LES PONCTIONS SUR LES SALAIRES, NOUVELLE POMME DE DISCORDE ENTRE ENSEIGNANTS ET MINISTÈRE
Par souci de justice et pour ce mois-ci, les salaires des fonctionnaires ont été ponctionnés conformément aux textes en vigueur. Il y a des ponctions qui ont été opérées durant la grève, et il y a une autre faite après la grève. Des ponctions légales

Malgré la reprise des cours à l’école, après la signature du protocole d’accord avec le gouvernement ayant conduit à la suspension de leur mot d’ordre de grève, les enseignants continuent de subir des ponctions sur leurs salaires. Ce qu’ils assimilent à une « forfaiture ». Et ce même si les services du ministère de l’Education nationale disent agir en toute légalité.
Après la signature d’un protocole d’accord avec le Gouvernement devant entrer en vigueur à partir du 1er mai prochain, les enseignants ont suspendu leur grève de plus de deux mois tout en acceptant certaines conditions et exigences. Par exemple, la réduction de leurs habituels congés du deuxième semestre et aussi d’effectuer des cours de rattrapage surtout pour les élèves en classe d’examen. Mais l’Etat ne semble toujours pas digérer les deux mois de vacances « abusives » à l’école du fait de la série de grèves des syndicats de l’enseignement pour exiger la correction du système de rémunération des agents de la Fonction publique et la création d’un corps des administrateurs de l’école. Toujours est-il que le ministère de l’Education nationale peine encore à lever les sanctions sur les grévistes en continuant d’opérer des ponctions sur leurs salaires. Des ponctions étalées sur une durée de trois mois et à tour de rôle entre contractuels ou fonctionnaires. Après les professeurs et maitres contractuels durant les mois de janvier et février derniers, les enseignants fonctionnaires disent avoir remarqué des ponctions sur leurs salaires de ce mois-ci (Ndlr, fin mars). Des ponctions qui pourraient aller jusqu’au mois de juin si le gouvernement maintient le rythme. A moins que, et comme le laisse entrevoir le porte-parole dudit ministère, Mouhamadou Moustapha Diagne, «l’Etat renonce à la troisième ponction prévue pour fin avril».
DES SANCTIONS JUGÉES LÉGALES ET JUSTIFIÉES
Revenant sur les ponctions, M. Diagne affirme qu’elles sont légales et justifiées. «Ces ponctions opérées sur les salaires des agents fonctionnaires sont tout à fait légales. Le ministère de l’Education gère deux catégories d’agents : les contractuels et les fonctionnaires. Le ministère avait déjà opéré des retenues sur les salaires des agents contractuels à deux reprises, et le ministre des Finances n’avait opéré qu’une seule retenue sur les salaires des fonctionnaires. Par souci de justice et pour ce mois-ci, les salaires des fonctionnaires ont été ponctionnés conformément aux textes en vigueur. Il y a des ponctions qui ont été opérées durant la grève, et il y a une autre faite après la grève. Des ponctions légales. D’ailleurs, je signale que les ponctions devaient être étalées sur trois mois. Il devait donc y en avoir trois en principe. Mais le gouvernement n’a opéré que deux ponctions en fonction des jours qui n’ont pas été travaillés. Les contractuels ont été coupés deux fois, donc il fallait, par souci de justice et d’équité, couper les salaires des agents fonctionnaires. Maintenant le gouvernement va voir s’il y aura une troisième ponction. Mais il pourrait aussi surseoir à cette ponction», a expliqué le Directeur de la Formation et de la Communication du ministère de l’Education nationale.
Le point de vue est différent du côté des enseignants, qui trouvent ces ponctions plutôt injustes puisque, à les en croire, elles seraient appliquées après la signature du protocole d’accord et la suspension du mot d’ordre et la reprise des cours. C’est l’avis du secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye, qui considère que ces ponctions sont «illégales, abusives et arbitraires». Parce que, dit-il, «on est à l’étape d’une accalmie avec une suspension du mot d’ordre et des boycotts avec reprise des cours. Ce, en plus des cours de rattrapage, sans compter la réduction des fêtes du deuxième semestre. Les enseignants ont accepté tout cela, mais on continue de leur couper leurs salaires. C’est une forfaiture ! Les gens du ministère seront tenus pour seuls et uniques responsables de toutes les conséquences qui pourraient en découler» menace le patron du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen-secondaire du Sénégal.