LA COSYDEP VEUT PROFITER DES GRANDES VACANCES SCOLAIRES POUR DESAMORCER LA BOMBE
Des menaces de « grèves illimitées » sont brandies d’ores et déjà par les enseignants en direction de la prochaine année scolaire. l’école sénégalaise dès la prochaine année académique 2019-2020

La masse salariale de la Fonction publique représente plus de 600 milliards de nos francs. Pourtant, les enseignants, bien que constituant les 70% des effectifs de cette Fonction publique, ne consomment que 12% de cette masse salariale. Une situation qui irrite ces enseignants à qui le chef de l’Etat refuse une quelconque augmentation salariale. Le coordonnateur national de la Cosydep (Convergence des organisations en synergie pour le développement de l’école publique), Cheikh Mbow, qui trouve la déclaration présidentielle (Ndlr, à travers laquelle il refusait qu’on lui parle désormais de hausse des salaires) démotivante, envisage tout de même de mettre à profit les « grandes vacances scolaires » pour anticiper sur les menaces de « grèves illimitées », qui risquent dès octobre prochain de perturber la prochaine année scolaire.
Des menaces de « grèves illimitées » sont brandies d’ores et déjà par les enseignants en direction de la prochaine année scolaire. l’école sénégalaise dès la prochaine année académique 2019-2020. Déjà, on apprend que le G6 (groupe des six syndicats d’enseignants les plus représentatifs) est prêt à dérouler des plans d’actions si la situation n’évolue pas dans le sens de la satisfaction des revendications d’ici le mois d’octobre. Même si la Cosydep entend mettre à profit les « grandes vacances scolaires », comme le dit son coordonnateur Cheikh Mbow, pour anticiper sur ces menaces, les syndicats d’enseignants campent encore sur leurs positions. et dénoncent ce qu’ils estiment être un « manque de considération et d’équité salariale » dont ils seraient l’objet par rapport aux autres corps de métier de la part du gouvernement. pour donner une idée de leur situation, le secrétaire général du syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (saemss), Saourou Sène, rappelle que les enseignants constituent 70 % des effectifs de la fonction publique. et que de cette masse salariale qui avoisine les 638 milliards, les enseignants n’en consomment que moins de 12 %. autrement dit, 88 % de la masse salariale sont absorbés par moins de 31 % des effectifs. le coordonnateur de la Cosydep reconnait que, dans le système de rémunération des agents de l’etat, « il y a des écarts de traitement inacceptables qu’il convient de corriger de manière courageuse. L’équité doit s’appliquer partout. Il n’y a pas une discipline plus importante qu’une autre ». « C’est une injustice flagrante confirmée par l’étude portant sur le système de rémunération des agents de l’Etat menée par un cabinet indépendant, le cabinet Mgp Afrique », se désole M. Sène qui pense que les enseignants doivent imposer la révision du système de rémunération des agents de l’etat. « Lorsqu’en 2004 nous nous battions pour la hiérarchisation de l’indemnité de logement, c’était notre vision, notre objectif. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à la conclusion que tant qu’on reste dogmatique sur la question sachant sa complexité, ne pouvant dire avec exactitude sur lequel de ces corps on devra nous aligner, et sur la base de quel texte législatif, nous avons considéré qu’il est plus pertinent de s’attaquer globalement au système de rémunération où nous aurons à corriger l’indemnité de logement et l’indemnité d’enseignement entre autres indemnités. Ce faisant, nous augmentons substantiellement le pouvoir d’achat des enseignants », a-t-il expliqué.
Système de rémunération et lenteurs administratives : à l’origine du malaise enseignant
Ces deux poids lourd du secteur de l’éducation que sont MM. Saourou Sène et Cheikh Mbow s’exprimaient à l’occasion de la tribune offerte par la plateforme « Infos école » qui, chaque mois, invite un acteur de l’éducation pour discuter de la situation de l’école sénégalaise. Une occasion pour l’invité du jour, Saourou Sène, de rappeler qu’il y a un « malaise enseignant » dû, d’après le patron du Saemss, d’une part « à un système de rémunération qui nous défavorise » et d’autre part « à des lenteurs administratives qui ont fini de plomber la carrière des enseignants ». Une situation critique qui fait dire à Cheikh Mbow de la Cosydep que « c’est dans la vérité qu’il faut pacifier l’espace scolaire. Et dans le dialogue, chaque partie doit fonder sa position sur des intérêts, et la négociation permettra de trouver les consensus appropriés ». M. Mbow considère qu’il faut aujourd’hui repenser les stratégies de lutte. pour ce faire, indique-t-il, les syndicats devraient davantage s’approprier l’étude sur la rémunération dans la fonction publique et se résoudre à travailler de manière unitaire et solidaire. Ce en se concentrant sur l’essentiel pour ne pas être divertis par des aspects secondaires. Justement, « l’essentiel », pour Saourou Sène, est que « désormais, pour chaque combat, il y aura une nouveauté dans la démarche et la stratégie ». pour le mode de lutte, il invite les enseignants à proposer d’autres stratégies, d’autres méthodes de lutte dans l’unité. Car « l’unité syndicale est fondamentale si nous voulons régler les problèmes de l’école sénégalaise », a-t-il professé à l’endroit de ses collègues syndicalistes enseignants.
Le ministre de l’Education idéal…
en ce qui concerne le département de l’éducation, Saourou Sène dit croire que le ministre Mamadou talla a suivi avec intelligence toute cette situation faite de rapports heurtés entre le ministre serigne Mbaye Thiam et les syndicats voire les enseignants dans leur globalité. « Ce bras de fer n’est pas utile pour l’école. Les enseignants ont besoin d’un ministre de tutelle, un ministre qui essaie de comprendre leur situation et qui porte l’ambition de la régler avec le gouvernement. Un ministre qui a le sens de l’écoute attentive mais surtout un ministre dont la voix reste audible devant le chef de l’Etat et son gouvernement pour plus de diligence dans la prise en charge des préoccupations de l’école et des enseignants. Un ministre qui porte à bras le corps les nombreux problèmes vécus au quotidien par les enseignants, surtout un ministre qui privilégie le dialogue et la concertation au détriment de la confrontation et des conflits tous azimuts ». par rapport à ce portrait descriptif de M. Sène, Cheikh Mbow brandit ceci comme argumentaire. « Nous avons rencontré et discuté avec le ministre Talla qui fait montre d’une ouverture rassurante. Il prendra certainement en compte le management qui lui a permis d’avoir les résultats reconnus en sa qualité de ministre de la Formation professionnelle. Il tirera aussi les leçons des difficultés rencontrées par ses prédécesseurs », espère Cheikh Mbow. Une manière, sans doute, d’essayer de tranquilliser les enseignants à l’image de Saourou Sène qui reste convaincu que « dans une société matérialiste comme la nôtre, quand on n’a rien, on n’existe pas. Je ne dis pas que les enseignants n’ont rien mais leur situation salariale doit être améliorée au regard du volume de travail qu’ils abattent et, surtout, de l’importance stratégique de l’Education pour tout développement. Il est à noter aussi que le métier d’enseignant exige une concentration qui ne s’accommode pas de soucis de dépenses, de logement entre autres pesanteurs sociales et sociétales ». Tout est dit. le gouvernement prendra sans doute bonne note de toutes ces préoccupations pour une année apaisée comme celle que nous venons de vivre avec moins de perturbations…