LA FRANCE DOIT SORTIR TOTALEMENT DE NOS AFFAIRES MONETAIRES
Les décisions concernant notre avenir monétaire collectif ne doivent plus venir de Paris. Il est grand temps de soumettre à la sanction des peuples africains de vraies réformes du système monétaire actuel - FRONT POUR L'ABOLITION DU FCFA EN AFRIQUE

SenePlus publie ci-dessous, la déclaration datée du 21 décembre, du Front pour l’Abolition du franc CFA en Afrique, décriant la réforme de la monnaie ouest-africaine initiée notamment par le président français Emmanuel Macron.
« Aujourd’hui, 21 décembre 2020, cela fait un an que la France a entamé la réforme du franc CFA qu’elle a créé il y a 75 ans de cela, à une époque où aucun de nos Etats actuels n’existait.
Ce résultat est le fruit de la mobilisation anti-impérialiste de toutes celles et tous ceux qui se sont battus pendant des décennies pour l’abolition de la monnaie coloniale et qui ont donc contraint la France et ses affidés à annoncer précipitamment la « fin du Franc CFA » à l’occasion d’une visite du président français Macron à la base militaire du 43ème BIMA de Port-Bouet, près d’Abidjan l’an passé.
Mais, cette prétendue fin se résume en réalité à un changement de dénomination de la monnaie Franc CFA en ECO, la fin de la centralisation des réserves de change des Etats de l’Uemoa auprès du Trésor français, le « départ » du représentant de la France du conseil d’administration de la BCEAO.
Les changements annoncés en grande pompe par les présidents Macron et Ouattara n’étant que des modifications cosmétiques, c’est-à-dire de pure façade, après avoir fait l’objet d’une procédure d’approbation gouvernementale, puis parlementaire en France même, n’ont donné lieu à aucune réaction du côté des gouvernements et parlements africains concernés. Mieux ou pire, la création de cet ECO-Macron qui devait entrer en vigueur le 1er juillet 2020 n’est pas suivie d’effet à ce jour.
Cinq éléments au moins font que nous disons que la France et les présidents qui lui sont soumis ne cherchent qu’à duper la rue africaine en gommant du franc CFA ses éléments néocoloniaux visibles à l’œil nu afin de désamorcer la bombe souverainiste.
1- Le processus antidémocratique, antipopulaire excluant donc les peuples, les sociétés civiles, les patronats, les parlements africains…Processus initié par la France dans le but de ne laisser aucune marge de manœuvre à ses pantins africains ;
2- L’accord monétaire avec la France a été renouvelé. Alors que nous exigeons la fin de l’occupation monétaire française. Nous demandons que la France sorte de nos affaires monétaires par la fin de l’accord entre nos pays et la France ;
3- Le maintien de la parité fixe entre cet ECO-Macron et l’Euro qui est en réalité une préférence commerciale accordée à l’UE en général et à la France en particulier ;
4- Ce maintien de la parité fixe entre l’ECO-Macron et l’Euro vise aussi à éliminer le risque de change pour les investisseurs en général européens et français en particulier ;
5- Le choix par la France et ses valets de la dénomination ECO, qui a été volée à la CEDEAO, révèle une intention française : torpiller le projet de la monnaie CEDEAO afin d’étendre le franc CFA à d’autres pays africains avec une nouvelle dénomination ECO ;
Les décisions concernant notre avenir monétaire collectif ne doivent plus nous venir de Paris et il est grand temps de soumettre à la sanction des parlements et des peuples africains de vraies réformes du système monétaire actuel, en excluant la France de toute mainmise sur celui-ci. La France doit cesser d’être ce trait d’union entre nos pays, véritable frein au développement. La France doit sortir totalement, complètement de nos affaires monétaires.
C’est pourquoi nous :
- dénonçons cette parodie de mise à mort du Franc CFA néocolonial et exigeons la fin de l’accord de coopération monétaire entre la France et nos pays ;
- invitons toutes les africains, toutes les organisations progressistes à se mobiliser contre la présence monétaire française en Afrique et à faire barrage en Afrique et dans la diaspora à cette nouvelle tromperie monétaire ;
- exigeons l’organisation de débats nationaux et de référendums nationaux sur la monnaie ;
- saluons l’attitude progressiste et internationaliste de démocrates français qui contribuent à éventer ce complot impérialiste et invitons à la jonction de toutes nos forces pour la souveraineté monétaire de l’Afrique
Nous lançons un appel aux gouvernements, parlements africains concernés, en Afrique de l’ouest et du centre, ainsi que les organisations de la société civile, les syndicats et organisations patronales, les partis et mouvements politiques dans toute la zone monétaire du franc CFA à ouvrir un débat démocratique sur la question de la souveraineté monétaire de l’Afrique. Ces débats doivent aboutir à un referendum qui permettrait aux Africains de choisir directement soit de continuer à servir les intérêts de la France impériale, soit de prendre la voie de la souveraineté monétaire et donc de l’indépendance véritable, à l’image de nombreuses anciennes colonies françaises d’Asie, du Maghreb et d’Afrique noire.
Nous estimons qu’il s’agirait là de la procédure la plus démocratique pour la construction d’une sous-région ouest et/ou centre-africaine pleinement souveraines et maîtresses de leurs destinées, tant en matière de politique économique et financière que de stratégie de reconstruction autonome et de développement endogène. Il est à la fois inacceptable et humiliant de voir un pays non-africain continuer de prendre des décisions concernant notre monnaie et son fonctionnement. Les gouvernements et parlements africains, nous peuples africains concernés sommes donc à la croisée des chemins et devons enfin prendre nos responsabilités pour mettre fin à l’occupation monétaire française. »