TANNAGE, UN POTENTIEL ENCORE NON EXPLOITÉ
Les peaux de bête disponibles en grande quantité au Sénégal, notamment au lendemain de la fête de Tabaski, ainsi que des nombreuses cérémonies religieuses organisées tout au long de l’année, sont sous-exploitées, a relevé dimanche Ousmane Seck

Thiès, 14 nov (APS) - Les peaux de bête disponibles en grande quantité au Sénégal, notamment au lendemain de la fête de Tabaski, ainsi que des nombreuses cérémonies religieuses organisées tout au long de l’année, sont sous-exploitées, a relevé dimanche Ousmane Seck, formateur en tannage.
Il affirme que le Sénégal dispose de matière première pour le tannage, grâce à son cheptel ainsi qu’à d’autres reptiles, dont les peaux restent ‘’sous-exploitées’’. ‘’Il faut essayer de les transformer, créer des unités et former les gens comme le Palam l’a fait aujourd’hui’’, a-t-il préconisé, dans un entretien, avec l’APS.
M. Seck était l’un des formateurs d’un atelier destiné à former 49 facilitateurs dont 34 hommes et 15 femmes, dans le cadre de la deuxième phase du Programme d’alphabétisation et d’apprentissage de métiers pour la lutte contre la pauvreté (PALAM 2).
Le tannage était l’une des cinq filières concernées par cet atelier de cinq jours, bouclé dimanche au centre départemental d’assistance et de formation pour la femme (CEDAF) de Thiès.
Lors de cette session, les participants à la section tannage, notamment une femme et sa fille, ont été initiés à des méthodes biologiques, n’utilisant que des produits naturels disponibles dans le pays, minimisant les odeurs. Sur place, ils ont transformé jusqu’au stade de la teinture, des peaux de moutons.
‘’Lors de la Tabaski, des milliers de peaux sont jetées. Pourquoi ne pas transformer ces produits-là ?’’, s’est interrogé Oumane Seck, relevant, par exemple, qu’avec le produit fini, le cordonnier ne fait que découper et transformer en chaussures, ceintures ou sacs.
La Tunisie, bien que n’étant pas mieux approvisionnée en peaux que le Sénégal, dispose de cinq tanneries, dont trois publiques, a relevé l’expert, ajoutant qu’en Ethiopie, il y a une usine publique de tannerie et de gants.
Il ne s’explique pas que les peaux utilisées par les tanneurs et cordonniers professionnels sénégalais, dont les compétences sont reconnues à travers le monde, soient ‘’toutes importées’’. ‘’Pourquoi ne pas inverser la tendance et créer des unités de tannage ?’’, a-t-il poursuivi.
M. Seck, maître-artisan à la chambre des métiers de Louga, a indiqué avoir formé 20 artisans à Ngaye, haut-lieu de la cordonnerie sénégalaise, dans le cadre d’un projet de la commune de Mékhé, financé par la BOAD. Il a aussi contribué à la formation de 300 jeunes dans la région de Dakar, avec l’appui du 3FPT, a-t-il renseigné.
M. Seck est l’un des artisans qui avaient pris part, en 2003, à un voyage au Maroc organisé par le gouvernement, pour renforcer leurs capacités. Un déplacement qui, selon lui, lui a permis d’acquérir une expertise dans plusieurs domaines, dont les techniques de coupe et de maroquinerie.
‘’La Tabaski à elle seule, peut générer 2 millions d’emplois à travers les activités génératrices de revenus, en créant des tanneries’’, a-t-il noté.
S’y ajoutent d’autres cérémonies comme le Magal de Touba, qui peuvent alimenter l’industrie artisanale locale, notamment les cordonniers et les maroquiniers qui utilisent les ‘’déchets’’ importés d’Europe, malgré une l’expertise nationale.
Grâce à des recherches, il a découvert des produits locaux, comme le fruit du gonakié (neb-neb, en wolof), le son de mil, de sorgho ou de riz, le sel et l’huile d’arachide, qui aident à pratiquer un tannage qui réduit certains désagréments qui rebutent souvent la jeune génération, a-t-il expliqué.
La coordinatrice du CEDAF, Fatou Guèye Diassé avait, lors de la cérémonie de clôture, suggéré la mise en place dans les quartiers, d’un système de collecte des peaux de moutons immolés lors de la fête de Tabaski.
L’année dernière, des femmes du comité consultatif des femmes (CCF) de Thiès avaient expérimenté sans succès, un projet de collecte-valorisation des peaux de mouton de la Tabaski, a-t-elle dit.
Ces peaux, qui sont souvent enterrées, jetées dans la rue ou dans les caniveaux, constituent un réel problème de salubrité au lendemain de la plus grande fête musulmane.