L’UNIVERSITE DE THIES S’ADONNE A LA PEDAGOGIE POLYGAMIQUE
section du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) de l’Université de Thiès a laissé éclater hier sa colère, lors du passage de la délégation du syndicat, dans le cadre de sa tournée nationale.

La section du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) de l’Université de Thiès a laissé éclater hier sa colère, lors du passage de la délégation du syndicat, dans le cadre de sa tournée nationale. Adja Maïmouna Niang, Coordonnatrice adjointe de la section SAES de Thiès, a dénoncé la pédagogie polygamique pratiquée à l’Université de Thiès et qui n’est pas de nature à créer les conditions de la qualité des enseignements.
A l’occasion du passage hier à Thiès du bureau national du Syndicat autonome des enseignants du supérieur, dans le cadre de sa tournée nationale, la section de l’Université de Thiès s’est insurgée contre certaines pratiques. Par la voix d’Adja Maïmouna Niang, Coordonnatrice adjointe de la section locale, les enseignants vont désormais refuser systématiquement la pédagogie polygamique qui consiste en un apprentissage à tour de rôle, à la manière du mari à l’endroit de ses épouses. Et cette dynamique est forcée au système depuis la mise en œuvre de la décision d’orientation de tous les bacheliers dans les universités publiques, ce qui ne rime pas, aux yeux d’Adja Maïmouna Niang, avec une année académique normale et les conditions de la qualité des enseignements.
Un tel refus aura en tout cas un impact très négatif sur les enseignements, d’autant plus que l’Université de Thiès souffre d’un manque criard d’infrastructures. En effet, beaucoup de chantiers y sont ouverts depuis longtemps, mais leur achèvement semble poser beaucoup de difficultés. Au-delà de ce refus de la pédagogie polygamique, la section de Thiès du SAES a décidé de ne plus siéger dans les instances de l’Université de Thiès, qui ne respectent pas les textes, comme le Conseil Académique, le Conseil d’Administration, etc.
Après avoir dénoncé la spéculation foncière au niveau de l’université, Adja Maïmouna Niang a affirmé que les enseignants-chercheurs de l’Université de Thiès vont dorénavant se limiter tout bonnement au respect du quantum horaire statutaire. Ils vont ainsi respecter les horaires normaux et ne plus dispenser d’enseignements en dehors de l’espace universitaire. Une telle décision risque également de causer d’énormes dégâts, si l’on sait que l’Université de Thiès est éclatée, avec des locaux éparpillés un peu partout dans la ville. Il s’y ajoute le refus de toute vacation dans les autres universités et le respect du calendrier académique fixé au 31 juillet 2020.
La délégation du Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES) était à l’Université de Thiès dans le cadre de sa tournée nationale où elle a animé un point de presse. L’objectif, note Malick Fall Secrétaire Général du Syndicat, « est d’alerter sur les lourdes menaces qui vont inéluctablement plomber l’enseignement supérieur ». Dans cette situation, le SAES indexe la seule responsabilité du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, « qui comme à son habitude ne respecte aucun de ses engagements ».
Les enseignants du Supérieur ont disséqué les problèmes liés au choix du gouvernement d’orienter tous les bacheliers dans les universités publiques. Pour Malick Fall, le syndicat avait posé la condition préalable d’adopter des mesures d’accompagnement, comme l’achèvement et la livraison, avant la rentrée universitaire, de toutes les infrastructures équipées, dans tous les campus. Il s’y ajoute l’ouverture de 400 postes d’enseignants-chercheurs, le paiement des sommes dues aux vacataires qui accompagnent les universités dans leur fonctionnement, l’augmentation de la dotation de l’Etat et le respect de la loi 2015-26 du 28 décembre 2015.
En ce qui concerne le processus d’orientation des nouveaux bacheliers, le SAES a noté une cacophonie et de nombreux dysfonctionnements. C’est ainsi qu’il avait demandé l’audit technique de la plateforme d’orientation qui, en plus d’être une boîte noire dont le fonctionnement est d’une totale opacité, viole depuis des années, avec la bénédiction du ministère de tutelle, le décret 2016-1805 relatif à l’orientation des bacheliers. Il a par ailleurs dénoncé « l’inexistence ou l’obsolescence des textes sur la gouvernance des universités, au regard de la loi cadre n°2015-26 ». Suffisant pour que les enseignants du supérieur constatent avec amertume que « depuis 4 ans, toutes les universités publiques fonctionnent dans une parfaite illégalité, faute de décret d’application de cette loi ».
Et pourtant, un décret d’application a été examiné et validé par toutes les instances des universités, mais il n’a jamais été appliqué. Un tel retard reste inexplicable aux yeux des enseignants, d’autant plus qu’il a été adopté par le Conseil des Ministres et voté par l’Assemblée Nationale et qu’il ne reste que la signature du décret d’application par le président de la République. Après plusieurs alertes qui ont rencontré la sourde oreille des pouvoirs publics, le Secrétariat Exécutif National du SAES avait décidé à Thiès, le 18 janvier dernier, de déposer un préavis de grève avec une plateforme revendicative centrée sur 4 points essentiels. Il s’agit de la signature et l’application des textes de gouvernance des universités publiques sénégalaises.
Le second point concerne la mise en œuvre des préalables nécessaires à la prise en charge des bacheliers 2019, l’audit du processus d’orientation, ainsi que sa mise en conformité avec les textes et règlements en vigueur. Pour le troisième point, les enseignants du supérieur demandent l’achèvement des chantiers en cours dans toutes les universités et enfin la valorisation des conditions de la recherche.