THIERNO ALASSANE SALL SOUPCONNE UNE NEBULEUSE DANS LE CONTRAT DE CONSTRUCTION DE LA CENTRALE ELECTRIQUE À GAZ
Pour l'ancien ministre, le régime de Macky Sall ne devrait pas, au nom de la promotion du contenu local, se passer d’un appel d’offres international pour l’attribution d’un projet d’une telle envergure

La signature du contrat de construction d’une centrale électrique à gaz entre la Senelec et West Africa Energy comporte de nombreuses zones d’ombre. C’est le sentiment des responsables de la république des valeurs (RV). Pour Thierno Alassane Sall et ses camarades, le régime de Macky Sall ne devrait pas, au nom de la promotion du contenu local, se passer d’un appel d’offres international pour l’attribution d’un projet d’une telle envergure.
Au début du mois d’octobre, Senelec et West Africa Energy ont célébré en grande pompe la signature d’un contrat de construction d’une centrale de 300 MW. A travers cette centrale à gaz, les partenaires nationaux de l’Etat (Samuel Sarr, Haroune Dia, Baidy Agne) veulent assurer l’autonomie énergétique du Sénégal. Mais dans un communiqué au vitriol parvenu à «L’As», la cellule des Cadres de la RV démontent carrément ce projet de 300 Mw piloté par Samuel Ameth Sarr comme tête de fil financier et Baidy Agne du CNP et d’autres investisseurs nationaux.
Les partisans de Thierno Alassane Sall estiment que le régime de Macky Sall et ses partenaires ne devraient pas se camoufler au nom de la promotion du contenu local pour violer les dispositions les plus élémentaires concernant ce genre de projet. «La promotion du contenu local ne devrait pas rimer avec l'opacité et le manque de transparence. Les termes du contrat d’achat de l'énergie produite par cette centrale, notamment sa durée et les prix de vente du kwh à la Senelec, ne sont pas connus.
En outre, la structure et les coûts de financement, ainsi que d’autres aspects relatifs au projet n’ont pas été partagés avec le public. En l’absence de ces éléments, il est difficile de croire, comme l’a d’ailleurs affirmé l’un des promoteurs du projet, que les prix du kwh de cette centrale seront de 40% moins chers que ceux pratiqués par les autres producteurs indépendants», relèvent les cadres de la RV. Ils ont tenu à rappeler que les bonnes pratiques internationales pour ce genre de projet attribué par entente directe à West Africa Energy, recommandent qu'un appel d’offres international soit dûment organisé afin de recueillir les meilleures offres financières et techniques de plusieurs sources. «Et dans ce cas, une clause de “local content” pourrait être introduite dans l’appel d’offres en vue de garantir une prise de participation du secteur privé national», soulignent-ils avant de s’émouvoir de l’absence d’un appel d’offres national ou international. «Même le choix du constructeur a été fait par entente directe, avec comme heureux élu le Turc Calik Energy», soutiennent les cadres de la RV qui s’interrogent sur l’absence de la Commission de Régulation du Secteur de l'Électricité (CRSE) lors de la signature du contrat entre les promoteurs du projet et la Senelec. Pour les camarades de Thierno Alassane Sall, ce projet de 230 milliards Fcfa pourrait avoir de profondes incidences négatives sur le système de facturation imposé aux consommateurs, quand on sait que la Senelec est en proie à d'énormes difficultés financières et opérationnelles. «La Senelec est aujourd’hui dans une situation de morosité financière qui nécessite une perfusion continue de l'État à travers le Trésor public», clament-ils.
LES CASSEROLES DE SAMUEL SARR COMME EX-MINISTRE DE L’ENERGIE
Les cadres de la RV trouvent surprenant et saugrenu le choix de Samuel Sarr comme chef de file de ce projet. D’autant que, soulignent-ils, l’ancien ministre de l’Energie traîne beaucoup de casseroles. Et c’est pour échapper à la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (Crei) qu’il a effectué une transhumance. Ils rappellent en effet que le projet de centrale de charbon de 125 MW à Sendou a été initié à partir de 2004 par un certain Samuel Ameth Sarr, directeur général de la Senelec, avec comme ministre de l’Energie et des Mines un certain Macky Sall. «Ce projet est tombé à l’eau en 2018 à cause notamment de plusieurs problèmes d’ordre technique et de tiraillements entre les actionnaires. La résultante de ce fiasco est la location d’une barge de 250 MW de la compagnie turque Karpowership à des conditions aussi nébuleuses que le passage de Samuel Sarr dans le secteur de l'électricité au Sénégal et en Gambie. Le palmarès de Samuel Sarr est peu enviable», déclare la cellule des cadres de la RV avant de trancher en guise de conclusion : «Le choix de Samuel Sarr comme tête de file de ce projet de 300 MW “gas to power” est une marque supplémentaire du manque de considération du Président Sall pour tout ce qui concerne la défense des intérêts économiques de la nation sénégalaise.»