LA COUR DES COMPTES DECELE DES INCOHERENCES
Beaucoup d’incohérences sont notées dans la gestion de l’approvisionnement en eau potable (Aep) au Sénégal. C’est ce qui ressort du rapport de synthèse sur l’Eau et l’Assainissement de la Cour des Comptes réalisé en 2021

Dans son rapport de synthèse sur l’Eau et l’assainissement, réalisé en 2021, la Cour des Comptes a noté des incohérences dans la gestion de l’approvisionnement en eau potable (Aep) au Sénégal. Des chevauchements entre directions centrales et entités autonomes ont été également signalés.
Beaucoup d’incohérences sont notées dans la gestion de l’approvisionnement en eau potable (Aep) au Sénégal. C’est ce qui ressort du rapport de synthèse sur l’Eau et l’Assainissement de la Cour des Comptes réalisé en 2021. «La configuration actuelle du secteur, qui aura pris plus d’une vingtaine d’années, est le résultat d’un processus de spécialisation des différentes entités créées. Celles-ci coexistent dans leur secteur avec des directions au niveau du ministère en charge de la tutelle technique. C’est ainsi qu’il faut relever la coexistence, dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable (Aep), de la Direction de l’Hydraulique, de la Sones, et de l’Ofor. Il en est de même de l’Onas et la Direction de l’Assainissement ainsi que, dans le domaine de la gestion des ressources en eau, entre la Direction de la Gestion et de la Planification desRessources en Eau (Dgpre) et l’Office des Lacs et Cours d’Eau (Olac).
Par ailleurs, des incohérences subsistent dans la séparation entre hydraulique urbaine et hydraulique rurale», renseigne le document. D’après le rapport, l’approvisionnement en eau potable est assuré dans le volet urbain et assuré par un fermier chargé de l’exploitation des infrastructures de production, de transport et de distribution dans les zones urbaines et périurbaines.
Mais, d’après la Cour des Comptes, cette délimitation peut être assez problématique dans la mesure où le domaine périurbain ne connait pas de limite communément admise. «La définition du périmètre affermé dans le cadre du contrat d’affermage liant la Sones et la Sen’Eau confirme que ce domaine périurbain intègre des centres urbains et des zones rurales. L’examen de l’annexe 1 du contrat Sones-Sen’Eau permet de se rendre compte du caractère élastique du domaine périurbain. Il en est ainsi de localités qui ne sont aux abords d’aucune zone urbaine. Par exemple, dans la région de Louga, l’arrondissement de Sakal, qui n’a pas les caractéristiques d’une zone urbaine ou périurbaine, comprend des localités comme Affé Diop, Darou Niang, Khelcom Peulh, Nder Santhie prises en charge par l’hydraulique urbaine.
En outre, le périmètre affermé à l’ancien fermier a connu des extensions et retraits de localités. Ces options surviennent selon une logique économique, notamment la rentabilité de la zone à intégrer mais également la proximité d’un réseau de transport ou de distribution plus ou moins performant et polarisé par l’implantation d’un forage», d’après le document. D’après la même source, « il en est ainsi du retrait de la ville de Ourossogui au profit de celle de Matam».
Par ailleurs, précise-telle, «certaines zones, comme Tassette, sont dans le périmètre de l’Ofor alors que la Sones y développe un projet de construction de sept forages pour renforcer son dispositif de distribution d’eau pour les populations de Dakar». «De même, il est constaté une extension du périmètre aux îles du Saloum et à quelques localités comme Tattaguine et Diouroup qui, aujourd’hui, sont dans le périmètre de l’hydraulique urbaine. En outre, le maintien de la ville de Touba dans la zone de l’Ofor reste symptomatique des incohérences notées dans la partition entre hydraulique urbaine et hydraulique rurale. La localité de Touba est aujourd’hui devenue, en termes de population et d’importance économique, la deuxième ville du Sénégal après Dakar. Son urbanisation est beaucoup plus poussée que celle d’autres localités», ajoute le rapport.
DES CHEVAUCHEMENTS ENTRE DIRECTIONS CENTRALES ET ENTITES AUTONOMES
La Cour des Comptes a également fait état de chevauchements entre directions centrales et entités autonomes. «Ces chevauchements ont surtout concerné les attributions entre, d’une part, l’Olac et la Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau (Dgpre) et d’autre part, entre l’Onas et la Direction de l’Assainissement.
Dans le premier cas, la gestion intégrée des ressources en eau a connu une étape cruciale avec la création de l’Office des Lacs et Cours d’eau du Sénégal (Olac) par la loi n°2017-17 du 5 avril 2017, avec des compétences de gestion étendues à l’ensemble des lacs et cours d’eau intérieurs du Sénégal, à l’exception de ceux qui font l’objet de conventions internationales», explique le rapport.
Le document rappelle que «les eaux souterraines restent encore gérées par la Dgpre qui détient des prérogatives sur les eaux de surface en vertu de l’article 19 du décret n° 2018-1367 du 19 juillet 2018 portant organisation du ministère de l’Eau et de l’Assainissement». «Beaucoup d’interférences sont notées entre les deux structures. Il en est ainsi de la planification et surtout de la référence expresse à la mobilisation des ressources en eau.
De même, l’Olac est particulièrement actif dans la mise en œuvre de systèmes pour la gestion des données hydrologiques. La gestion de ces systèmes comprenant les infrastructures de mesure sur les cours d’eau, qui avait fait l’objet d’une dévolution formelle à l’Olac, ne saurait aujourd’hui, revenir à la Dgpre. Sur un autre plan, cette distinction entre les types de ressources hydriques est remise en cause dans la mesure où les eaux souterraines sont, pour la plupart, régénérées par les infiltrations des eaux de surface et surtout des eaux de ruissellement. Ceci milite pour une plus grande intégration des structures», informe le rapport.