LE SECTEUR INFORMEL A L’AGONIE TOUCHE LE FOND
Apparu au Sénégal le 02 mars 2020, cela fait une année que le virus résiste et poursuit sa liste macabre. A la date d’hier, plus de 35 037 personnes ont choppé le virus dont 29620 guéris, 896 décès et 4520 sous traitement.

Apparu au Sénégal le 02 mars 2020, cela fait une année que le virus résiste et poursuit sa liste macabre. A la date d’hier, plus de 35 037 personnes ont choppé le virus dont 29620 guéris, 896 décès et 4520 sous traitement. Une pandémie qui a mis à rude épreuve l’économie de l’informel. Ce, sans oublier notre système de santé qui a très tôt montré ses limites. Un an après l’apparition de la pandémie, des compatriotes évoluant dans l’informel rencontrés, laissent tout entre les mains de Dieu tout en disant leur mal vivre.
Avec l’apparition de la Covid-19, tous les systèmes de santé qui semblaient être performants, ont été secoués et mis en terre par l’allure de la pandémie du coronavirus. Au Sénégal, à la date d’hier 35 037 personnes ont été contaminées par le virus.
A Keur Massar, les marchands ambulants qui sont des acteurs de l’économie informelle ont dû mal à évaluer les nombreuses pertes. Debout au niveau de la station Totale tout près du fameux rond-point de la commune de Keur Masssar, Gniougua Tine, la trentaine, a accroché sur ses deux épaules des foulards et autres habits. Les avant-bras sont également transformés en porte-manteaux. « Le coronavirus nous a arraché le peu que nous avions car les mesures prises par les autorités du pays ont été néfastes pour notre commerce. Surtout au début de la pandémie où les gens avaient peur. Ce qui fait que les agents de la mairie nous empêchaient de vendre au niveau du rond-point. Nous avions mal pendant des mois car nous n’arrivions pas à assurer la location et encore moins soutenir nos familles au village » raconte le jeune, la mine très triste. Quand il ressasse ses souvenirs, ceux-ci lui paraissent douloureux. Les poissonnières du marché centrale de ladite commune se souviennent également des premières heures de la pandémie.
La dame Fatou Badji assise sur un banc, entourée des tas de poissons, se souvient. « Les premières heures du couvre-feu ont été très difficiles à supporter. Ce qui a occasionné beaucoup de pertes et nous continuons de voir notre chiffre d’affaires dégringoler. La pandémie fait beaucoup de dégâts dans le secteur informel. Ce que nous vivons, les autorités n’en ont aucune perception » se désole notre interlocutrice Pour elle, les autorités ont montré leurs limites. « Nous prions Allah car l’Etat n’a pas la solution », se désole la dame.
L’instituteur Emmanuel Diatta se fait une autre lecture de la situation. « Ce qui me fait mal dans cette histoire de pandémie, c’est que nous Africains, nous sommes incapables de trouver des vaccins au moment où les autres peuples sont en train de chercher des vaccins contre la pandémie. Tout ce que nos autorités savent faire, c’est parler de politique et de tripatouiller les constitutions, mais également chercher à éliminer leurs adversaires politiques. Ceci montre que nos dirigeants n’ont pas compris les enjeux du développement » analyse l’instituteur.
A l’en croire, la pandémie est certes néfaste pour le continent, mais ça devrait être une occasion pour nos Etats de redéfinir les axes de priorités afin de résoudre l’allure dramatique du nombre de chômage. Au niveau de l’arrêt des véhicules jaune bleu plus connus sous le nom de « super », menant au rond-point Liberté 6, les gens ne se rendent même pas compte que la pandémie a fait un an.
Le vieil Abdou Khadre, masque couvrant une bonne partie du visage pour se protéger de la pandémie, le foulard légèrement tourné vers le dos, souffre des effets de la pandémie car ses deux enfants sont en chômage technique. « Seul Allah peut sauver le pays des effets de la pandémie. Avant la covid-19, mes deux fils travaillaient. Mais aujourd’hui, ils sont en chômage car leurs différentes entreprises respectives les ont mis au frigo pour des raisons économiques », se désole le vieil homme. En effet, beaucoup d’entreprises n’ont pas pu résister face au Covid- 19. Et au niveau du secteur de l’informel, ses acteurs vivent une véritable crise accentuée avec le couvre-feu qui est venu anéantir leurs efforts. Et le sentiment le plus partagé est que les gens ne vivent plus, mais survivent.