LES ASSURANCES DE MAMADOU MOUSTAPHA BA
Très à l’aise lors de sa prise parole, Mamadou Moustapha Ba a assuré que la dette du Sénégal est soutenable et que le secteur bancaire est plus que solide

Tiré à quatre épingles, le ministre des Finances et du budget a prononcé hier un discours magistral, à l’occasion de la 40ème session du conseil national du crédit. Très à l’aise lors de sa prise parole, Mamadou Moustapha Ba a assuré que la dette du Sénégal est soutenable et que le secteur bancaire est plus que solide. Déroulant son argumentaire, avec des chiffres à l’appui, il a également donné des assurances par rapport à la prochaine campagne de commercialisation de l’arachide.
Les Sénégalais peuvent dormir tranquille parce que le système économique du pays fonctionne à merveille. C’est ce qu’a semblé dire le ministre des Finances et du Budget, hier, à l’occasion de la 40ème session du Conseil National du Crédit.
Très sûr de lui, Mamadou Moustapha Ba persiste et signe qu’ «en dépit des multiples et récentes chocs, le secteur bancaire local demeure solide». «Avec une situation prudentielle améliorée à la faveur d’un renforcement des fonds propres effectifs des établissements de crédit et d’un taux de prêts nets improductifs contenu bien que les crédits nets, tout comme les dépôts, progressent et que l’activité de portefeuille dynamique, notamment en souscription de titres publics, reste dynamique, avec une hausse de la souscription en titres émis par les Etats», a t-il déclaré. Dans le cas du Sénégal, informe-t-il, cette confiance «tient notamment à la résilience de l’économie liée notamment à la maîtrise du déficit budgétaire (qui devrait se situer à 4,9% à fin 2023 contre 6,1% à fin 2022). Le déficit budgétaire est projeté à 3,9% en 2024».
Au-delà de cette consolidation budgétaire, assure le successeur d’Abdoulaye Daouda Diallo, le gouvernement reste déterminé «à renforcer le cadre de gestion et réduire les vulnérabilités de la dette publique, dont le stock est ressorti à fin 2022, à 68,2% (en deçà du plafond communautaire de 70%)». «Ces perspectives d’évolution favorable du cadre macroéconomique sont positivement sanctionnées par : l’évaluation, en termes de notation financière, du crédit souverain Etat du Sénégal, avec la confirmation des notes et perspectives y relatives, respectivement à Ba3 avec perspective stable pour Moodys, B+ avec perspective stable pour S&P et à A 2 à court terme/A- long terme pour la notation en monnaie locale par Bloomfield Investment Corporation ; la conclusion d’un programme soutenu par le Mécanisme Elargi de Crédit (MEC) et la Facilité Elargie de Crédit (FEC), combinés à la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). Ce programme a été conclu le 11 mai 2023, pour un montant de 1 156 milliards à décaisser entre juin 2023 et décembre 2026, La première revue se déroulera du 12 au 24 octobre 2023. Elle a été précédée d’une staff visit concluante qui s’est effectuée du 31 août au 07 septembre 2023», a-t-il expliqué, précisant que l’Etat du Sénégal continue à bénéficier de la confiance de ses partenaires financiers et des marchés de capitaux.
Dans son allocution, le ministre des Finances et du Budget a également dit que les encours de crédits des banques ont progressé de 14,5% en glissement annuel pour s’établir à 6 891 milliards FCFA à fin juin 2023. Selon lui, la qualité du portefeuille s’est améliorée et le taux des créances en souffrance nettes des provisions ressort à 3,5% du total des crédits.
Pour Mamadou Moustapha Ba, la rentabilité des capitaux propres des banques est satisfaisante, car elle s’établit à 15,1% en 2022 contre 15,3% en 2021. Ce profil, ajoute-t-il, se maintient sur le premier semestre 2023. « Au plan prudentiel, les banques sont globalement en conformité par rapport aux normes fixées, un résultat remarquable dans le contexte de la fin de la transition vers les normes Bâle 2 et Bâle 3 dans l’UMOA depuis le 1er janvier 2023. Le ratio de solvabilité moyen s’élève ainsi à 13,4% à fin juin 2023 pour une norme minimale de 11,5%. Concernant le secteur de la microfinance, l'encours des crédits distribués aux sociétaires et clients a progressé de 18% en glissement annuel, en s’établissant à 608 milliards à fin juin 2023. La qualité du portefeuille s'est également sensiblement améliorée, le taux brut de dégradation s’établissant à 6,38% en juin 2023 contre 8,11% à fin juin 2022. La situation prudentielle est globalement satisfaisante», a-t-il indiqué.
CAMPAGNE ARACHIDIERE
Parlant de l’ordre du jour consacré à la prochaine campagne de commercialisation agricole dont les besoins de financement sont estimés à une centaine de milliards de FCFA, Mamadou Moustapha Ba a invité le Directeur Général de la SONACOS et le représentant du Directeur Général de la SODEFITEX «à faire part au Conseil National du Crédit de leur évaluation des perspectives de collecte et de financement ainsi que de leurs recommandations pour l’atteinte des objectifs de collecte qu’ils se sont fixés, à l’aune des enseignements tirés de la campagne précédente». «J’attache une grande importance aux échanges sur ces enseignements, au regard notamment des mesures que le gouvernement compte prendre pour apporter les correctifs nécessaires aux préoccupations notées l’année dernière en particulier au niveau de la filière arachidière. Elles ont trait notamment à la réorganisation de la collecte et au juste équilibre à trouver en ce qui concerne l’implication des acheteurs étrangers dans le circuit de commercialisation», a-t-il dit, demandant «ensuite aux Directeurs Généraux de La Banque Agricole et de la BNDE, principales banques impliquées dans le financement de la commercialisation agricole, de faire le point des mesures prises ou envisagées par leurs banques en vue de faire face aux besoins exprimés par les acteurs». Il a ainsi précisé que les «échanges devront s’appesantir sur les conditions à réunir pour l’implication élargie du système bancaire au financement de la prochaine campagne, au travers notamment de la mise en place d’un pool bancaire».