaire ouest africaine (Uemoa), le Comité de politique monétaire (Cpm) a relevé la poursuite de la reprise de l’activité économique au premier trimestre 2022, avec une croissance du Produit intérieur brut (Pib) réel, en rythme annuel, de 5,6%, après 5,7% au trimestre précédent. Les prévisions tablent sur un Pib de l'Union en hausse en 2022 et 2023 de 5,9% et 7,2%, respectivement. Le Cpm a toutefois noté que la reprise demeure encore fragile et entourée de risques essentiellement baissiers, en liaison avec l’évolution de la situation sécuritaire et socio-politique dans la sous-région, la persistance des tensions géopolitiques et le resserrement des conditions de financement à l’échelle internationale.
L'exécution des opérations financières des Etats membres de l'Uemoa, au cours du premier trimestre 2022, laisse apparaître une légère amélioration du déficit budgétaire par rapport à la même période de l’année précédente. Le déficit global, base engagements, dons compris, est ressorti à 979,2 milliards sur le premier trimestre 2022 contre 1.059,5 milliards un an plus tôt. Les conditions monétaires sont demeurées favorables au cours du premier trimestre 2022, en ligne avec le maintien de l'orientation accommodante de la politique monétaire de la BCEAO.
Les demandes de refinancement des banques de l’Union ont été entièrement servies au taux minimum de 2,00%. La Banque Centrale a également reconduit, pour l’année 2022, ses initiatives lancées en 2021 visant à refinancer à son taux d’intérêt minimum les Obligations de Relance (OdR) et les Bons de Soutien et de Résilience (BSR) émis par les Etats sur le marché financier régional, en vue du financement de leurs plans de relance. L’encours des créances sur l’économie s'est accru, sur une base annuelle, de 13,0% à fin mars 2022.
En revanche, les actifs extérieurs nets des institutions monétaires de l’Union se sont contractés de 1.876,2 milliards en une année, essentiellement en liaison avec l’alourdissement de la facture énergétique et la hausse des approvisionnements en produits alimentaires. Reflétant ces évolutions, la masse monétaire a progressé, en rythme annuel, de 11,9% à fin mars 2022. Les avoirs officiels de réserves se sont établis à 13.501,9 milliards à la même date, correspondant à un taux de couverture de l’émission monétaire de 79,9% contre 79,3% trois mois auparavant. Ces réserves assurent à l'Union 5,2 mois d’importations de biens et services contre 5,5 mois au trimestre précédent.
Le Comité de Politique Monétaire a noté l’accentuation du niveau général des prix qui a progressé, en glissement annuel, de 6,4% au premier trimestre 2022 contre 5,0% un trimestre plus tôt. Cette accélération est imputable essentiellement à la hausse des prix des produits alimentaires et au renchérissement des combustibles solides et liquides.
3,0% D’INFLATION AU DEUXIEME SEMESTRE
Depuis le deuxième trimestre 2021, le taux d’inflation dans l’Union s’est situé au-dessus de 3,0%. Alors que l’inflation devrait rester élevée à court terme, les prix à la consommation devraient progressivement décélérer en lien avec une hausse attendue de la production vivrière lors de la campagne 2022/2023 et l’incidence des mesures budgétaires prises par les Etats pour contrer la montée récente de l’inflation. Le taux d’inflation dans l’Union est projeté en moyenne à 6,2% en 2022 et 3,2% en 2023, après 3,6% en 2021.
Le Comité de Politique Monétaire a souligné que la persistance de la déviation de l’inflation par rapport à la cible fait peser des risques sur l’ancrage des anticipations d’inflation dans l’Union. Tout en jugeant opportun de maintenir une politique monétaire accommodante, le Comité a décidé de relever de 25 points de base les taux directeurs de la BCEAO, afin de favoriser le retour progressif de l’inflation dans la zone cible, condition indispensable pour une croissance économique saine et inclusive. Ainsi, le taux minimum de soumission aux appels d’offres d’injection de liquidité passe de 2,00% à 2,25% et le taux du guichet de prêt marginal de 4,00% à 4,25% à compter du 16 juin 2022. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l'Union reste inchangé à 3,0%.