VIVE COLERE DU PATRONAT DU TOURISME ET DE L’HOTELLERIE
Près de 40.000 emplois perdus, 1400 entreprises du tourisme, de l’hôtellerie, du transport, de la restauration, des agences de voyages et de loueurs de véhicules en sursis. En quasi sinistré et l’aide de 50 milliards toujours attendue

Ils ne savent plus sur quels leviers s’appuyer pour sortir du marasme dans lequel est plongé secteur du Tourisme et de l’Hôtellerie. La Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique du Sénégal (FOPITS) est en colère. Une colère exprimée de vive voix hier par Mamadou Racine Sy entouré des grosses pointures du secteur. Si l’Etat ne vient pas au secours du secteur en débloquant la bagatelle de 50 milliards de francs du Fonds de relance du tourisme promis, sous peu, près de 1400 entreprises du tourisme, de l’hôtellerie, du transport, de la restauration, des agences de voyages et de loueurs de véhicules pourraient tout simplement disparaître.
Ce scénario catastrophique ne relève guère d’une fiction puisque les dirigeants patronaux de la FOPITS sont à bout de souffle. Un désastre sans précédent mine un secteur qui jadis était d’un apport important dans l’économie de notre pays. Le tourisme et l’hôtellerie représentaient 7% du PIB et généraient environ 200.000 emplois répartis dans près de 1400 structures évoluant dans le tourisme, l’hôtellerie, les agences de voyage, la restauration, la location de véhicules. Le chiffre d’affaires du secteur avoisinait 500 milliards de frs en temps normal avec des effets de leviers sur presque tous les segments de notre économie et un impact réel sur la balance des paiements et l’emploi des jeunes. Ces secteurs avaient surtout un effet positif sur l’aménagement du pays car, partout à travers le pays, on peut trouver au moins un petit réceptif hôtelier. Hélas, ce tableau idyllique risque de s’effondrer si des mesures d’urgence ne sont pas prises par les autorités en faveur du secteur notamment le versement du soutien promis de 50 milliards de frs pour la gestion des charges et des salaires des travailleurs.
Le désastre est déjà là. Mamadou Racine Sy, Aimé Sène (Herz et Fleur de Lys), Mamadou Sow (président Syndicat patronal des agences de voyage), Boubabacar Sabaly, Ibrahima Sarr, Pathé Dia (Saly Portudal), Moussa Faye (Terrou bi), Monique Lam (Fana Hôtel), Mounina Kane Cissé (Hôtel Nina)… parlent d’un quasi sinistre. « Nous pensions que la situation provoquée par la Covid-19 allait se limiter dans le temps à partir de mars 2020. Mais nous nous sommes aperçus que la situation endémique sera un combat au long cours. Nous pensions qu’on allait sortir de l’ornière en 2021, mais il faut avouer qu’on est déjà en mars 2021, cette période de haute saison est déjà perdue. Parce qu’une saison se prépare une année à l’avance.
En outre les restrictions des déplacements entre le Sénégal et l’Europe, surtout la France notre premier marché émetteur, restent encore des coups durs pour l’industrie du tourisme. Le tourisme intérieur ne peut pas atténuer celui de l’extérieur. La relance ne pourra se faire qu’en 2023 du fait que, peut-être, à ce moment-là on aura fini d’avoir une vaccination à grande échelle » a expliqué le président de la FOPITS, Mamadou Racine Sy. « Nous vivons une situation jamais vue. Nous ne sommes pas morts, mais on ne sent plus nos pouls, nous sommes dans une mutilation de cadavres, un souffle imperceptible. Nous demandons que les mesures d’accompagnement soient prises le plus rapidement possible » ajoute-il.
40.000 emplois perdus, le ministre Alioune Sarr interpellé sur les 50 milliards de la relance
Le secteur a déjà perdu près de 40.000 emplois, souligne Mamadou Sow, vice-président de la FOPITS. « La situation est inédite, extrêmement difficile. Nous sommes presque en rupture. Dans la quasi-totalité, les 1400 structures se retrouvent avec zéro recette. Or, sur le crédit hôtelier de 15 milliards obtenu de l’Etat, 10 milliards ont été effectivement absorbés, mais ils ont suffi seulement à payer environ 3 mois de charges et de salaires qui sont réduits jusqu’à 70 %. Alors depuis Juin 2020, le patronat s’efforce à maintenir le restant des emplois en prenant en charge les salaires et charges. Ce n’est plus possible de continuer. L’Etat a fait des efforts sur l’exonération fiscale qui n’a pas pris en compte les agences de voyage, la restauration et les loueurs de véhicules, le président Macky Sall est resté à notre écoute, il avait approuvé à 100 % notre mémorandum. Il avait promis de débloquer 50 milliards de frs pour accompagner le secteur depuis lors on attend » a encore indiqué le président du Syndicat des agences de voyage, Mamadou Sow.
Le président Mamadou Racine Sy s’est voulu plus ferme. « Il faut le dire clairement, les directives du président de la République ne sont pas respectées souvent. Dans le cas de notre secteur, nous avons un problème de mise en œuvre de cette recommandation du président Macky Sall pour l’appui de 50 milliards de frs. Le problème se situe au niveau du ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr. Le processus est lent et nous risquons tout simplement de disparaître parce qu’on est à bout de souffle. Il faut que l’Etat réagisse rapidement si on ne veut pas assister à la fermeture de nos différentes structures » a martelé le patron du King Fahd, un fleuron qui a dû lui-même licencier 76 travailleurs (voir déclaration Cnts).
D’après Mamadou Racine Sy, il y a un ras-le-bol généralisé dans le milieu. « Nous restons dans la courtoisie encore, les directives du président sont claires, et nous ne comprenons pas ce blocage. La balle est dans le camp du ministre Alioune Sarr. Il est clair que nous ne saurions accepter que ces 50 milliards de frs soient partagés avec le secteur des transports aériens. La totalité de cet argent doit revenir exclusivement au tourisme et à l’hôtellerie, à la restauration, aux agences de voyage, aux loueurs de véhicules. Nous n’avons pas les mêmes cibles, ni enjeux avec les transports aériens» précise Mamadou Racine Sy en élevant la voix.