«LE MEDICAMENT QUI TUE AUJOURD’HUI S’APPELLE PLAN EMERGENT»
C'est l'avis de Marème Touré, vice-présidente du Codesria à l’occasion du symposium en hommage à Samir Amin,

Les intellectuels présents à Dakar, à l’occasion du symposium en hommage à Samir Amin, se sont penchés sur les intentions qui se cachent derrière la création de la Zone de libre échange continentale africaine et les plans émergents, sève nourricière des politiques économiques de plusieurs pays africains. Pour eux, ce ne sont que de nouveaux outils utilisés par le système capitaliste pour appauvrir davantage le continent africain.
L’absence des étudiants qui n’ont pas répondu présent à ce symposium en hommage au professeur Samir Amin qui, pourtant, a enseigné dans cette université, n’a pas tempéré la densité des discussions des intellectuels qui prennent part à cet évènement. Et hier, le thème général des panels portait sur la gouvernance mondiale. Et certains intervenants ont profité de cette occasion pour remettre en question la Zlecaf et le Pse.
Sur ce dernier, la sociologue Marème Touré est formelle : «Le médicament qui tue aujourd’hui s’appelle Plan émergent’’, s’insurge la vice-présidente du comité scientifique du CODESRIA avant d’ajouter : «Sénégal émergent, Cameroun émergent ; et quand on questionne l’émergence, on se rend compte que l’émergence, c’est la transformation structurelle de nos économies et on ne peut pas transformer structurellement nos économies si on ne transforme pas structurellement nos mentalités.» Chef de section des Sciences humaines au bureau régional de l’UNESCO en Afrique de l’ouest, elle rappelle aussi que les formes de domination sont multiples.
Pour la célèbre journaliste du Monde diplomatique, Anne Cécile Robert qui a pris part à la rencontre, le monde se trouve en 2020 à un moment de crise de la mondialisation économique en tant que projet idéologique. «Et il y a donc un espace qui s’ouvre et qui donne une possibilité pour investir nous-mêmes et promouvoir nos propres idées», souligne la journaliste Spécialiste des questions africaines. Elle soutient toutefois qu’en Afrique, il y a une violence extrême du libre échange et surtout le rôle néfaste joué par l’UE dans la manière dont les pays européens imposent le libéralisme qui est un médicament qui tue l’Afrique.
De son avis, aujourd’hui, les politiques néolibérales s’appellent «programme de lutte contre la pauvreté. Mais c’est la même chose en fait, on continue à privatiser, on continue à faire du libre-échange et sur ce rapport, je considère le projet de la ZLECAF comme la poursuite du néolibéralisme», affirme Mme Robert qui ajoute qu’il faut se méfier des habits neufs du néolibéralisme.