«LA RELANCE POURRAIT ETRE COMPROMISE»
La deuxième vague de la pandémie risque de compromettre le plan de relance économique ajusté et accéléré (Pap 2a), fait savoir Abou Kane, agrégé en économie et assesseur à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg)

La deuxième vague de la pandémie risque de compromettre le plan de relance économique ajusté et accéléré (Pap 2a), fait savoir Abou Kane, agrégé en économie et assesseur à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg). Il a, en outre, laissé entendre que le Sénégal a perdu quelques 850 milliards durant la première vague de la pandémie.
Le professeur agrégé en économie Abou Kane, non moins assesseur de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) pense qu’au rythme actuelle de la propagation du coronavirus, «il y a forte probabilité que la relance économique soit compromise». Ceci, en rapport aux dernières mesures prises par le gouvernement sur l’Etat d’urgence notamment le couvre-feu à partir de 21 heures à 5 heures du matin, couvrant les régions de Dakar et de Thiès. A l’en suivre: «Compte tenu de ce que l’état d’urgence passé a eu à produire comme effets néfastes pour l’économie en termes de blocage de l’activité économique, on pourrait s’attendre à des conséquences qui nous feront réviser notre plan d’action prioritaire ajusté et accéléré (Pap 2a)», a dit le professeur Kane qui se prononçait hier, dans un média de la place.
PLUS DE 850 MILLIARDS PERDUS
A l’en croire; «la pandémie a fait passer le Sénégal à une zone rouge en 2020 avec moins de 0,7% de croissance contre 6,8% initialement projetés». Ce qui lui fera dire que «le Sénégal à cause de la pandémie a perdu l’équivalent de tout ce qu’on paie en termes de dépenses de personnels pour l’année, chiffrés à quelques 850 milliards de francs CFA». Quand on regarde le Produit intérieur brut (Pib) en rapport au taux de croissance «on peut dire que le Sénégal a perdu l’équivalent de trois semaines de travail», explique le professeur. Ceci va inéluctablement engendrer des conséquences désastreuses en termes de recouvrement de recettes pour l’Etat, le creusement du déficit budgétaire (soit 3,% de déficit du Pib avant la pandémie contre 6,5% actuellement). Donc, avec ce couvre-feu-là, «il faut s’attendre à des conséquences de ce genre par rapport à l’Etat». Heureusement, tient-il à préciser: «L’Etat a la possibilité de compter sur d’autres sources pour y faire face, en empruntant. Mais, prévient-il: «Cela aura un impact négatif sur la dette publique. N’oubliez pas que nous avons bénéficié de l’initiative de suspension du service de la dette du G20, même si ça tourne autour de 90 milliards, force est d’admettre que ça a permis de régler quelques dépenses…».
DAKAR ET THIES DES REGIONS A FORTES ACTIVITES ECONOMIQUES
Au sujet du ciblage des deux régions, à savoir Dakar et Thiès, il dira: «Dakar et Thiès concentrent l’essentiel des activités économiques du Sénégal. Il y en a qui oublient même que le département de Mbour est dans la région de Thiès». C’est dire ces deux régions sont économiquement stratégiques. Et parmi les conséquences auxquelles nous pourrions nous attendre, ce sont des activités de «commerce, de transport, de commerce, de tourisme, et la restauration».
L’AGRICULTURE ET LES SERVICES BANCAIRES PLUS RESILIENTS
Aujourd’hui, le gouvernement compte énormément sur l’agriculture pour une bouée de sauvetage. «Le secteur agricole va permettre de passer de moins de 0,7% à un taux positif. On s’y attend! Parce qu’on pensait que la pandémie était terminée. Ce qui fait que l’année 2021 qui normalement devait être consacrée à la relance économique risque de fausser les calculs avec cette seconde vague». Parce que pour parler de relance, «il faut avoir terminé la lutte contre la pandémie» développe-t-il. Et comme, nous sommes dans la deuxième vague qui a amené le gouvernement à décréter un couvre-feu depuis avant-hier, mardi, «on peut s’attendre pour les semaines à venir à des conséquences néfastes sur beaucoup d’activités économiques. Et cela nous amènera à revoir nos prévisions que nous avons eues jusque-là…», a-t-il expliqué.