LES PESANTS LIES A LA COVID-19 SUR LE BUDGET DE L’ETAT
Des résultats provisoires d’une étude sur l’impact de la Covid-19 sur le budget de l’Etat, portée à la connaissance du public mardi, à Dakar, révèle que les finances publiques du Sénégal sont tendues et que le Plan de relance enferme des insuffisances

Des résultats provisoires d’une étude sur l’impact de la Covid-19 sur le budget de l’Etat, portée à la connaissance du public hier, mardi, à Dakar révèle que les finances publiques du Sénégal sont tendues et que le Plan de relance enferme des insuffisances tectoniques.
L’impact de la Covid-19 en général et particulièrement sur les finances publiques du Sénégal est une réalité. C’est ce que confirment les résultats provisoires d’une étude qui révèle deux tendances relatives aux finances tendues et à l’insuffisance technique du plan de relance. Pour ce qui est des finances publiques, le professeur agrégé des finances publiques Abdou Aziz Kébé, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, d’affirmer que les finances publiques en général et particulièrement au Sénégal «sont tendues».
Et pour s’en convaincre, il convoque le déficit budgétaire qui se chiffre aujourd’hui à «643 milliards contre environ 400 milliards avant la pandémie». Dans son analyse, l’expert des finances publiques rappelle qu’ «entre 2012 et 2019, le gouvernement a fait des efforts considérables en termes de réduction du déficit budgétaire qui est passé de 6,7% en 2011 à 3% en 2019».
A le suivre, «avec la pandémie, ce déficit est à nouveau à 6%». Cependant, souligne-t-il, «Cette option du gouvernement est salutaire dans une certaine mesure». Parce qu’ailleurs, explique-t-il encore: «Cela ne s’est pas passé ainsi». Se voulant convainquant, il dira: «Certains gouvernements ont pris l’option de ponctuer ou de renoncer aux salaires, mais au Sénégal, l’Etat a pris l’engagement de supporter le financement de son plan de résilience, à travers la Force Covid-19, ce qui a entrainé l’accentuation du déficit budgétaire».
A ces éléments, il cite l’augmentation de l’inflation, la pression fiscale encore faible. Parce qu’ «avec les mesures de restriction des libertés, il n’y a pas de consommation pour un pays comme le nôtre qui voit les 70% de ces recettes tirées des produits de consommation…». Cette situation tendue des finances publiques a amené le gouvernement à prendre des ordonnances à travers la loi d’- habilitation. Et la première loi d’habilitation prise au Sénégal remonte en 1994. Sur ce, il précise que «le Sénégal n’en a jamais abusé».
Sur la relance économique à travers le plan de relance économique et sociale, il relève des insuffisances techniques à savoir «la faiblesse des dépenses sociales notamment le budget de la santé pour 5%, la justice pour 1%». Ce qui à son avis montre toute «la précarité sociale et ce, malgré les bonds très importants du gouvernement en termes de couverture, d’accès à l’eau…», dira-t-il. Donc, ajoute-t-il: «Ce plan de relance proposé permet d’avoir des réserves». Ce qui l’amènera à dire que «ce plan de relance a des limites». Car, à ses yeux, pour financer il faut avoir des ressources. Or, il est noté une grande faiblesse de l’ardoise fiscale. En clair, relève-t-il: «Sur la base de l’étude de la Direction générale des impôts et domaines sur 6 millions de contribuables potentiels, seuls 500 mille paient. Tout au moins le potentiel fiscal n’est pris, 16% contre un minimum de 30% au plan mondial, il est extrêmement difficile de corriger le déficit budgétaire qui tourne autour de 70%».
A noter que l’étude est réalisée par la Coalition nationale pour le suivi budgétaire (Conasub) qui regroupe plus d’une dizaine d’organisations de la société civile, en partenariat avec Ong 3 D et Oxfam sous la direction du professeur Abdou Aziz Kébé.