POURQUOI LES PILOTES DE TUNISAIR S'ENVOLENT VERS DAKAR
Une quinzaine de pilotes tunisiens ont rejoint la compagnie Air Sénégal. Fuyant une situation morose en Tunisie, ils sont attirés par de meilleures conditions de travail

En quelques mois, une quinzaine de pilotes tunisiens, principalement de la compagnie Tunisair, ont rejoint les cockpits d’Air Sénégal, dont les premiers vols commerciaux datent de 2018. Et la tendance devrait se poursuivre. Fuite des cerveaux ou échange gagnant-gagnant ?
Le président de la Fédération tunisienne des pilotes de ligne (FTPL), Karim Elloumi, penche pour la première hypothèse. « Si on regarde le profil de ces pilotes, ce sont surtout des instructeurs, c’est-à-dire des salariés avec de l’ancienneté. Au niveau national, il y a un réel risque de perte d’expérience. »
Endettée à hauteur de 2,2 milliards de dinars (670 millions d’euros), la compagnie à la Gazelle ne fait plus rêver les pilotes. En parallèle, Air Sénégal, en pleine expansion, proposerait un salaire jusqu’à quatre fois plus élevé que le tarif tunisien pour voler sur sa flotte d’Airbus A320/A330, selon Karim Elloumi.
Détachements, pas démissions
Les Tunisiens sont également attirés par la visibilité garantie par la compagnie ouest-africaine concernant le nombre de vols, l’organisation du travail et les conditions de sécurité. « L’actuelle direction de Tunisair, comme toutes les précédentes depuis dix ans, ne parle que d’économies, de budget, de plans de sauvetage mais jamais de l’aspect opérationnel. Or, la sécurité, notamment, cela compte pour un pilote », insiste Karim Elloumi.
Contactée, la compagnie Tunisair n’a pas souhaité réagir.