CES EFFETS DE LA COVID-19 SUR LA VIE DES ETUDIANTS SENEGALAIS A L’ETRANGER
Un an jour pour jour que la Covid-19 a percé les frontières sénégalaises avec son lot de mesures restrictives visant à casser les chaînes de transmission.

Parti de la province chinoise de Wuhan, le virus Sars-CoV-2 a fait une escale d’un mois en France avant d’atterrir finalement au Sénégal, le 02 mars 2020. Depuis, le monde entier vit au rythme de la guerre contre le Coronavirus en décrétant des mesures qui impactent fortement certains secteurs de la vie. Selon des témoignages d’étudiants sénégalais établis en France et d’autres qui étaient en Chine, la Covid-19 a gravement impacté leurs études. Certains d’entre eux sont d’ailleurs animés par un sentiment de désespoir et de lassitude.
Un an jour pour jour que la Covid-19 a percé les frontières sénégalaises avec son lot de mesures restrictives visant à casser les chaînes de transmission. Toutefois, ces décisions prises par les gouvernements ont entraîné de graves répercussions sur tous les pans de la société. Pour limiter la propagation de cet ennemi mondial numéro 1, le Sénégal à l’image de nombreux pays comme la Chine et de la France a décidé de fermer les universités qui rassemblent des milliers de personnes.
Dans l’hexagone, des étudiants répartis un peu partout dans les universités ont témoigné à «L’As» que les mesures prises par le gouvernement français ont impacté négativement leurs études. Ils révèlent que beaucoup d’étudiants risquent de ne pas valider l’année à cause du confinement. Mamadou Dia, étudiant en licence en Sociologie à l’Université Paris Est Marne La Vallée raconte son calvaire : «C’était difficile pour nous de nous adapter avec les cours en ligne parce que nous n’en avions pas fait auparavant au Sénégal. C’était un rythme difficile à tenir avec le confinement. Il y avait même des étudiants parmi nous qui ne disposaient pas de machine. En dehors de cela, il y a des étudiants qui sont dans des maisons très animées et pas propices aux études. Et cela a impacté nos notes. D’ailleurs, n’eussent été les partiels, je n’allais pas valider l’année, parce que je n’avais que de mauvaises notes. C’était ma pire expérience. Bien vrai que c’était difficile mais je suis resté concentré sur mes études».
Établie à Paris depuis 3 ans, Dieynaba Ndiaye, étudiante en première année de licence en ingénierie généraliste, se plaint plutôt des difficiles conditions pédagogiques dues à la Covid19. «Pour mon cas, dès l’instant qu’on doit faire des cours pratiques, tout le monde ne peut pas avoir accès au site. Souvent c’est le 1/3 de la classe qui peut être sur le site. Pour les cours à distance aussi, les professeurs ont tendance à jouer avec le temps, même si les étudiants ont la possibilité de poser des questions. Du coup, avec le temps qui est limité, on n’a pas l’occasion de poser toutes les questions. D’ailleurs, avec cette situation difficile, beaucoup sont touchés par ce qu’on appelle le surmenage», explique l’étudiante qui garde toujours le moral afin de faire face aux effets négatifs de la Covid-19 sur ses études.
LA «GÉNÉRATION COVIDÉE» DE LA CHINE
Dès les premières heures de la Covid-19, des parents d’élèves et certaines organisations de la société civile se sont activés pour demander à l’Etat de rapatrier les étudiants établis en Chine. Un an après, ces étudiants expriment de grands regrets. Selon deux d’entre eux, si c’était à refaire ils ne le feraient pas.
Parmi la douzaine d’étudiants dont le rapatriement avait été jugé «hors de portée» par l’Etat du Sénégal lors de l’apparition de la pandémie, figure Mbayang Laity Ndiaye. «J’ai quitté la Chine en début février juste après le “China new year” pour rentrer au pays. Mes parents qui m’ont fait venir et moi-même avions pensé naïvement que le virus ne toucherait pas l’Afrique», raconte l’étudiante en 3ième année en ingénierie et télécommunications.
Dès son arrivée à Dakar, Mme Ndiaye commencé à suivre les cours en ligne. Ainsi, plus le semestre avançait, plus cela devenait dur pour elle, puisqu’à la fin de son cursus, en lieu et place de pratiques, il n’y avait que des théories. «J’ai dû annuler plusieurs cours, me disant que je pourrais les reprendre dès mon retour le semestre prochain. Ce qui fut impossible évidemment. Avec l’arrêt total du paiement des bourses de l’Etat chinois et la difficulté de suivre les cours normalement, j’ai décidé de laisser tomber. Pour le moment, c’est fini les études. Psychologiquement, je n’ai pas tenu. Je pense que le fait d’être confinée en Chine, puis reconfinée dans notre pays, a affecté mon moral», explique impuissante l’étudiante.
Elle ajoute que si c’est possible pour elle de continuer ses études ici, elle n’y retournerait pas pour ce motif. Sous couvert de l’anonymat, un autre étudiant indique avoir tourné la page des études. Il estime que la Covid-19 a fortement chamboulé sa vie. Mais après un an au Sénégal, loin des études, cet étudiant en troisième année en génie électrique et automatisation fait de son mieux pour retrouver goût à la vie.